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chapitre 16

Je suis en train de faire des pompes dans la chambre pour faire passer ma mauvaise humeur. Le numéro d’Elodie s’affiche sur mon écran et change un peu la donne. Il faut dire que faire du business avec X ces derniers temps est plutôt stressant, alors il faut bien chercher des choses plus...emballantes si on peut le dire ainsi. J’ai refusé le contrat de la dame affirmant que tuer un flic n'était pas un truc que je voulais sur mon CV. Il s’est montré mécontent mais je n’ai pas cédé alors il m’a dit qu’il me rappellerai. Cela m’a d’ailleurs étonné qu’il abandonne aussi vite. Depuis, j’ai comme un mauvais pressentiment, comme si il me préparait un autre coup foireux du genre de mon braquage sur la route. Le plus curieux c’est que malgré tous mes efforts, je n’ai jamais croisé aucun de ces brigands sur mon chemin. Ce serait tellement facile si je pouvais prouver que X se foutait de moi mais bon je n’ai aucune preuve et je suis obligé de faire avec. Pourtant, le regard qu’il m’a lancé en me disant qu’il me rappellerait continue de m'inquiéter. Oubliant X un court instant, je réponds au téléphone. Elle me dit vouloir passer à la maison mais je lui reproche l’heure alors elle n’insiste pas. Pourtant, une heure plus tard, elle se trouve à ma porte, vêtue d’un ensemble jogging. Au lieu de la réprimander, je la laisse entrer parce que, quoi qu’on puisse dire, sa présence me détend un peu, enfin plus qu’un peu quand même. Ce qui est supposé être une visite d’une trentaine de minutes prend beaucoup plus de temps et 5h nous trouve dans cette atmosphère. Elodie en se redressant: Il est 5h?

Moi: ... Elodie: Kie Celio, tu me rends bandite hein. Moi: Ah ouais?

Elodie: Oui aka! Il faut que j’y aille. Sa dernière phrase me dérange. J’aimerais qu’elle reste un peu mais je comprends aussi qu’elle doive rentrer. Elle vit quand même sous le toit de quelqu’un. Cela fait un bon moment déjà qu’on se voit sans que personne ne sache et cela me va en quelque sorte. Je suis toujours à la recherche d’une régulière c'est certain, j’ai juste ralenti les recherches, rien de bien grave. Bah oui que c’est vrai, je cherche...à mon rythme. Moi: Je mets un t-shirt.

Elodie: OK! Je la raccompagne rapidement chez elle et avant de rentrer, elle revient sur ses pas pour m’embrasser, le sourire aux lèvres, un beau sourire en passant. J’ai droit à ça très souvent ces derniers temps. Elodie: A ce soir! Moi: Je serai pas chez moi ce soir.

Elodie: Ok tu m’appelles alors? Moi Ok!

Oui je sais que je ne devrais pas lui dire oui mais je n’ai pas envie de discuter en longueur, surtout pas ici car le ngue pourrait nous voir. Il est matinal comme moi des fois. J’ai menti, je n’ai rien à faire aujourd’hui. Je sais que c’est pas bon et que j’abuse de la confiance de mon pote en étant avec sa soeur mais je fais de mon mieux pour la tenir à distance. Et puis ce n’est pas de ma faute si elle revient à chaque fois. On trouve ce qu’on cherche et au moins personne ne dira que je ne l’ai pas prévenue. Je passe toute la journée à me demandant si c’est le ngue chaque fois que j'entends du bruit à l'extérieur. Je ne fais pas trop attention au portable vu que je n’attends aucun appel important. En fait je l’ai laissé en chambre pour éviter qu’il me dérange, ou plutôt pour éviter un appel indésirable qui sait…

Alors que je sors finalement pour aller voir Aristide, je tombe sur le ngue qui semble de mauvaise humeur. Je n’ai pas la possibilité de faire demi-tour ni de tourner ailleurs sans qu’il ne le remarque alors je vais vers lui. Je marche jusqu'à son niveau, paré à toute éventualité. Il marche vite les épaules tendues comme lorsqu’il veut se défouler sur quelqu'un. Le ngue à distance: Many c’est chez toi que je venais même.

Moi: Comment chez moi!? Le ngue: Allons d’abord!

Moi: Ok! On va dans ma maison et il s’affale sur le canapé en essayant de se calmer, les yeux fermés. C’est mon frère, on peut avoir tous les problèmes du monde et faire la paix mais je sais qu’il est très regardant lorsqu’il s’agit d’Elodie. Sans rien dire, je vais m’installer moi aussi regardant au loin jusqu'à ce qu’il se décide à me parler. Le ngue: Je sens que je vais commettre un meurtre dans ce quat. Moi: … Le ngue: Tu sais à quelle heure ma mbindi est rentrée? Moi me hasardant: Quelle heure?

Le ngue: 5h many 5h!. Moi: Mais c’est quoi le bax? Le ngue: C’est quoi le bax? Avec les trucs qui se passent dehors tu trouves ça normal? Moi: …

Le ngue: C’est sûr qu’elle était avec un boy du quartier. Moi: Qu’est ce qui te fait dire ça?

Le ngue: Elle n'était pas frimée kinda. Moi: hum!

Le ngue: Heureusement que c’est moi qui l’ait vu. Maman avec ses problèmes de tension devait encore beaucoup toli. Et je lui parle elle fait genre je suis fou. Moi: Pose le coeur!

Le ngue: C’est pour ça que je suis là. Je devais mal la bastiller si j'étais resté là bas. Moi: Tu craques pour rien

Le ngue: Non ça me gaze man. Et puis elle est trop cachotière depuis un bon moment. Vrai que je n’aime pas ça. Moi: Bon tu vas faire quoi? Le ngue: Je sais pas. Je dois d’abord savoir c’est qui le boy là, après on verra. J’ignore sa dernière phrase qui me contente plus dans l'idée que je ne devrais pas continuer de voir Elodie. Pour calmer le ngue, je lui propose d’aller boire un coup à l'extérieur. Je ne voudrais pas qu’elle vienne ici et nous trouve le ngue et moi. On appelle gringo pour le retrouver et on attend qu’il fasse nuit pour sortir. Bien que je ne sois pas trop affichage, c’est un mal pour un bien.

Les gens sont déjà avancés et un son gabonais passe à fond. Ignorant les danseurs de fortune, on se calle au bar habituel de gringo, dans un coin non éclairé à l'extérieur. Gringo y entre et revient avec la gérante pour qu’on commande chacun quelque chose. Gringo observe une fille qui se trémousse pas loin de nous et nous fait signe vers elle. Le ngue: Bad! Elle a l’air d’une grillée. Gringo: Mais tu crois que je cherche quoi?

Moi: faut pas attirer les gens sur notre table frangin.

Gringo: Ah c’est juste une nga pourquoi tu fias? Le ngue: Tu es en froid avec la mater de ton mouna?

Gringo: Laisse d’abord on est ici! Le ngue: Est ce qu’elle a ton time d’abord?

Gringo: Forcément elle fait semblant. Le ngue: Tu es un blagueur Gringo! Gringo: Combien que je take ça?

Moi: rien je suis pas dedans. Le ngue: colos fap

Gringo: non je ne démarre pas pour 1500. Le ngue: Que moi je gagne quoi dans ton way? Gringo: Si c’est bad je libère ton barème.

Le ngue: bon fap colos Gringo: C’est bon. Waz toi maintenant!

Je bois ma boche en observant les tentatives de gringo pour amener la petite vers notre table. Elle semble réticente mais vient finalement. Gringo lui demande de prendre ce qu’elle veut sur son compte. Ils sont un peu bruyants mais bon je ne les calcule pas, je pense à autre chose: Elodie! La petite là est trop active ça me fatigue même. En plus c’est une bonne partenaire. La situation devient vraiment bizarre et j’ai envie de stopper de suite mais c’est comme si quelque chose de malsain me poussait à continuer de la voir, continuer de la sentir dans tous les sens du terme. Je prends une nouvelle gorgée pour me refroidir les sens et penser à autre chose.

Alors que nous passons du bon temps et que le ngue semble moins tendu qu’en journée, un groupe de 4 gars entrent dans le bar, attirant tous les regards vers eux. Je les reconnais de suite, ils sont de DP (derrière la prison). Chaque fois qu’ils viennent ici, il y a toujours des braquages ou des événements douteux. Cicatrice, un gars avec qui j’ai souvent eu des altercations lorsque j’apprenais encore, se tourne légèrement vers nous et toise gringo avant de s’approcher. D'instinct, je sers ma bouteille dans la main malgré le fait qu’il ne m’ait pas reconnu dans cette obscurité. Il tire la fille que gringo convoite, entraînant ainsi une des chaises au sol. On se lève tous au même moment: Cicatrice: toi la boro (fille légère) là tu fais quoi ici?

Elle: mais laisse moi c’est quoi? Cicatrice: Bouge en case ou je te bable devant les gens! Gringo: mani c’est quoi le bax? Cicatrice: oh pose ton seinse je ne toli pas avec toi! Gringo: Poser quel seinse many, la go est avec nous! Cicatrice: Quoi tu veux take ma sista? Gringo: Tu ne take pas les sistas des autres?

Cicatrice à sa soeur: toi bouge là bas! Elle: je ne bouge pas rhooo!

Cicatrice: Ne m’énèrve pas! Il la tire violemment par le bras et la pousse en avant si fort qu’elle manque de tomber. Au même moment gringo pose une main sur lui pour l'arrêter mais il se retrouve propulsé contre notre table, renversant par la même occasion toutes les bouteilles sauf la mienne que j'ai toujours en main. En un rien de temps, il attrape une bouteille, la casse et revient vers cicatrice. Les choses s'enchaînent rapidement et ce qui était une bonne soirée dans un bar se termine en casse générale. C’est l’une des raisons pour lesquelles je reste chez moi, il y a toujours ce genre de bêtises qui te tombe dessus. Je prends quelques coups mais c’est juste les risques du metier. J’en mets deux KO avant de regarder vers mes potes. Cicatrice est blessé sur le bras et Gringo a du sang sur le t-shirt. Un cri répétant “ils arrivent” nous interpelle tous alors nous nous dispersons en un éclair. Pas le temps de savoir de qui il s’agit et surtout pas le temps de risquer que quelqu’un me reconnaisse. Je peux voir le ngue à quelques pas de moi avant d'accélérer. On s'arrête dans un coin pour reprendre le souffle et on se regarde. Moi: gringo? Le ngue: je sais pas man, il a disparu avant tout le monde. Moi: tu as vu la police?

Le ngue: pas vraiment non j’ai juste couru. Je crois pas que c’etait la police hein. Moi: top, faut qu’on trouve gringo

Le ngue: ouais mais si on retourne on peut nous reconnaître.

Moi: hum On se repose encore un peu, attend quelques minutes, met de l’ordre dans nos vêtements avant d’aller chez gringo pour vérifier qu’il va bien. Nous passons discrètement devant la maison et rampons jusqu'à sa fenêtre pour cogner, personne ne répond. On guette au salon et seul son oncle y est assis. M**de ou est gringo? Le ngue: Ça sent pas bon.

Moi: Je sais. On va l’attendre un peu. On démonte sa fenêtre pour entrer dans la chambre dans laquelle on reste un bon moment. Suivant le même chemin, gringo se faufile par la fenêtre et vient atterrir d’un bruit sourd sur le sol, nous faisant sursauter. En nous voyant, il prononce quelques jurons. Son oncle demande qui fait le bruit depuis le salon et Gringo lui répond en ouvrant sa porte que c’est rien de grave, juste quelque chose tombé au sol.

Gringo: Les gars vous voulez me die avec le fia? Le ngue: Tu étais dans quel axe? Gringo: Je me cachais des gars de cicatrices. Ils me suivaient. Le ngue: Ils sont partis?

Gringo: je sais pas, il ne connaissent pas mon pivot. Moi: Fallait pas le provoquer!

Gringo: Ses ways qu’il fait dans DP là c’est pas avec moi.

Le ngue: On te dit bien GRINGO Gringo: Ouais man! Moi en regardant son t-shirt: Tchips! Faut bouger à l’hosto Gringo: C’est rien ça va guérir seul. Ne suis pas mon haut, c’est dans la bouche Moi: Ok! On finit par s’endormir sous la fatigue. Boire, se battre et courir comme des malades, c’est plus qu’un marathon croyez moi.

Le lendemain je vais rendre visite à Aristide comme cela devait être le cas hier, je lui signifie que je me trouve à l'entrée et que j’ai la flemme de venir. Il me dit être au niveau de la mandarine. J’y vais et le trouve avec Claire et Elodie. P**ain! Elle me suit ou comment? Aristide: Bonjour grand! Moi: C’est bon petit?

Aristide: Ouais, je devais passer à la maison récupérer des livres.

Moi: Tu peux passer plus tard. Aristide: Non demain c’est bon. Moi aux autres: Bonjour!

Claire: Bonjour Celio ça fait longtemps. Elodie: Bonjour!

Je m’assois sur la place vide en face d’Elodie et ne commande rien vu que je suis pas ici pour longtemps. Je discute un peu avec eux évitant soigneusement de trop regarder devant moi même lorsque je sais qu’elle me dévisage. Jusqu'à présent on peut dire que personne n’a de doutes quant à l'idée qu’il puisse y avoir quoi que ce soit entre nous deux et c'est mieux ainsi. Aristide et moi allons dehors un moment et je lui remets les sous avant de partir. J’envoie un message à Elodie lui disant qu’on doit parler. Elle me rappelle plus tard et je lui fais part de ce qui ne qui s’est passé avec son frère en lui reprochant son comportement. Moi: Tu vis sous sa charge.

Elodie: Je sais. J’ai déconné. C'était stupide de rester avec toi jusqu’au matin. On discute encore un peu avant que je ne la laisse, la promettant de lui faire signe le lendemain. J’ai encore raté une occasion de la mettre de côté, pfff il faut vraiment que je trouve cette régulière…

Plusieurs semaines plus tard Je rencontre X en ville. Il me parle d’un vol à effectuer demain. On roule jusqu'à la location en passant en guise de repérage et je lui confirme que c’est faisable. Il me donne toutes les directives avant de me demander de le suivre parce qu’il aurait quelque chose à me montrer. On roule jusqu'à un endroit que je n’ai jamais vu et qui est assez isolé. Je le suis, croyant qu’il y a une voiture à livrer vu ce qui se trouve en face de nous mais on s'arrête à l'arrière d’où proviennent des bruits bizarres. Un homme se tient a quelques pas du capot et hoche la tête face à X. Ce dernier ouvre le capot et je vois un gars attaché que je reconnais tout de suite.

X: Tu le reconnais? Moi: …

X: Il me semblerait que tu devais t’en occuper non? Comment tu expliques qu’il soit encore vivant?

Moi: … Je regarde l’homme qui se trouve attaché dans cette voiture, vêtu d’un simple jeans. Comment l’ont ils retrouvé? Je croyais qu’il avait compris qu’il ne devait pas se montrer pendant un moment. Nulle doute que X m’ait emmené ici pour que je rende des comptes,

Et pas forcément de la meilleure manière qui soit..

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