Chapitre 2
Damien : "Encore mieux…"
— La gitane : "Mais tu seras seul. Et tu perdras beaucoup de personnes que tu aimes en chemin. Une femme t'aimera pour toi, pas pour ton argent ou ton pouvoir, mais tu la perdras. Et une fois qu'elle est partie… elle est partie. Ta vie sera remplie de regrets et d’erreurs qui ne pourront jamais être annulées."
Condamner.
Damien garde son sang-froid.
— Damien : "Eh bien… au moins je serai riche." Il se lève du siège et me tape sur l'épaule. "Bonne chance copain."
Je m'en fiche d'apprendre ma fortune, même si c'est un tas de conneries. Mais je me laisse quand même tomber sur la chaise. Mes genoux sont bien écartés et mes mains reposent sur mes genoux parce que je n'ai pas envie qu'une femme étrangère me touche.
La gitane ne regarde pas Damien lorsqu'elle s'adresse à lui.
— La gitane : "Laisse-nous."
— Damien : "Quoi ?" demande Damien. "Il a entendu mon sort. Il s'en fiche si j'entends le sien."
— La gitane : "Laissez-nous", répète-t-elle, avec plus de tension.
Au lieu de la défier, Damien sort de la tente et jure dans sa barbe.
Quand nous ne sommes plus que deux, tout devient calme, la tension augmentant lentement tandis que nos yeux restent verrouillés. Les bruits de la foule environnante sont encore audibles, mais ils sont étouffés par l'épaisse tente qui nous isole.
Rien qu’avec son expression, elle montre bien plus d’intérêt pour moi que pour Damien. Puis elle prend le bol avec l'argent.
J'ai regardé ses mouvements puis j'ai haussé un sourcil.
— Moi : "Tu ne liras pas ma fortune ?"
— La gitane : "Oui. Mais je ne prendrai pas ton argent."
C'est la première fois que j'entends une gitane dire cela.
— Moi : "Je ne sais pas si je dois être inquiet ou flatté."
— La gitane : "Très concerné. Ce n'est pas souvent que quelqu'un entre dans ma tente et perturbe toute l'énergie de la pièce. Ta présence est profonde, effrayante. Ton avenir me terrifie."
C'est un sacré acte.
— Moi : "Si tu penses que tu vas me vider les poches, cela n'arrivera pas." J'ai des yeux derrière ma putain de tête. Si quelqu'un essaie de mettre sa main dans mon pantalon, il reçoit un coup de poing dans la mâchoire.
Elle mélange les cartes puis les disperse sur la table.
— La gitane : "Je ne veux pas de ton argent. C'est entaché."
— Moi : "Entaché, comment ?"
— La gitane : "À cause de la façon dont tu l’as gagné. C'est l'argent du sang."
Mes yeux se plissent parce qu'elle n'a pas tort.
Elle déplace les cartes jusqu'à ce qu'il ne lui en reste plus que trois. Elle les examine chacune.
— La gitane : "Feu. Démon. La mort."
Je jette un coup d'œil aux cartes puis je la regarde une fois de plus.
— Moi : "C'est toi qui as choisi ces cartes."
— La gitane : "Non. Elles m’ont choisie." Elle attrape mon poignet et commence à toucher ma peau. Elle examine ma paume, une expression concentrée sur le visage. "Toutes tes ambitions se réaliseront. Ton argent du sang te rendra riche, mais tu te cacheras à la vue de tous. Tu feras semblant d'être quelqu'un d'autre et tu tromperas la plupart."
Je ne sais pas comment elle a connaissance de mon argent – et cela m'inquiète.
— La gitane : "Mais ta vie sera une histoire très triste. Es-tu sûr de vouloir l'entendre ?"
Si je suis intelligent, je m'en vais maintenant. Que je la croie ou non, elle entre dans ma tête.
Comme je ne réponds pas, elle continue.
— La gitane : "Tu commettras des crimes impardonnables. Tu tueras des hommes alors que seul le Seigneur devrait décider qui vit et meurt. Tu accorderas la vie à ceux qui ne la méritent pas et retireras la vie à ceux qui l'ont méritée. En guise de punition, tu n'aimeras qu'une seule femme toute ta vie… mais elle ne t'aimera jamais."
Je ne peux pas m'imaginer aimer une femme, aussi belle et sexy soit-elle entre les draps. Avec mes richesses et mon pouvoir, j'ai l'intention de profiter de tous les aspects de la vie, de profiter de chaque femme qui voudra de moi.
— La gitane : "Cette femme deviendra ton épouse, mais elle ne t'aimera toujours pas."
J'ai envie de sortir en trombe et de dire des conneries, mais je reste à ma place, voulant entendre la suite.
— La gitane : "Elle te donnera deux fils, mais elle ne t'aimera toujours pas."
Je ne m'imagine pas être un mari ou un père, mais j'écoute.
— La gitane : "Tu seras loyal envers cette femme, la protégeras de ta vie et ne prendras jamais une autre femme tant qu'elle est à toi, mais cela ne suffira jamais. Rien ne suffira jamais."
— Moi : "Pourquoi devrais-je perdre mon temps avec une femme comme ça ?"
Elle examine les lignes dans ma paume avant de me laisser partir.
— La gitane : "Parce que c'est la malédiction. Tu vas aimer cette femme inexplicablement. Des forces indépendantes de ta volonté dicteront tes émotions. Tu seras obligé de l’aimer même si tu ne le veux pas. Ce sera ta punition."
— Moi : "Aimer quelqu'un ne semble pas être une punition."
— La gitane : "L’amour est le sentiment le plus douloureux au monde. Ça va t'écraser, Hadès. Être avec la femme que tu aimes tous les jours mais savoir qu'elle ne ressent pas la même chose… C'est de la torture."
— Moi : "Alors pourquoi m'épouserait-elle en premier lieu ?"
Elle hausse les épaules.
— La gitane : "Cela reste à prévoir." Pour la première fois depuis que je suis entré dans cette tente, elle montre réellement de l'émotion, de la pitié. Elle s'appuie contre sa chaise et croise les bras sur sa poitrine, comme si me toucher lui avait brûlé le bout des doigts. "Mais les cartes ne mentent pas. Tu es un homme dangereux… et tu ne fais que commencer."
— Damien : "Sérieusement ?" demande Damien alors que nous marchons sur le chemin menant au bordel de l'autre côté du bazar. "Tu ne vas pas me dire ce qu'elle a dit ?"
— Moi : "C'était des conneries de toute façon."
— Damien : "Alors, c'est une raison de plus."
— Moi : "C'est juste une pauvre gitane qui veut prendre notre argent. Je suis sûr qu'elle a essayé de nous voler à la tire à plusieurs reprises."
— Damien : "Ça ne me ressemble pas." Il continue à me regarder tout en marchant à mes côtés. "Et alors, tu ne vas jamais me le dire ?"
— Moi : "Si c'est des conneries de toute façon, qu'importe ?"
Il hausse les épaules.
— Damien : "Ce n'est peut-être pas des conneries. On ne sait jamais. Elle ne connaissait pas mon nom, donc elle ne peut pas être aussi bonne."
Mes pieds s'arrêtent de bouger et je m'arrête dans mon élan. Damien fait encore quelques pas avant de se rendre compte que j'ai pris du retard. Il se retourne et me regarde.
— Damien : "Quoi ?"
Elle connaissait mon nom.
Damien ne l'a pas dit de la journée. Il n'y a aucune chance qu'elle ait entendu. Mon permis de conduire n'indique même pas ce nom.
Damien hausse un sourcil.
— Damien : "Tout va bien, mec ?"
J'avance encore, effectuant les mouvements même si je suis toujours choqué.
— Moi : "Oui, je vais bien."