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III

Les rendez-vous avec Arthur se sont succédés... avec toujours autant de discrétion. Au fil de nos promenades, nous découvrions encore plus de points communs et surtout une même idée de l'existence. Toujours en évitant nos maisons respectives.

- J'aime passer du temps avec toi Annabella. Me dit-il, un jour que nous marchions près de l'East River. Mais il faut que tu saches que je n'aime pas qu'on me force la main, comme nos parents le font de façon si peu secrète.

- Moi, non plus. Si nous n'avions rien commun, nous ne pourrions pas être amis.

- Amis? Répète-t-il, perplexe.

- Oui... C'est ce que nous sommes?

Il arrête brusquement de marcher et je m'immobilise à mon tour. Il m'observe avec intensité, avant de me tirer à lui et de coller ses lèvres contre les miennes. Je m'accroche à ses bras tant je suis soufflé par son impétuosité. Il m'offre un baiser passionné, guidé par une certaine urgence. Lorsqu'il s'éloigne de moi, j'ai du mal à retrouver mes esprits. Il me tient encore contre lui quand je consens à dire quelques mots.

- Qu'est-ce-que cela? Demandais-je essoufflée.

- Un baiser.

- Pourquoi?

- Parce-que j'en avais envie. J'aurai dû te demander ton avis, mais j'avais peur que tu ne m'autorise jamais à goûter tes lèvres.

Je me colle à nouveau contre lui et l'embrasse une seconde fois. Cette fois-ci avec plus de douceur et de délectation. Il semble surprit, mais se laisse faire.

- Je me disais que tu ne le ferais jamais... admis-je, enchanté.

- Quand mes parents m'ont fait comprendre qu'une union entre nous était souhaitable, je l'ai tout de suite rejetée en bloque et je n'ai consenti à te rencontrer que pour me débarrasser d'eux. Mais quand je t'ai vu... Cela ne pouvait être vrai. Tu étais exactement ce que je voulais, si je ne t'avais pas touché, je me serai convaincu que tu étais un mirage.

- J'ai pensé la même chose. Dis-je heureuse de son aveu.

Il me prend la main droite et la porte à sa bouche pour y poser un baiser, avant que nous ne reprenions notre marche.

- Tu sais... nous vivons dans un monde de faux-semblant où l'honnêteté est vu comme une faiblesse, au même titre que la gentillesse. Mes parents par exemple, ils ont tous ces titres de noblesse, mais sont ruinés Annabella. C'est pour cela que ce mariage est tant important pour eux. Je veux que tu le sache car je ne veux pas mentir. Je me suis éloigné d'eux car leur hypocrisie m'était insupportable, mais ils m'ont fait revenir car ils avaient besoin de moi. Ce mariage est leur dernière chance... du moins, c'est ce qu'ils pensent. Ils suffiraient qu'ils vendent le manoir pour résorber leurs dettes, mais ils ne veulent pas amoindrir leur train de vie...

- Pourquoi me dis-tu ça maintenant?

- Parce-que... je ne peux le dire à personne d'autre. Tu es la seule de ce milieu qui ai trouvé qu'être pianiste était une chose incroyable. Et en plus, tu ne me juge pas.

- Pourquoi te jugerais-je? Tu es un être merveilleux. Je dois reconnaitre que je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme toi avant... J'ai l'impression que le temps n'existe pas quand je suis avec toi. Comme-ci nous étions dans une sorte de...

- Bulle? C'est vrai... c'est peut-être la seule façon que nous avons de nous protéger... Je dois repartir à Londres Annabella. J'ai un engagement que je dois honorer. Dit-il abruptement.

Mon coeur fait un bon dans ma poitrine, et une profonde tristesses s'empare de moi.

- Tu es sûr que tu dois partir?

- Oui. C'était prévu... mais je reviendrai, enfin si... Il sort de la poche de sa veste une enveloppe et me la tend. Je pars demain à 14h, je veux que tu ouvres cette lettre à 15h et en fonction de ce que tu y liras, tu me répondra ou pas.

- Bien sûr que je te...

- Chut... dit-il en posant un doigt sur mes lèvres. Tu n'a pas encore lu ce qui était à l'intérieur. C'est le coeur lourd que je m'en vais Annabella, mais je dois faire ce pourquoi je suis payé... Un jour peut-être, tu auras tout ce à quoi tu aspires et j'espère pouvoir en être le témoin.

Je prends sa lettre et la pose contre mon coeur.

- Je la lirai avec attention... mais tu vas me manquer. Bien que ce fut court, j'ai aimé passer du temps avec toi. Je me rends compte que je n'ai personne à qui parler comme je te parle, ou qui me comprenne comme toi.

- En plus, je ne t'ai toujours pas entendu jouer du violon...

- C'est vrai! À ton retour? Dis-je presque suppliante.

Il sourit timidement et baisse les yeux.

- Si le destin nous donne cette chance, j'en serai honoré. Dit-il, d'une voix grave.

Il se penche vers moi et me gratifie d'un baiser exigeant et passionné. Savourant son goût et son odeur, voulant à tout prix me souvenir de tout ce qui fait sa personne, je répond à sa sollicitation. Lorsqu'il s'éloigne de moi, je l'enlace, posant ma tête contre son épaule, redoutant son départ imminent.

...

Le lendemain, je compte les heures qui me sépare de l'ouverture de cette fameuse lettre. J'ai hésité à l'ouvrir dès mon retour de notre petite escapade, mais cela lui tenait tant à coeur que je la lise au bon moment, que j'ai décidé de respecter son souhait.

Après le déjeuner, je me résous de monter à cheval, afin de m'occuper l'esprit et ne pas tourner en rond dans la maison. Alors que je traverse le parc avec ma monture, j'observe le soleil qui n'est plus a son zénith. Arthur doit être déjà parti et cette seule idée m'emplit d'une profonde amertume. Je rebrousse donc chemin et me dirige vers le manoir.

À peine ai-je retirer mes bottes, que je monte à l'étage, court à ma chambre et tire sur le tiroir de mon secrétaire, pour y prendre la lettre. Je déchire le cachet en cire et entame sa lecture.

Ma douce Annabella,

Sache que quand tu liras cette lettre, je serai entrain de penser à ta chevelure brune, où les rayons du soleil aime se refléter, à ses yeux verts qui me captivent par leurs douceurs et à cette bouche charnue et délicate que j'aime tant embrasser. En revenant sur mes terres natales, je ne m'attendais à rien. Mais maintenant que je m'en vais, je sais que je laisse quelque chose de précieux et d'inestimable : Toi.

Je crois... enfin, je suis sûr d'être amoureux de toi. Je le sais, car je ne l'avais jamais été avant! Je pensais que j'en était incapable, mais il semblerait qu'à ton contact, toutes mes certitudes se soient dissipées. Tu vois le monde avec tant de bienveillance... certains te diront naïve, mais je sais que tu ne l'ai pas.

Je n'ai jamais été quelqu'un de très loquace, mais avec toi, je crois que je me suis rattrapé pour toutes ces années; je me suis épanché sur toutes sortes de sujets avec un plaisir non dissimulé! Jamais de ma vie, je n'avais rencontré quelqu'un comme toi! Ce qui en vient à me dire, que peut-être, je ne te mérite pas. Tu es tout ce que je voudrais être, mais que je ne peux. Ma vie n'a pas été aussi simple et paisible que la tienne et bien que j'essaye de tenir à distance mes démons, ils arrivent toujours à me rattraper à un moment ou à un autre. Je n'ai jamais aimé la vie... du moins, avant de te rencontrer. Seule la musique arrivait à me la faire supporter, mais maintenant, tu as une place égale dans mon univers.

Tu m'a donné envie d'accorder une nouvelle chance à l'existence et pour cela, je t'en suis véritablement reconnaissant.

Alors si tu partages mes sentiments, je serai heureux de te lire, que tu me réponde... mais si j'ai mal interprété tes élans envers moi, je comprendrai et je ne t'importunerais plus. Sache seulement que je chérirai, jusqu'à la fin de mes jours ces quelques jours en ta compagnie et le fait d'avoir pu te tenir dans mes bras.

Bien à toi.

Arthur.

Je relis une seconde fois ce courrier, afin de me convaincre que je ne rêve pas. Il m'aime! Cet être exceptionnel, doué de tant de talent, m'aime! Ma tristesse s'est éteinte, pour laisser place à une euphorie sans comparaison!

Depuis que je l'ai vu, il n'a cessé d'occuper mes pensées, il m'obsède par sa beauté, son intelligence et son magnétisme. Comme cela est doux, d'être aimé par un homme tel que lui... Porté par sa déclaration, je me lève de mon lit et rejoins mon bureau pour lui répondre.

Bien sûr Arthur que je t'aime, et ce que tu as deviné était bel et bien de l'amour. Tu as seulement été le plus courageux de nous deux pour l'avouer le premier.

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