Chapitre 4
Je n'ai pas revu Gabriel depuis deux jours. C'est étrange mais quand je passe les portes de ce bâtiment, je m'attends à le voir dans les couloirs, l'ascenseur... mais depuis deux jours... rien, nada! Il doit être très occupé. À défaut de le croiser, je me concentre sur l'apprentissage des ficelles du métiers, que m'enseigne Benjamin avec enthousiasme.
Nous avons visités tous les départements qui constituaient l'entreprise. J'ai beaucoup appris sur comment fonctionnait un magazine, et je me rends compte que c'est ce qui m'a le plus plu. Je pense en discuter avec Benjamin et lui demander si ce ne serai pas plus judicieux que je m'occupe d'une des publications, au lieu de me mettre au départements des applications où je ne comprends pas grand chose, en réalité.
Alicia : " Quelle parution est dédiée à la culture, déjà? " lui demandais-je assise dans son bureau.
Benjamin : " Kultur. " répondit-il amusé.
Alicia : " Ah oui... c'est facile à retenir... pourrais-je commencer à me familiariser aux affaires familiales dans cette rédaction? Pour être honnête, les applications ne m'inspirent pas beaucoup... et en visitant ce département, je m'y suis sentie plus à mon aise... "
Benjamin : " Tu fais ce que tu veux! Si prendre en charge un magazine t'inspire, n'hésite pas, fait le! Je veux que tu t'épanouisses pleinement. "
Alicia : " Je ne vais pas prendre le pouvoir comme ça... je veux juste voir comment ça se passe. J'ai travaillée dans l'univers de l'édition, donc cela se rapproche plus de ce que je connais. "
Benjamin : " Tu as raison. Si tu as déjà des basses, utilises-les. Je vais appeler Ethan. C'est le rédacteur en chef de Kultur. Je vais lui annoncer ton arriver dans ses rangs. "
Alicia : " Je veux commencer au bas de l'échelle... j'ai lu quelque part que Henry Ford à fait travailler son fils dans tout les départements des usines Ford avant de lui donner les clef de l'entreprise... il semblerait que ce soit une bonne façon de faire? "
Benjamin : " Tu seras donc son assistante... à la différence que ton nom apparaitrait sur sa fiche de paie... " dit-il, amusé.
Alicia : " C'est bien ça. Je veux apprendre à connaitre les personnes qui travaillent pour nous, qui font que Miles Publishing a du succès. "
Benjamin : " Je comprends ta démarche, bien que je ne me sente pas l'envie de faire de même... " avoue-t-il, sans retenu.
Je souris devant son aveux. En démarrant ainsi, je me sentirai plus libre et moins engoncée dans mon nouveau statut de chef d'entreprise, que je n'ai pas vraiment souhaité. Encore une fois, cela n'est qu'un essai, si ça ne me plait pas, je compte me retirer et faire ce qui m'intéresse vraiment: du droit.
Alicia : " Je me suis renseigné pour la rentrée prochaine à la NYU. Je pourrai m'inscrire au cursus à distance et ne me rendre à l'université que pour passer mes examens... ce qui me laisserai le temps de m'investir dans l'entreprise? "
Benjamin : " C'est une super idée! "
Alicia : " Par contre, les tarifs d'inscriptions ne sont pas donnés... je ne sais pas... "
Benjamin : " Attend! " dit-il en me coupant. Il part à son bureau et tire sur l'un des tiroirs. Il y sort une petite enveloppe blanche et l'ouvre. Apparaît une carte bleue ou devrais-je dire une carte noire. " Tiens, elle est à toi. J'ai demandé au banquier de te la faire. C'est ta carte bancaire, pour que tu puisses avoir accès à tes comptes. "
Je la prends entre mes doigts et la regarde. Je savais que ce genre de carte existaient mais je n'en n'avais jamais vu d'aussi près.
Alicia : " J'ai déjà un compte en banque en France. J'attendais de faire transférer ce qu'il y avait dessus, lorsque je trouverais un emploi..."
Benjamin : " Tu peux toujours le faire. Sur ce compte il y a juste ta part des dividendes. Ensuite ton salaire y sera ajouté. Tu peux l'utiliser pour payer ton année. " dit-il simplement.
Comme-ci je me payais un livre ou un rouge à lèvres.
Alicia : " Je peux au moins savoir de quelle banque il s'agit? "
Benjamin : " JP Morgan. "
Alicia : " JP Morgan!? C'est l'une des banques les plus prestigieuses au monde! "
Benjamin : " Je sais. " Il s'approche de moi et s'assoit sur le rebord de son bureau pour me faire face. " Il va falloir que tu t'habitues à avoir de l'argent à présent Alicia, car c'est ce que nous sommes. Nous somme aisés, avec tout ce que cela comporte de joie, mais aussi de responsabilités. Nous avons des employés à qui nous devons garantir une activité. C'est comme ça. Je suis content de ne plus être seul à faire face à toutes ses responsabilités. L'argent n'est rien, si il n'est pas partagé. C'est la plus grande leçon que j'ai jamais reçu. Quand papa est mort, je me suis dit que je pourrais enfin le partager avec toi et maman. Malheureusement, le destin en a voulu autrement et il n'y a plus que toi... Tu vas apprendre à gérer ta fortune et à te faire respecter, car sans cela, tu seras vite perdue. Mais je serai là pour t'aider. Toujours. " dit-il, posant sa main sur mon épaule.
Alicia : " D'accord. Je suis un peu plus rassurée... " dis-je, calmement. " Est-ce-que je peux juste crier un coup, parce-que c'est la première fois qu'on me dit que j'ai de l'argent et que je peux en faire ce que je veux... "
Benjamin : " Vas-y. " dit-il amusé.
Alicia : " AAAHHHHH!!!!!! " crie-ai-je, extatique.
Il rit longuement devant tant d'allégresse et je ne peux m'empêcher de penser à ma mère en cet instant. Elle aurait été heureuse de nous voir tout les deux. L'un avec l'autre, l'un pour l'autre...
...
Assise devant l'un des ordinateurs, j'apprends la mise en page d'un article avec Ethan. Il m'explique comment agencer les photos et le texte afin que la soit agréable et ludique pour le lecteur. Il est très patient avec moi et pédagogue... Je suis la plus jeune dans la rédaction et me dire que je vais devoir peut-être les diriger, me mets mal à l'aise car ils connaissent tous très bien leur métiers. La moyenne d'âge étant la trentaine, je me sens comme une vraie novice, que je suis.
Ethan : " Tu vois, là... ça ne fonctionne pas. Le texte est trop sur les côtés et il est haché en trois parties. On va déplacer la photo pour pouvoir faire deux colonnes distinctes... " dit-il en tapant sur les touches du claviers. " Et.... voilà... " dit-il, appliqué.
Alicia : " Effectivement, c'est carrément mieux! Enfin... c'est très bien. " dis-je essayant de me reprendre.
Il sourit devant ma gène et continu sa démonstration.
Ethan : " Au bout d'un moment, tu feras ça les yeux fermés, c'est ce qu'il y a de plus facile. Le véritable challenge, c'est de trouver des sujets qui vaillent la peine d'être mis en lumière. Aujourd'hui, tout le monde s'improvise journaliste sur les réseaux sociaux, et on doit sans cesse rivaliser d'inventivité pour garder nos lecteurs et en intéresser des nouveaux. "
Alicia : « Jusqu'ici, vous avez l'air de très bien vous en sortir. "
Ethan : " Merci... patronne... " dit-il, rieur.
Alicia : " Alicia me conviendra. Donc si je comprends bien, je suis ton assistante? Tu ne dois pas hésiter à me traiter comme n'importe quel employé, car j'ai besoin d'apprendre. "
Ethan : " C'est gentil de le dire, mais toi et moi savons que c'est impossible. C'est une période d'essaie, quand tu auras compris les ficelles du métiers, tu prendras ta véritable place, qui est au-dessus de moi et je te devrai des comptes... Et si j'ai été un patron odieux avec toi, tu ne manqueras pas de me le faire regretter. " dit-il, naturellement.
Alicia : " On se connait à peine mais tu m'as tellement bien cernée... " répondis-je avec ironie.
...
Alors que ma journée et presque terminée, je pars rejoindre Benjamin pour que nous rentrions ensemble. Il n'est pas à son bureau, mais dans un autre département de l'étage. Quand je l'aperçoit, il a le visage fermé et à l'air bien moins détendu que ce matin.
Alicia : " Qu'est-ce-qu'il se passe? " dis-je quand je suis à sa hauteur.
Benjamin : " Je viens de recevoir une nouvelle qui me contrarie... Viens, il faut que je t'en informe de toute façon. " Il m'entraine à l'abris des regards et je suis soudain inquiète par ce qu'il a à m'apprendre. " Je dois partir à Singapour. Ce soir. " dit-il, abruptement.
Alicia : " Quoi? Mais pourquoi? "
Benjamin : " On est en train de créer une branche asiatique de nos magazines et de ce que j'ai compris, ils ont des problèmes de ligne éditoriale. Là-bas, c'est plus conservateur qu'ici et ils sont un peu dépassés... " dit-il contrarié.
Alicia : " Tu dois vraiment y aller? " dis-je déçue.
Je viens à peine de le retrouver et la nouvelle dynamique que nous avons mis en place va être mis à mal avec ce départ. J'appréhende de me retrouver encore toute seule, mais cette fois-ci dans une ville qui m'est totalement inconnue.
Benjamin : " Oui. C'est important. En plus, le conglomérat qui a racheté une partie de l'entreprise tient à ce que je m'y rende personnellement. Ne t'inquiète pas, ça ne durera pas longtemps. Juste quelques jours... peut-être une semaine grand maximum. "
Alicia : " De toute façon, tu n'as pas le choix... "
Benjamin : " Je serai rassuré car tu seras là pour surveiller mes arrières, ici... " dit-il, essayant de retrouver sa bonne humeur.
Alicia : " Je serais tes yeux et tes oreilles pendant ton absence... " répondis-je, amusée.