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Deux

Le voyage en berline fut bien trop court à mon grand désespoir, car je commençais à m'habituer au confort de cette sublime voiture...

À l'aide d'un petit bip, Henry ouvre un grand portail en fer forgé faisant apparaitre une cour pavée qui nous mène à un manoir en vielle pierre. La vue d'ensemble est tout simplement époustouflante! L'endroit est bien moins sinistre que ce que je m'imaginais, c'est peut-être pour cela que je suis euphorique tout à coup. À vrai dire, une certaine paix règne en ces lieux. Les extérieurs sont soignés et bien que le domaine soit immense, on y voit malgré tout la mer à l'horizon. Henry sort ma valise du coffre et m'invite à le suivre à l'intérieur.

Une fois entrer dans la demeure, je suis stupéfaite par la modernité qui y règne. Le manoir semble dater du 18 ème siècle mais c'est bien au 21 ème siècle que nous propulse la décoration soignée et contemporaine! Les murs sont peint en blanc et le mobilier chic mais discret rehausse cet aspect de froide élégance.

- Suivez-moi, je vais vous montrer où vous logerez. M'informe Henry.

Alors que je m'attends à monter le grand escalier imposant qui est posté devant moi, nous traversons le rez-de-chaussée à ma grand surprise. Henry pousse une grande baie vitrée qui donne sur un jardin luxuriant que nous traversons aussi, avant de nous arrêter devant une petite maison.

- Voilà, c'est chez vous! Dit-il fièrement en sortant les clefs de sa poche et en m'ouvrant la porte.

- Je dois passer par le manoir pour me rendre dans la maison? Dis-je surprise par la configuration des lieux.

- C'est la maison qui est à louer, pas le manoir. Dit-il sans plus d'information.

Je suis malgré tout déçue de ne pas pouvoir profiter du luxe de la maison principale, cependant, mon désarroi est balayé quand je pénètre à l'intérieur de cette charmante petite maison qui n'a rien à envier à la grande bâtisse principale. On retrouve le chic et l'élégance de la décoration précédente mais cette fois-ci avec des touches plus personnelles. Les murs sont moins froids. Ils sont habillés d'une peinture gris clair, des affiches de vieux films français sont accrochés aux murs et quelques objets sont disposés ici et là sur une table basse et une cheminée. La cuisine est ouverte sur le séjour conférant encore plus de lumière.

- La maison n'était pas là avant. Elle a été rajoutée il y a seulement six ans. M'apprend Henry.

- Cet endroit est tout simplement superbe!

- À l'étage, il y a une chambre et une salle de bain. Vous trouverez un bureau au rez-de-chaussée, au fond à droite. Il donne sur le grand jardin et la piscine. Je vous ai fait quelques courses, je les ai mises dans le frigidaire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, mon numéro est à côté du téléphone. Bon! Je vous laisse vous installer. Dit-il succinctement.

- Merci Henry. C'est parfait!

Il me sourit chaleureusement avant de quitter les lieux. Une fois la porte fermée, je pousse un cri de joie (qu'Henry a certainement dû entendre), mais je ne peux retenir la joie qui m'envahit en ce moment. J'ai une sublime maison au bord de la mer rien que pour moi et un frigo remplit de victuailles me permettant ainsi de ne pas quitter ce lieu sans avoir écrit quelque chose qui en vaille la peine. Léonard avait raison: c'est exactement ce qu'il me fallait!

Je monte deux à deux les marches de l'escaliers pour découvrir ma nouvelle chambre et me jette presque immédiatement sur le lit quand je constate qu'il fait deux fois celui que j'ai à Paris. Tous ce luxe rien que pour moi, pendant ces prochaines semaines, j'ai bien peur de m'y habituer...

Quand je veux véritablement m'approprier un lieu, je teste toujours la salle de bain! Les gens sous-estiment souvent le test de la salle de bain, mais croyez-moi, il est très efficace! J'effectue des petits rituels qui me permettent de me sentir à l'aise, tel que: me laver le visage en premier, me doucher longuement sous un jet d'eau chaude - presque bouillante - , avant de me tartiner le corps de produits extrêmement chers que j'ai vu dans des publicités et dont je n'ai pas vraiment besoin, mais qui sentent bon. Si j'arrive à intégrer tout ça dans une salle de bain que je ne connais pas... cela veut dire que cet endroit est parfait et que donc, je peux rester ici... longtemps.

Ni une ni deux, je commence donc le rituel. Je connecte mon enceinte bluetooth à mon téléphone et commence à me déhancher au son d'un groupe de rock que j'affectionne pour mes séances d'écritures. Je n'ai pas de style de musique pré-défini mais lorsque j'ai besoin d'avoir de l'inspiration, c'est le rock bien fort et bien dur qui agite mes cellules. Je ne saurai dire pourquoi, mais la brutalité du son m'aide à me concentrer et aussi peut-être à extériorisé mes pensées.

Une fois que la musique commence à envahir la pièce, tout en me déhanchant sur le rythme, je m'occupe de moi, appréciant l'étendue de la pièce. Je n'ai jamais eu accès à une salle de bain aussi bien doté: il y a une douche et une baignoire en marbre, quant aux robinets ils sont en laiton doré. Une fois sous les jets d'eau chaudes, je me débarrasse de la crasse de mon voyage et commence à me détendre. De la buée se forme sur les vitres et une sensation de bien être m'envahit instamment. Décidément ce test et bien plus que concluant! Le gel douche hors de prix que je m'étais acheté pour une occasion particulière sert à présent!

Une fois propre, je sors de la cabine de douche et m'essuie rapidement tout en me déhanchant avec ardeur sur la musique. Je suis seule et la situation me semble merveilleusement libératrice... tout en passant de la crème sur mon corps, je me demande si je ne préfère pas rester toute nue aujourd'hui? Après tout, je peux faire ce que je veux, non? Je suis toute seule.

Malheureusement, mon enthousiasme est refroidit quand j'entends retentir la sonnette de l'entrée. Je prends le premier peignoir que je vois et l'enfile avant de dévaler les escaliers pour me rendre à la porte. Pensant ouvrir à Henry, j'y vais sans appréhension. Cependant, je ne peux feindre mon étonnement quand je me rends compte que ce n'est pas Henry qui est devant moi, mais un homme brun, grand, élégamment vêtu d'un costume gris. Il m'observe de un regard bleu, direct et franc, ses yeux droits dans les miens.

- Bonjour... dis-je voyant qu'il se contente de me dévisager.

- Bonjour. Dit-il détaché. Madame Lasso? Demande-t-il calmement.

- Mademoiselle. Repris-je.

- Désolé de vous avoir interrompue, vous deviez être sous la douche à la vue de votre tenue... dit-il sur un ton délibérément ironique.

Agacé par son interruption, je décide d'abréger cet échange pour pouvoir finir mon rituel.

- Je peux savoir ce que vous voulez? Demandais-je sans cacher mon agacement.

- Je suis Roman Eden, le propriétaire du manoir... et aussi de cette maison.

- Et...?

- Et je suis venu pour savoir si vous étiez bien installée.

- Oui, je suis bien installé. Dis-je rapidement.

- Parfait. Vous comptez rester combien de temps?

- Léonard ne vous a pas prévenu? Il m'a dit qu'il s'était occupé de tout et que l'agence vous avait prévenu.

- J'ai été prévenu mais je voulais juste être sûr que vous ne restiez pas plus d'un mois. La maison ne se loue qu'à la semaine, c'est comme ça que je l'ai décidé.

- Je ne resterai que trois semaines maximum.

- Bien. Dit-il satisfait. Il fait mine de s'en aller, avant de revenir sur ses pas. Voudriez-vous dîner au manoir un de ces jours?

- Pardon? Dis-je interloquée.

- Pourquoi pas ce soir? Continu-t-il. Vous venez d'arriver et vous n'avez certainement pas eu le temps de faire quelques courses.

- J'ai ce qu'il me faut, Henry à fait le nécessaire. Dis-je abruptement.

- Henry... ce cher henry... toujours aussi serviable. Dit-il sans réellement le penser.

- Écoutez, je suis venu pour écrire...

- Vous écrivez?! Dit-il soudain avec intérêt.

- Euh... oui.

- Il faut absolument que vous m'en disiez plus à ce sujet, le dîner sera servie à 20h30. Je serai très déçu si vous ne veniez pas... dit-il avant de partir sans même me laisser lui répondre.

Lorsque referme la porte derrière moi, je suis intriguée par ce qu'il vient de se passer. Cet homme n'a pas l'habitude qu'on lui dise non, ça se voit et ça se sent dans sa façon de faire, mais n'ayant pas le courage de me préparer à manger... On dirait que je vais dîner dans ce sublime manoir tout compte fait.

...

Il est 20h40 lorsque je me présente devant la baie vitrée du jardin. C'est par là que je suis passé pour me rendre dans la maison. Je regarde au-travers et frappe pour signaler ma présence. Après quelques secondes, Roman Eden apparait et vient m'ouvrir. Il ne porte plus son costume, il a laissé la place à une tenue plus décontracté mais tout aussi luxueuse: un polo bleu marine et un jeans.

- Mademoiselle Lasso. Dit-il avec une pointe de fierté. Vous arrivez a être en retard alors que vous n'êtes à 20 mètres de chez moi?

- J'étais en train de travailler, je ne me suis pas rendu compte qu'il était aussi tard... désolée.

- Si c'est pour la littérature, vous êtes toute excusée. Dit-il en me dirigeant à l'intérieur.

Alors que je m'attends à me rendre dans une grande salle à manger un peut clinquante, je me retrouve en réalité dans la cuisine de la propriété. Cuisine qui fait la taille de mon appartement - sans extrapoler - et qui est absolument splendide!

- Cela ne vous dérange pas de dîner ici? Je trouve ça plus informel que de mettre le couvert dans la salle à manger.

- Ça ne me pose aucun problème, vous faites de ce que vous voulez, vous êtes chez vous.

Je m'assieds sur le siège qu'il me montre et il s'active dans un coin de la cuisine. Je le vois ouvrir des boites en carton et mettre leurs contenus dans des assiettes. Au bout de quelques minutes, il pose devant moi différents mets: il y a des galettes de crabes avec une sauce aux herbes, des côtelettes d'agneaux dans une fine chapelure qui sentent divinement bon, suivit des boules de pâtes feuilletés que je ne saurais définir, qui sont légèrement dorés et caramélisés.

- Je voulais vous faire découvrir les spécialités culinaire de la région. Je sais que vous êtes française et qu'en terme de nourriture je ne pense pas que j'aurai grand chose à vous apprendre, mais il y a des choses ici qui mérite d'être connu.

- Ne vous formalisez pas, j'adore manger mais je ne sais pas cuisiner, alors ce ne sera certainement pas moi qui vous ferez des remontrances sur ce que vous me servez.

- Je vais vous présenter ce que nous avons alors: en entrée les fameux crabes cakes et sa mayonnaise aux herbes, c'est LE must de l'île, ensuite un de mes plats préféré les côtelettes d'agneaux en croute de pistaches et en dessert des bourdelots.

- Bourdelot?

- C'est une pomme enrobée de pâte feuilleté mais son coeur est rempli de sucre et légèrement mouillé au calvados. Je peux vous garantir que c'est le truc le plus incroyable que vous ne mangerez jamais! Dit-il avec assurance.

- Si vous le dites... je suppose que ce n'est pas vous qui avez préparé tout cela?

- En effet, mais j'aurai pu! Je sais cuisiner moi. Ajoute-t-il amusé. J'ai commandé dans un des restaurants où j'ai mes habitudes lorsque je suis ici. J'ai personnellement goûté tous leurs plats et je peux vous garantir qu'ils sont absolument parfaits!

- Nous allons donc voir ça... dis-je avec une lueur de défis.

Je me décide à prendre un crabe cake et le trempe dans la sauce avant de le déguster, à peine ai-je croqué dans la chapelure douce et croustillante, que je ne peux retenir un soupir de délectation.

- Oh mon Dieu! Ça doit être illégale tellement c'est bon! Dis-je émerveillé.

- Je vous l'avais dit! Répond-t-il satisfait.

Alors que je continu de manger cette première découverte, je sens le regard insistant de mon hôte sur moi. Il m'observe étrangement avec un petit sourire mutin sur les lèvres, il doit certainement jubilé du fait que ces choix culinaires semblent être un sans fautes... mais je sens qu'il y a autre chose.

- Étant donné que vous savez que je suis écrivain, pourrais-je savoir ce que vous vous faites pour gagner votre vie? Si vous travaillez pour gagner votre vie bien sûr...

- Je vous rassure, je travaille pour gagner ma vie. Dit-il sur ce même ton amusé qu'il a adopté depuis le début. Je suis chef d'entreprise.

- Chef d'entreprise? Quel type d'entreprise?

- Les relations publiques... dit-il vaguement. Le manoir est dans ma famille depuis longtemps et sa conservation coûte cher. C'est aussi pour cela que j'ai décidé de louer la maison d'ami pour les gens de passage. C'est une sorte d'investissement pour être sûr que tout se passe bien, dit-il étrangement mystérieux.

Je ne sais pas, mais bien qu'il essaye de me mettre à l'aise, je n'arrive pas à totalement me laisser aller, j'ai l'impression que je suis en train de passer un test. Lequel? Je ne sais pas, mais quelque chose me fait rester sur mes gardes avec cet homme aussi séduisant que malin.

Le dîner se poursuit, dans cette étrange ambiance où l'on se jauge lui et moi, essayant de déceler un quelconque mirage. Lorsque je décide de retourner dans la maison d'ami, il insiste pour me raccompagner alors que je ne suis qu'à quelques mètres de chez lui. Je trouve cela cocasse mais me laisse raccompagner malgré tout.

- Merci Roman pour ce dîner, finalement vous aviez raison d'insister, ce que vous m'avez fait découvrir était absolument divin en tout point, dis-je rassasiée.

- Et bien, si vous vous voulez réellement me remerciez, tutoyez-moi. Nous allons être voisin pendant plusieurs jours donc autant briser cette barrière. Dit-il calmement.

- D'accord... Dis-je en lui souriant.

Nous nous saluons poliment et il part dans la direction opposé pendant que je mets ma clé dans la porte. Mais après quelques secondes, il revient sur ses pas et m'interpelle.

- Oh Bianca?!

- Oui?

- J'ai oublié quelque chose...

Il ne laisse pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, qu'il est déjà devant moi à quelques centimètres de moi visage. Il me scrute avec ce même intérêt qu'il éprouvait plutôt au dîner.

- J'ai oublié de vous embrasser Bianca. Alors si vous ne voulez pas, reculer vers la porte. Dit-il sans me quitter du regard.

Je ne sais pas si c'est sa façon direct de dire les choses ou son assurance face à ce jeu de séduction dans les règles, mais j'ai du mal à penser en cet instant. D'ailleurs il ne m'en laisse pas réellement le temps car déjà il s'avance et colle ses lèvres sur les miennes. D'abord doux et léger, son baiser devient avide et vorace. Ses mains se posent sur mes joues pour approfondir son contact. Je ne peux que m'accrocher à ses poignets tant je sus soufflée par l'impétuosité de son approche. Après quelques secondes, il s'éloigne de moi et me sourit discrètement avant de s'éloigner.

- Bonne nuit Bianca. Dit-il sans se retourner.

Je reste là sur la bas de la porte, me demandant si ce qu'il vient de se passer à réellement eu lieu ou si je viens de l'inventer dans les méandres de mon imagination.

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