IV.
Il a tenu parole! Il a avancé le mariage d'une semaine, à présent je dois me tenir prête pour une cérémonie qui aura lieu dans quatre jours! Je suis désespérée. Il a des gardes devant ma porte et en bas de ma fenêtre. Je n'ai toujours pas vu mes parents et cette gouvernante me harcèle de ces leçons de bienséance... J'ai le sentiment de vivre un cauchemar qui n'a pas de fin! Je donnerai n'importe quoi pour être il y a deux semaines. Je n'arrête pas de me demander ce qu'il se serait passé, si je n'avais pas accepter de me rendre à ce pique-nique... Malheureusement pour moi, je ne le saurais jamais.
Je sors de ma torpeur quand ma porte s'ouvre et que les gardes s'avancent accompagnés d'une femme. Je la reconnais immédiatement quand ils s'écartent d'elle: c'est Sylvia! Je cours à sa rencontre la prend dans mes bras, de façon si désespérée, qu'elle a du mal à tenir debout.
Syliva : " Vous pouvez nous laisser messieurs..." dit-elle, étonnée.
Ils sortent tous, et je me trouve seule avec la personne que j'aime le plus au monde.
Adélaïde : " Tante Sylvia, je ne sais pas ce qu'il se passe... je me suis retrouvée enfermée ici, à mon insu! Il a décidé de m'épouser pour ne pas contrarier son père, mais je ne veux pas de ce mariage! " dis-je, d'une traite.
Sylvia : " Calme-toi! Asseyons-nous pour trouver une solution. "
Adélaïde : " Comment as-tu su qu'on était là? "
Sylvia : " On ne parle que de ça dans le pays. Je devais venir, je vous fait envoyé un courrier, mais quand je suis arrivée on m'a annoncé tes fiançailles avec le prince. J'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas! Tu ne te serais jamais fiancé sans m'en parler avant, et certainement pas aussi vite! Je me suis faite conduire au palais... et comme j'ai gardé de très bonne relation avec la Reine... je lui ai demandé s'il m'étais possible de te voir, afin de t'aider dans tes préparatifs de jeune mariée. "
Adélaïde : " Je ne l'épouserai pas! "
Sylvia : " Tu en es sûr? J'ai bien peur que tu n'ai pas le choix... les bans sont publiés et tout le pays se prépare à une célébration sans pareil. "
Adélaïde : " Emmène-moi avec toi à Paris. Dis à la Reine que je suis malade... je ne sais pas... " dis-je incohérente.
Sylvia : " Je sais que ce n'est pas ce que tu espérais... j'ai eu de la chance dans la vie, j'ai échappée à un mariage sans amour, et je m'en suis même sortie avec de quoi vivre mes rêves... mais je suis un exception. Il faut que tu regardes ton sort autrement. Si tu l'épouse, tu va être princesse, puis reine... toi qui a toujours voulu changer le monde, c'est peut-être l'occasion d'avoir le courage de tes ambitions. "
Adélaïde : " Tu es en train de me dire, que je devrais me servir de ce mariage à bon escient?! Tu me demande de me sacrifier pour mes idéaux?! " dis-je surprise qu'elle puisse envisager une quelconque obéissance de ma part.
Sylvia : " N'est-ce-pas ce que font les gens que tu admires? En intégrant la famille royale, tu pourrais être influente."
Adélaïde : " C'est vrai que j'ai toujours été impressionnée par ceux qui ont dû se sacrifier pour atteindre leurs objectifs... mais je n'aurai jamais penser que cela m'arriverai... " avoue-ai-je.
Sylvia : " Je vais t'expliquer quelque chose que j'ai appris sur le tard. J'aurais adorée qu'on me l'explique avant, mais ce sont des choses dont on ne parle pas à des jeunes filles... Les hommes ont des besoins... et si ils ne les assouvissent pas, ils deviennent irritables, agacés et parfois même violent... mais si tu leurs donne ce qu'ils attendent, ils se transforment en de vrais agneaux... et tu peux obtenir ce que tu veux d'eux. Est-ce-que tu me comprends? "
Adélaïde : " Pas vraiment. " dis-je, perdue.
Sylvia : " Je te parle de rapport intime Adélaïde. De... sexualité... " dit-elle, sans s'embarrasser.
Je rougis instantanément à l'écoute de ses mots. Je n'avais jamais imaginé utiliser cela comme un pouvoir, en réalité, je ne me suis jamais renseignée sur la chose.
Adélaïde : " Tu es en train de me dire, que si je veux me dépêtrer de ce mariage sans amour, je dois utiliser mon corps pour parvenir à mes fins? "
Sylvia : " Dans les grandes lignes, c'est ça... Ton futur époux te mangera dans la main. "
Adélaïde : " Et si l'idée même de partager ce genre de chose avec lui, me donnait la nausée... que me conseillerais-tu? Tu es en train de me proposer de me prostituer! " dis-je avec virulence.
Sylvia : " Tu es dans le mauvais corps pour décider de ton destin... Nous les femmes faisons des sacrifices depuis toujours et nous avons appris à utiliser les armes que nous avions pour garder la tête hors de l'eau et réussir parfois à faire de grandes choses. Réfléchis. " dit-elle inquiète. "J'ai réussi à te ramener un livre, qui pourrait t'aider... " dit-elle en sortant un petit ouvrage de son jupon.
Je le prend et le regarde. C'est un livre en tissu, et quand je l'ouvre je suis pétris d'horreurs. J'y vois des dessins où les personnages sont les uns sur les autres, et on voit toutes leur anatomie.
Adélaïde : " Tu veux que j'apprenne à faire ça? " dis-je scandalisée.
Sylvia : " Non. Je veux que tu t'en inspires. Tu dois comprendre les mécanismes du corps humain pour pouvoir utiliser le tien. " Les gardes font irruption dans ma chambre et signifie à Sylvia que le temps qui lui a était accordé est à présent achevé. " Lis bien ce que je t'ai donné. " me chuchote-t-elle. " Je ne sais pas si on se reverra avant la cérémonie. " dit-elle avant de me quitter.
Je m'assoie sur mon lit, quand je me retrouve seule. Essayant de digérer tout ce qu'elle vient de me dire. Aurait-elle raison? Dois-je utiliser les atouts qui ont été mis à ma disposition en tant que femme pour obtenir de quelconque avancées? Je dois reconnaitre que c'est une vision bien terre à terre du combat pour l'égalité, mais une option quand même...
Je me mets à lire le chapitre d'introduction :
" L'acte de relier deux corps est une expérience sensorielle sans pareil. Lorsque l'on comprends cela, notre vie change. Le plaisir, l'intimité, la tendresse sont des sentiments, qui associés l'un à l'autre apporte au couple la longévité, mais aussi l'harmonie. L'art de donner du plaisir, c'est aussi en recevoir, tel est la récompense de ceux qui exprime leur sensualité. "
J'interrompt ma lecture un instant, tant je suis prise de bouffées de chaleur. Est-ce bien cela que je veux faire? Ou du moins que je dois faire! Je prends une longue respiration puis me décide à reprendre la lecture de cet ouvrage, qui pourrait être mon seul espoir...