Seule Chez Lui

Le jour enfin levé, Laura se redressa avec l'intention de courir vers la douche lorsque le jeune homme la retint 'où vas-tu ?'

'Je vais m'apprêter pour le boulot.'

'Ton patron m'a chargé de t'informer que tu as une semaine de congé maladie !'

'Tu plaisantes ?'

'Non... '

'Il aurait pu m'appeler lui-même par estime !' S'exclama-t-elle.

'L'épouse et l'époux ne font qu'un !' S'amusait-il.

Mais Laura le regardait sans rien dire. Alors, il continua, 'par contre... ' en se relevant de ce transat, 'moi, je vais travailler !'

'Quoi ? Tu vas me laisser toute seule ?' Se levait-elle à son tour.

'La femme de ménage arrive dans une heure environ et le chauffeur de maison est déjà là si tu en as besoin !'

'Il ne part pas avec toi ?'

'Je conduirai moi-même, je te le laisse !' Répondit-il avant de baiser les joues rosées de Laura et de se laisser aller s'apprêter.

La jeune femme, ne pouvant pas rester à l'extérieur, entra dans la maison avant de se diriger vers sa chambre pour s'y allonger et se laisser dormir, manquant terriblement de sommeil.

Épuisée, elle n'avait guère entendu les appels et les notifications des messages incessants qui faisaient vibrer son téléphone portable.

Ce n'était qu'à son réveil, la tête papillonné, qu'elle souleva l'appareil et s'assied rapidement sur le lit pour lire un des messages vocaux qu'elle avait reçus.

'Oh non ! Pas encore !' Dit-elle en écoutant que sa voiture venait d'être emmenée à la fourrière 'que vais-je donc faire pour que tu me laisses vivre ?' Pensant que c'était encore un mauvais tour de son amant des minuits.

Puis, elle se leva, allant vers la douche pour soulager son corps et rafraîchir sa peau d'une bonne eau froide.

Pour la première fois depuis si longtemps, elle ne priait plus la chaleur de l'eau pour étouffer ses pensées. Ce jour-là, elle voulait de la fraîcheur et du bonheur.

Et, pendant qu'elle se douchait, un sourd et lourd son qui se répétait l'interpella, absentant la paix qu'elle pensait avoir en se réfugiant dans la salle de bain.

Laura ferma alors la bouche du robinet d'eau pour mieux écouter et deviner l'objet qui dérangeait son calme.

'C'est qui ?' Hurla-t-elle.

'Rosalinda, madame !' Répondait une voix qu'elle ne reconnaissait pourtant pas.

N'ayant absolument aucune idée de qui cela pouvait être, la jeune femme murmura 'Rosa quoi ?' Avant de décrocher la serviette et de courir ouvrir la porte de la chambre.

'Bonjour !' Disait Laura en clignant de ses yeux qui étaient piqués par le savon qui coulait sur son visage.

'Moi, c'est Rosalinda... la dame de ménage.'

'Oh... enchantée... désolée, j'étais sous la douche... '

'Oh non... c'est à moi d'être désolée... ' Reconnaissait la femme face à elle. 'Tenez !'

'C'est quoi?'

'Monsieur à demander au chauffeur de vous acheter une tenue et ce dernier vient de me la remettre.'

'Oh merci... ' prit-elle ce paquet, les mains humides. 'Il me sauve la vie.'

'De rien... je vais vous laisser maintenant. Si vous avez besoin de moi, je ne serais pas loin. Vous aurez juste à dire mon nom et j'apparaîtrais.' Rigolait-elle.

'Ok... ' Assurait Laura avant de fermer la porte, sa robe fleurit en main, et de courir de nouveau vers la douche pour se rincer.

Elle chantonnait enfin, mêlant sa voix aux accords que créait le bruit de l'eau qui s'agitait dans tous les sens.

Après une vingtaine de minutes, elle était finalement vêtue et parfumée d'un des arômes de son homme, Mosé.

En effet, la jeune dame avait utilisé un des parfums qui était posé dans la salle de bain sans demander l'avis de quiconque.

Ensuite, elle parcourait la chambre qu'elle occupait en se rassurant de fouiller tous les coins, dans l'espoir de trouver quelque chose sur Mosé, mais un appel vint interrompre ses recherches.

'Allô ?' Répondit-elle 'Il y a quelqu'un au bout du fil ?' Demandait-elle 'Allô ?' Insistait la jeune femme, en vain.

Quelques secondes de silence avaient dû passer pour que la personne qui l'avait appelé raccroche.

Elle fronçait les sourcils, un peu étranglée par le suspens de cet appel, lorsque sa faim la menait finalement à ne point vouloir s'attarder là-dessus.

Laura tendit alors ses pas vers la porte pour l'ouvrir et traverser le fameux couloir vide qui ne racontait aucune histoire.

Aucune photo ne décorait ces murs, aucune chaleur ne s'y dégageait.

Puis, arrivée au salon, elle pouvait voir la table de la salle à manger déjà faite, qui l'attendait sûrement.

Tout semblait y être ; des jus de fruits parfaitement pressés, de la salade passionnément dessinée et d'autres couleurs déguisées en mets, qu'elle pouvait apercevoir.

'Bonjour mademoiselle  !' Dit Rulio en courant vers elle.

'Bonjour !'

'Comment allez-vous ?' Demandait-il en lui tirant une chaise.

La jeune femme répondit, 'Je vais bien, merci. Et vous ?'

'Merveilleusement bien... ' Dit-il avant de lui proposer 'venez donc vous asseoir que je vous serve votre petit déjeuner... '

Laura trimballait de ce fait ses jolies petits pieds vers la table afin de se poser, pendant que Rulio lui servait ses omelettes aux fines herbes.

'Wow !' S'exclama-t-elle.

'Madame, y a-t-il une chose qui vous ennuie ?'

'Oh non, ne vous inquiétez pas... je suis juste époustouflée par la beauté de votre cuisine.'

'Merci... je vous laisse maintenant ! Si vous avez besoin de moi, je serai en cuisine.'

'C'est d'accord et merci encore.' Disait-elle avant de s'exporter sur un petit nuage parmi les délices culinaires devant elle.

Et, à ce moment, elle avait presque oublié son amant de la nuit.

Ça faisait longtemps que l'on n'avait pas pris autant soin d'elle.

Et, même elle-même n'avait pas autant pris soin de sa personne depuis des lustres. Ainsi, elle en profitait.

Elle ne voulait pas penser à la raison pour laquelle l'homme qu'elle avait aimé et qui tenait tant à sa famille, aujourd'hui, vivait comme s'il n'en avait jamais eu.

Et, elle ne voulait pas non plus penser à cette ombre, celle qui hantait ses nuits et dès à présent assombrissait ses jours.

Elle voulait profiter de l'instant présent, l'embrasser sans plus avoir à se battre contre son passé.

Elle voulait le temps d'un instant, ne plus avoir à trop réfléchir ni à trop penser.

Elle voulait savoir ce que cela faisait d'être soi-même.

Elle voulait être elle, Laura Von Lacoste.