Résumé
Tome 1 Sémaphora est une étudiante de 17 ans qui développe un comportement agressif qui nuit à son entourage. Contrainte de déménager, elle retourne vivre à Paris avec son père. Elle prend conscience de sa nature quand elle rencontre Tristan, un vampire, venu en mission pour retrouver un vampire ennemi. Il est très dur avec elle au début jusqu'à ce qu'il découvre qu’il a des sentiments pour elle. Elle ne réagit pas à ses menaces, son sang ne l’inspire pas comme n’importe qu’elle femme humaine. Il comprend qu’elle est une hybride et décide de l'aider. Dans les règles de la communauté des vampires, les hybrides sont des abominations, il faut les tuer. Hubert, le père de Sémaphora est le vampire que Tristan doit retrouver. Pour protéger sa fille, et pour ne pas revenir au château familiale qu’il a fui, Hubert organise leur départ. Mais Tristan et un groupe de vampires sont sur leurs traces. Vont-ils parvenir à s’échapper ? Que se passera-t-il si Sémaphora est retrouvée ?
1 - Mon mystérieux voisin
Sémaphora:
Nouveau lycée ! Je soupire. Pas le choix ! Mon premier jour, dans une nouvelle ville et une nouvelle école. Ce matin, je veux évacuer mon stress, donc, j'ai décidé d'aller en cours à pied. Je sens l'angoisse qui me gagne à chaque pas. Je souffle pour sortir toute la tension liée à ce nouveau départ. Avec le soutien de mon père, j'ai eu deux mois de vacances pour apprendre à ne penser à rien, à faire le vide dans ma tête. J’ai dû partir de mon ancien lycée à cause de mon tempérament excessif. J’ai été renvoyée pour surplus d’énergie ! Non ! La Directrice de l’établissement l’a formulé différemment. J’ai été sommée de partir parce que je souffre de « troubles explosifs intermittents ». Je ne sais pas comment expliquer, sans prévenir, parfois je ne contrôle plus rien. Je retiens en règle générale mon agressivité, qui peut selon les circonstances se transformer en rage folle en une fraction de seconde. Je fais des efforts pour maîtriser ma personnalité car je déteste cette facette de moi. Je me bats pour y parvenir. Cependant, mon père et moi, nous avons dû revenir à Paris pour oublier que sans en avoir réellement l’intention, j’ai créé des torts et des traumatismes à certains de mes amis de cours.
Armée de bonnes résolutions, j’ai décidé de tirer un trait sur cette période, et d’agir comme n’importe quelle lycéenne. De plus, je ne comprends vraiment pas pourquoi mon corps réagit étrangement. J’ai de surprenantes envies qui me font saliver. Je ne parviens pas encore à déterminer exactement ce qui provoque ces envies, ni ce qu’il me manque au point que je désire ardemment en trouver la cause. Je ressens comme un manque en moi. Je ne me sens pas en phase avec toutes ces émotions troublantes, et, je me demande si je n’aurais pas d’autres troubles cachés et inquiétants.
Concernant mon comportement agressif, mon père a sa propre opinion. Il pense que c’est lié à ma mère. Elle est morte en me donnant naissance, et selon lui, depuis, je réagis comme si j'en voulais à la terre entière. Mais, moi, je suis persuadée qu'il y a plus, et, son regard fuyant quand il tente de m’expliquer sa version de mes troubles comportementaux, me confirme qu’il ne me dit pas tout. Je ne l’interroge pas plus, je sais qu’il ne me donnera pas les réponses que j’attends.
Pour l'heure, je préfère me concentrer sur ma rentrée puisque je suis arrivée à destination. Je pose mes pieds dans l'immense hall d'entrée du lycée Charles Péguy. Premier constat : il y a beaucoup d'étudiants et énormément de bruit. Parfait, je vais pouvoir me fondre dans la foule. Ce lycée est quatre fois plus grand que celui d'où je viens. Je m'avance vers le bureau de l'accueil, et une secrétaire m’aide à compléter mon dossier d'admission. Puis, elle me confie mon emploi du temps.
En traînant les pieds, je me dirige vers le bâtiment de chimie pour rejoindre ma classe. Une dizaine de lycéens attendent déjà devant la porte. Ils discutent, chahutent ensemble. Ils se connaissent déjà, ils vivent tous à proximité. Lorsque j’arrive à leur niveau et m’arrête pour pouvoir regagner la classe de cours, tous les regards se posent sur moi. C'est devenu une habitude, on me dévisage constamment. Je suis consciente de mon charme, mon entourage me l'a déjà fait remarquer. Je décide de ne rien voir.
Le professeur de Chimie ouvre la classe. J’en profite pour passer devant tout le monde, et, je m'engouffre dans la salle, direction les tables du fond. Je m'installe, puis, regarde par la fenêtre. La rentrée de l'année dernière me revient en mémoire. Elle s’est déroulée à peu près dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui. A l’exception que j’étais amoureuse de mon voisin de siège, Sébastien. Nous avions échangé un sourire, et nous étions devenus proches, très proches même, assez rapidement. Puis, un jour lors d'un baiser, ma passion a guidé mes actions, j’ai mordu sa lèvre et du sang à couler. J’ai ressenti une envie irrésistible d’y goûter. J’ai passé ma langue sur le liquide rouge et j’en ai apprécié la saveur. J’en désirais plus. Je l’ai contemplé avec convoitise. Il a eu peur de ma réaction, et s'est enfui loin, très loin de moi. Je ne l'ai plus jamais revu. J’ai connu mon premier chagrin d’amour à cause de mon attitude effrayante. Puis, j’ai été convoquée dans le bureau de la Directrice pour me voir accuser de perturbatrice, et intimidatrice.
Quelqu'un pousse la chaise à côté de la mienne, ce qui me sort de ma rêverie. Je tourne la tête vers la personne qui a osé me faire sursauter. Je suis pétrifiée sur place, l’étudiant qui s’installe à mes côtés est très beau. Je cligne des yeux à plusieurs reprises, j’ai l’impression d’être revenue, une année en arrière. Cette situation est très perturbante. J’avale difficilement ma salive. Je ne tomberais pas dans le même piège.
Sans faire attention à ma présence, il déballe tout son matériel scolaire. J’observe attentivement chacun de ses mouvements. Sa beauté est peu commune : visage très pâle, lèvres rougies, les yeux vert foncés. Si ces traits de visages n’étaient pas aussi parfaits et charmants, il ferait peur à cause de la froideur de son regard. Mon cœur bat la chamade. Je pose ma main dessus pour en atténuer la cadence. Ma respiration est saccadée, je ne peux pas croire que j’ai fui Bordeaux pour revivre les mêmes situations à Paris. Je secoue énergiquement la tête. Je ne laisserais pas cela se reproduire.
Donc, je fais face au professeur, je m'aperçois que la salle s'est remplie depuis tout à l'heure. Je suis un peu déçue quand je constate que la place à mes côtés demeurait l’unique place disponible. Je jette un regard furtif vers lui, il fixe droit devant sans me remarquer. Je serre les lèvres, il a décidé de m’ignorer. Je souris intérieurement, c’est exactement ce que je fais moi-même avec les gens qui m’entourent.
A la fin du cours, il s’éclipse rapidement, comme si s’asseoir à mes côtés s’avérait être insupportable. Je serre les poings. Nous sommes restés assis une heure côte à côte, et, nous n'avons même pas échangé un seul mot. Abattue par son attitude, je ramasse mes affaires, et me dirige vers le prochain cours. Et ainsi de suite, la journée s’est enchaînée sans aucun intérêt pour moi. Monsieur « beau gosse » ne s'est plus assis à côté de moi. Cependant, son attitude mystérieuse a capturé toute mon attention.
Le soir, dans mon lit, je tente de chasser de ma tête ce ténébreux visage. Il m'a séduite ! J’ai été captivée par ses charmes. J’ai un peu honte de l’avouer. Il m'a surprise car il ne s'intéresse pas à moi, à l'inverse des autres garçons de ma classe. Je suis époustouflée par son dédain. Je m'endors à regret sur cette note pessimiste.
Aujourd'hui, au planning nous commençons par sport. Je déteste cette matière, bien que je sois douée grâce à des aptitudes remarquables. Porter des joggings ou des shorts ne convient pas à l’esthétisme tel que je le perçois. Donc, inutile de préciser l'état de mon humeur. Je traîne à nouveau les pieds pour aller en cours.
La séance de sport n'est pas aussi dramatique que je le pensais. Chacun doit courir quatre cent mètres, quatre par équipe. J’ai été affectée par hasard à une équipe. Je souris sous cap, je cours vite, cela a toujours été mon atout. Le hasard du tirage au sort a voulu que je termine le relais. Une fille qui s'appelle Déborah, je crois, me transmet le relais, et, là je cours rapidement, puis très vite. Mes jambes accélèrent leur course sans que je ne contrôle quoi que ce soit. Tout le monde me regarde ébahi, et le professeur hallucine sur le chrono en tapant dessus pour vérifier qu'il fonctionne bien. J'arrive très largement en tête. L’étonnement que je lis sur les visages m’amuse. Il me fixe longuement, et, ne peut s’empêcher de m’informer que j’ai couru pratiquement aussi rapidement que Tristan, le « beau gosse » de la classe, qui avait déjà réalisé un record.
Je constate le regard interrogateur et surpris de ce dernier, posé sur moi, juste avant de reprendre son air blasé et ignorant de tout ce qui l'entoure. Grrr!!! Il m'énerve, autant qu'il peut m'attirer ! Mais c’est une attirance à sens unique. Le professeur nous demande de nous serrer la main. Il me tend une main crispée et glaciale. Son regard est toujours perdu dans le vague. Je me demande s'il me voit, ou s'il a une petite idée de ce qu'il se passe autour de lui. Il m'intrigue. Pourquoi tout ce silence autour de lui ?
Je retourne vers le vestiaire avec les autres filles. Elles me félicitent pour mon exploit, et la glace se brise un peu. Je m'intègre dans le groupe, mais je n’ai pas vraiment besoin de leur intérêt. Je le cherche parmi les étudiants de ma classe, Tristan a encore disparu de mon champ de vision. Comment peut-il être aussi « canon » avec toute la froideur qui le caractérise ? J'adore la façon dont ses cheveux châtains retombent en pics dégradés sur son front. Son charme est exceptionnel et effrayant à la fois. Je m'étonne d’être l’unique fille de ma classe à être sous son charme.
Pour le cours de math, il n'a pas d'autres choix que de s'asseoir à côté de moi. J'essaie d'être agréable et je lui dis :
"- Bravo pour l'exploit de tout à l’heure !".
Le regard figé droit devant lui, impassible, il ne me répond pas. Il continue à me snober, et je ne suis pas la seule. Il snobe toute la classe, en fait. Il se comporte de façon détestable, désagréable, comme s’il voulait nous prouver qu’il était supérieur à nous. Je serre mes lèvres, je me moque pas mal de ce qu’il pense de moi, et, je ne m’intéresserais plus à lui…