Relation secrète

Sémaphora :

Je trouve mon nouveau lycée très austère, et tellement banal d'aspect. Mon premier cours a été très décevant. Les étudiants de ma classe se sont contentés de me regarder me présenter, puis, une heure après, sonnerie, fin du cours. Tout le monde s'est enfui, me laissant seule livrée a moi-même. Ce n'est pas du tout le même accueil qu'à San Francisco, où tout le monde recherchait ma compagnie. Que puis-je y faire ? Notre famille a déménagé pour le travail de mon père ! Je n'ai pas vraiment eu le choix. Je soupire. Je vais avoir beaucoup de difficultés à m'adapter à cet environnement. Dans mon malheur, heureusement que je maîtrise la langue. Je prends des cours particulier de français depuis mon enfance. C'était le souhait de mon père. J'imagine qu'il avait déjà planifié notre voyage en France depuis longtemps. Je hausse les yeux au ciel.

Je range mon cahier dans mon sac de toile, et je me dirige vers le second cours. J'espère que je n'aurais pas à me présenter encore une fois. Je sors tête baissée de la classe, deux pieds me bloquent le passage. Je percute la personne qui fait obstacle à ma sortie. Je relève la tête et je me retrouve très proche du gars qui m'a fait un doigt d'honneur, tout à l'heure. J'attends surprise par sa réaction qu'il me laisse passer. Quoi ? Qu'est-ce qu'il me veut encore ?

Son regard plonge dans le mien, et il me sourit. Je rêve ! Il tente de me séduire. Le pauvre, il va falloir qu'il s'en remette. Je ne suis pas facile à conquérir, et je dirais même que lui, il a encore moins de chance que n'importe qui d'autre !

Puis il finit par dire :

"- Plutôt jolie, la nouvelle. Tu es américaine. Wouah ! Le rêve américain !" Il s'exclame en me déshabillant du regard, et en faisant rire l'assistance composée de la jolie blonde de tout à l'heure, du beau gosse de ma classe et trois autres gars.

Je hausse les épaules, et lui donne un coup de coude pour qu'il se pousse. Sans me retourner, je me dirige vers l'autre cours. Il croit qu'il peut m'intimider. A mon ancienne école, j'étais celle qui intimidait les autres. Je ricane. Si je dois supporter ces sarcasmes toute la journée, je ne vais pas être très coopérative longtemps. Il va finir par me mettre en colère. Et, je suis assez agressive comme fille pour lui mettre une raclée. J'ai toujours eu ce tempérament à tendance violente. Il ne me fait pas peur, il m'agace c'est tout.

Nouveau cours, nouveau professeur, et heureusement pas nouvelle présentation. Je repère une place au fond, je m'y affale. Encore une fois, on me dévisage puis les stars de la classe font leur entrée. Je préfère ne pas les regarder, je ne leur ferais pas ce plaisir de les admirer, comme tous les autres. Incroyable que de nos jours, il y en ai qui réagisse de cette manière.

D'emblée, les bad boy, je déteste. Il m'en faut plus qu'un beau visage pour m'impressionner.

A bien y réfléchir, je ne sais pas où, ou à cause de qui, j'ai hérité de ce caractère franc et fort. Dans mon ancienne école, je me faisais respecter. Ce n'est pas ces gars qui vont me rabaisser. Je leur conseille de ne pas trop me chercher des ennuis. Le cours commence, je relève la tête pour suivre, et je surprends le regard du beau gosse sur moi. Deuxième fois, au cours précédent, il a fait de même. Je reconnais qu'il est magnifique, premièrement il a une copine, et deuxièmement, il ne fréquente pas les bonnes personnes.

Les mathématiques j'adore. Ce cours passe trop vite. C'est la pause, nous avons une deuxième heure avec ce prof. Tout le monde sort, sauf une fille assez mignonne qui préfère sortir son livre de poche. Je pense qu'elle doit être une solitaire, comme moi. J'ai envie de m'approcher d'elle pour sympathiser, quelque chose me confirme au fond de moi, que nous pourrions nous entendre. Je me lève, et je m'assois à côté d'elle. Elle tourne la tête, me regarde surprise, puis me sourit.

Je me présente, elle, également. Elle s'appelle Sonia, elle est d'origine italienne. Nous commençons à discuter ensemble, et la pause touche à sa fin. Tous les étudiants reviennent à l'intérieur, je lui propose de me rejoindre à ma table. Elle attrape ses affaires, et nous suivons le cours ensemble. Le gars qui m'a pris de haut tout à l'heure, ne semble pas ravi de se rapprochement entre cette étudiante et moi. Je me moque de ses états d'âmes. S'il n'est pas ravi, qu'il regarde ailleurs.

Nous sortons ensemble du cours. Il n'y a pas cours avant quinze heures. Avec l'heure du déjeuner, nous avons trois heures devant nous. Je propose à Sonia de me faire visiter la ville, de m'indiquer les meilleures boutiques en matière de fringues. Elle me sourit, elle jette un coup d’œil à l'autre idiot de la classe qui suit le beau gosse comme un toutou. Son sourire disparaît, puis elle me regarde à nouveau, semble hésiter légèrement, et me donne son accord. Nous sortons en riant, je pense que je me suis trouvée une amie.

Pour la première fois depuis que nous sommes arrivés dans cette ville, je suis heureuse. Nous nous amusons dans les boutiques, je suis en parfait accord avec elle. Je l'invite à déjeuner, mes parents sont très aisés. Mon père a un don très développé pour les affaires. Il a racheté une entreprise de bâtiment, qu'il a fait prospérer de façon spectaculaire. Et aujourd'hui, nous avons déménagé en France pour implanter une seconde entreprise. Je suis enchantée par ma promenade avec Sonia. Et j'ai envie de lui faire plaisir pour la remercier de m'avoir aidée à découvrir les magasins, les meilleurs adresses pour déjeuner, etc.... pour m'avoir servi de guide. Et honnêtement, en la connaissant mieux, elle est sympa cette fille, et très marrante. Elle a un super sens de l'humour, j'ai beaucoup ri avec elle. Elle a le don de mettre les gens à l'aise, et j'aime beaucoup me sentir à l'aise avec quelqu'un.

J'ai vraiment passé un super moment en sa compagnie, nous nous sommes beaucoup rapprochées, nous sommes devenues amies. Je suis heureuse avec elle. Chez moi, à San Francisco, on appelle cela le feeling. Nous avons eu un bon feeling. Nous reprenons le chemin du lycée bras dessus, bras dessous. En fin de compte, ma scolarité va mieux se passer que ce que je redoutais.

Nous longeons le couloir pour rejoindre la classe de la première heure de l'après-midi, ils nous fixent tous. Leurs attitudes sont surprenantes, et exagérées.

Peu importe, ce qu'ils pensent. Je passe mon bras sur les épaules de Sonia pour entrer dans notre classe, et le toutou du beau gosse me jette un regard noir, à vous tuer sur place. Mon amie blêmit, et je la sens mal à l'aise. Je suis persuadée qu'il y a un lien entre les deux. Sonia ne m'en parle pas. C'est sûrement quelque chose qu'il a du lui faire subir, et elle a peur de lui maintenant. Qu'elle se rassure, je suis là, désormais ! Il ne lui fera rien. Je la défendrais contre ce personnage désagréable. Il est juste un "macho" qui veut se faire valoir devant les autres pour acquérir de la popularité. Je connais très bien ce genre de personne pour en avoir côtoyé plus d'un. Si nous n'avons pas peur d'eux, ils finissent par arrêter de vous harceler. Je ne vais pas y porter attention, il finira par laisser tomber. Je ne tolèrerais, cependant, pas qu'il s'acharne sur Sonia.

Nous nous asseyons à notre table, la dernière du rang du milieu. Le cours commence. Le bad boy me tue du regard, je lui envoie un baiser volant avec un clin d’œil. Je le provoque parce que je veux qu'il se concentre sur moi...