Chapitre 4 : Manipulation
Après le déjeuner, que j'ai eu dans ma chambre, en compagnie de Thomas. Je lui ai demandé des feuilles et des crayons, pour dessiner un peu. Il n'y a vu aucun inconvénient. Il m'a ramené un bloc note à spirale, ainsi qu'une boîte de crayons fusains et des pro-markers, que seul les architectes utilisent! Je ne sais d'ailleurs pas comment il a su que c'était précisément ceux-là, que j'utilisais pour mes plans?!
Nous avons mangés dans le silence. Plus il me regardait et plus j'essayais de fuir son regard. Je pense que ce soir, je serai plus loquace. Je poserai des questions sur lui, comme ça, l'air de rien, pour pouvoir mettre mon plan à exécution.
Depuis deux heures, j'essaye de me concentrer sur un croquis. J'ai décidée de dessiner un opéra futuriste. L'idée, c'est de faire des courbes rondes, en y ajoutant de la structure. Il y a plusieurs dômes en verres, traversés par des lignes fluides en acier. Je ne l'ai pas tout à fait terminé, ça me prendra probablement plusieurs jours, et c'est exactement ce qu'il me faut. J'ai besoin de m'occuper l'esprit et de lui faire croire que je suis résignée à mon sort...
Je n'entends pas la porte s'ouvrir, ni Thomas avancer vers moi, lorsqu'il pose ses mains sur mes épaules.
Thomas : " Qu'est-ce-que c'est ? " dit-il, calmement.
Je sursaute, lâchant mon crayon sur ma feuille.
Théa : " Mon Dieu! Je..." dis-je, tenant ma poitrine. " Ce n'est rien... "
Il prend mon bloc note, et le regarde attentivement, il passe son doigt sur les lignes de mon dessin, puis le dépose devant moi.
Thomas : " Visiblement ce n'est pas rien. Alors qu'est-ce-que c'est ? " dit-il, déterminé.
Théa : " C'est une sorte d'opéra... que j'ai dessiné. Un bâtiment sans importance... "
Thomas : " Un opéra? Pourquoi un opéra et pas une salle de sport ou un grand magasin? " demande-t-il, d'une voix posée.
Je ne comprends pas où il veut en venir. Il fait comme-ci cela l'intéressait.
Théa : " C'est juste une dessin, ça n'a pas d'importance. "
Thomas : " Tu y as passé deux heures, ça doit forcément signifier quelque chose? "
Théa : " J'ai fait ça pour tuer le temps. Il n'y a rien à faire ici. Il n'y pas de télé, ni de musique, je ne peux que dessiner. "
Thomas : " Il y a une télé et une chaîne hifi, mais elles ne sont pas dans ta chambre. " dit-il, un sourire en coin posé sur ses lèvres. " Viens. J'ai décidé qu'on dinerait en bas, ce soir. "
Il me prend par la main puis me dirige vers la porte, il se bloque un instant avant de passer sur le pallier.
Thomas : " Comme je te l'ai déjà dit, nous sommes seuls ici, mais n'essaye pas de t'enfuir ou tu le regretterais... "
Je ne dis rien. Je le suis. Nous traversons, le pallier. Il est immense, il y a quatre portes dont celle de ma chambre. La rambarde de l'escalier est en bois brut, je descends derrière lui. Nous arrivons dans une grande salle à manger moderne, avec une longue table en verre, il y a environs une dizaine de sièges, mais seulement deux couverts. Il tire un des sièges, pour me faire assoir, puis il se met en face de moi. Nous sommes déjà servit: il y a des asperges grillés, de la purée de patates douces et du filet de dinde. Ça sent divinement bon. Il me sert du vin.
Théa : " Non, je ne bois pas d'alcool. " dis-je mettant ma main devant mon verre.
Thomas : " Ce soir, tu en boiras. J'ai choisi le vin en fonction du plat, et il n'y a que ça de toute façon. " dit-il, en me servant.
Je regarde sur la table, en effet, il n'y a pas d'autre boisson.
Théa : " C'est toi qui a cuisiné, tout ça! " dis-je, surprise.
Il me regarde, en levant les sourcils.
Théa : " Oui, je sais... Tu me l'as déjà dit, nous ne sommes que tout les deux... Désolé. Où as-tu appris à cuisiner alors? " dis-je, essayant de me rattraper.
Il prend une bouché de dinde, puis réfléchis un instant, avant de me répondre.
Thomas : " J'ai pris des cours particuliers. "
Théa : " Où? "
Thomas : " En France. "
Théa : " En France? " dis-je avec surprise.
J'attends qu'il me donne plus de détails, mais au lieu de ça, il continu de manger. Je goûte à mon tour à mon assiette, et je dois reconnaitre que c'est délicieux ! Je prends une autre fourchette avec délectation.
Thomas : " C'est bon, hein? " dit-il, fière de lui.
Théa : " C'est très bon, merci. Tu sais que si tu ne m'avais pas kidnappée, je t'aurais laissé me préparer à manger pour me séduire. " dis-je, avec une pointe d'ironie.
C'est peut-être, un peu trop direct, mais j'ai besoin de le pousser dans ses retranchements pour jauger la situation. Il lâche sa fourchette dans son assiette. Sourit, puis lève sa tête, un regard menaçant, maquillant son visage.
Thomas : " Tu penses que je serais allé jusqu'à San Francisco, pour te cuisiner un de mes plats? "
Théa : " Comment sais-tu pour San Francisco? " dis-je, interloquée. " Et comment sais-tu que j'utilise des pro-markers? " dis-je, avide de réponses.
Thomas : " Je sais tout de toi. Pendant que je te laissais passer ton examen, je me suis renseigné, sur tes passions, tes habitudes... Un kidnapping bien fait, ça se prépare. " répondit-il, fièrement.
Théa : " Pendant que tu me laissais passer mon examen? " dis-je, en colère.
Thomas : " La première fois que je t'ai vu, je t'ai voulu. Ardemment, désespérément... j'ai essayé d'être le jeune homme que n'importe qu'elle fille aimerait, mais très vite, ça m'a profondément emmerdé... Alors quand j'ai compris, que tu étais casanière et que j'allais probablement perdre mon temps en niaiserie. Je me suis dit : " pourquoi ne pas la kidnapper? ". J'ai senti que je te plaisais, depuis le début, mais que tu étais trop timide pour te l'avouer... Je t'ai laissée passer ton master, car je savais que ça te tenait à coeur et puis... je t'ai enlevé. "
Théa : " Et tu crois, que personne ne me cherche? Mes amis doivent être fou d'inquiétudes et ma famille m'attend à San Francisco. Tout le monde doit être à ma recherche, à l'heure qu'il est! " dis-je, folle de rage.
Thomas : " À ta place, je n'en serais pas si sûr. Je t'ai dit que j'ai commis le kidnapping parfait. Tellement parfait, que personne ne sait que tu as été kidnappée... "
Théa : " C'est impossible... "
Thomas : " Tu n'as pas ton portable, pas vrai? C'est moi qui l'est. J'ai envoyé des messages à James et Chloé pour leur dire que tu as bien pris ton vol, et que tu les recontacterais dans les prochains jours. J'ai envoyé un mail à tes parents pour leur expliquer, que tu avais trouvé un stage de dernière minute, dans une entreprise prestigieuse, et que tu ne pouvais pas dire non. Ils m'ont répondu. Ils m'ont dit, qu'ils comprenaient et qu'ils étaient fiers de toi. "
Je suis estomaquée, par sa machination! Il a pris soin de donner de mes nouvelles à mes proches, pour qu'ils ne me cherchent pas. Il a osé prendre contact avec mes parents! Il a fait preuve d'une détermination sans failles.
Théa : " Tu ne pourras pas faire cela longtemps. Il y a bien un moment où ils voudront entendre ma voix? Me voir?" dis-je, les larmes me montant aux yeux.
Thomas : " J'aviserais à ce moment. En tout cas, ça nous laisse au moins un ou deux mois. "
Il continu de déguster son repas. Je n'arrives pas à y croire. Non. Ça ne se passera pas comme ça!
Théa : " Parce-que tu crois que je vais rester comme ça? Que je vais te laisser m'emprisonner? Tu es un malade, Thomas! Tu me dégoûtes. Je ne sais même pas comment j'arrive à garder mon calme, en ta présence. Tu as cru qu'il se passait quelque chose entre nous? Mais c'est ton imagination, qui t'as joué des tours! Tu ne m'évoquais et m'évoques encore, qu'un profond mépris! " dis-je avec virulence.
Il termine sa dernière bouchée, dépose ses couverts dans son assiette, essuie sa bouche avec sa serviette, et il lève la tête vers moi. De ses yeux verts persans, il me menace silencieusement. Après quelques secondes, d'un inconfortable silence...
Thomas : " Tu n'as pas beaucoup mangé... Tant pis... Prend ton assiette, on va dans la cuisine. " dit-il, comme-ci de rien n'était. Je le regarde déterminée à rester assise. " Lève-toi. Prend ton assiette. Et suis-moi. Dans la cuisine. Maintenant. " dit-il, détachant chaque mots, avec froideur.
Il ne faut pas que je l'énerve tout de suite, je ne sais pas de quoi il est capable. Je prends mon assiette et le suis à contre coeur.
La cuisine est à l'image des autres pièces : grande, moderne, high-tech, fonctionnelle. Les appareils ménagers d'une couleur gris acier, rehausse le contraste des meubles, d'un blanc immaculé. Il vide mon assiette dans la poubelle, et met nos couverts dans le lave-vaisselle, puis l'enclenche. Il se tourne vers moi, et me prend par le bras et me dirigeant dans le hall.
Thomas : " On y va. Il est tard. " dit-il d'une voix tranchante.
Nous montons l'escalier, il pénètre dans ma chambre avec moi, puis ferme la porte à clef. Je comprends qu'il ne partira pas.
Thomas : " Comme je te l'ai déjà dis, il y a des choses qui sont inévitables, peut importe comment elles se passent, le principal, c'est que ça arrive..." me dit-il, une lueur étrange, traversant ses iris.
Je reste silencieuse. Il est bien est trop calme depuis un moment... Il me regarde de haut en bas, s'attardant sur ma poitrine, puis lorsqu'il remonte à mon visage, il passe sa langue sur ses lèvres.
Thomas : " Déshabille-toi. " dit-il, d'une voix rauque. Instinctivement, je mets mes mains sur ma poitrine, pour me protéger. Il sourit. " Et bien, c'est toi qui décide... je vais venir te déshabiller... " dit-il, faisant un pas dans ma direction.