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"Quand il nous a laissé partir, je suis allée voir ma mère, mais je n'ai pas pleuré.

Pas en face d'elle.

J'étais en colère contre elle parce qu'elle ne m'avait pas sauvé.

J'étais en colère contre le monde, car personne n'avait entendu mes appels à l'aide.

Bien que je ne puisse pas les mettre en mots, à l'intérieur, je criais plus fort que jamais.

Ensuite, quand je suis rentrée chez moi, je me suis enfermée dans ma petite chambre, j'ai attendu que tout le monde s'endorme et j'ai pleuré.

Toute la nuit, sans s'arrêter une seconde pour penser à ce que ce jour signifierait pour moi.

Celle qui, à partir de ce moment-là, allait me changer profondément.

J'ai pleuré beaucoup de choses cette nuit-là.

J'ai pleuré les appels à l'aide qui n'ont pas été entendus.

J'ai pleuré à la mémoire d'une petite fille à qui on ne rendrait jamais son enfance.

J'ai pleuré l'image d'une future fille qui ne pouvait plus supporter d'être touchée.

J'ai pleuré à l'idée de cette fille qui s'était convaincue qu'elle ne serait jamais capable d'aimer.

Elle ne serait jamais capable de partager un amour avec quelqu'un, de montrer son amour à quelqu'un.

Et surtout, j'ai pleuré à l'idée que cette fille, dans un avenir pas si lointain, serait moi."