Chapitre 6 : Famille de trois personnes
Jonathan fronce les sourcils, se sentant trompé.
Chloé est déjà levée. Dans le salon, elle est en train de préparer le petit déjeuner.
Elle voit Violette assise seule sur le canapé en pyjama. Elle lui adresse un grand sourire.
— Vous avez bien dormi la nuit dernière ?
Elle pensait que Jonathan ne rentrerait pas de chez Leila la nuit dernière. Mais quand elle a entendu un bruit dans la nuit, elle s’est levée pour y jeter un coup d’œil. Elle savait donc que Jonathan est rentré et qu’il dormait toujours dans sa chambre.
Violette est la femme que Madame Chéron a choisie pour son fils. Elle est donc naturellement une épouse parfaite. Enfin, M. Chéron est marié. Chloé, qui s’est occupée de lui pendant des années, est donc très contente.
Mais Chloé a l’air trop chaleureuse, voire bizarre.
Embarrassée, Violette affiche un sourire.
— Oui, très bien.
— Alors dépêchez-vous de vous changer. Je vais préparer le petit déjeuner et on mangera plus tard.
Chloé entre dans la cuisine et commence à préparer le petit-déjeuner.
Violette baisse les yeux sur son pyjama. Les vêtements qu’elle a apportés sont encore dans la chambre.
Maintenant, il est certainement déjà habillé, n’est-ce pas ?
Elle se lève et se dirige vers la chambre. Se tenant devant la porte, elle lève la main et frappe à la porte.
Il ne répond pas.
Elle frappe à nouveau, mais il ne répond toujours pas.
Elle ne peut qu’essayer d’ouvrir la porte. Comme celle-ci n’est pas verrouillée de l’intérieur, elle l’ouvre facilement en la poussant.
Une fois la porte ouverte, elle est immédiatement frappée par une froideur intimidante. Elle sent un frisson lui parcourir le dos.
L’homme, assis sur le bord du lit, a le regard froid fixé sur une feuille de papier.
Cette feuille de papier...
Rapidement, Violette se rend compte de ce qu’il tient dans ses mains. Elle voit ensuite les affaires en désordre sur le sol. Elle se sent humiliée par cette intrusion dans sa vie privée. Ensuite, elle se précipite pour attraper la feuille et lui demande :
— Tu n’as pas le droit de fouiller dans les affaires des autres sans leur consentement. Tu comprends ce qu’est la vie privée ?
Jonathan ricane.
— La vie privée ?
La façon dont il ricane est effrayant.
— Tu m’as épousée en portant un enfant illégitime. Et tu me parles maintenant de la vie privée ?
— Je...
Violette essaye d’expliquer mais n’arrive pas à trouver les bons mots.
Jonathan se lève et marche calmement à un rythme régulier. Plus il est proche d’elle, plus elle est stressée. Avec un regard furieux, il demande :
— Dis-moi, qu’est-ce que tu veux ?
Elle le fait pour qu’il devienne le père de son bébé ? De cette façon, cette enfant sera le premier petit-enfant de Maître Chéron, n’est-ce pas ?
Et leur deal fait partie de ce plan ?
En y pensant, il prend un air sombre.
Violette se pince les lèvres. Elle tremble et recule sans cesse, ses mains recouvrant son ventre, de peur qu’il ne blesse le bébé.
— Je ne voulais pas te le cacher. C’est juste parce que nous sommes dans un mariage blanc, je ne l’ai pas dit. Il n’y a absolument aucune intention derrière.
Jonathan demande d’un ton sinistre et intimidant :
— C’est vrai ?
Violette protège son ventre et recule sans faire de bruit, tout en gardant son calme.
— C’est vrai. Il est impossible de le cacher. Si j’avais un plan caché, je serais damnée. De plus, même si je te mens, tu seras certainement capable de me gérer, n’est-ce pas ?
Même si elle protège son ventre discrètement, Jonathan le perçoit. Il jette un coup d’œil sur son ventre, qui est bien protégé par elle.
Il fixe ses yeux sur son visage.
— Pourquoi tu n’en as pas parlé ?
Jonathan ne lui fait pas confiance facilement.
Ses mains, protégeant son ventre, se serrent lentement. Ce bébé est imprévu pour elle, mais c’est celui auquel elle est liée par le sang. Elle a déjà perdu son frère, alors elle veut avoir ce bébé.
Dans le futur, elle pourra vivre avec sa mère, comme avant, dans une famille de trois personnes.
Quand elle se souvient de cette nuit-là, elle ne peut s’empêcher de trembler et d’avoir des sueurs froides dans les mains.
— Je viens juste de le découvrir aussi.
Elle n’a même pas osé en parler à Jeannine, ni laisser les résultats de l’échographie chez elle, de peur que Jeannine ne les découvre.
Elle ne s’attendait pas à ce que ça provoque une telle agitation.
Et cela a fait soupçonner à Jonathan ses motivations.
Elle est trop jeune pour être enceinte.
Et elle a été tellement imprudente.
Jonathan a l’air sinistre et avertit :
— Pendant un mois, comporte-toi bien. Si je te découvre en train de comploter...
— Non, je ne le ferai jamais. Je me tiendrai bien. Si je vais trop loin, fais ce que tu veux pour me punir, promet immédiatement Violette.
Même si elle n’arrive pas à gagner sa confiance, elle ne peut pas le faire douter de ses motivations.
Elle est déjà en situation difficile. Si elle se fait encore plus d’ennemis, il sera plus difficile pour elle de récupérer ses biens.
Jonathan la fixe avec un regard interrogateur, semblant évaluer la crédibilité de ce qu’elle lui a dit.
Toc, toc, toc...
Chloé frappe à la porte en ce moment et dit :
— Le petit déjeuner est prêt.
Jonathan détourne son regard et se calme.
— Ramasse-les.
Ensuite, il se tourne et sort.
Une fois Jonathan parti, Violette a les jambes molles et s’appuie contre la commode derrière elle. Il lui faut un moment pour retrouver ses forces. Ensuite, elle s’accroupit pour ramasser les vêtements éparpillés sur le sol.
En regardant à nouveau les résultats de l’échographie dans sa main, elle verse des larmes, qui tombent sur la feuille et la mouille.
Elle essuie son visage. Elle ne doit pas pleurer, car c’est un signe de faiblesse.
Elle ne se permet pas d’être faible. Sa mère et le bébé dans son ventre ont besoin d’elle.
Elle plie la feuille et la met dans son sac. Ensuite, elle se change et sort.
La salle à manger est vide. Sur la table, se trouvent une tasse de café et une assiette vides. Il a dû manger et partir.
Violette pousse naturellement un soupir de soulagement. C’est déprimant d’être avec cet homme.
Elle va vers la table et mange.
Après le petit-déjeuner, elle sort. Elle a promis de rentrer chez elle. Elle a peur que Jeannine s’inquiète pour elle.
Dès qu’elle franchit la porte, Jeannine l’attrape et lui demande :
— M. Chéron...
— Maman, dit sèchement Violette, ne voulant pas en parler, il est très gentil. Ne t’inquiète pas pour moi.
Jeannine soupire. Sa fille est assez grande pour se faire sa propre opinion et ne veut plus l’écouter.
— Je me soucie de toi.
Elle a peur que son mari la traite mal.
Violette la serre dans ses bras. Elle ne l’a pas fait exprès. C’est juste que confronter Jonathan et le convaincre lui a pris toute son énergie et elle se sent fatiguée.
— Maman, je suis juste un peu fatiguée. Je ne l’ai pas fait exprès.
— Je comprends, je ne te blâme pas.
Jeannine lui caresse le dos, semblant sentir sa fatigue.
— Si tu es fatiguée, dors un peu.
Violette hoche la tête. Bien qu’elle n’ait pas envie de dormir, elle se sent fatiguée. Elle retourne dans sa chambre et s’endort sans s’en rendre compte.
A midi, Jeannine prépare le déjeuner et l’appelle pour manger.
Assise à la table, Jeannine sert le repas à sa fille.
— J’ai fait le poisson que tu aimes.
Jeannine se sent coupable. Elle a donné naissance à sa fille, mais ne lui a pas donné une vie de qualité et l’a laissée souffrir avec elle.
Violette regarde le poisson au citron préparé par sa mère sur la table. Elle aimait bien ce goût doux et légèrement acide. Mais en ce moment, l’odeur de ce poisson lui donne l’envie de vomir.
Elle ne peut pas se retenir...
— Violette.
Violette n’a pas de temps pour s’expliquer. Elle se couvre la bouche et se précipite dans la salle de bains. Ensuite, elle se tient devant le lavabo avec un haut-le-cœur.
Inquiète, Jeannine la suit. Elle a été enceinte auparavant. Elle voit la réaction de sa fille et le visage pâle de cette dernière, mais n’arrive pas à y croire. Sa fille est très réservée et très honnête. Elle est une fille prudente qui n’a jamais eu de petit ami à l’école.
Jeannine demande d’une voix un peu tremblante :
— Violette, qu’est-ce qui ne va pas avec toi ?
Violette se fige brusquement. Elle agrippe le bord du lavabo et serre les mains. Puisqu’elle a décidé d’avoir ce bébé, Jeannine devra le savoir tôt ou tard.
Elle se retourne pour regarder sa mère et rassemble son courage.
— Maman, je suis enceinte.
Jeannine perd un instant l’équilibre et recule d’un pas. Elle n’arrive pas à y croire, car sa fille vient d’avoir dix-huit ans.