Chapitre 4 : Mariage blanc sans cérémonie
Bien qu’il s’agisse d’une question, il ne permet pas à Violette de lui refuser.
Elle hoche la tête. Il semble avoir quelque chose à lui dire.
Et elle veut également lui parler.
Gautier jette un regard d’avertissement à Violette.
— Sois prudente.
Il a peur que Violette n’offense Jonathan avant de l’épouser. Ce dernier a l’air distant, probablement parce qu’il n’est pas content de Violette. Mais il est toujours bon pour la famille Lemaître d’avoir la famille Chéron de son côté. Cette union favoriserait aussi les affaires de leur entreprise.
Il ne veut pas que Violette ruine le mariage.
Violette l’ignore et suit Paul vers la sortie.
Elle sait exactement ce que Gautier a en tête. Pourquoi est-il sûr qu’elle l’aidera quand elle entrera dans la famille Chéron ?
Juste parce qu’il est son père ?
Mais l’a-t-il traitée comme une fille ? Sait-il comment elle a passé les huit dernières années ?
Perdue dans ses pensées, Violette se heurte contre une poitrine large. Elle se reprend et lève la tête. Ensuite, elle voit un visage parfait, tout près d’elle. Il est en train de la regarder de haut en bas.
Effectivement, il est capable de se lever.
Autrement dit, elle a raison.
Son regard donne des frissons à Violette, qui lève les yeux vers lui avec un calme forcé.
— Vous faites semblant d’être infirme, n’est-ce pas ?
Jonathan plisse ses yeux. Mécontent d’avoir été démasqué, il prend un ton ni trop haut, ni trop bas, mais suffisamment fort pour l’intimider.
— Pourquoi voulez-vous m’épouser malgré mon « handicap » ? Qu’est-ce que vous voulez de moi ? L’argent ? Pour être la femme d’un riche ?
A cause de son regard, Violette sent un frisson lui parcourir l’échine. Le cœur serré et le souffle coupé, elle fait semblant d’être calme.
— J’avais deux ans quand je me suis fiancée avec vous. Est-ce que je connaissais déjà les avantages d’avoir de l’argent et d’être une femme riche à l’âge de deux ans ? J’ai forcé nos mères à vous choisir pour moi ?
Elle fait une pause, afin d’adoucir son ton.
— Quand j’avais deux ans, vous en avais dix, huit ans de plus que moi. Est-ce que j’en ai voulu à votre vieillesse ?
Jonathan ricane. Cette femme est vraiment éloquente !
Elle est très douée pour parler !
Lui, vieux ?
Les tensions règnent entre eux.
Leurs regards se croisent. Tous deux en colère, ils refusent de céder.
Violette serre ses poings. Le seul but de son mariage avec la famille Chéron est de récupérer la dot que Gautier a promis de rendre à sa mère.
Pour ne pas faire de cet homme un ennemi, elle adoucit son ton et change d’attitude.
— M. Chéron, je sais que vous ne voulez pas m’épouser. Pourquoi pas...
Elle fait une pause pour voir la mine de Jonathan. Même si son changement d’expression est très subtil, elle le perçoit quand même.
— M. Chéron, faisons un deal.
Violette prend la parole. Elle ne veut pas vraiment entrer dans la famille Chéron. Elle l’a accepté seulement pour revenir de l’étranger et récupérer ce qui appartient à sa mère et à elle.
— Bah.
Jonathan pouffa de rire, la trouvant ridicule. C’est absurde. Elle veut négocier un deal avec lui ?
Violette avale sa salive. Très nerveuse, elle a des sueurs froides sur le dos. Jonathan est si grand qu’elle doit lever la tête pour le voir.
— Je sais que vous faites semblant d’être infirme pour que la famille Lemaître rompe les fiançailles. J’ai accepté, car j’ai mes raisons.
Cela intéresse Jonathan.
— Qu’est-ce que vous voulez ?
Puisque c’est un deal, il faut des conditions.
— Un mois. Après un mois de mariage, je divorcerai avec vous.
Un mois serait suffisant. Une fois la dot de sa mère obtenue, elle divorcera.
Jonathan fronce ses sourcils.
— C’est ça le deal que vous voulez négocier avec moi ?
— Oui. Nous devons nous marier, car c’est un accord entre nos deux mères. Aucun de nous ne peut le rompre, en signe de respect pour elles. Mais après le mariage, nous pourrons divorcer facilement sous prétexte d’avoir du mal à nous entendre. De cette façon, il n’y aura pas de rupture des fiançailles. En même temps, vous n’aurez pas à vivre avec quelqu’une que vous n’aimez pas pour le reste de votre vie.
Ensuite, Violette adoucit le ton.
— Je suppose que vous avez quelqu’une que vous aimez. C’est pour ça que vous faites tout pour que la famille Lemaître rompe les fiançailles, n’est-ce pas ?
Jonathan prend tout de suite un air sombre. Très vite, il devient furieux.
— Je ne savais pas que vous êtes en fait très intelligente.
Effectivement, il veut donner une place à Leila chez lui, car il a été touché par la pureté et le sacrifice de cette dernière.
Jonathan pose son regard sur le visage de Violette, qui fait semblant d’être calme.
— Et vous, à quoi ça va vous servir, ce mariage d’un mois ?
Jonathan ne pense pas qu’elle le fait seulement pour lui.
Violette est nerveuse. Elle ne peut pas dire que c’est pour la dot de sa mère.
Mais si elle ne lui donne pas de raison, il ne va pas la croire.
— Ma mère prend les fiançailles très au sérieux. Elle ne va pas bien, alors je ne veux pas la décevoir.
En parlant, elle évite le regard de Jonathan, car elle a menti. Sa mère ne veut pas du tout la marier à M. Chéron.
Comme s’il lisait dans ses pensées, Jonathan dit d’un ton étrange et intimidant :
— Est-ce vrai ?
Violette a des frissons dans le dos. Son regard est si perçant qu’il semble pouvoir lire dans son cœur. Et au moment où elle ne sait plus quoi faire, le téléphone de Jonathan sonne dans sa poche.
Jonathan lui jette un coup d’œil et sort son téléphone. En voyant le nom sur l’écran, il prend un air tendre et se tourne pour répondre au téléphone. Mais ensuite, il semble se souvenir de quelque chose et se retourne en disant :
— Puisque ce mariage ne dura qu’un mois, il n’y a pas besoin de cérémonie.
Violette n’a pas d’autre choix que de l’accepter.
— D’accord.
Le 12 août, Paul vient chercher Violette.
Pas de cérémonie, elle reçoit juste un certificat de mariage.
Violette ne ressent pas beaucoup d’émotion, car elle sait bien que ce n’est qu’un échange bénéfique pour les deux parties.
S’ils n’avaient pas été fiancés depuis leur enfance, ils ne se seraient jamais croisés.
Bientôt, la voiture s’arrête devant une villa.
Le soleil brille sur le bâtiment en pierre extrêmement grand et magnifique.
— Entrez.
Paul fait un geste d’invitation.
Ni chaleureux ni flatteur envers elle, il est juste poli. Il sait probablement que ce mariage entre elle et Jonathan est tout simplement pour tenir la promesse.
Elle n’est donc pas vraiment la femme du jeune maître de la famille Chéron.
La maison est grande, mais Violette ne voit pas beaucoup de monde. Elle ne trouve qu’une seule servante. Paul, sans la présenter, l’emmène dans la maison et part.
Violette est un peu mal à l’aise.
— C’est la maison de M. Chéron. Je suis Chloé et je m’occupe de lui. Vous pouvez aussi m’appeler comme ça.
Chloé la guide vers sa chambre.
— Si vous avez besoin de quelque chose, vous pouvez me le dire.
Un mois n’est pas une longue période. De plus, Violette a apporté ses propres affaires. Même si elle ne va probablement pas la déranger, elle lui répond :
— D’accord.
Chloé ouvre la porte et se retourne pour la regarder. Elle veut lui dire quelque chose, mais finit par pousser un soupir.
— M. Chéron ne sera peut-être pas de retour ce soir. C’est l’anniversaire de Mlle Laurens.
Bien qu’il n’y ait pas eu de cérémonie, Violette est au moins sa femme légale. C’est leur premier jour de mariage, mais il est dehors avec une autre femme. Chloé a pitié de Violette, qui vient de devenir sa femme et est déjà si mal traitée par Jonathan. Ne serait-ce pas pire à l’avenir ?