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. UN .

« Je déclare donc Mademoiselle Varga coupable et condamné à payer 500 millions de kuna à l’État croate. Vous avez un délai d’un mois. Sinon la sentence sera irrévocable ».

Son coup de marteau sur la table me fais sortir de ma rêverie. Le juge se lève et quitte la salle. Je reste assise là, encore sous le choc.

En une semaine, j’ai vécu le décès de mon père qui était clairement la pire journée de ma vie car après cela a eu lieu la lecture de son testament qui s’est avérée être une embuscade et me voilà, assise dans un tribunal endettée jusqu’au cou à cause des erreurs de mon père.

Lorsque le notaire m’a lu le testament, une semaine avant, je suis tombée dans les pommes, littéralement.

« Ma fille,

Malheureusement, je ne peux rien te léguer car je suis un homme malhonnête. Tout ce que j’ai ne m’appartiens pas, je n’ai rien mérité, j’ai juste été un traître , un lâche et un voleur. Mais sache que je ne regrette rien parce que ton bonheur parmi toutes ces supercheries n’a pas de prix à mes yeux.

Je suis endettée, je n’arrive plus à me sortir de ce cercle vicieux, je n’ai réussi à posséder aucun des biens dans lequel tu as grandi. Quand tu liras ça, je serais déjà mort et je m’en veux énormément, sache-le.

Je ne sais pas dans quel monde de brute je vais te laisser, mais la seule chose dont je suis sur c’est que tu t’en sortiras, t’es une femme forte et courageuse. Je sais que tu trouveras un moyen de payer mes dettes car je sais qu’ils s’en prendront à toi mais je sais aussi que tu ne te laisses pas faire car tu es une Varga.

Je t’aime infiniment même si je sais qu’à l’heure actuelle tu dois me détester.

Papa. »

J’ai mémorisé cette lettre par cœur , en même temps je l’ai lu une centaine de fois, mais je ne savais pas à quel point c’était grave.

Ça fais une semaine qu’il est mort et ça fais une semaine que je vois mon monde s’écrouler autour de moi. Je vois la réalité des choses.

J’ai 23 ans, je sais ce que c’est que la vie, mais là, voir toute mon enfance et mon adolescence partir en fumée comme ça ? Je ne pensais pas que ce serait possible.

Mon père a menti sur sa vie, il m’a menti à moi. Et aujourd’hui je me retrouve à rembourser une dette dont je ne connaissais même pas l’existence.

Ils ont tout pris. Tout ce qui était au nom de mon père, et même à mon nom. Tout ce qui était susceptible d’avoir été posséder illégalement. Je n’ai plus rien. Rien. J’ai du faire des démarches pour prouver que mon appartement est en dehors de tout ça. J’ai pas encore eu de réponse mais je sens que ça va finir comme le reste, à la poubelle.

Ce qui me choque le plus c’est que même avec ce qu’ils ont saisi, la dette est toujours énorme. Mon père était un voleur à ce point-là ? Je l’admirais tellement.

Je me lève de la salle d’audience pour partir.

1 mois. J’avais un mois pour trouver 500 millions de kuna par miracle. C’est inimaginable. Vraiment. Je me demande comment c’est possible ? Autant me mettre en prison tout de suite parce que là c’est de la torture et je vais faire une dépression.

Dès que je sors dehors, pleins de flashs, un brouhaha, un attroupement de journalistes autour de moi.

Dieu merci, ils ne sont pas là pour moi. D’ailleurs j’ai été étonnée que l’affaire n’ait pas fais plus de bruit, pas que ça me déplaise. Mais j’ai vite compris que une affaire comme ça aurait mis la Croatie dans un embarras mondial. Je me faufile entre la masse de gens et entame la marche pour aller dans mon appartement.

J’arrive dans l’immeuble et je salue Giorgi, la concierge.

- Bonjour Giorgi, comment allez vous aujourd’hui ?

- Mieux que vous j’imagine.

- J’ai connu mieux, répondis-je avec une grimace.

- Tout va s’arranger.

- Oh ma petite Giorgi, j’en doute fort. Dans un mois je serais en prison, si ce n’est mort.

- Non Elvira, je suis sérieuse.

Elle s’approche de moi et prends mes deux mains pour les joindre aux siennes.

- Vous allez vous en sortir, je le sais. Plus que vite que vous le croyez.

Giorgi était le genre de femme qui se prenait pour une voyante à ses heures perdues, mais je ne me moquais jamais, je trouvais ça bizarre mais sans vraiment la juger. Maintenant que ça me concerne , je me demande si elle a pas un peu perdu la tête.

- J’espère vraiment que vous avez raison Giorgi.

Elle me gratifie d’un sourire puis retourne à son seau et à sa serpillière. Giorgio est une femme de la cinquantaine, si ce n’est plus. Je l’aime vraiment beaucoup, elle est bienveillante. Parfois, on prend le thé chez moi, quand elle a du temps libre. Je ne la connais pas en dehors du travail, elle ne m’en laisse pas vraiment l’occasion.

Je mets de l’eau dans une casserole que je pose sur ma plaque de cuisson. Je pars me démaquiller en attendant que l’eau chauffe. Je m’assois devant ma coiffeuse et regarde mes grosses cernes qui ne peuvent même plus être camoufler par le maquillage. Cette semaine a été dure et celles qui arrivent vont être encore pire.

Je mets mes nouilles dans un bol et je me pose devant la télévision pour manger. Je regarde la télé sans vraiment la regarder. Comment puis-je être sereine en sachant que je dois rembourser 500 000 millions de kuna à l’État. C’est inimaginable. J’ai vraiment l’impression que l’univers s’acharne contre moi.

Je mets mon bol et le reste de la vaisselle dans le lave-vaisselle puis je pars me coucher. Dès demain je commencerai à chercher une solution pour cette fichue dette. Il est hors de question que je fasse de la prison.

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