5 - L'invitation
Sana :
Aujourd'hui, j'ai reçu l'invitation de Meosjin pour la soirée Visio entertainment. Il me demande d'être sa cavalière. Je souris devant sa gentillesse. Je suis bien évidemment déçue que ce ne soit pas Sinus qui me demande de l'accompagner. J'ai décidé de ne pas l'appeler Min-Hyun comme il me le préconisait. Nous ne sommes pas amis, après tout.
Deux mois sans le voir. Il m'envoie des SMS au moins un par semaine, auxquels je m'empresse à chaque fois de répondre. Il m'a dit qu'il voulait être un ami, une épaule pour pleurer, et c'est tout. Je sais à quoi m'en tenir. Je vais donc, accepter d'accompagner celui qui m'a invité. Il a noté son numéro de téléphone au dos de l'invité. Donc, je vais l'appeler :
"- Allô ?" Il me répond.
"- Salut Meosjin, je viens de recevoir ton invitation, et je t'appelais pour t'informer que je vais t'accompagner à cette soirée." Je lui annonce.
"- Super, je suis content que tu acceptes mon invitation, Sana. Et nous serons tous heureux de te revoir" Il ajoute toujours aussi délicat et charmant.
J'en doute ! Je ne comprends pas Sinus qui m'encourage par SMS, mais ne m'invite pas à l'accompagner. Je serre mes lèvres, cet homme est un véritable mystère pour moi.
"- Merci, Meosjin. Tu es vraiment adorable !" Je lui dis.
J'entends son petit souffle gêné dans mon téléphone, je suppose qu'il doit également sourire. Je le salue et le quitte après avoir vu ensemble l'heure de rendez-vous pour venir me cherche ce samedi en question, à savoir dans un mois.
Je m'installe sur le canapé, je zappe les chaînes. Papa sort de la chambre, il est triste et préoccupé comme tous les jours depuis l'enterrement de Suny. Quand j'y pense mon estomac se resserre. C'est encore tout récent, et cela fait encore plus mal, parce-qu'elle me manque. Je me précipite vers mon père pour l'embrasser. Il me prend dans ses bras et soupire tristement.
Ma mère ne quitte plus la chambre parentale depuis l'enterrement. Elle est dépressive et n'arrive pas à remonter la pente. Nous faisons tout notre possible pour l'aider, mais elle refuse notre aide, notamment, mon aide. Je lui rappelle trop ma fille chérie disparue. J'aimerais pourtant pouvoir la réconforter, ma pauvre maman. Nous avons tous soufferts pendant des mois lors de la maladie de celle-ci, nous savions tous qu'elle pouvait mourir. Nous avons lutté avec elle pour qu'elle s'en sorte, donc, nous étions plus ou moins préparé à cette issue. Mais, nous avons eu un choc énorme. Un choc dont je me remets lentement et difficilement.
Les larmes aux yeux, je frappe à la porte de la chambre et j'appelle ma mère pour savoir si je peux entrer. Elle ne veut pas. Encore une fois, je ne peux pas la voir. Elle me rejette, et moi je suis désespérée. Je retourne sur le canapé et j'essaie d'oublier le rejet de ma génitrice en me focalisant sur les émissions télévisées.
J'ai repris les cours depuis un mois. Tout le monde a été très sympathique avec moi, y compris les professeurs qui m'ont laissé du temps pour rattraper les cours. Au début, je pleurais tout le temps, j'avais l'impression de la voir dans les couloirs de l'université, dans le réfectoire. J'avais trop de souvenirs qui se bousculaient dans ma tête. Et comme tout le monde dit, le temps aide à accepter l'absence de l'être aimé. Maintenant, j'ai repris une vie, on va dire entre guillemets normale avec mes amis. J'ai refusé toutes les invitations jusqu'à celle que je viens de recevoir du groupe préféré de ma jumelle. Ce sera la première fois que je sors depuis son décès.
J'appréhende, et je n'ai aucune idée de ce que je devrais mettre. Je demande à Lyon, une amie de cours de m'aider à trouver la robe parfaite. Je ne lui précise pas que c'est pour une soirée avec un groupe célèbre dans la plus grande maison de disque de la Corée du Sud. D'ailleurs, j'en ai parlé à personne. Mon amie est tellement heureuse que j'ai accepté de sortir qu'elle m'emmène faire les boutiques à Séoul.
Nous faisons du shopping depuis une heure déjà, et mes pensées s'envolent vers Sinus.
Je me l'interdis, mais, je ne peux m'empêcher de penser à lui. Il est impressionnant, et son charisme nous séduit immédiatement. Il a une place spéciale dans mon esprit parce qu'il m'a sauvé la vie. Je n'ai plus du tout d'envie suicidaire. Et à bien y réfléchir, je l'aurais regretter, car je ne l'aurais pas rencontré. Je ferme les yeux pour ressentir à nouveau la pression de ses bras sur mon corps. A chaque coup de "blues", je me repasse dans la tête le sauvetage, puis sa présence à l'enterrement de ma sœur, et dans notre maison. Tous les SMS qu'il m'envoie sont conservés et archivés dans mon téléphone. Je reste une fan inconditionnelle.
Une tape sur l'épaule me reconnecte à Lyon. Elle me dit admirative devant une vitrine.
"- Regarde cette robe, Sana. Elle est ma..gni..fi..que. Et, elle t'ira parfaitement, ma belle. Viens, on rentre tu vas l'essayer. " Elle me dit, en me prenant par le bras.
J'ai effectué mon shopping pour la soirée, et ma complice avait raison, cette robe me va bien, et elle est vraiment très jolie, hors de prix, certes, mais je peux faire cet effort pour cet événement. Je suis satisfaite, ils vont me voir d'une manière plus présentable que quand ils m'ont connue. A chaque fois, j'étais en larme, mal coiffée, pas maquillée. Mais, j'en avais rien à faire à ce moment là. J'étais trop triste.
Pour la soirée, je veux qu'ils voient qui je suis. Je suis lucide, j'ai l'immense honneur d'avoir pu les rencontrer, et être invitée à leur soirée. Pourtant, parfois, j'ai l'impression d'avoir rêver, et par moment, je ne sais plus s'il s'agit de la réalité ou de la fiction.
Ce soir, dans mon lit je reçois un SMS de Sinus. Il me demande comment je vais ? Je lui réponds, bien que nous allons nous voir dans un mois à la soirée. Il me demande qui m'a invitée, je tape Meosjin. Il met du temps avant de me renvoyer un autre SMS. Puis, il ajoute, on se verra là-bas dans ce cas. Je lui confirme que moi aussi, je suis heureuse de le revoir. Je n'ai pas eu de réponse à mon SMS.
Il est vexé ? Il ne voulait pas que je vienne à cette soirée ? Rien que de réfléchir à cela, je me sens mal à l'aise. Et si effectivement, il ne souhaitait pas ma présence à cette fête. J'ai reçu une invitation, je ne m'impose pas. Du coup, je ne suis plus certaine de vraiment souhaiter me rendre à cette célébration. Je suis perdue...................................
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