Épisode 5
*Partie 5*
*** *Ousmane Cherif Haïdara ***
J’arrive au bureau comme chaque matin et entame la journée avec un café bien corsé, bientôt ça ne sera plus possible le Ramadan commence demain inch'Allah.
Normalement Zayate devrait arriver à Paris aujourd'hui pour finaliser ses achats. Ça commence vraiment à être long.
Je prend mon téléphone et essaye de la joindre, ça passe.
- Bonjour bébé.
- Bonjour mon amour, ça va t'as fait un bon voyage ?
- Je suis claquée bébé, j'ai bien besoin de tes mains pour un bon massage.
- Reviens alors après le Ramadan tu iras finaliser tes achats
- Je n'aime pas passer le Ramadan à Conakry et tu le sais. Je préfère le passer ici. Moins de chaleur moins de tracasseries.
- Mais des heures de ruptures assez longues, pendant qu’on rompt le jeûne à 18 heure ici, là-bas il faut attendre 21 heures.
- Même dans ce cas je préfère rester ici.
- Zayate, tu sais qu'une femme doit passer le Ramadan auprès de son mari. On aurait pu faire le mariage religieux et attendre le civil pour après Ramadan mais tu t'entêtes toujours à faire les choses à ton bon vouloir.
- Je ne veux pas d’un mariage à la va vite. Sinon toi aussi tu peux me rejoindre tu sais, on pourrait louer un petit appart et après le ramadan on rentre ensemble pour la célébration du mariage c'est une bonne idée non ? S'il te plaît dit oui bébé.
- Tu sais très bien que je ne peux pas. Comment puis-je laisser mon travail et aller m'asseoir là-bas ? Zayate franchement cette distance commence à me peser, je n'en peux plus, j'ai envi de ma femme à mes côtés.
- Mais bébé un seul petit mois, tu vas voir, ça va vite passer même. Je serais de retour bientôt darling patiente juste un peu ok ?
- Ai-je le choix ? Est-ce que quand tu prends tes décisions tu penses à moi ? Fais comme tu veux.
- Ne le prends pas comme ça bébé tu sais très bien que c’est pour la bonne cause, bientôt tu m'auras avec toi pour toujours. Si tu voyais la veste que je t’ai pris !!! Bébé tu vas rendre plus d’un, vert de jalousie.
- Hmmm ok merci. Bon je dois te laisser, j’ai du travail.
- Pourquoi tu es froid avec moi ce matin ?
- Je ne suis pas froid avec toi, je te dit simplement que ou je te rappelle que j'ai du travail.
- On se connaît Ousmane c'est pas ta façon d'être y'a-t-il un problème ?
- Il n’y en a pas, j'en ai juste marre de cette distance tu comprends ?
- Ok si tu le dis. A ce soir j’ai une surprise pour toi bébé tu vas aimer.
- Qu’elle surprise ?
- Tu verras bébé, ne te presse pas. Ce soir, fit-elle d’une voix sensuelle, avant de se reprendre. Et cette femme ? Tu ne m’en as plus parlé.
- Elle s'appelle Hawa, je l’ai laissé à la maison.
- Quoi tu veux dire qu'elle est encore dans ma maison ?
- Zayate, je t'ai dit d'attendre ton retour on va en discuter, c'est une gamine de 24 ans elle n’a plus personne.
- Haïdara ne m'énerve pas tu as compris ? Ne m'énerve pas ! donc tu es même déjà amoureux d’elle.
- Zayate ne soit pas ridicule tu veux ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse d’une enfant ? Qu'est-ce que je vais faire d’une autre femme alors que je t’aime comme un malade ? Arrête tes crises de jalousie à deux balles. Je veux juste aider, en plus je peux t'assurer que pour le peu de temps que je l’ai observé, elle n’a pas de problème. Elle n’a aucun problème d'ailleurs.
- Je m’en fiche, elle ne va pas rester chez moi.
- C'est ma maison, je laisse qui je veux chez moi ne t’en déplaise. J’en ai ras-le-bol de tes caprices, ça suffit maintenant. On te parles, tu ne veux pas écouter.
- Ah donc tes parents t'amènent une autre femmes jusque dans ma maison et je dois me taire et t'applaudir ?
- J'ai été claire avec tout le monde, je n’en veux pas. Tu dois me faire confiance après tout c'est avec moi que tu es pas ma famille. Si j'avais le moindre doute que cette fille peut nous causer des ennuis tu crois que je l'aurais laissée chez moi ?
- Est-ce que tu connais les femmes Ousmane ? Et tu connais de quoi elles sont capables ? Elle fait l'innocente devant toi juste pour étendre tranquillement ses tentacules, une fois que tu serais dans ses filets, plus question que tu puisses t’y échapper.
- Je ne suis pas un enfant Zayate. Tu crois que je ne sais pas reconnaître une femme intéressée ? Je vais te dire une bonne chose, si je te trompe un jour sache que je l'aurais voulu moi-même. Personne ne peux me pousser à faire quelque chose que je ne veux pas, personne tu as compris ? Alors je te prie de me faire confiance. J’aide lorsque je peux aider.
- Pourquoi au juste ? Elle n'est pas un membre de ta famille pourquoi l'aider ? C'est du gaspillage pure et simple, cet argent que tu veux investir là pourrait nous servir à autre chose.
- Il te manque quelque chose ?
- Non mais…
- Ai-je été une fois dans l'incapacité de satisfaire le moindre de tes besoins ?
- Ousmane…
- Alors attends ce jour pour me dire que mon argent pourrait servir à autre chose que ceux dans quoi je veux le mettre tu as compris ? Et je ne veux plus t’entendre me tenir ce genre de discours Zayate. A-t-on besoin qu’une personne soit membre de notre famille pour faire du bien pour la personne ? A chaque fois c'est la même chose avec toi. Je donne mon argent à qui je veux.
- Ousmane, tu ne me parles pas comme ça. Une vie c'est à deux qu’on la construit. J'ai mon mot à dire dans tout ce que tu entreprends. Écoute-moi bien, je ne suis pas de ces femmes qu’on influence, je dis ce que je pense haut et fort. Mais pour qui tu m’as prise ? Tu sais combien tuerais pour être à ta place ?
- Et ça recommence. Tu sais quoi, fait ce que tu veux, à plus.
Clic
Je dépose mon téléphone qui se met aussi tôt à sonner. Je mets sur silencieux et me plonge dans le travail, dans trois mois j'ai un stock qui arrive. Je dois trouver des stratégies marketing pour écouler rapidement ce stock.
Zayate, qu'elle fasse ses gamineries là-bas quand elle se fatiguera on va discuter comme des adultes. Je suis d'accord qu’on partage tout avec sa compagne, d'ailleurs c'est ce que je fais. Je l'implique dans tous mes projets mais dès qu’il s’agit d’une chose qui ne la concerne pas ou qui ne concerne pas un membre de sa familles tout de suite je gaspille l'argent. C'est pourquoi je me retrouve à ne pas lui dire certaines choses que je fais pour qu’elle ne me tienne pas ce même discours. Pourtant elle fait ce qu'elle veut de son argent, je ne lui dis jamais ce qu'elle doit en faire.
Bref je mets cette histoire de côté pour ne pas me saper la journée.
Le soir venu je n’ai pas encore fini. Je regarde l’heure dix-neuf heures passées. Je prend mon ordi, je vais continuer à travailler à la maison.
Je sens mon téléphone vibrer je le sors et regarde, c'est mon ami Karim Keita.
- Allo !
- C'est comment man ?
- Ça va et toi ?
- Ça va aussi, t'es toujours au bureau ?
- Je m'apprête à descendre.
- Ok, je veux qu’on parle d’un truc vite fait, tu peux me rejoindre au Spécial ? J’y suis présentement.
- Ok donne moi vingt minutes.
- Ça marche.
Je range mes affaires, j'entends toquer a ma porte c'est Madame Diallo, mon assistante.
- Je rentre Mr Haïdara, à demain.
- À demain Mme Diallo bien de choses à Monsieur.
- Je n'y manquerais pas.
La porte se referme. Je prends mon sac où je mets mon ordi, les dossiers sur les quels je dois travailler, ferme mon bureau et m’en vais. Il n’y a plus personne dans nos locaux. En bas, je trouve que ma voiture est garée à l'entrée, le portier me voit il en descend et me tiens la portière. La voiture a été proprement lavé, je constate. Je dépose mes dossiers sur la banquette arrière et démarre. Je prends quelques billets et lui remet avant de sortir de l'enceinte.
Je viens me garer devant le Spécial. Je descends verrouille les portières et rejoins Karim à l'étage.
- C'est comment mon chère ami.
- Ça va on est là tranquille.
On se check et nous prenons place.
- Tu prends quoi ?
- Rien si ce n'est un peu d'eau, je garde la place pour le repas qui m'attend.
- Ah ok !
Il appelle une serveuse qui nous apporte une bouteille d'eau.
- Alors dis-moi tout.
- J'ai un service à te demander man.
- Tu as un service à me demander, imbécile et c'est au restaurant que tu m’appelle pour me le dire ?
- Ah tu sais que chez toi c'est pas possible de causer en tête à tête.
- Bien sûr que si.
- Laisse ça man, tu sais que ta femme est plus que la colle minute. Je ne sais pas si elle a peur que je te trouve une petite dehors.
- Hahahahhahaha même pas, elle sait que je n’ai d'yeux que pour elle.
- Elle ne devrait pas trembler alors.
- Ah man ! Ce sont les femmes, qu'est-ce qu’on peut ?
- Ah ça tu l’as dit. Bref c'est bientôt l'anniversaire de Madame et avec le Ramadan qui arrive là pas moyen de faire une fête alors j'ai décidé de lui offrir un cadeau pour marquer le coup. J'aimerais lui prendre une petite voiture classe mais je suis un peu limité côté budget.
- Quel type ? 4x4 ?
- Hahahahaha, tu veux me ruiner toi.
- Tant qu'à faire fait le bien. Tu me donnes ce que t’as, je te laisse une grande marge pour payer le reste.
- Hmmm et combien ça va me coûter une 4x4 ?
- Ne regarde pas l'argent passe au bureau demain je te montre les modèles, tu n'auras qu'à choisir le reste on verra ça plus tard.
- Pourquoi j'ai l'impression de me faire arnaquer ? Il dit en se grattant le menton.
- Hahahahaha on te rend service mais tu te sens arnaqué ? T'es pas bien toi.
- Tu sais que j'ai mon chantier à Kabgelen alors pardon pitié nous ne sommes pas aussi riche que toi pitié.
- Quand Madame sera entrain de te récompenser comme il se doit la nuit, crois-moi, tu vas vite oublier l'argent dépensé.
- Hmm c’est ça oui.
- Elle va bien quand même avec les petits ?
- Oui, ils deviennent de plus en plus impolis ces deux là.
- C'est vrai que ça fait un bye, il faut que je pense à passer un de ces quatre rendre visite.
- En tout cas si ta dragonne te laisse t'échapper de ta prison dorée.
- Lol t'es drôle toi ! Elle n'est pas là en ce moment, elle est sur Paris pour les préparatifs du mariage.
- Ah ok alors sans faute, je passerai ce week-end.
- Hahahahaha tu as peur d'elle ?
- Quand elle te fixe, tu as l'impression d'être un délinquant.
- Hahahahaha, toi et tes histoires bon ben je doit rentrer on se voit demain à mon bureau ?
- D'accord merci pour tout mon cher.
- C'est normale entre nous pas de merci pour si peu.
Nous descendons, nous nous disons au revoir et chacun récupère son véhicule.
J'arrive à la maison et trouve Hawa au salon. Dès qu'elle me voit, elle se lève et vient à ma rencontre. Cela me rappelle que je ne l’ai pas inscrite pour son cours en ligne et ses appareils aussi je n'ai pas acheté.
- Bonsoir mon oncle, avez-vous passé une bonne journée ?
Je renonce à lui faire comprendre d'arrêter de m'appeler ainsi.
- Oui merci et toi ?
- Alhamdoulillah.
- J'arrive, je vais me débarrasser, maman est là ?
- D'accord. Oui elle est dans sa chambre. Je mets la table en attendant ?
- Et Oumou ?
- Elle est chez elle.
- Et pourquoi c'est pas elle qui met la table ?
- Je lui ai dit de rentrer je vais m’en occuper.
- Et pourquoi ? Je demande en fronçant les sourcils.
- Euhh… Rien comme vous avez un peu tardé, je lui ai dit de rejoindre son mari, je vais gérer le reste en plus elle ne se sentait pas très bien depuis hier. Mais si ça vous dérange je vais aller l'appeler.
- Non, c'est bon tu peux mettre la table.
- Ok.
Je me dirige vers la chambre de maman pour lui dire bonsoir, je la trouve entrain de prier. Je m’en vais dans la mienne me laver, changer et je les rejoins à table. J'embrasse maman sur la joue et prends place.
- Tu as passé une bonne journée ?
- Oui maman et toi ?
- Très bien trésor, Hawa s'occupe vraiment bien de moi, fit-elle avec un large sourire.
- Ah c'est très bien !
Hawa se lève et vient me servir, elle déplie le mouchoir de table et le met sur mes genoux remplis mes verres avant de me souhaiter bon appétit et aller prendre place à son tour. Bizarrement elle s’en sort bien avec les couverts pour une villageoise, je remarque. En général ici même les personnes qui se disent civilisés tiennent la fourchette avec la droite. Mais je remarque qu’elle le tient bien et mange aisément.
Je crois que je l’ai un peu trop regardé parce que nos regards se sont plusieurs fois croisés et à chaque fois elle se dépêche de détourner les yeux.
Ma mère anime la table pendant que nous mangeons tout en essayant d'inclure à chaque fois Hawa dans nos conversations, mais elle répond simplement sans plus. Je vide mon assiette et me sers à nouveau.
- C'est bon n'est-ce pas ? Me demande maman
- Oui très bon.
- Ah ! C'est ce que je disais à Hawa, elle a des doigts de fée.
- Ah ! C'est elle qui a préparé ?
- Oui c'est elle.
- Mais pourquoi ?
Hawa, je l'appelle en la regardant. Ne te donne pas cette peine il y a une personne que je paye pour ça.
- Ça ne me dérange pas mon oncle, fit-elle de sa voix douce.
- Non tu es une invitée dans cette maison ne te donne pas cette peine, je veux que tu te concentres uniquement sur ton apprentissage.
- Ousmane mange et laisse l'enfant tranquille c'est quoi ? Elle fait ce qu'elle veut non ? Si ça ne lui pose pas de problème ou est le tiens ?
Il va falloir que je parle sérieusement avec maman. Je crois qu'elle commence à pousser le bouchon un peu trop loin. Je vois très bien son petit jeu heureusement qu'elle rentre demain.
Après le dîner nous prenons place dans le séjour.
- Maman ?
- Oui mon bébé.
- Arrête ce que tu fais là. Tu utilises cette pauvre fille à tes fins et tu sais très bien qu'elle risque de souffrir. Je ne vais jamais quitté Zayate pour aucune autre femme et vos histoires de polygamie je ne suis pas dedans.
- Qui te demande de quitter ta femme, moi ?
- Alors pourquoi tu cherches à compliquer les choses ?
- C'est toi qui complique ohh. Tu vois des choses qui n'existent pas. Tu es sur la défensive on dirait quelqu'un qui s’en va à la guerre. Si tu es sûr de toi, tu aimes ta femme alors pourquoi tu te sens menacé ?
- Je ne me sens aucunement menacé maman, je le dit plus pour elle. Tu as pensé à elle ? Au fait qu'elle peut se faire des films ? Tu y as pensé ?
- Rappelle-moi déjà comment elle t'appelle ?
- Maman !!!
- Mon oncle n'est ce pas ? Fit-elle en riant. Dis-moi, de vous deux qui est entrain de se faire des films ? Tu es trop sur la défensive comporte-toi avec elle comme elle le fait avec toi. Considère-la simplement comme ta nièce.
- Hmm !!!
Nous basculons sur un autre sujet. Hawa vient nous rejoindre. Je regarde mon téléphone pas d'appel de Zayate, elle doit avoir pris la mouche. Je l'appelle mais elle ne décroche pas, je l'envoie un message sur WhatsApp. Elle le voit mais ne répond pas. Je soupire putain c'est compliqué cette histoire.
Je me cale plus confortablement dans mon siège, pose mes pieds sur la table basse et soutien ma tête de ma main.
Cette histoire commence à me pomper l'air franchement.
je regarde Hawa elle est absorbée par la télé. Je ne sais pas pourquoi je m’attarde autant sur elle. Je ne sais vraiment pas.
Non je sais pourquoi oui c'est ça, je veux comprendre si elle représente vraiment un danger pour moi comme maman me l’a dit. Ne nous voilons pas la face malgré qu'elle ne soit pas à mon goût c'est quand même une très belle jeune femme. Elle a de magnifiques yeux de biche et un jolie visage. Sa plastique est parfaitement harmonieuse même si elle manque un peu de rondeur. Pour la première fois depuis qu’elle est là je me mets à la détailler.
A un moment je crois qu’elle s'est senti observer, elle regarde vers moi, pris en flagrant délit, je me dépêche de détourner le regard. Pff il faut que j'arrête de penser ainsi. Je ferais mieux de monter et chercher un moyen de me faire pardonner.
Et si après tout elle avait raison et que je suis trop sur la défensive ? Putain ma mère va me tué un jour, elle a réussi a semer le doute dans mon esprit.
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À suivre….