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CHAPITRE 7

Une semaine venait de passer. Au début de la deuxième, les cours commencèrent.

Un beau matin pendant que j’entrais dans la classe où j’avais été classée, je fus frappée d’une terrible stupeur. Du seuil de la porte de classe, je voyais Bruno assis au fond de la classe où j’étais classée.

C’était surprenant de croire que lui et moi étions classés dans la même salle de classe. Vanessa y était aussi. La présence de Vanessa dans la même classe que moi ne m’avait pas étonnée parce qu’on avait toujours été classées dans la même classe depuis notre sixième.

Que se passera-t-il au fil du temps ? N’y aurait-il pas de petites disputes entre Bruno et moi vu que nous sommes dans la même salle de classe ? Sa présence dans la même classe que moi me rendait heureuse mais je craignais les petites crises qui allaient en découler.

***

Deux mois plus tard.

Nous étions au petit matin du mois de décembre. Monsieur Josué était venu au cours. C’était un homme bien élancé. Il n’était pas trop gros ni trop mince.

Ce matin encore, il avait partagé avec nous, son savoir-faire. Lorsqu’il finit le cours et rejoignit la salle des profs, il envoya quelqu’un m’appeler.

Quelques minutes après le départ du commissionnaire, j’allai voir mon professeur au lieu indiqué.

Je le resaluai et il me répondit d’un sourire aux lèvres. Ensuite, il me tendit un billet de cinq mille francs et me demanda d’aller lui acheter du riz au gras avec du poisson chez les bonnes dames de la maison. Je m’emparai du billet et me dirigeai vers la cantine.

À mon arrivée là-bas, la vendeuse me servit le repas et ne trouva pas de monnaies pour me payer le reliquat. Je promis à la dame que je repasserai chercher le reliquat et l’abandonnai. Je revins à la salle des profs avec le repas que je posai sur la table, en face de mon professeur.

– S’il vous plaît professeur, la vendeuse n’a pas pu me trouver de reliquat.

– Ah d’accord ! Il n’y a pas de souci ! Tu peux aller chercher ça ultérieurement, dit-il en me regardant avec admiration.

– Et dans quelle salle vous l’apporterai-je.

– Je te donne ça en cadeau.

Je fus aussitôt ébahie de ce don fortuit lequel je ne m’attendais pas. Aussi, aucun professeur ne m’avait jamais fait un don pareil auparavant.

– Et pourquoi m’offrez-vous tout cet argent ? Je n’en ai pas besoin.

Que ferais-je effectivement avec tant d’argent ?

– Ne sois pas stupide, me reprocha-t-il.

– Ce n’est pas de la stupidité, monsieur, j’ai peur !

– Peur de quoi ? En tout cas, prends ça, je te le donne ! C’est mon premier cadeau pour toi.

« Premier cadeau pour toi ? » me suis-je intérieurement demandé. Si c’est son premier cadeau pour moi, cela signifie qu’il en a plein d’autres à m’offrir ! me disais-je intérieurement.

– Ok, merci monsieur ! lui dis-je avec révérence.

Je voulais m’éclipser quand je fus soudainement retenue par une de ses paroles.

– S’il te plaît Grâce, j’aimerais bien te voir plus tard ; serait-ce possible ?

Je savais qu’il allait avoir une anguille cachée derrière ce don. A sa question, je gardai momentanément mon silence et lui lâchai quelques secondes plus tard, une phrase interro-exclamative.

– Pas très sûre ?! Et d’ailleurs, pour quoi me voulez-vous, monsieur ?

– Cela restera privé entre toi et moi.

– Oui, je n’en disconviens pas. Mais on pourrait profiter du temps car, je ne sais pas encore si on pourrait se revoir avant les congés de fêtes.

– Tu as peut-être raison. Au fait, c’était pour te dire combien ton regard a commencé à me charmer. Dans la classe, tu es la seule fille que j’admire beaucoup. Aussi, au nombre des filles de la classe, tu es la seule que je trouve respectueuse.

Que voulait au juste ce monsieur lorsqu’il me parlait en parabole ?

– Euh...je ne comprends pas bien ce que vous voudriez insinuer par vos propos et...

– Ne sois pas idiote, s’il te plaît. Je veux juste que toi et moi ayons une relation sentimentale.

– Oh mon Dieu ! Que nous ayons quoi ? Voulez-vous me tuer ? Mes parents vont me tuer si jamais ils l’apprenaient. Et aussi, à qui laisserai-je mon chéri Bruno ?

Jamais de la vie, je ne pouvais imaginer combien ces simples propos pourraient me coûter la vie.

– Ton quoi ? Chéri Bruno ? De quel Bruno parles-tu d’abord ?

Au lieu de me taire, je continuai à bavarder.

– Du même Bruno que vous connaissez ! Bruno votre élève !

– Ah bon ? Bruno Kollins ?

– Exact !

– Je vois, retourne-toi en classe.

Toute fière, je me dépêchai et disparus des parages.

***

Trois jours plus tard.

Ce matin, le soleil était encore dans son nid, en train de dormir quand la cour de mon école était à l’accueil du brouhaha des élève comme à l’accoutumée. La sirène n’avait pas encore donné le coup, ce coup qui allait renvoyer chaque élève dans sa classe. Pendant que certains élèves balayaient la devanture de leur classe, d’aucuns qui n’étaient pas bien rassasiés à la veille dans leur maison étaient avec les bonnes dames en train d’acheter de quoi manger.

Quelques minutes plus tard, sonna sept heures. Les retardataires qui avaient aussi cours à la même heure et qui traînaient les pas dans les rues, couraient pour ne pas manquer les cours de cette heure-là.

Lorsque la sirène retentit, je regagnai ma place et me mis à réviser mes cours de mathématiques. Le temps filait mais M. Josué n’arrivait pas, puisque c’était son cours on avait. Pendant que mes camarades qui ne savaient pas la raison pour laquelle ils avaient porté la tenue kaki bavardaient, moi je continuais à réviser mes leçons.

Enfin, il finit par arriver. À son arrivée, celui chargé de donner l’ordre pour la salutation tapa la table et tous ensemble, nous nous levâmes pour accueillir le nouveau venu.

Comme toujours, mes regards se portaient le plus souvent sur Bruno. Je ne savais pas pourquoi cela m’arrivait. Peut-être que c’était pour m’assurer de sa sécurité. En tout cas, je ne saurais l’expliquer.

Bruno s’était en effet levé au même moment que nous. Soudain, nous entendîmes :

« Bruno, sors de la classe, tu as quatre heures. »

Toute la classe ronronna.

Mais, que se passait-il au juste ? Pourquoi devrait-il sortir ? Debout, je ne comprenais plus rien.

Quelques secondes après sa sortie de la salle, le professeur le poursuivit et lui lança à nouveau :

– Reviens chercher tes affaires.

Ne voulant pas s’entêter, Bruno ne pipa mot et revint chercher effectivement son sac et quelques-unes de ses affaires qui erraient sur sa table puis ressortit.

– Asseyez-vous, nous ordonna le professeur après avoir été satisfait de sa mission.

Nous nous assîmes. Dans mon for intérieur, je me demandais ce que Bruno pourrait oser faire pour être brusquement suspendu des cours. Encore moins, suspendu de sa matière la plus préférée.

Ce jour-là, l’absence de Bruno dans la salle ne me donna plus aucune envie de poursuivre les cours. Je priais que le cours finisse vite afin que je puisse me renseigner auprès de Bruno, le juste motif de sa suspension des cours.

Deux heures plus tard, ce fut la fin des cours du méchant professeur de mathématiques.

Ce jour-là, j’étais la première à sortir de la classe pour aller voir Bruno dans la cour. À ma sortie, je regardai à ma droite et vis Bruno assis sur une brique qui errait le long de la salle de classe. Il s’était adossé contre le mur de la classe et avait l’air pensif.

– Que lui avais-tu fait ? lui demandai-je, inquiète.

– Je ne sais même pas, dit-il.

– Vraiment ?

– Sérieux ! Pourtant quand ils ont tapé la table, je me suis aussi levé au même moment que vous.

Je considérai le malheureux pendant quelques secondes et posai ma main droite sur sa tête et lui demandai de se lever pour qu’on retourne en classe.

– Il n’est pas encore sorti de la classe ! répartit-il.

– Non mais assure-toi qu’il a déjà épuisé ses heures de travail.

– C’est peut-être vrai, allons-y !

Et Bruno et moi retournâmes en classe. Soudain, notre professeur sursauta et commença à vociférer tel un lion.

– Pourquoi es-tu si impoli, Bruno ? Pourquoi es-tu si mal éduqué ? Ou bien tes parents ne t’ont-ils pas appris les bonnes manières à la maison ? Ou si tu es impoli, c’est avec moi qu’il faut l’essayer ? On ne fait pas ça avec moi, ok ? C’est parce que tu ne sais pas encore ce qui t’attend, impoli.

Je chuchotai doucement à Bruno :

– S’il te plaît bébé, partons d’ici et laissons-le parler seul avec les margouillats.

Je traînai mon chéri par les mains jusqu’à la sortie de la classe. Et puisqu’il n’y a jamais de fumée sans flamme, c’est alors que je commençai à imaginer ce qui pourrait pousser l’homme à avoir cet horrible comportement à l’égard de son élève.

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