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CHAPITRE 4

En fait, dans ma classe, j’étais la plus brillante des filles. Jamais aucune fille de la classe ne travaillait plus que moi. De même, j’étais toujours la deuxième de ma classe parce que les devoirs se faisaient par semestre. J’étais reconnue aux yeux de tous mes professeurs par l’intermédiaire de ma vaillance aux études et rien de plus.

Je me dirigeai en effet vers mon professeur. Je voulais le saluer mais ma voix était calée dans ma gorge.

– Grâce, pourquoi tu pleures ? me demanda le professeur, médusé.

Je ne lui répondis mot car, je ne savais quoi dire.

– Mais c’est à toi que je parle, réponds-moi !

– J’ai été suspendue des cours, monsieur le professeur.

– Et pourquoi ?

– Parce que ma voisine de table m’avait provoquée et malheureusement, notre professeur des SVT nous a toutes les deux mises à la porte.

– Et ta voisine, où est-elle ?

– Sous l’ordre de la décision du surveillant, elle est déjà partie pour aller appeler ses parents.

– Et toi, pourquoi n’es-tu pas allée appeler les tiens ?

Les questions de cet homme commencèrent à m’énerver mais j’essayai de garder mon calme.

– Je ne peux pas ! Mes parents me dévoreront crue.

– Tu sais bien que tes parents sont furieux et pourtant tu commets des bêtises ?

Ma colère commença par s’amplifier davantage. Pour ne pas manquer de respect à un adulte tel que me l’ont toujours déconseillé mes parents, je pris mon mal en patience et lui répondis :

– Je suis désolée.

– D’accord, je vais t’aider à reconquérir le surveillant et aussi ton professeur si tu le souhaites bien.

La promesse de mon professeur m’égaya de joie.

– Si vous arrivez à me rendre ce service, je vous jure que je vous serai très reconnaissante, cher professeur, lui dis-je tout en essuyant mes larmes.

– Avec quoi me seras-tu reconnaissante ? me demanda-t-il.

De toutes les façons, je savais que mon professeur ne me demandera ni or ni diamant pour me rendre ce noble service.

– Avec mon dévouement au travail bien sûr, lui répondis-je, tout sourire.

– Non, s’opposa-t-il. Si tu travailles en classe, ça ne profitera que toi et tes parents ! Et moi, je n’en gagne rien.

À cette phrase, j’écarquillai grands les yeux pour attendre où il allait en venir.

– Je ne veux qu’une seule chose, Grâce.

– Quelle est cette chose, monsieur ?

Après quelques instants de silence, il reprit :

– Ce que je veux de toi est aussi simple. Tu vas juste me laisser voir ce que tu as entre les jambes.

Je fus aussitôt éberluée car, je ne pouvais jamais imaginer que mon professeur me demanderait une telle chose. Pire, je suis encore mineure et je n’avais que seize ans. Quelle serait ma forme dans le lit avec cet homme ?

– Dans ce cas, je préfère être punie par mes parents que d’agréer votre demande, lui susurrai-je.

– Veux-tu t’en échapper c’est ça ?

Je ne répondis plus mot. Vivement, je me retirai de sa face et disparus de la cour un peu plus tard. Sur le point de vouloir prendre le chemin pour la maison, je croisai brusquement Bruno sur le portail.

– Grâce, qu’y a-t-il ? Depuis quelques minutes, je n’arrêtais de t’observer de loin. Tout d’abord, qu’as-tu au front ? Quelle est cette cicatrice que tu as sur le front ?

– C’est maman, elle m’a fouettée toute la nuit.

– Et pourquoi ?

À cette question, je ne voulais pas dire exactement la raison pour laquelle j’avais cette plaie sur le front.

– Ne t’inquiète pas, c’est une affaire familiale, dis-je.

– À cause d’une simple affaire familiale et ta mère a osé te frapper jusqu’à te blesser ? D’accord, et où vas-tu ?

– Je vais à la maison appeler mes parents.

– Et pour quelle raison ?

Je commençai par bouder intérieurement parce que je n’étais pas d’humeur pour répondre à ces tas de questions.

– Parce que je me suis engueulée avec Vanessa, ma copine de table et malheureusement, elle et moi avons été suspendues des cours.

– Oh, désolé ! Et Vanessa ?

– Elle est déjà partie depuis près d’une quinzaine de minutes.

– Ah, je vois. Mais je suis sincèrement touché par le comportement de ta mère vis-à-vis de toi.

Bruno, loin de sa gentillesse, était aussi très compatissant.

– Je vais te laisser rapidement rentrer vu que je ne peux t’assister dans cette emmerde. Mais Dieu t’aidera.

– Amen.

Bruno me céda le passage et je l’abandonnai les pas les pas pressés.

Quelques minutes après, je réussis à affronter le portail de ma maison. Une fois arrivée sur le portail, je commençai à me demander ce qui allait se passer avec moi dans cette maison infernale ; une maison où, si j’avais la possibilité de la fuir, je la fuirais une fois pour toutes.

Bref, dans la maison, j’étais traitée telle une domestique et non jamais comme une fille venant de cette famille dont je portais le patronyme. À moindre petite erreur, c’étaient des coups par-ci et par-là. Je fis mine à ces coups qui m’attendaient puis appuyai sur le poignet. Je jetai un clin d’œil dans la cour et à ma grande surprise, j’aperçus la voiture de mon père garée.

« Quel dommage ! » m’écriai-je, impuissante.

Voyant cette voiture, je refermai calmement d’abord le portail et me plongeai dans un grand souci. Je me voyais en pleine correction.

Certes, une voix commença à me parler intérieurement. Celle-ci me conseillait de résister. Elle me disait que je n’allais pas mourir ou même si je mourais, que je ne fermerais que ma fosse qui m’était déjà ouverte depuis mon premier jour dans ce monde.

Sur ce, je ne perdis plus espoir et je me dirigeai dans la cour après avoir poussé le battant. Toute désarmée et abattue, j’atteignis le seuil du salon avec le cœur qui battait la chamade.

Quelle sera la réaction de mes parents lorsque je leur tiendrai informés de ce qu’avait dit mon surveillant ? Me frapperont-ils ? Me pardonneront-ils ? De quoi me traiteront-ils ?

Je fus emportée par l’embrouillamini. Dans mon crâne, j’étais troublée. Tantôt, je voyais papa et maman surgir sur moi, en train de me bastonner de toutes leurs forces. Tantôt, je me voyais en train de me tordre de douleurs. J’étais triste et ne savais qui appeler à mon secours.

– Pourquoi es-tu revenue sans ton sac ? me demanda soudainement une voix.

Je sursautai enfin de ma rêverie et me rendis compte qu’il s’agissait de mon père. Des larmes commencèrent aussitôt à se former dans les coins et recoins de mes yeux. Pour ne pas manquer du respect à mon père en me taisant pour longtemps, j’essayai de lui répondre.

– Papa, j’ai été renvoyée des cours.

Bien qu’il eût vu la blessure qui était calée à mon front, il ne me demanda même pas son origine ; il s’en foutait.

– Et pour quelle raison ? reprit-il d’une voix autoritaire.

Ne suis-je pas encore foutue ? Or, dans ma maison, le sale comportement le plus interdit et le plus impardonnable était le mensonge.

Alors, je me demandai intérieurement s’il fallait que je mente pour éviter les coups de bastonnades que de dire la vérité. En ce moment, seul Dieu pourrait me sauver de ce qui m’attendait. Mieux valait dire la vérité pour ne pas empirer les choses.

À cet effet, je fus obligée de dire la vérité en murmurant entre les dents « c’est parce que je me suis disputée avec ma copine de table. »

Mes parents, sans même chercher à connaître qui d’entre ma copine et moi avait raison, m’ordonnèrent à ce que j’enlevasse ma tenue kaki et que je m’agenouillasse.

Ce fameux jour, seule la mort avait refusé d’accueillir mon âme. Mes parents se mirent à me botter des coups de ceinture. Papa me frappait à la ceinture pendant que ma mère me donnait des gifles çà et là à chaque fois que je haussais la voix. Je criais pensant avoir un quelconque secours mais hélas.

Quel dommage m’étais-je fichu ?

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