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Chapitre 02

Chapitre 2

Je fais les cent pas dans ma chambre, je suis tellement énervée contre ce crétin.

Non mais c’est pas vrai. Djily je pense que limou néké tayouko (Il le fait pas exprès.) Comment peut-il refuser de me donner de l’argent alors que ma sœur se marie ? D’accord démi-sœur mais ça reste quand même un jour important.

En plus maman a raison, dans le quartier les bruits passent très vite et c’est sûr que la faillite de mon époux a fait écho et évidemment les ennemis que j’ai laissé là-bas n’ont pas manqué de rouspéter mais surtout de dire que c’est bien fait pour moi. Je n’ai pas le choix, il faut que je m’y présente avec ma délégation et on devra toutes être sapées comme jamais.

En parlant de délégation, je dois en parler avec Amina. Heureusement que j’ai pas été ingrate avec elle et Seyni. On a été dans la même bande au lycée et j’ai conservé cette amitié. Quand j’ai rejoint la haute cour, j’en ai eu des nouvelles mais ces mégères m’ont e dès que la mauvaise situation de Djily fut connue. Bande d’ingrates…

Je prends une douche et je m’habille d’un pantalon slims et d’un haut décolleté mettant en valeur ma poitrine. Je regarde mes dizaines d’escarpins mais faut pas se mentir. Je dois marcher pour atteindre la rue est en plus y a trop de sables et le même scénario m’attend chez Amina alors je penche pour des ballerines. Les talons hauts ne sont pas faits pour cette vie là.

Je passe devant le salon où Djily est couché sur le canapé.

-Je vais voir Amina… Dis-je avant de m’avancer vers la sortie. Je l’entends crier « Soua » mais je m’en fous comme du premier string que je me suis payée.

Puisque mon capital intérêt est réuni est 10.000frs, je dois me payer me farcir les transports en commun. Il me faut 2.000 frs en taxi donc 4000 aller-retour et je veux pas dépenser la moitié de mon budget en transport en commun.

Je suis sur la route et j’attends le « tata », je dois en prendre 2. Tchippp.

Comme d’habitude, il faut du temps pour en avoir.

Pendant que j’insultais tous les propriétaires, une voiture quittant notre allée se gare juste devant moi.

-Bonsoir madame… Salue-t-il. Je rappelle qu’il est 19h à ma montre.

Le reconnaissant pas, j’avance jusqu’à la voiture et je regarde à travers la vitre pour mieux le voir. Je le reconnais. Il habite à 2 pâtés de maison de notre immeuble.

-Bonsoir…Saluai-je à mon tour.

-Vous allez quelque part ? Je peux vous déposer ?

-Avec plaisir… Dis-je avant d’ouvrir la porte côté passager et de prendre place.

-Vous allez où ?

-Je dois aller voir une amie.

-Pas de problème. Je suis pas pressé, je dois aussi aller voir quelques amis. Elle habite où ?

Je lui donne l’adresse de chez Amina et il s’engage dans la circulation.

-C’est vrai qu’on s’est vu quelques fois mais on a jamais eu l’occasion de se parler. Je m’appelle Momar.

-Moi c’est… Il me coupe.

-Souadou, je sais. Ma mère est passée te rendre visite juste après que tu as aménagé.

-Oui c’est vrai. Elle m’a parlé des différentes activités du quartier. Elle était venue avec deux autres dames. Mais je sors pas beaucoup et en tant que nouvelle, je connais pas encore beaucoup de monde.

-Tu me connais moi… Dit-il d’un air que je jugerai suggestif, mais je dois me faire des idées.

-Juste un peu… Précisai-je.

-Moi je sais de toi que tu es mariée et que malheureusement les affaires n’allaient plus très bien pour ton époux et c’est pour ça que vous êtes passés de quartier populaire à populeux.

-Je vois que mes voisins connaissent bien ma vie.

-Oui mais c’est pas méchant. Dans le quartier tout le monde veut savoir tout sur tout.

-Comme tout sénégalais.

-Oui c’est ça. Et toi, que veux-tu savoir sur moi ?

-Je sais pas. Pour commencer, qui est celui qui me sert de chauffeur ?

-Je t’ai déjà dit mon nom. J’ai ouvert ma propre boite, il y a deux ans. Comme tout début c’était très dur mais maintenant ça va. Alhamdouillah.

Intéressant. Dois-je en déduire que monsieur gagne bien sa vie ? C’est vrai que tout le monde ne se paye pas le luxe d’avoir un 4x4 Kia. Mais s’il est riche, pourquoi habiter dans ce quartier.

-Si les choses vont bien pour toi, pourquoi tu habites dans un tel quartier ?

-C’est vrai que c’est la banlieue et tout mais ça va quand même. Mon père était locataire, j’ai fait fortune et j’ai racheté la maison et on y a fait d’importants travaux.

-Donc c’est à toi la maison ?

-Non je l’ai mis au nom de mon père. Moi je vais acheter une autre maison pour moi, dans un autre quartier. Entre temps, j’ai mon petit appart bien placé au X alors quand j’ai envie de m’isoler, j’y vais.

-Le contraire m’aurait étonné.

-Comment ça ?

-Les appartements c’est la nouvelle mode chez les hommes célibataires.

-Lolll. C’est normal, il y a des choses qu’on peut pas faire devant ces parents. Personnellement, même si j’ai rejoint le domicile parental, je suis trop habitué à avoir un truc à moi tout seul.

-Comment ça ?

-J’ai quand même vécu 10 ans en France et j’ai toujours habité seul.

-10 ans, waw c’est quand même beaucoup…

-Je suis pas vieux non plus. J’ai eu mon bac à 18 avec mention bien alors j’ai pas eu de mal à régler le problème de préinscription et j’étais boursier. J’ai fait mon cursus universitaire dans une ville qu’on appelle Saint-Etienne, tu as dû en entendre parler.

-Oui mais pas trop.

-C’est pas Paris ou Marseille mais une ville sympathique quand même. Après que j’ai fini, j’ai postulé à une multitude d’offres avant d’être recruté par une entreprise parisienne. J’y ai fait plusieurs années mais après ça m’a soulé. La France c’est la France, quand on y est on ne peut rien réaliser alors j’ai économisé. Je suis rentré, j’ai galéré mais maintenant alhamdoulilah.

-C’est l’essentiel. J’aurais voulu te parler de moi mais on est bientôt arrivé.

Puisqu’on est arrivé dans le quartier d’Amina, je lui indique le chemin à suivre pour atteindre la maison. Il est gentil ce Momar et en plus il est riche.

Il gare près de chez Amina et je me rends compte comme bon sénégalais je viens sans prévenir. Je peux espérer qu’Amina soit là.

-Merci. Tu es vraiment gentil.

-Y a pas de quoi. Mais nous devons continuer notre conversation. Je ne sais pas grand-chose sur toi.

-Oui une autre fois.

-Pourquoi cette autre fois ne serait pas dans un restaurant en ville ?

Lui il veut que Djily me fasse buter.

-Non. Je peux pas.

-Pourquoi ? Ce sera un diner amical. On est ami, non ?

-Oui mais…

-Donne-moi ton numéro… Dit-il en me tendant un de ces portables. Putainnnn….

Après quelques secondes d’hésitation, je finis par le lui donner et je prends son numéro. De toute façon, il se peut qu’il soit une porte de sortie de cette misère que Djily m’impose.

-Je t’appelle ce soir.

-D’accord… Dis-je avant d’essayer d’ouvrir la porte.

-Non, attends. Si tu veux je peux repasser te récupérer ou tiens… Dit-il en ouvrant son portefeuille.

Je peux pas dire avec certitude, combien il en a sorti mais je sais que c’est une bonne liasse de 10.000fr.

-Tu peux prendre un taxi avec.

Je me fais pas prier pour les prendre.

-J’attends ton appel… Lui dis-je avant de sortir.

Il démarre aussitôt et moi j’entre voir si ma pote est là.

-Il y a personne dans la cour alors je me dirige vers le salon.

Je salue et je vois la mère d’Amina, la première épouse de son père ainsi que quelques-uns de ses frère et sœurs.

On m’invite à m’asseoir.

-Ma fille comment tu vas ??? Demande Tata Sokhna (La mère d’Amina).

-Je vais bien.

-Et ton mari, comment il va ?

-Il va bien aussi.

-Ça fait longtemps qu’on ne t’a pas vu par là.

-C’est juste par manque de temps.

-Oui je comprends.

-Amina est-elle là ?

-Oui, elle est dans sa chambre. Seyni est passée toute à l’heure. Elle est avec elle en ce moment.

-D’accord. Je vais aller les voir…Dis-je en me levant avant de sortir du salon.

Grâce à Dieu, Seyni est là mais après y a pas de quoi être surpris comme d’habitude, elle ne reste jamais chez elle.

-Comment vous allez jeunes filles ???Criai-je devant la porte avant de plonger sur le lit.

-Soua qu’est-ce que tu fais ??? Crie Amina.

-Normalement en tant que seule mariée tu devais être la plus mature mais tu refuses de t’améliorer… Se plaint Seyni.

-Ah vous là. Non moi je vous comprends, vous fuyez le mariage ou quoi ??? Demandai-je en me redressant.

-Moi personnellement je me marierai dès que je verrai un mari…Dit Seyni.

-T’as déjà vu un mari mais t’as refusé… Rectifie Amina.

-Non attends c’est mon cousin et depuis toute petite tout ce que je sais de lui est que c’est un coureur de jupons. J’y pense même pas… Se défend Seyni.

-Dis plutôt que tu as refusé car il n’avait pas une bonne situation… Précisai-je.

-Non c’est faux. Et toi Amina, tu attends quoi ?

-Moi j’attends qu’Abdou finisse.

On éclate de rire avec Seyni. Je vous explique Abdou c’est son petit copain étudiant là. Il l’a fini ses études mais c’est le roi des chômeurs. Et Amina reste fidèle.

-Guané do bayi Abdou (Tu dis que tu vas pas le quitter)… Dit Seyni.

-Hiii. Pourquoi je le ferai ? Il m’a jamais fait de mal……Réplique Amina.

-Franchement, goor boula amoul gneurignedoyé woko dara (Tu n’as pas besoin d’un mec incapable de t’aider financièrement.) Mais j’en ai tellement parlé que maintenant je me contente juste de te regarder.

-Et bien Soua, toi tu peux bien parler… Dit Amina… Tu t’es mariée avec Djily parce qu’il gagnait bien sa vie et aujourd’hui, il ne lui reste plus rien mais tu es quand même avec lui.

-Qu’est-ce que tu veux ? Que je fasse mes bagages pour retourner chez moi.

-Non mais en ce moment tu te fais violence pour rester avec lui. A quoi bon. Mon cœur a choisi Abdou et c’est lui que j’attendrai. Je contenterai de ce a, loumou amoul ma mougne. Quant à Seyni, je pensais que ce qui est arrivé à Soua t’aurais éveillée mais je vois que pour toi la qualité d’un homme réside dans son compte en banque. Même sans Soua sakh, combien de mecs fortunés, tu as rencontré mais combien t’ont proposé de t’épouser. Soua peut dire de Djily ce qu’elle veut mais ce qu’il a fait c’est rare.

Je lui un tchipp.

-Je suis pas venue pour entendre tes sermons.

-Pourquoi t’es là alors?

-Daba se marie.

-Ah Daba, ndeysanne… Dit Seyni.

-Oui et je suis venue pour vous prévenir car je dois me pointer avec ma délégation. Fassiéné def bamou bakh.

Amina éclate de rire avant de dire.

-Dis plutôt que tu comptes gaspiller de l’argent.

-C’est au programme.

-Ne me dis pas que Djily va céder à tes caprices.

-Il a refusé.

-Je préfère ça.

-Mais une alternative vient de se présenter à moi.

-Comment ça ???Demande Seyni.

-Mon voisin.

-Ton quoi ??? S’émerveille Amina.

-Il s’appelle Momar. J’étais à l’arrêt attendant le « tata » et après il s’est garé. C’est lui qui m’a déposé ici. Et avant de sortir il m’a donné ça.

J’ouvre mon sac pour sortir les billets et en profiter pour les compter.

-Mais Soua est-ce que nitt gua (est-ce que tu lucide ?)… Vous avez reconnu Amina casse-pied.

-Quoi ? J’avais besoin d’argent et il m’en a donné. Quel est le problème ?

-Le problème est que tu es une femme mariée et que tu n’as plus le droit d’accepter de l’argent venant d’un autre homme.

-Dimbeulima. Si Djily ne peut pas m’en donner qu’il se fasse à l’idée que d’autres m’en donnent.

-Mane dé je suis avec toi… Dit Seyni.

-Merci. Toi au moins tu sais de quoi je parle.

-Mais Seyni comment peux-tu lui dire ça ? Elle est mariée et elle fait du mbarane.

-Je fais pas du mbarane mais je n’exclus pas la possibilité. Ma sœur se marie et j’ai besoin d’argent si Momar m’en donne, je vais pas me gêner.

-A ta place j’aurais fait pareil… Dit Seyni alors Amina sort un rire nerveux avant de préciser.

-Mais vous deux est-ce que vous allez bien ?

-On va bien kay…Répliquai-je.

-Soua yow tu sais bien qu’aucun homme ne te donne autant d’argent sans rien attendre en retour. Et même khana le gars, il sait pas que tu es mariée ?

-Je t’ai dit que c’est mon voisin, bien sûr qu’il sait.

-Teuss…Siffle Amina avant que mon portable sonne. Je vois le nom de Djily afficher. Je me rappelle que j’avais mis « Homme de ma vie » avant que tout ceci ne se produise. Je me demande encore comment ai-je pu être aussi niaise.

-Oui… Dis-je après avoir décrocher.

-Soua t’es où ?

-Je t’ai dit que j’allais chez Amina.

-Et maintenant tu attends quoi pour rentrer ?

-Je rentre à l’heure que je veux… Dis-je avant de raccrocher.

-C’était Djily ??? Demande Amina.

-Et qui d’autre ?

-Et c’est comme ça que tu lui parles ? Ah Soua t’as changé et tu vas à des extrêmes.

-Il faut accomplir ses devoirs avant d’exiger quoi que ce soit.

-Ah, il accomplit ses devoirs. Il a fait de son mieux pour te mettre dans un appartement et aux dernières nouvelles, tu manges toujours à ta faim.

-Amina toujours aussi Satan… Dis-je en me levant.

-Comme toujours le sénégalais n’aiment pas qu’on lui dise la vérité.

-Tu vas où ? Demande Seyni.

-Rentrer khana. Djogueleine guouguéma (Venez m’accompagner).

-On y va… Dit Amina en se levant… Mais attends le mariage de Daba c’est quand ?

-Dans trois semaines. Ça vous va ?

-Oui… Dit Seyni alors qu’Amina hoche la tête.

-Let’s go… Dis-je avant qu’on ne sorte.

Je passe par le salon pour dire au revoir, on me propose d’attendre le diner mais je décline l’offre poliment.

J’ai pris un taxi. Ça commençait à me manquer tout ça. Djily mome, il ne perd rien pour attendre.

*****

J’entre dans mon immeuble et je vois mon cher mari devant la porte de notre appartement.

J’ai du mal à déchiffrer l’expression de son visage. Je dirai que c’est un mélange d’angoisse et d’énervement.

Il fait un soupir avant de rentrer. Je le suis mais je l’ignore complètement.

Il va dans le salon sans me dire un mot et moi je vais dans ma chambre, me changer avant d’aller vers la cuisine pour me faire un diner vite fait. Je termine de préparer et je vais dans le salon avec mon assiette. Quand Djily me voit, il se redresse et s’installe plus près de la table. J’en déduis qu’il pense que l’assiette est pour lui. Je passe calmement derrière lui avant de me placer à quelques mètres. Au lieu de mettre l’assiette sur la table, je le mets sur mes genoux, pour lui montrer que ceci est pour moi.

Je commence à manger au moment où il me dévisage.

-Soua.

Je l’ignore.

-Soua… Insiste-t-il.

-Hum.

-Où est mon diner ?

-Dans la cuisine.

-Pourquoi tu me l’as pas ramené ?

-Pourquoi le ferai-je ? T’as bien 2 pieds et deux bras, non ?

-Bakhna (C’est bien)… Dit-il avant de se lever.

Djily revient avec son assiette et je continue de l’ignorer.

J’ai fini de manger alors je me lève pour aller en cuisine. J’entends mon portable sonner dans le salon.

Je ne m’inquiète pas jusqu’au moment où je repense au fait que c’est peut-être Momar et que Djily peut bien oser décrocher mon portable.

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