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Nous sommes arrivés chez Margot, une fille de ma classe qui fête ses dix huit ans. Elle habitait une grande maison, d'où sortaient et entraient pas mal de jeunes. Dont la plupart que je n'avais jamais vu. Il faisait encore bon pour la saison donc il y avait beaucoup de monde dehors dans le jardin. Je sens déjà que je vais bien m'amuser !

Margot m'a invitée seulement parce qu'elle a invité Mathilde. Par politesse. Ou par pitié, je ne sais pas. Comme je n'ai pas d'amis, je restais avec Mathilde et ses amis à elle. J'étais un peu comme un petit chien qui la suivait partout. Mais je voulais montrer que j'étais sociable et que la fille bizarre de la classe qui ne parlait que quand on lui posait une question sortait de temps en temps. Enfin, juste un minimum. Il ne faudrait pas exagérer.

Ça faisait à peine une heure que j'étais là et j'en avais déjà assez. Trop de monde, trop de musique. Je regardai mon portable et vis un message de Flo.

' Je suis à une soirée moi aussi et je m'ennuie. Je peux venir ? '

' Moi aussi je m'ennuie. Je ne connais personne et il y a trop de monde… '

Quelques secondes après l'envoie de mon message, je suis sortie de chez Margot puisque Flo me téléphonait et que c'était impossible de parler à l'intérieur de la maison.

- Ta soirée c'est vers chez toi ?

- Non c'est derrière le lycée pourquoi ?

- C'est où exactement ?

Pourquoi il veut savoir ça ? Il ne va quand même pas venir, si ? Non. Il a dit qu'il était à une soirée, alors c'est bon. Je lui répondit quand même malgré ma crainte qu'il puisse débarquer chez Margot.

- Juste à côté du parc.

- D'accord. Attends moi au parc. J'arrive dans vingt minutes !

- Quoi ? Non non je…

Il avait raccroché avant d'entendre ma réponse. Je m'étais donc trompée et il va arriver dans pas longtemps.

J'attendais sur un banc dans le parc depuis deux ou trois minutes quand je le vis arriver, un grand sourire aux lèvres. Il s'est assit et m'a embrassée rapidement.

- Tu n'étais pas obligé de venir tu sais, lui dis-je immédiatement.

- Tu veux que je m'en aille ?

- Non. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu étais à une soirée, il ne fallait pas te déranger pour venir jusqu'ici.

- C'est eux là-bas qui me dérangeaient, me sourit-il. Je préfère être avec toi, dit-il en m'embrassant sur la joue. Tu restes la nuit chez ta pote ?

Il s'installa, une jambe de chaque côté du banc pour me regarder, mais je continuais de fixer les jeux pour enfants qui étaient en face de moi.

- Ouais… Je sens que ça va être long, soupirai-je.

- Viens dormir chez moi alors, me proposa-t-il sans détour.

- Non.

- Toujours aussi directe, rigola-t-il. Pourquoi non ?

Je me tournai vers lui.

- Parce que je suis invitée et que ça ne se fait pas.

- Tu as juste à dire que tu ne te sentais pas bien ou quelque chose du genre. Tu m'as dis que tu te faisais chier et que tu ne connaissais personne.

- Et alors ?

- Tu t'ennuie encore plus avec moi en fait, c'est ça ?

Il me posa cette question en fronçant les sourcils et je crois que je l'ai blessé mais je ne veux pas dormir chez lui. Je sais ce que quelqu'un comme lui doit avoir derrière la tête en faisant une telle proposition.

- Ce n'est pas ça.

- C'est quoi alors ? insista-t-il.

- Je… Si je te le dis tu vas t'enfuir, avouai-je en observant mes mains.

Il s'approcha de moi et posa sa main sur les miennes.

- Je ne m'enfuirai pas, peu importe la raison. Mais si tu ne veux pas, ce n'est pas grave. On peut rester ici à discuter.

Je le regardai et il me sourit comme pour me rassurer.

Si je sors avec lui, il faudra bien que je lui dise un jour, et le plus tôt sera le mieux. On est ensemble depuis seulement quelques heures donc je vais lui dire maintenant, comme ça il saura à quoi s'attendre dès le début. Je ne vais pas le laisser espérer inutilement. Je pris une grande inspiration et plongeai mes yeux bleus dans les siens.

- Je n'ai jamais eut de copain et personne ne m'avait jamais embrassée. Je n'avais même jamais tenu la main de quelqu'un avant toi. Donc je te laisse facilement deviner la suite.

- Je vois, dit-il avec un petit sourire. Je me doutais un peu que c'était pour ça que tu ne voulais pas. Et si je te promet qu'on ne fera que dormir ?

Je secouai la tête et fermai les yeux.

- Tu ne comprends pas. Ce n'est pas seulement pour aujourd'hui que je te dis ça. On est ensemble mais pour l'instant je ne veux rien de plus. C'est déjà beaucoup pour moi en ce moment et je ne veux pas plus.

Il m'obligea à le regarder en amenant mon visage à hauteur du sien.

- Je ne te forcerai jamais. S'il te faut du temps, tu l'auras. J'attendrai, ne t'en fais pas pour ça. Je te le promet.

- Je me doute que tu ne m'obligeras à rien. Tu préfèreras juste partir après avoir trop attendu. Parce que tu seras obligé d'attendre un certain temps.

- J'attendrai.

- Combien de temps ?

Je lui posai cette question absurde alors que moi-même je ne pourrais pas lui répondre.

- Le temps qu'il faudra.

Il avait l'air sincère. Durant toute la conversation, je ne l'avais pas lâché des yeux. Et lui non plus. Au bout de ce qui me parut des heures, je baissai les yeux et regardai mes mains. Enfin, nos mains puisqu'il venait d'entrelacer nos doigts. Je sentais qu'il me regardais toujours. Il attendait ma réponse. Même si ce qu'il avait dit sonnait comme une vérité, j'avais peur de lui faire confiance. Pourquoi un mec comme lui m'attendrait, moi ? J'aimerais bien le savoir. Et si je ne voulais jamais ? Il tiendrait combien de temps ? Pas beaucoup, j'en suis certaine. Mais tant pis, je vais voir où ça va me mener.

- D'accord, lui dis-je simplement.

En guise de réponse, il mit sa main sur ma joue et m'embrassa. Doucement d'abord, puis j'ai sentis sa langue sur ma lèvre inférieure. Je fus un peu surprise sur le moment mais j'entrouvris ma bouche pour l'accueillir et suivre son mouvement. Un de ses mains caressait ma joue de son pouce, l'autre était posée sur ma cuisse. Pour ma part, je me savais que faire des miennes alors je les laissai là où elles étaient, c'est-à-dire, sur mes cuisses.

C'est étrange de dire cela si tôt, mais chaque fois que sa peau touche la mienne, chaque fois qu'il est près de moi, c'est comme si j'oubliais qui j'ai été. Comme si tout était effacé. Comme si j'étais une fille banale qui avait un copain. Comme si j'étais normale.

Je voulais que cet instant se fige dans le temps et ne s'arrête jamais, mais il interrompit ce moment magique et s'écarta de moi pour me regarder dans les yeux quelques secondes. Il colla son front au mien et ses lèvres restaient encore toutes proches des miennes. Je pouvais sentir son souffle chaud sur ma bouche avant qu'il ne me prenne dans ses bras.

Ça a été difficile mais j'ai réussi à la convaincre.

Vu la manière dont elle agit avec moi, ça ne m'étonne pas qu'elle n'aie jamais eu de copain et comme je lui ai dis, j'attendrai. Autant de temps qu'elle voudra. Ça ne m'est jamais arrivé d'avoir à attendre, mais pour elle, c'est différent. Je me suis déjà attaché à elle alors je ne veux pas lui faire de mal. Je ne veux pas qu'elle souffre davantage qu'elle n'a déjà souffert.

Après quelques minutes passées à discuter, Jess est retournée chez son amie pour prendre ses affaires et on est rentré chez moi à pied. Le trajet a été silencieux et ça ne me gênait pas. Je tenais sa main, on était tout les deux, il ne faisait pas trop froid et j'étais heureux. Tout simplement. J'ai l'impression que depuis que je suis avec elle, je suis différent. Même Thibault me l'a dit. Il a remarqué qu'il y avait quelque chose, alors je pense que je vais devoir lui parler très bientôt.

En arrivant chez moi, j'ai pris ses affaires et les ai emmenées dans ma chambre. Quand je suis retourné dans le salon, elle était en train de regarder un peu partout autour d'elle.

- Tu habites tout seul ?

- Ouais. Des fois il y a mon cousin qui passe quelques jours chez moi quand il se prend la tête avec mon oncle, ou alors mon meilleur ami quand il se fait chier chez lui.

-D'accord.

Je lui fis une rapide visite de l'appartement et comme j'avais faim, j'ai fais cuire des pâtes. D'habitude je cuisine mais là je n'avais pas du tout envie de faire quoique ce soit.

- Tu as tout le temps faim, remarqua-t-elle amusée.

- Ce n'est pas de ma faute. Il faut bien que je nourrisse mes muscles, lui souris-je.

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