Chapitre 4 Faire un choix
Après avoir travaillé toute la matinée et avec une gorge sèche, Bertille avait l’intention de se verser un verre d’eau, et quand elle est passée par le coin de l’escalier, elle a entendu par hasard deux domestiques parler secrètement d’elle.
— J’ai entendu dire que Capucine Sadoul est titulaire d’un diplôme de doctorat à l’étranger, non seulement elle est belle, mais elle est aussi une bonne danseuse et a remporté le championnat de ballet à la Cité J l’année dernière.
— Ah bon ? Et la femme que M. Mathurin a épousée, elle ne sait pas parler, et elle est lâche et docile. Il n’y a même pas eu de cérémonie de mariage avant qu’elle n’entre chez les Chéron, elle est vraiment indigne.
— Bien que M. Mathurin ait une cicatrice sur le visage, il est très compétent et riche, et une muette ne peut pas le mériter.
— Oui, c’est vrai. Et j’ai entendu dire que les personnes qui ne peuvent pas parler sont classées en invalidité de 3ème catégorie.
Invalidité de 3ème catégorie...
Les yeux de Bertille ont légèrement clignoté.
En fait, elle n’était pas née sans savoir parler, mais sa gorge avait été atteinte par un incendie lorsqu’elle avait dix ans, et son père ne voulait pas dépenser beaucoup d’argent pour l’envoyer se faire soigner à l’étranger, si bien que cela avait retardé le traitement.
Quand elle était jeune, elle ne comprenait pas pourquoi, mais ce n’était qu’en grandissant qu’elle s’était rendu compte qu’elle n’était pas une fille chérie qui avait grandi avec son père, mais plutôt une étrangère qui avait été ramenée chez les Sadoul.
Ainsi, ces commentaires n’affectaient en rien l’humeur de Bertille. Elle a souri sans se soucier de rien et était sur le point de se retourner pour partir quand soudain, une voix froide s’est fait entendre à l’extérieur.
— Qui vous a donné la permission de parler de la famille Chéron ?
Les deux vieilles servantes se sont immédiatement retournées et ont vu que Mathurin, dont le visage était sombre, les fixait avec un regard froid.
Les deux domestiques ont paniqué.
— Monsieur, nous avions tort ! Nous ne dirons plus de bêtises ! S’il vous plaît, pardonnez-nous !
Le visage de l’homme était toujours glacial et impassible. Médard Poussin, son assistant qui le suivait, est venu à l’avant et a dit aux deux domestiques :
— Vous n’avez pas besoin de venir demain.
Ces deux-ci sont instantanément tombées dans le désespoir.
Mathurin a soudainement regardé vers Bertille, a balayé d’un coup d’œil les taches sur ses mains et le tablier à sa taille, et a légèrement froncé les sourcils.
— Tu es ma femme, pourquoi fais-tu ces choses ?
Ce ton interrogateur a semblé un peu inexplicable à Bertille.
Il ne savait vraiment pas ce que Daphné avait fait ?
Voyant son silence, l’homme a froncé légèrement les sourcils.
— Il y a des domestiques à la maison, tu n’auras pas besoin de faire ces choses.
Bertille a hoché docilement la tête, sans rien montrer sur son visage.
Elle a enlevé son tablier, a posé son balai et s’apprêtait à monter à l’étage lorsqu’elle a jeté par inadvertance un regard aux deux vieilles servantes exclues, agenouillées sur le sol.
Le cœur de Bertille a légèrement vibré.
En fait, cet homme n’avait pas fait cela pour l’aider, mais pour sauver la face des Chéron.
Selon Bertille, l’histoire de Cendrillon n’existait que dans les contes de fées, donc elle ne s’est pas sentie reconnaissante envers l’homme pour cela, sinon ce serait trop bête.
Lorsqu’elle est retournée à l’étage, elle venait d’ouvrir la porte de sa chambre lorsque son téléphone portable a soudainement sonné.
Elle a vu que c’était l’appel de son père.
Après un moment d’hésitation, elle a appuyé sur le bouton pour répondre.
Ce qu’elle ne savait pas, c’était que Mathurin, en bas, a aussi reçu un SMS de Médard :
[ Les Sadoul ont appelé Mme Bertille. ]
Les yeux de l’homme se sont légèrement plissés et c’était difficile de lire l’expression sur son visage.
Bertille ne savait pas que son téléphone avait été mis sur écoute par Mathurin et écoutait tranquillement son père parler au téléphone.
— Bertille, j’ai besoin de ton aide pour une affaire urgente. Tu vas au bureau de Mathurin et tu prends des photos d’un contrat commercial marqué du mot « immobilier » en lettres rouges. Chaque page doit être photographiée, et fais attention.
Rodrigue le lui a dit facilement, mais ce n’était pas une mince affaire.
Alors Bertille est restée silencieuse pendant un moment et n’a pas répondu.
Rodrigue s’attendait aussi à ce qu’elle soit réticente, et avec une voix un peu plus froide, il a poursuivi d’un ton significatif :
— Je sais que tu es une bonne fille, n’oublie pas que ta grand-mère t’attend toujours.
Bertille a été choquée par les mots « ta grand-mère t’attend toujours ».
Sa grand-mère était toujours dans le coma à l’hôpital, et d’après ce qu’elle savait de son père, il ne se souciait pas vraiment de celle-là.
Bertille ne pouvait pas ressentir d’affection pour Rodrigue, un père aussi impitoyable avait déjà flétri son cœur, mais sa grand-mère était importante pour elle, alors elle ne pouvait pas ignorer sa vie.
Elle a déjà fait un choix quant à ce qui était le plus important.
Quand Bertille est retournée dans le salon, Mathurin partait avec son manteau, et avant de quitter la maison, il lui a jeté un regard profond.
Elle n’y a pas prêté attention et a attendu en silence jusqu’au soir.
Après onze heures du soir, tous les domestiques sont allés se reposer.
Bertille se tenait à la porte du bureau de Mathurin, et sa main était déjà sur la poignée de porte.