Chapitre 2 Humiliation délibérée

Après une nuit...

Bertille s’est réveillée, avec tous les membres endoloris.

L’homme n’était nulle part.

La seule chose qui restait dans l’air était une légère odeur de tabac dégagée par lui.

Le corps fatigué, Bertille est allée dans la salle de bain et a pris une douche. Quand elle est descendue, elle a vu une jolie femme d’âge moyen assise sur le canapé, les bras croisés, la regardant froidement.

Bertille avait vu cette personne sur la photo que son père lui avait montrée, et c’était la tante de Mathurin, Daphné Lortie.

Bertille avait entendu dire que Mathurin avait perdu ses parents quand il était jeune et qu’il avait été élevé par Daphné. Plus tard, le grand-père de Mathurin les avait réunis, Mathurin avait créé son empire commercial avec ses propres capacités, et il traitait toujours Daphné comme si elle était sa mère et était plein de respect et d’affection envers elle.

À ce moment, Daphné a toisé Bertille des pieds à la tête.

— Rodrigue est vraiment rusé et ne tient pas sa parole. Il savait que la personne que nous voulions était Capucine, mais il t’a mariée avec Mathurin, et tu es juste une muette. Pensez-vous que c’est une maison de refuge ici ? Je ne sais pas pourquoi Mathurin t’a autorisée à rester, mais puisque c’est le cas, tu ferais mieux d’être honnête et obéissante, et ne pense pas que tu peux profiter de ce mariage, nous ne sommes pas stupides.

— Bon, maintenant va cuisiner, puisque tu t’es mariée avec Mathurin, tu devrais être vertueuse !

Il était clair qu’il existait des domestiques chez les Chéron, mais Daphné a demandé à la jeune mariée de faire la cuisine.

Face au regard perçant de Daphné, Bertille a baissé les yeux.

Même si Daphné avait créé exprès des difficultés pour elle, elle ne pouvait pas résister pour le moment. Une femme sans pouvoir ni autorité comme elle n’était pas capable d’affronter ces gens, donc il valait mieux éviter tout ennui possible.

Bertille s’est retournée et est allée à la cuisine, c’était juste un repas, rien de grave.

Cependant, ses concessions n’ont pas été respectées, et Daphné l’a considérée naturellement comme faible, reniflant froidement et faisant une moue de dédain.

— Tu es vraiment une lâche !

Bertille a fait une pause, puis est partie comme si de rien n’était.

Peu après, Mathurin est rentré de l’entreprise, Daphné a souri et lui a dit que le repas serait bientôt prêt. L’homme a tourné la tête et a vu que Bertille était occupée dans la cuisine avec un tablier.

Il a froncé les sourcils.

En voyant cela, Daphné a expliqué avec un sourire :

— C’est elle qui a insisté pour cuisiner, je crois qu’elle veut qu’on goûte sa cuisine.

Mathurin a hoché la tête et n’a rien dit.

Bertille avait grandi avec sa grand-mère et savait faire toutes les tâches culinaires et ménagères, elle a donc rapidement préparé quatre plats et une soupe.

Les domestiques ont vu qu’elle était vertueuse et capable, mais ils n’avaient pas beaucoup de respect pour cette nouvelle maîtresse.

Aux yeux de tous, seules les personnes inférieures servaient les autres, et les gens supérieurs étaient ceux qui étaient servis.

Pendant le repas, tout le monde, y compris les domestiques, a concentré son attention sur Mathurin, traitant Bertille comme si elle n’était rien. Et cette dernière n’était pas à l’aise, alors pour éviter cette situation, elle a mangé quelques bouchées, leur a fait un signe de tête et s’est levée pour aller à l’étage.

Après le départ de Bertille, Daphné a fait la moue, mécontente.

— Quelle grossièreté, elle peut être si arrogante juste parce qu’elle est muette ?

Mathurin n’a même pas levé la tête, il a juste pris un document et l’a feuilleté.

Voyant qu’il ne répondait pas à ses mots, Daphné a roulé des yeux et elle a ajouté :

— Mathurin, les Sadoul sont vraiment audacieux, et ils ont osé marier une muette avec toi. Ils veulent même que tu finances leur entreprise, je pense que c’est un rêve !

Daphné connaissait les capacités de son neveu et savait que la famille Sadoul ne pouvait pas profiter de ce mariage, mais elle est juste un peu malheureuse en pensant que les autres dames riches se moqueraient inévitablement d’elle lorsqu’elle les rencontrait, puisque Mathurin avait épousé une muette.

Mais Mathurin n’a toujours rien dit, sans expression.

Voyant qu’il ne voulait manifestement pas parler de ce sujet, Daphné a souri avec complaisance et a dit :

— Victor a fini ses études de médecine aux États-Unis et il va bientôt revenir après tant d’années, comment peut-il accepter d’avoir une muette comme sa belle-sœur ? Ça va faire rire les gens. Au bout d’un moment, tu te débarrasseras de cette muette, et je vais te trouver une autre épouse, d’accord ?

Mathurin a finalement réagi cette fois-ci, la regardant sans expression.

— Je sais comment régler ça, alors ne t’inquiète pas.

Son ton froid et détaché a fait que l’expression du visage de Daphné s’est figée.

Après le départ de l’homme, Natacha, une domestique derrière Daphné, s’est avancée et l’a réconfortée à voix basse :

— Madame, M. Mathurin a dit cela parce qu’il avait peur que vous soyez inquiète, alors n’y pensez pas trop.

Daphné a soupiré avec un visage triste :

— Comment puis-je ne pas trop penser ? Depuis que Mathurin a été sauvé des trafiquants, il a beaucoup changé, il n’est plus aussi accessible que lorsqu’il était enfant. Et bien qu’il me traite bien tout le temps, je sais qu’il m’en veut. Si je n’avais pas été négligente, il n’aurait pas été enlevé par les trafiquants et n’aurait pas tant souffert.

La bouche de Natacha s’est ouverte, mais elle ne savait pas quoi dire. Mathurin était invincible dans le monde commercial depuis plus de dix ans, mais il était devenu de plus en plus froid et indifférent, il n’était donc pas étonnant que Daphné y ait trop pensé.