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CHAPITRE 1

Ce matin-là, l’air était frais et doux. Sortir de ma chambre me causait beaucoup de peines et de paresse. J’avais la paresse, oui, la paresse. Pourtant, je devrais me rendre à l’école dans les prochaines minutes.

À la pendule murale, il tanguait déjà être neuf heures. Or, comme d’habitude, il me fallait au moins quinze minutes de marche pour affronter le seuil de mon école. Pour aller à l’école, il me fallait forcément un louvoyage.

Ce matin, pendant que j’étais encore dans mon lit pensant à la marche routinière qui m’attendait encore, j’entendis : « Octavia, je croyais que tu avais cours ? ».

Cette voix ne me parut guère étrange. C’était une voix que je reconnaissais bien. Comment ne pas reconnaître la voix de celle qui m’a gardée dans son sein pendant neuf mois ? C’était ma mère.

– Oui maman, soupirai-je depuis ma chambre avec mon drap enroulé autour de la taille.

– Et pourquoi tu es encore dans la chambre ? Ou ne sais-tu pas que le temps passe ?

– Oui maman, je m’apprête déjà, lui mentis-je pour éviter sa colère.

Je sortis en effet de ma chambre et me dirigeai dans l’arrière-cour de ma chambre.

Dans la maison, j’avais ma chambre personnelle. Dans cette chambre, il y avait de tout. Presque tout. J’avais des divans bien luxueux. J’avais un poste téléviseur écran plasma qui était enfoncé dans le mur avec un appareil décodeur. Un ventilateur-brasseur était pointé au plafond. Puisque mon père était bien riche, il avait orné ma chambre de tout. Sur l’armoire, était positionné un gros appareil amplificateur. Ma chambre était peinte de vernis. Le sol était bien carrelé. Les fenêtres étaient toutes en vitres. De l’intérieur, je pouvais voir tout ce qui se passait dehors même lorsque les vitres sont fermées. Certes, ceux du dehors ne pouvaient ni me voir ni voir ce que je fais à l’intérieur de ma chambre.

J’étais la benjamine de ma fratrie et je n’avais que seize ans. Avec ma taille élancée, j’étais comparable à une grande fille d’une vingtaine d’année. Aussi, en matière de corpulence, j’en étais la plus dominante de ma famille. Mes parents étaient riches et je mangeais à ma faim comme j’en voulais. Je mangeais et buvais comme cela me convenait.

Je n’étais pas obèse. J’étais juste un peu grosse. Pas trop grosse en tout cas. Mais je suis entre les deux. Mais rien ne me manquait. J’étais embonpoint. Mes camarades me rendaient visite trois à quatre fois par semaine. Ils venaient parce que je leur donnais tout ce dont ils en avaient besoin. Ils mangeaient excessivement. À la fin du repas, chacun faisait de ma chambre, ce qu’il voulait. Papa et maman n’étaient pas de mauvais sang. Ils ne sont pas des parents qui détestent voir les copains et copines de leurs enfants. Dans ma famille, il y avait de la tolérance.

En effet, ce matin-là, je me suis rendue au cours comme d’habitude. Très souvent, maman me donnait comme conseil de faire beaucoup attention à la mauvaise compagnie. Suite aux conseils de ma maman, je me méfiais et faisais tout de mon possible pour éviter la mauvaise compagnie. À l’école, j’essayais de rester un peu distant de certaines copines, surtout de celles qui aimaient trop se laisser à la traînée des jeunes garçons. Si je me méfiais de ça, c’est parce que j’avais pris bonne note de ce qui était arrivé à ma grande sœur lorsqu’elle était tombée grosse sur les bancs. Ma grande sœur en question était en classe de terminale lorsqu’un jour, elle avait fait comprendre à maman qu’elle avait manqué ses menstrues.

Papa, aussi gentil qu’était-il, sous l’effet d’une grande colère, l’avait exclue des bancs. Ma grande sœur Stella avait donc fait ses adieux aux portes scolaires. Alors, pour ne pas avoir ce même problème dans ma vie, je m’étais fait une promesse, celle d’éviter de tomber dans le même pétrin.

Ce matin-là, après m’être rendue à l’école, j’ai surpris ma copine Aline en train de bouffer une longue banane. Mouais ! J’aimais trop les bananes. Surtout leurs odeurs, elles m’attiraient beaucoup. Ce faisant, j’adore trop les manger. Même lorsque je vois mon ennemi en train d’en consommer, je lui en demande et tant pis s’il m’en donne. Je suis très souvent excitée par son odeur.

Alors, de la porte de la salle de classe, je lui lançai :

– Ma chère, gare à toi si tu finis ces bananes avant mon arrivée à ta place !

De sa place, elle me sourit et je me dépêchai de peur qu’elle n’en finisse. Il lui restait encore deux et je voulus les lui arracher mais elle s’y interposa.

– Non, tu ne peux pas me prendre toutes les deux, tu as droit à une seule.

– Mon amie, tu en as déjà mangé assez ; laisse-moi celle-ci ! Et d’ailleurs, tu sais très bien que j’adore les bananes. Alors, laisse-moi les deux et viens prendre de l’argent pour aller en acheter encore, lui dis-je pour la calmer parce que je lui avais déjà arraché toutes les deux.

À contrecœur, elle me dit, « non, garde l’argent et à la sortie, on ira acheter ça ensemble ».

J’empochai mes deux pièces de deux cent francs. J’épluchai une des bananes que je commençai à croquer coûte que coûte. Au bout de deux minutes, je finis les deux bananes.

– Tout est fini dans ton sac ? lui demandai-je.

En réalité, les deux ne m’avaient pas suffi. Le goût était trop appétissant et beaucoup différent des autres que j’en mangeais d’habitude.

– Franchement, le goût est trop bon ! lui murmurai-je.

– T’inquiète ! On en achètera à la sortie des cours. Sinon voilà le professeur qui arrive déjà.

– Oui, c’est vrai, lui susurrai-je, déçue.

Après l’entrée de notre professeur de Mathématiques dans la salle de classe, je tapai sur la table et tous mes camarades et moi nous levâmes. Après la salutation à l’adresse de ce dernier, nous nous assîmes. Nous fîmes cours pendant deux heures de temps et il sonna enfin midi, l’heure de la fin des cours de la matinée.

– Bien, Aline, est-ce qu’on peut aller acheter les bananes-là maintenant ?

– C’est dans mon quartier que je les ai achetées, je ne sais pas si celles de ce quartier seront similaires à celles que nous avons mangées, me répondit-elle, sereine.

– Dans ce cas, tiens l’argent et en venant le soir, achètes-en et apporte.

– D’accord !

Ma copine me saisit l’argent et nous nous séparâmes. Chacune de nous prit la direction de sa maison.

– Gare à toi si tu oublies, lui lançai-je.

– T’inquiète, tu les auras ce soir, me promit-elle, tout sourire.

***

De mon retour à la maison, je ne faisais que penser à ces bananes qu’allait m’apporter ma copine à quinze heures. Toutes mes idées s’étaient focalisées sur ces fruits de bananes.

Il était enfin quatorze heures. J’avais tellement hâte de voir à mes yeux, ces bananes que j’avais commandées. Je m’étais apprêtée sans même goûter au repas que m’avait servi ma mère. Je n’avais pas l’appétit en réalité.

Je m’étais rendue à l’école et là-bas, je guettais avec impatience l’arrivée de ma copine. À chaque seconde, je jetais de clin d’œil à ma montre-bracelet comme quelqu’un qui s’impatientait du vol. Le temps filait et Aline ne venait pas. La sirène avait enfin sonné quinze heures. Et jusque-là, ma copine ne venait pas or elle n’aimait jamais manquer les cours.

Mais pourquoi avait-elle manqué les cours de ce soir ? Était-elle venue en retard ? Serait-elle en effet derrière la clôture de l’école ?

J’étais à bout de patience. Le cours de français que je devrais suivre, je ne lui prêtai aucun intérêt.

La journée du lundi n’était pas trop chargée en fait. On venait à dix heures et rentrait à midi. Le soir, on venait à quinze heures et retournait dans nos maisons à dix-sept heures. Voilà que je ne connaissais ni le quartier où habitait ma copine ni la voie qui menait chez elle. Et d’ailleurs, même si j’avais les références de ses coordonnées résidentielles, allais-je lui rendre visite à cause d’une simple histoire de banane ? J’avais tellement soif de croquer à nouveau ces bananes mais puisqu’elle s’était absentée, j’avais été obligée de prendre mon mal en patience.

De mon retour à la maison, je me souvenais encore du goût de ces fameuses bananes que j’avais mangées le matin. J’avais encore envie de les manger de nouveau.

Et pour diminuer cette envie inqualifiable, j’avais pris un billet de cinq cent francs et étais allée m’acheter de sucette dans la maison d’à-côté. J’avais acheté un jus d’orange juste pour calmer ma soif. De mon retour à la maison, je l’ai versée dans un bol et l’ai portée à la gorge.

Pensant toujours à cette banane, l’appétit m’avait faussé compagnie et je m’étais endormie sur mon jus d’orange. Le sommeil, au bout de quelques minutes, m’avait absorbée. Je m’étais endormie ventre creux.

***

Une heure du matin.

Je ne pouvais dire avec exactitude, ce qui m’avait réveillée réellement de mon profond sommeil. Lorsque je me suis réveillée, je me suis assise au bord du lit et pensais aux devoirs qui s’annonçaient dans quelques semaines lorsque tout à coup, je fus surprise par quelque chose de très étrange. Il s’agissait d’une silhouette d’homme. C’était bien un visage que je reconnaissais. Je m’étais mise à me frotter le visage me croyant au nez d’un cauchemar. Prise de peur, je m’écriai :

– Aline, d’où viens-tu et que cherches-tu dans ma maison à cette heure tarde de la nuit ? Et comment es-tu arrivée à pénétrer ma chambre bien que les portes soient fermées ?

Ma copine me regardait et souriait narquoisement. De sa voix forte, Aline riait. Je me demandais intérieurement et étonnement si ses rires ne perturberaient pas le sommeil de mes parents qui dormaient à poing fermé dans leur chambre respective.

– Octavia, suis-moi ! finit-elle par lâcher.

Une grande peur me chatouilla le cœur.

– Pour aller où ? lui demandai-je.

– Lève-toi et suis-moi ou bien tu n’entends pas ? reprit-elle, ferme.

Troublée et confuse, je lui demandai où est-ce qu’elle voulait m’emmener ?

– Obtempère d’abord, me répliqua-t-elle.

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