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CHAPITRE 5

C’était vrai, il avait raison. Comme ça, je pourrai savoir d’où allaient venir les éventuels problèmes.

– Si ça ne te dérangerait pas !

Mon interlocuteur baissa la tête et la releva.

– Sans te mentir, je ne peux pas vivre une seconde sans ta présence dans ma vie.

– Moi non plus. Dans ce cas, essayons de gérer ça à notre gré. Dorénavant, je me ferai un acolyte. Ce dernier t’apportera mes missives. Plus clairement, nous allons dorénavant nous communiquer via des lettres écrites pour éviter toutes éventuelles crises.

– Belle idée ! Faisons comme ça.

– Pas de souci. Laisse-moi maintenant m’en aller.

– D’accord.

Bruno me céda le passage. J’abandonnai mon interlocuteur tout en pressant les pas.

Quelques minutes après, je réussis à affronter le portail de ma maison. Une fois arrivée sur le portail, je commençai à me demander ce qui se passerait.

Bref, dans la maison, j’étais traitée telle une domestique. À moindre petite erreur, c’étaient des coups par ci et par là. Je fis mine à ces coups qui m’attendaient puis appuyai sur le poignet. Je jetai un clin d’œil dans la cour. À ma grande surprise, je vis la voiture de mon père garée.

« Quel dommage ! » m’écriai-je, impuissante.

Voyant cette voiture, je refermai calmement le portail et me plongeai dans un grand souci. Je me voyais en pleine correction.

Certes, une voix commença à me parler intérieurement. Celle-ci me conseillait de résister. Elle me disait que je n’allais pas mourir ou même si je mourais, que je n’avais fermé que ma fosse qui m’était déjà ouverte depuis mon premier jour dans ce monde.

Sur ce, je ne perdis plus espoir et me dirigeai dans la cour après avoir poussé le battant. Toute désarmée et abattue, j’atteignis le seuil du salon avec le cœur qui battait la chamade.

Quelle sera la réaction de mes parents lorsque je leur tiendrai informés de ce qu’avait dit mon surveillant ? Me frapperont-ils ? Me pardonneront-ils ? De quoi me traiteront-ils ?

Je fus emportée par l’embrouillamini. Dans mon crâne, j’étais troublée. Tantôt, je voyais papa et maman surgir sur moi, en train de me bastonner de toutes leurs forces. Tantôt, je me voyais me tordre de douleurs. J’étais triste et ne savais qui appeler à mon secours.

– Pourquoi es-tu revenue sans ton sac ? me demanda soudainement une voix.

Je sursautai enfin de ma rêverie et me rendis compte qu’il s’agissait de mon père.

Des larmes commencèrent aussitôt à se former dans les coins et recoins de mes yeux. Pour ne pas manquer du respect à mon père en me taisant pour longtemps, j’essayai de lui répondre.

– Papa, j’ai été renvoyée des cours.

Bien qu’il eût vu la blessure qui était calée à mon front, il ne me demanda même pas son origine ; il s’en foutait.

– Et pour quelle raison ? reprit-il d’une voix autoritaire.

Ne suis-je pas encore foutue ? Or, dans ma maison, le sale comportement le plus interdit et le plus impardonnable était le mensonge.

Alors, je me demandai intérieurement s’il fallait que je mente pour éviter les coups de bastonnades que de dire la vérité. En ce moment, seul Dieu pourrait me sauver de ce qui m’attendait. Mieux valait dire la vérité pour ne pas empirer les choses.

À cet effet, je fus obligée de dire la vérité en murmurant entre les dents « c’est parce que je me suis disputée avec ma copine de table. »

Mes parents, sans même chercher à connaître qui d’entre ma copine et moi avait raison, m’ordonnèrent à ce que j’enlevasse ma tenue kaki et que je m’agenouillasse.

Ce fameux jour, seule la mort avait refusé d’accueillir mon âme. Mes parents se mirent à me botter des coups de ceinture. Papa me frappait à la ceinture pendant que ma mère me donnait des gifles çà et là à chaque fois que je haussais la voix. Je criais pensant avoir un quelconque secours mais hélas.

Quel dommage m’étais-je fichu ?

***

Je ne savais plus ce qui se passa par la suite que lorsque je finis par ouvrir les yeux dans un centre de santé. Quand je repris connaissance, je découvris des plaies presque partout sur mon pauvre corps.

Si seulement je pouvais mourir pour me réincarner dans une autre famille, ça me ferait beaucoup plaisir.

Les soins durèrent environ quarante-huit heures. Deux jours après mes traitements, je fus conduite à l’école par ma maman. Elle était une douanière qui, après trente-trois ans de service, était admise à sa retraite.

Maman et moi nous rendîmes dans mon collège qui était situé dans un coin de la ville de Porto-Novo. Une fois arrivée dans le grand complexe scolaire, elle et moi nous dirigeâmes vers un bâtiment au chevet duquel était écrit en grand caractère, ADMINISTRATION. Nous allâmes ensuite directement en face du bureau du surveillant et nous arrêtâmes.

Ma mère clapota les paumes de la main. Quelques instants plus tôt, vint à notre rencontre le surveillant.

– Bonjour monsieur, commença ma mère.

– Oui bonjour madame, que puis-je pour vous ?

– C’est ma fille qui est venue nous faire part de sa suspension des cours.

– Grâce est votre fille ?

– Oui, monsieur !

– Et pourquoi vous n’êtes pas venue écouter ce qu’elle a fait depuis que nous l’avions renvoyée ?

– Au fait, c’est une fille très têtue. Son père et moi, l’ayant vue ce jour où vous l’aviez renvoyée, on avait deviné qu’elle avait déjà commis encore une grave erreur. C’est alors que quand nous l’avions interrogée, nos intentions s’étaient avérées vraies. Comme nous lui avions demandé ce qu’elle a pu faire pour être suspendue des cours et qu’elle nous l’avait certifié, son père et moi nous sommes jetés sur elle et l’avions frappée au point où elle est tombée évanouie et nous l’avions admise à l’hôpital. Ce sont les traitements qui ont coûté des jours, voilà pourquoi nous ne sommes pas venus à temps.

Ma mère n’avait même pas honte. Elle parlait sans vergogne aucune.

– Puis-je connaître la raison pour laquelle vous l’aviez tous les deux frappée jusqu’au point où elle se soit retrouvée dans un centre de santé ? répartit l’homme.

– C’est à cause de ce qu’elle a fait en classe.

– Que savez-vous qu’elle ait pu faire, madame ?

Ma mère demeura silencieuse.

– Non mais répondez-moi ! Vous savez, madame, évitez ces comportements à l’égard de vos enfants. C’est nous les membres de l’administration qui l’avions renvoyée et lui avions demandé d’aller appeler ses parents. La première des choses qu’il fallait faire, c’est de venir entendre le motif avant de lui appliquer n’importe quelle correction. Je n’ai pas du tout digéré votre réaction. Regardez le front de la fille avec des blessures un peu partout ; regardez ses pieds ; regardez son bras gauche ! C’est ça vous appelez éducation ? Cette réaction, c’est de la méchanceté pure. Laissez les enfants en paix.

Le surveillant exprima son mécontentement pendant une dizaine de minutes et sans plus chercher l’avis de ma mère, me fit un papier et m’ordonna à regagner la classe. Je pris le papier et disparus des lieux en laissant dans mon dos, ma mère et le surveillant.

À mon arrivée en classe, j’aperçus Vanessa à sa place habituelle recopiant les cours d’anglais. Tous mes condisciples se mirent à me regarder comme si j’étais une nouvelle élève.

***

Nous étions en mois d’avril. Ce quatrième mois de l’année était celui dans lequel on programmait les derniers devoirs surveillés.

Bientôt, le mois de mai.

En début mai, nous fûmes soumis à de différentes épreuves de test. Nous composâmes selon les critères requis. Au départ, ce furent les élèves des classes de la troisième, seconde, première et terminale qui composèrent dans la même période. Ensuite, vint le tour des élèves de la sixième, cinquième et de la quatrième.

Je faisais partie du deuxième lot. Bruno, quant à lui, était du premier.

Quelques semaines après les compositions, c’était le calcul des moyennes. Les résultats de ces calculs étaient ensuite reportés dans de gros cahiers appelés cahiers de notes.

Au cours de cette période, une grande joie m’avait égayée car, j’avais obtenu une meilleure moyenne comme d’habitude et qui allait me permettre à faire la troisième l’année qui allait suivre. Quelques minutes plus tôt, on calcula celle de Vanessa aussi. Elle avait, grâce à son travail acharné, obtenu sa moyenne. La quatrième était difficile disaient nos amis mais ma copine et moi eûmes la chance de nous en sortir. Ma joie était grandissime du fait que Vanessa ait aussi obtenu la moyenne bien qu’elle et moi n’étions pas de bonne entente.

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