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ÉPISODE .03

Le matin, mon réveil sonne et j'entends Jordan et Louka grogner.

- C'est quoi cette musique pourri, me demande Jordan en grognant et en se frottant les yeux.

- Mon réveil, je vais courir, recouchez vous, lui répondis-je.

- Faut pas me faire prier, dit Louka.

Je les laisse dormir, prends mes vêtements et sors de la chambre. J'enfile mon jogging et mon t-shirt dans la salle de bain, me fais un queue de cheval, branche mon téléphone pour la musique et pars de la maison. Je vois Éclair accroché avec sa laisse dans la cuisine. Il me fait des yeux doux et je décide de ne pas le laisser là.

- Bon, viens avec moi, lui lancé-je.

Je prends sa laisse, la tient dans ma main et commence à courir. Il suit mon rythme, et parait vraiment heureux. Il ne m'en faut pas plus, et un grand sourire se colle sur mon visage. Éclair est vraiment parfait, il aboie quand une voiture arrive et m'amène sur le bord pour éviter que je me fasse écraser.

Au détour d'un virage, je vois une voiture, roulant à toute allure, foncer directement dans le fossé. Je prends mon courage à deux mains et me dirige vers l'accident accompagnée par Éclair. Je vois un homme qui a été éjecté de sa voiture. Il est sur le dos, et paraît inconscient.

- Monsieur, monsieur. Si vous m'entendez, bougez un doigt, un oeil, un membre de votre corps, dis-je de ma voix la plus rassurante et assurée possible.

Je me sers des cours de premiers secours que j'ai suivi l'été dernier. Je le mets dans la Position Latérale de Sécurité et regarde si il y a d'autres personnes. Je découvre une femme qui hurle. Merde ! Il faut faire quoi quand la personne est consciente ?

- Madame, madame, est ce que ça va ? demandé-je pour lui montrer que je suis là.

- Mon bébé, mon bébé, mon bébé, mon bébé, hurle t-elle en pleurant.

- Calmez vous, je vais appeler les secours.

Je regarde rapidement la voiture et vois de qui elle parle, un bébé plein de sang sur la banquette arrière. Je prends mon téléphone et compose le numéro de téléphone dont j'ai eu du mal à me rappeler.

- Bonjour, vous êtes bien sur le service de secours, dit une voix féminine.

- Je vous en pris, venez m'aider ! Je sais pas quoi faire, ils vont tous crever, hurlais-je en perdant mon sang froid.

- Calmez vous madame, qu'est ce qui se passe ? Racontez moi.

- Je faisais un footing, quand une voiture me double à toute allure et elle a finit dans le fossé. Je suis allée voir et j'ai vu un homme éjecté. J'ai suivi des cours de secourisme du coup je l'ai mis en PLS car il était inconscient.

- C'est très bien. Où êtes vous ?

- Et puis j'ai vu une dame consciente elle, et je ne sais plus quoi faire. En plus elle hurle : « mon bébé, mon bébé, mon bébé » depuis un bon moment, et il y a un bébé en sang sur la banquette arrière. Je vous en pris, venez m'aider.

- Où êtes vous madame ?

- En Bretagne, je dirais à 15 kilomètres de Roscoff en direction de la Falaise-Nord.

- Bien, j'envoie une équipe qui arrivera bientôt. Restez près de la voiture mais ne touchez à rien. Je reste en contact avec vous.

- Merci.

Après cet appel, je vois que la femme s'est calmé et elle me fixe.

- Vous ! Sauvez mon bébé, sauvez le, il va mourir, me hurle t-elle.

- Calmez vous, il va bien, les secours arrivent.

- Les secours ne vont rien pouvoir faire si il est mort !

- Il va bien, il ne va pas mourir.

Je dis ça sans vraiment savoir si il survivra. Il a l'air d'être en mauvais état et j'ai peur qu'il ne tienne pas. Les secours ne tardent pas et je raccroche avec la dame des secours. Ils veulent m'emmener mais je refuse en donnant comme prétexte que mes parents vont s'inquiéter. Mais j'ai peur. Peur d'être seule avec la femme qui risque de perdre son enfant. Peur d'être seule avec le mari inconscient.

Je laisse mon numéro de téléphone et rentre en courant du plus vite possible à la maison. J'ai le visage blanc et une envie de vomir et même Éclair semble comprendre que ce que nous venons de vivre est grave. Je passe par l'arrière de la maison pour rejoindre la table du petit déjeuner dans le jardin. Tout le monde rit, mais quand ils voient ma tête ils se taisent.

- Ça va Aline ? demande mon oncle d'un air inquiet, énonçant à voix haute la question que tout le monde se pose intérieurement.

Je secoue la tête et raconte l'histoire. Les adultes sont choqués, mais paraissent fiers de moi. Je demande à changer de sujet, et mon oncle me propose de lui montrer mes progrès en boxe. J'ai découvert ce sport grâce à lui, et il veut constamment voir mes progrès. On était allé voir un match et j'avais adoré. J'ai pris un cours et j'ai de suite accroché avec ce sport. Du coup il adore me voir boxer, et il assiste à tous mes exploits.

- Tu as appris quoi depuis cet été, me demande mon oncle.

- À me défendre contre deux adversaires, lui répondis-je.

- Eh bien, pourquoi pas contre Jordan et Louka ? Ils ont la même carrure.

Ils ont l'air de comprendre l'idée qui me passe par la tête car tous les deux secouent négativement la leur. Dommage pour eux que je ne leur laisse pas le choix.

- Je peux mettre un casque ? demanda Louka.

- Pourquoi, lui dis mon oncle.

- Je ne veux pas abîmer mon beau visage.

- Quel beau visage, dis-je en me moquant de lui.

- Je vois qu'on a pas le choix, rajouta Jordan.

- C'est exact, dis-je le sourire au lèvre, essayant d'oublier la dernière heure.

Ils se résignent et s'installent en face et derrière moi. Parfait. Ils jettent un poing tout les deux en même temps. Je me baisse, et m'allonge sur le sol. Louka s'accroche de toutes ses forces à mes chevilles et menace de les broyer. Les images de la voiture s'écrasant dans le fossé me reviennent à l'esprit. Jordan fait de même avec mes poignets. Les cris de la femme résonnent dans mes oreilles. Je me tortille pour essayer de me libérer. Le sang qui macule le corps du bébé et ses pleurs incessants ne me quittent plus.

- Concentre toi sur le combat, m'ordonne mon oncle en écho à mes pensées.

Le combat. Je dois les mettre au tapis.

- Eh ben dis donc ma vieille, il y a des progrès à faire, ricana mon cousin.

- Ne parle pas trop vite, lui répondit mon oncle.

Mais c'était trop tard. Jordan ayant relâché la pression sur mes poignets je me retourne sur moi-même et donne un coup de pied dans le ventre de Louka qui tombe au sol. Je mets un poing dans le ventre de Jordan et m'avance sur Louka qui s'est relevé, je vais pour lui mettre un coup à la tête quand je sens la présence de Jordan dans mon dos et lui donne un coup de coude dans la mâchoire. Il recule et je frappe de mon poing le plus rapidement possible sur la tempe de Louka afin qu'il tombe à terre. Je pose un pied sur son torse, et pose mes mains sur le cou de Jordan qui se tient toujours prostré sur le sol.

- Fin du jeu, annoncé-je avec une pincé d'euphorie.

- Bravo Aline ! Tu peux les lâcher maintenant, dit mon oncle.

Je les laisse et m'allonge immédiatement sur le sol. J'avais raison car ils se tapent l'un contre l'autre en essayant de m'avoir. Ils abandonnent après cet échec.

- Tu n'y vas pas à moitié dans tes coups, se plaint Jordan.

- J'aime pas les films d'horreurs, lui répondis-je.

- Tu as beaucoup progressé depuis la dernière fois, dit mon frère.

- Tu l'aurais vu si tu étais venu me voir à mes compétitions, lui répondis-je en m'énervant au quart de tour.

- Tu sais bien que j'étais occupé !

- Occupé oui, avec des filles.

- Bon on se calme les gars, dit Jordan en essayant d'éviter la dispute qui était quant à elle, inévitable.

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