ÉPISODE .02
- Éclair ! Laisse Aline respirer voyons ! Elle vient à peine d'arriver, s'exclame mon oncle à l'intention de leur chien qui n'en fait qu'à sa tête.
- Coucou toi ! Comment ça va mon beau, hein ? Je t'ai manqué ? Oui oui, je suis bien là, ne t'inquiète pas ! Et si tu allais voir quelqu'un d'autre pour lui souhaiter la bienvenue, non ? Pourquoi pas Louka par exemple ?
J'adore les animaux et c'est réciproque. J'ai toujours voulu un animal de compagnie, de préférence un chien. Malheureusement, un chien dans un appartement parisien serait malheureux, comme me répète souvent ma mère. Alors j'ai abandonné l'idée. Je suis peut-être en adoration devant les animaux mais je ne veux que leur bonheur. Je prends alors Éclair par le collier et le met devant la porte de Louka. Il ouvre sa portière -encore dans le gaz-, sort puis voit Éclair. Il recule mais ne peut s'appuyer que sur la voiture. Je lâche Éclair qui se rue sur lui pour lui souhaiter la bienvenue.
- Aline, hurle Louka avec peur.
- C'est bien moi, je suis heureuse de savoir que tu connais mon nom. Bon j'y vais moi.
Je me dirige vers la maison et dit bonjour à mon oncle qui a suivi l'ensemble de la scène des yeux.
- Comment va ma nièce préféré, demande t-il.
- Ta nièce préféré ? C'est tellement facile de dire ça quand tu n'en as qu'une, m'exclamé-je en faisant semblant de m'offenser. Mais j'apprécie l'attention. Écoute je vais bien, et toi ? Comment te portes-tu ?
- Très bien, et je rigole bien sûr, ce n'est pas parce que j'ai que toi que je ne peux pas te préférer.
- Je ne suis pas certaine d'avoir compris, dis-je en éclatant de rire.
Il rit avec moi avant de se calmer :
- Je crois que tu devrais endurcir notre petit Louka. Éclair n'est pas une mauvaise bête pourtant. Je ne vois pas ce qu'il lui trouve.
- J'ai essayé, mais il reste très peureux quand il s'agit des chiens. Et attention, je ne peux pas parler de ça à ses amis sinon il va se faire charrier, m'exclamé-je en imitant du mieux que je peux la voix de mon grand-frère. Je pose mes affaires dans l'entrée et je vais l'aider.
J'entre dans la maison qui est silencieuse et en ressors pour aller aider l'incapable qui me sert de frère. Il est toujours contre la portière et Éclair se frotte contre ses jambes, comme s'il souhaitait un câlin.
- Oh ! T'es trop mignon Éclair, viens voir Tata Aline, dis-je.
- Enlève moi ce chien de suite. Il va me faire mal, me crie Louka.
- Qu'est ce que je fais imbécile ? De toute façon Éclair ne ferait pas de mal à une mouche. Il n'a jamais fait mal à personne.
- On ne sait jamais ! Eh, attends, c'est moi que tu traites d'imbécile ?
Je rigole et attrape me chien par le collier. Louka se décolle de la voiture et en profite pour rentrer dans la maison. Je le suis et quand je rentre, j'y trouve ma tante. Elle est plus jeune que ma mère, mais la fatigue s'accumule sur son visage et sous ses yeux. Elle est vêtu d'un tablier blanc tâché de sauce tomate qui est noué autour du cou et elle s'essuie les mains sur un torchon.
- Aline, comment vas-tu ma belle, me demande-t-elle.
- Tout va bien et toi ?
- Très bien, ne t'inquiète pas pour moi. Tu ne peux pas savoir à quel point Lucie à hâte de te voir. Elle ne parle que de toi depuis des jours.
Comme si elle souhaite prouver sa remarque, j'entends Lucie crier mon nom et descendre les escaliers en courant. En allant trop vite, elle finira par tomber un de ces jours.
- Aline, crie Lucie.
J'ai juste le temps d'ouvrir mes bras, qu'elle me saute dessus. Elle me fait un gros câlin et descend finalement de mes bras quelques instants plus tard. Elle se dirige vers Louka, le prend dans ses bras et dit bonjour à mes parents. Elle ne fait que serrer la main de Logan qui s'en contre fiche.
- Max ! Pourquoi vous avez changé le code wifi, hurle t-il.
- Logan ! T'es enfin arrivé ! Je t'attendais pour jouer à mon nouveau jeu de guerre sur PC, tu vas adorer ! Montes, lui répond Maxime.
Je vois maman et tante Agnès faire une tête de six pieds de long. Elles doivent en avoir marre qu'ils passent leurs temps sur les jeux vidéos.
- Jordan ! Jordan ! Descends ! Y a Aline et Louka, crie Lucie à travers la maison.
- Montez les gars, j'ai la flemme de descendre, nous lance notre cousin depuis le premier étage.
Je ricane, prends mes affaires et grimpe les escaliers. Louka attrape sa valise et le sac contenant les draps avant de grimper à ma suite. Une fois arrivé là haut, je retrouve Jordan et après s'être dit bonjour on en vient très rapidement à la discussion des lits.
- Bon, les deux petits sont dans la chambre de Max, Louka dort avec moi dans ma chambre et tu prends la chambre d'amis Aline, dit mon cousin.
- Ah non ! Pas cette fois, m'écrié-je en effectuant un recul à l'idée de dormir toute seule dans cette pièce.
- Quoi ?
- Il est hors de question que je dorme toute seule dans la chambre d'amis.
- Pourquoi ?
- Pourquoi ?! Mais parce que le plancher grince la nuit, le vent siffle dans les arbres et les volets claquent. On se croirait dans un film d'horreur ! Et puis il fait trop noir, rajouté-je à voix basse.
- Tu as peur du noir, Jordan éclate de rire et il est bien le seul. Non mais t'es grande Aline, tu peux pas avoir peur du noir.
- C'est pas une blague mec, soupire mon frère en posant une main sur l'épaule de notre cousin. Elle me réveille en plein milieu de la nuit pour dormir avec moi.
- Je croyais que c'était passé en grandissant, se dit-il à lui même en arrêtant de rigoler.
- Eh bien, non, répliquais-je sèchement, vexée qu'il se moque de moi à ce sujet.
- En tout cas, bienvenue en Bretagne, me lance t-il.
- Je suis parisienne et je déteste le temps d'ici.
- Sinon on prend le matelas du canapé-lit qu'on met dans ma chambre et vos parents dorment dans la chambre d'amis.
- Alors tu bouges le matelas tout seul, dis-je à mon cousin en croisant les bras, hermétique à n'importe quelle remarque qu'il puisse me faire.
Il me regardent avec un regard désespéré mais je tiens le coup et il doit comprendre qu'il m'a blessé alors avec Louka ils s'occupent du matelas. Je rentre dans la chambre pour installer mes affaires et j'appelle Jordan une fois un peu plus calme.
- Je les mets où mes vêtements ?
- Troisième et quatrième tiroir de la commode.
- Ça va jamais rentrer.
- T'es pas venue faire un défilé de mode, ça va rentrer sans problème.
- Laisse moi faire Aline, dit Louka. Alors cousin, il faut que tu saches que la valise d'une fille est composée de 80% d'au cas où, et il lui faut au moins une armoire entière pour les 20% restant.
- Putain ! T'as qu'à prendre les quatre tiroirs et tu en laisse un pour ton frère puis tu as les endroits vides de mon armoire, dit Jordan.
- Ok, merci beaucoup, je laisserais mes chaussures dans leur sac, répondis-je.
Pendant que je range mes affaires, les garçons ont fini d'installer mon lit et Louka a rangé sa valise. Tout cela fini, on va chercher Logan et Max devant l'ordinateur et partons faire un billard dans le salon. Les deux équipes opposées sont Louka, Logan et Max contre Jordan et moi-même ici présente. Il faut savoir que je suis totalement nulle au billard ou tout ce qui est sport de précision. Mais le résultat est là, on a gagné !
- Ouaais ! On vous a battu ! Vous êtes tous nul ! Nanani nanère, chanté-je à tue-tête.
- Ah mais t'es une gamine en faite, me crie Max auquel je réponds en tirant ma langue.
- Mais c'est à cause de Logan, se désole Louka.
- Ouais c'est ça, tu crois vraiment que j'ai gagné grâce Aline, rigole Jordan.
- Qu'on a gagné, et je t'emmerde Jordan, dis-je en lui donnant une petite tape sur le bras.
- Moi aussi je t'aime Aline, sourit Jordan dont le rire menace de sortir.
- Les enfants, à table, nous crie notre mère depuis la salle à manger.
Une fois que nous sommes tous installés à la place qui nous a été assignée, Agnès nous raconte le repas qu'elle nous a concocté.
- Alors j'ai fait un sauté de veau, et j'ai pensé à toi Aline, tu as un gratin d'aubergine, et sans amande qui plus est, explique ma tante.
- Merci tata, c'est très gentil d'avoir pensé à moi, lui dis-je.
- Mais de rien ma chérie.
- D'ailleurs Agnès, tu ne sais pas que Aline à fait une crise allergique sur la route, demande ma mère, avide de raconter l'histoire.
- Ah non, raconte moi, renchérit ma tante.
Ma mère lui raconte donc l'histoire avec l'aide de Louka qui corrige les petites erreurs que ma mère y glisse. À la fin du repas, nous montons dans la chambre de Jordan et regardons un film. J'ai réussi à leur faire promettre de ne pas mettre de film d'horreur. Bizarrement, j'ai comme l'impression qu'ils se sont foutu de ma gueule.
Durant les scènes flippantes, j'entends les rires des garçons et me promets de leur faire payer. Je regarde tout de même le film, en me cachant les yeux de temps en temps. Bon d'accord, quasiment durant la totalité du film. C'est déjà pas mal étant donné que je ne supporte pas les films d'horreurs. La preuve, lors d'un rencard je suis sortie de la salle dès le début du film parce que je ne pouvais pas supporter les images d'épouvante. J'ai donc attendu pendant une heure et demi que le garçon avec qui j'avais ce rendez-vous sorte. D'après lui, les places coûtent cher et déjà que je lui avais fait perdre 10 euros il ne pouvait pas en perdre encore. Autant vous dire qu'il n'y a pas eu de deuxième rencontre et que depuis je l'évite dans les couloirs du lycée. Enfin, après ce moment d'apocalypse, nous nous couchons chacun sur notre matelas et discutons, jusqu'à ce que je sombre la première dans le sommeil.