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Chapitre 08

?LES CAPRICES D'ASSY

PARTIE 08

Le lendemain, Assy s’était réveillé vers midi. En sursaut. En temps normal elle ne dort jamais jusqu’à pareille heure. Mais, la veille elle avait mis du temps à dormir. Trop troublée, trop perturbée par tout ce qui s’était passé. Oui, elle avait continué à envoyer des messages à tonton Ibrahima. Bizarre. Oui. La sensation était très bizarre. Elle était encore au lit quand elle a prit son téléphone pour relire les messages et s’assurer qu’elle ne rêvait pas.

« Je suis désolée, mais je dois réviser demain avec mon groupe » avait-elle répondu à son « s’il te plait » pathétique.

Il avait alors mis du temps à répondre

« C’est dommage. Dans ce cas, il ne faut pas que je te dérange. Mais ce n’est que partie remise…pourquoi tu ne dors pas encore Assy ? »

« Je révisai »

« Décidemment, tu ne te repose donc jamais »

« Et vous ? Pourquoi vous ne dormez pas encore ? »

Elle avait mis du temps à appuyer sur la touche envoi. Oui, c’était un peu déplacé. Mais le cadre s’y prêtait un peu aussi

« Je regarde la télé…»

« …en pensant à toi »

C’était le dernier message. Elle ne savait pas trop quoi répondre. Et encore maintenant, elle était perturbée par ce message. Comme la veille, elle a lut et relut le message. Non juste la dernière phrase. Elle n’a pu empêcher son cœur de s’emballer. Mais mon Dieu que lui arrivait-il donc ? Que penser de tout cela ? Si jamais tata Nafi apprenait ce qui se passait dans son dos, elle n’osait même pas imaginer ce qu’elle allait faire. Non, elle ne devait surtout pas encourager tonton Ibrahima. Et comment il pouvait lui envoyer ce genre de message. Lui si distant, si réservé. Il ne donnait pas l’impression d’être un coureur de jupon. Au contraire. En plus, elle était trop jeune pour lui.

A part Elhadj, elle n’avait jamais laissé un homme l’approcher. Dès qu’elle sentait qu’on lui portait un peu d’intérêt, elle s’empressait de poser des barrières, de mettre des limites. Elhadj était très jaloux et elle ne voulait pas de problème. Mais avec tonton Ibrahima, c’était différent. Oui, ce message l’avait complètement perturbée.

Elle était encore dans ses réflexions quand elle a entendu la voix d’Elhadj. Elle s’est rapidement levée et la dépassé dans la cour pour aller se doucher et revenir s’habiller. Il est entré quand elle avait fini de s’habiller

- ma belle. Je viens te chercher pour aller voter. Allons-y vite.

Elle avait fini et il s’est empressé de prendre le portefeuille et le téléphone d’Assy. Cette dernière à eu un petit moment de panique. Elhadj avait l’habitude de fouiller son téléphone mais aujourd’hui il était trop pressé. Sans insister, elle l’a suivi et est allé voter pour le candidat de son chéri. Comme il était occupé à diligenter d’autres militants, elle a vite récupéré ses affaires avant de rentrer pour réviser. Sa mère l’attendait et lui a demandé d’être plus ferme avec Elhadj qui se croyait tout permis avec elle.

- comme s’il avait une femme ici. hann…il vient te prendre comme ça… rouspétait-elle

- maman arrête. Il veut juste avoir des voix.

Mais elle ne l’écoutait même pas. Assy n’était d’humeur à polémiquer avec sa mère à propos d’Elhadj. Donc elle a prit ses affaires et a rejoins son groupe de travail, ne cessant de penser à Tonton Ibrahima.

Quand Lundi, elle a repris le travail, tata Nafi lui a annoncé que tonton Ibrahima avait voyagé et qu’il ne reviendra que dans une dizaine de jours. Sans trop savoir pourquoi, elle était déçue…de ne pas le revoir, de ne pas pourvoir s’expliquer avec lui. Mais finalement, elle se dit que c’était mieux pour elle et qu’elle allait en profiter pour l’évacuer de son esprit.

Et de toute façon, elle était occupée avec ses révisions. Tata Nafi ne voulait rien comprendre quand elle lui expliquait qu’elle devait rester un peu tard à ses cours pour réviser et chaque soir elle râlait comme ce n’est pas permis. Mais elle tenait bon. Quand elle commençait à rouspété, elle s’efforçait de ne pas l’écouter, se contentant de baisser la tête et de prendre un air affligée. Elle pensait à autre chose le temps qu’on lui passe un savon. Elle voyageait le temps de la prise de tête, avant de s’excuser encore une fois et de retourner vaquer à ses occupations. De toute façon, il ne restait plus beaucoup de temps avant le bac. Elle est même allé jusqu’à lui demander de lui permettre de rester chez elle pendant ces deux semaines pour qu’elle puisse réviser, mais elle a refusé disant qu’elle n’avait personne pour garder Sophie. Donc la nuit, elle était obligé de sortir pour s’installer sur la terrasse pour réviser jusqu’à des heures impossibles. Heureusement que Dina était dans la chambre pour lui surveiller Sophie. Malgré tout cela, malgré le stress du bac qui approchait, elle ne pouvait s’empêcher de penser à tonton Ibrahima. De manière maladive. Elle s’en voulait, se sermonnait, mais replongeait.

Pour essayer de l’oublier, elle appelait Elhadj qui lui donnait des nouvelles des élections. Son candidat avait gagné et il était sur un petit nuage. Le weekend, il est passé à la maison et lui a donné un billet de 10 mille francs. Une vraie fortune pour Elhadj qui ne lui avait jamais remis plus de 5000. Même en temps de fête.

- Elhadj, tu as dévalisé un coffre ? demanda t’elle étonnée.

Il a rigolé

- mais non. Mr Mbaye m’a offert 100 milles pour l’aide que je lui ai apporté pour la victoire. Toi-même tu sais que je me suis décarcassé comme un beau diable.

- oui…en tout cas merci. C’est beaucoup. Tu n’aurais pas du.

- achète-toi du crédit dessus, et donne à ta maman aussi de ma part.

Elle a regardé le billet, un peu découragée.

- mais, toi donne à ma mère et laisse-moi cela. Je dois payer le transport pour la période du bac.

Il a prit un air agacé

- c’est dix milles. Tu peux avoir le transport et donner à ta mère.

Elle ne dit plus rien et l’a raccompagné. Plus tard, elle a remis le billet de dix milles à sa mère en lui disant que c’était de la part d’Elhadj. Mère Saly était étonnée. Elhadj n’était pas le genre à donner de l’argent. Mais elle a quand même prié pour Elhadj et remercié Assy. Mais cette dernière était quand même un peu déçue par l’attitude de son chéri. Mais n’osait pas trop le dire de peur qu’il le prenne mal et lui dise encore une fois qu’elle avait bien changé. Sa mère a-t-elle compris, s’est-elle doutée de quelque chose. Toujours est-il qu’en partant le lendemain, elle lui a remis 5000 en lui disant que c’était une tontine qu’elle avait décroché.

Elle a donc repris le travail et Sophie lui rendait la vie difficile. Combinée à ses révisions, c’était tout juste laborieux. Mais elle tenait bon. En milieu de semaine, alors qu’elle rentrait fatiguée de ses révisions, elle a eut la surprise de voir tonton Ibrahima au salon. Voir. Non. En fait, elle a juste entendu sa voix. Et ceci avait mis tous ses sens en ébullitions. Elle n’avait pas entendu tata Nafi parler de son retour. Mais bon, elle était tellement ailleurs ces temps ci qu’elle ne remarquait rien.

Elle est allé déposer ses affaires, quand tata Nafi l’a appelé pour aller lui chercher des rafraichissements à la boutique et de les servir au salon. C’est donc le cœur battant qu’elle est entrée avec un plateau de verre qu’elle a posé avec précaution sur la table avant de se tourner vers tonton Ibrahima et lui tendre la main. Tata Nafi était dans la cuisine et son ami Khalil répondit au téléphone sur la terrasse du salon. Il a prit sa main et elle n’a pu s’empêcher de frémir à ce doux contact ;

- Assy…

Elle a levé les yeux et ils se sont regardés. Un temps qui a semblé durer une éternité pour Assy. Apparemment il venait d’arriver et avait l’air un peu fatigué.

- c’n’est pas là la belle Assy…

Il lâcha la main brusquement. Un peu trop peut être. C’était tonton Khalil, l’ami de tonton Ibrahima. Toujours aussi taquin.

- bonjour tonton, dit-elle respectueusement en faisant une belle génuflexion

- alors Sophie te fais toujours des misères ? je me demande toujours comment tu fais Assy.

Elle s’est contentée de sourire avant de s’éclipser rapidement. La main qu’avait serrée tonton Ibrahima semblait la bruler et elle était complètement perturbée. Elle est allée préparer Sophie qui était toute agitée et qui essayait de lui expliquer que son père était rentré. Quand elle a réussi à la calmer et à la faire dormir, elle en a aussi profité pour dormir un peu car elle avait pris l’habitude de se réveiller vers minuit pour continuer à réviser. Donc beaucoup plus tard, elle est montée sur la terrasse avec ses cours. Avec la chaleur qui commençait à s’installer, c’était un endroit magnifique pour réviser, même si avec la lampe il y avait des insectes qui s’invitaient. Elle faisait des vas et viens sous la lampe en tenant son cahier pour mémoriser ses cours. Elle préférait rester debout pour ne pas dormir

- Assy ?

Elle sursauta et se retourna brusquement, prête à fuir. Mais, quand elle a reconnu tonton Ibrahima, elle s’est restée assise, le cœur battant

- excuse-moi de t’avoir fait peur. J’ai entendu quelqu’un monter et je voulais vérifier

- c’est moi. Je…heuu…je révisais. Dit-elle sentant un profond trouble la gagner, surtout que tonton Ibrahima s’approchait lentement d’elle.

Il était maintenant à quelques centimètres d’elle et elle avait levé la tête pour le regarder.

- tu révise quoi ? dit-il en tendant la main pour prendre son cahier, frôlant au passage son épaule dénudé.

Elle a frissonné à ce contact, mais tonton Ibrahima a continué à la regarder fixement, augmentant son trouble. Elle était persuadé qu’il entendait les battements de son cœur. Oui, c’était perceptible car sa poitrine se soulevait et s’abaissait au rythme de sa respiration qui s’était accéléré.

- ca va Assy ? demanda t-il avec un petit sourire.

Elle hocha la tête et cette fois s’éloigna rapidement. Il lui fallait de l’air car elle avait l’impression d’étouffer, que tonton Ibrahima lui pompait toute l’oxygène.

- SVT…dit-elle lentement

Il a continué à la regarder, sans trop comprendre ce qu’elle disait.

- pardon ?

- heuu…vous m’avez demandé ce que je révisais. C’est mes cours de SVT.

Il est sorti de sa torpeur et a baissé les yeux sur le cahier qu’il tenait entre ses mains.

- ha ok. Tu es brave Assy. Le bac c’est pour quand ?

- il reste une semaine.

- et tu es prête ?

Il disait cela en s’approchant à nouveau. Non, elle était déjà allé se coller au mur, si il venait encore, elle n’aurait même plus par ou s’enfuir. E s’il s’approchait encore, il allait remarquer son trouble, voir sa panique. Non. Sans trop réfléchir, elle essaya de passer devant lui rapidement, mais trop tard, il l’a saisi par la taille et l’a maintenu fermement contre lui.

- Assy…

- s’il vous plait...je dois y aller.

Il bougea un peu et ils se retrouvèrent debout l’un en face de l’autre. Et surtout collé l’un à l’autre. Une véritable bouffée d’angoisse l’envahit à cet instant. N’importe qui pouvait venir. Ils étaient dans un coin sombre de la terasse, mais la lumière était allumée.

- Assy, pourquoi tu me fuis comme cela ? demanda t-il doucement, la voix rauque

Elle sentait son souffle sur son visage, et cette sensation d’intimité, de sensualité, la rendait encore plus nerveuse.

- et vous pourquoi me poursuivez-vous comme cela…dit-elle la voix tremblante

Il sentait les battements sourds de son cœur contre sa poitrine. Dire que pendant tout son voyage, il n’avait cessé de penser à elle. Il s’était pourtant sermonné, se disant que ce n’était même pas raisonnable d’essayer d’entretenir une quelconque relation avec elle. Il s’en ait voulu d’avoir fouillé le portable de sa femme pour en tirer le numéro d’Assy. Et surtout, il s’en veut toujours de lui avoir envoyé des messages. Oui, ce n’était pas bien.

Malgré tout, il se retrouvait en pleine nuit sur cette terrasse avec elle, la serrant dans ses bras. Ne pouvant s’empêcher de la toucher, de regarder cette poitrine, presque mise à nue par le débardeur un peu trop grand, de s’émouvoir de cette crainte qu’il lisait dans ces yeux. Sans trop réfléchir, il se pencha, sur le point de l’embrasser. Elle ne faisait aucun mouvement et leur nez se touchaient. Leurs regards étaient soudés. Les yeux apeurés d’Assy le saisirent. Dans un moment de lucidité, il la relâcha. Mais elle n’a pas bougé, comme hypnotisée. Lui aussi respirait sourdement. Il se retenait. Douloureusement. Il ne comprenait pas. Pourtant, il venait de faire l’amour à sa femme. Il s’était levé pour se laver et faire ses dernières prières quand il a senti un mouvement sur la terrasse. Il devait se ressaisir. Il s’est alors éloigné

- excuse-moi Assy.

- …

- tu me perturbe ces temps ci. Je ne devrais pas te dire ce genre de choses, pas à mon âge…mais tu me…

Il a soupiré semblant chercher ses mots, laissant Assy complètement perdue, incapable de bouger, et de sortir un mot.

- écoute, je ne vais pas t’embêter. Je te laisser étudier. Après tes examens, on va en reparler. Ca marche ?

Elle s’est contenté d’hocher la tête, toujours déboussolée. Il s’est alors retourné et est parti. N’ayant plus le cœur à étudier, elle est partie se coucher, l’esprit tourmenté par tout cela. Elle ne savait plus quoi faire. Elle trouva Dina toujours assise sur le lit en train de réviser aussi pour ses examens à l’université

- Assy, aujourd’hui tu reviens tôt. Qu’est ce qui se passe ?

- j’ai des maux de tête Dina…dit-elle en mettant son matelas et en se couchant.

- pourquoi tu refuse toujours de dormir avec moi ? soffe nga torope…tu as des maux de tête. Viens te coucher sur le lit. Et puis ton chéri a appelé plusieurs fois. J’ai du décrocher pour lui dire que tu étais monté pour réviser.

Elhadj. Comment pouvait-elle être aussi troublée par tonton Ibrahima alors qu’elle aimait son Elhadj. En temps normal, elle était capable de rabrouer tout homme qui osait l’approcher. Mais pour celui là…

- tu n’as pas l’air bien Assy. Va prendre un médicament.

Elle le regardait sans vraiment la voir. Dina était tellement gentille avec elle. Elle lui donnait des habits, lui parlait souvent et en fait elles étaient de bonnes amies. Même si sa sœur n’approuvait pas trop. D’ailleurs, c’est elle qui ne voulait pas qu’Assy dorme avec Dina. Donc elle dormait par terre. Mais ce soir, elle a préféré se coucher sur le lit.

Le lendemain, elle était tout aussi perturbée, mais elle se replongea dans ses activités, bien décidé à s’occuper d’abord de ses examens. Elle n’eut d’ailleurs pas le temps de voir tonton Ibrahima. Quand il rentrait, il était tard et partait tôt le matin. La période des examens arriva vite et bien entendu trouver un arrangement avec tata Nafi s’avéra compliqué. Mais il fallait bien qu’elle aille faire son bac. Finalement, Nafi amenait Sophie le matin chez sa mère et la ramenait le soir, et elle put ainsi passer ses épreuves.

Elle avait le soutien de sa famille et de ses amis. Elhadj appelait toute la journée pour savoir comment s’était passé les épreuves et s’inquiétait vraiment pour elle. Sa mère était presqu’aussi stressée qu’elle et ne le cachait pas. Pour elle surtout, elle n’avait pas le droit d’échouer, et même si elle avait l’impression de passer à côté de ses sujets, elle gardait toujours espoir. Dina aussi était très présente et s’occuper tous les soirs de lui remonter le moral. Surtout quand elle revenait les larmes aux yeux, convaincu qu’elle n’avait pas bien traité les épreuves. Et heureusement qu’elle était là. Tata Nafi ne lui demandait jamais rien, tandis que Tonton Ibrahima affichait une grande indifférence depuis leur dernière conversation. Elle en était à la limite frustrée, surtout qu’elle n’arrivait pas à le sortir de sa tête. Oui, il occupait toutes ses pensées et c’en était parfois douloureux.

Mais le soir ou elle a terminé des épreuves, alors qu’elle commençait à somnoler car soulagé et surtout fatigué par ses difficiles journées, elle reçut un message

« Alors ? Tout s’est bien passé ? »

Elle a su que c’était tonton Ibrahima.

« Oui ca va » répondit-elle

« J’ai prié tous les jours pour toi »

Elle a souri.

« C’est vrai ? Merci »

Puis plus rien. Elle a attendu en vain l’arrivé d’un message, mais rien. Et elle s’est même énervé quand elle s’est empressé de prendre son téléphone qui venait de signaler l’arrivée d’un autre message, et qu’elle a vu que c’était Elhadj qui lui souhaitait une bonne nuit. Mais qu’est ce qui lui prenait donc.

Elle est ainsi partie en weekend sans autre nouvelle de tonton Ibrahima. En attendant ses résultats, et pour se changer les idées, elle est partie à la plage avec sa copine Khady et Elhadj. Ce dernier était sur un petit nuage et voyait la vie en rose car son politicien lui promettait monts et merveilles. Elle l’écoutait d’une oreille distraite, ne s’empêcher de laisser ses pensées aller vers tonton Ibrahima. Elle aurait voulu partager la joie d’El hadj, lui montrer qu’elle était contente pour elle. Mais non, elle n'y arrivait pas et a préféré lier ce fait au stress de l’attente des résultats qui devaient tomber dans les jours à venir.

et elles sont arrivées ces résultats. Assy était assise sans pouvoir bouger. Il commençait à faire sombre et elle ne savait pas depuis combien de temps elle était assise là. Le centre commençait à se vider de ses candidats. Les uns heureux, les autres en larmes. Et elle était assise. Attendant quelque chose qui n’arriverait jamais. Elle n’avait même pas réussit à passer au second tour. Ajournée. Tout simplement. Elle était venue seule, et n’avait prévenue personne. Toutes ses pensées allaient vers sa mère. Comment allait-elle lui dire ça. Comment ? Mère Saly avait placée tous ses espoirs en elle. Elle se devait de réussir. Au lieu de cela, elle n’était même pas capable de décrocher le bac.

Elle se leva difficilement et réussit à rentrer. Elle croisa tata Nafi qui se mit à râler encore une fois, ne faisant même pas attention à sa mine triste. Plus tard, alors qu’elle était sur le point de dormir, c’est dina qui remarqua tout.

- Assy, tu as eu tes résultats ?

- oui, Dina. J’ai échoué. Encore.

Dina s’est redressé sur son lit. Etonnée.

- et tu garde comme cela ton calme ?

- que veux tu que je fasse Dina ? Je n’y peut rien.

Ayant pitié, elle se leva et l’enlaçant tendrement

- je suis vraiment désolée Assy. Mais n’abandonne pas. La prochaine fois sera la bonne.

La pauvre Assy avait le cœur gros, mais ne voulait pas pleurer. Non. Elle avala difficilement pour faire passer la boule qui s’était formé au fond de sa gorge.

- merci Dina, dit-elle tristement en refoulant les larmes qui pointaient le bout de leur nez.

Plus tard, ne trouvant le sommeil, ayant la gorge nouée et ce sentiment d’oppression, elle se leva et se dirigea vers la terrasse. Et c’est là qu’elle a craquée. Les larmes sortaient par flots. Elle était obligée de se mordre le bras pour ne pas crier, tellement toutes les émotions débordaient. Elle était assise sur une chaise, le visage entre ses mains et pleurait douloureusement, pliée en deux.

C’est dans cet état qu’Ibrahima l’a trouvé. Il eut peur un moment, pensant qu’il y avait quelque chose de grave.

- Assy, ca va ? demanda t-il en s’agenouillant devant elle.

Mais elle a continué à pleurer sans rien dire. il était là, complètement impuissant face à tant de détresse.

- parle moi je t’en supplie. C’est quoi ? tu es malade.

Toujours rien. Elle a continuée à pleurer. Finalement, il s’est décidé à attendre qu’elle se calme. Et ca lui a pris du temps. Au bout d’une bonne demi heure, il n’entendait que de petits hoquets, mais elle était toujours pliée et le visage entre ses mains.

- Assy ? Tu va mieux.

Cette fois elle a relevé la tête lentement en essuyant ses larmes.

- tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas ? dit-il en approchant une chaise de la sienne.

- je n’ai pas eu mon bac. Dit-elle tristement.

Il s’en était un peu douté. Mais comme elle l’avait vu vaquer à ses occupations tranquillement…

- je suis désolé Assy. Vraiment.

Elle a soupiré. Puis s’essuyant tranquillement le visage, s’est levé et est allée s’accouder au mur de la terrasse. Il l’a suivi et s’est mis à lui parler, lui demandant de ne pas baisser les bras et de s’accrocher. Elle ne disait rien et se contentait de regarder la rue, l’air ailleurs

- merci tonton.

Il s’était approché. Elle semblait tellement triste, tellement fragile, qu’il n’a pas résisté. Il l’a pris dans ses bras et l’a retourné. Il se faisait face et cette fois, Assy a soutenu son regard. A ce moment, l’électricité entre eux était palpable malgré la peine qu’elle ressentait. L’entendre respirer bruyamment tout d’un coup lui fit de l’effet. Il ya bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti un sentiment si fort et si agréable à la fois. Oui, Assy avait réveillé en lui des sentiments qu’il croyait ne plus jamais ressentir. De l’envie, de l’excitation, bien sure mêlé à une peur d’engager quoi que se soit avec elle. Ce n’était pas une fille pour elle. Non, il n’avait rien à lui offrir et pourtant, il se sentait poussé vers elle comme un aimant. Et là, il ne tenait plus. Il en avait marre de devoir refréner ses envies. Sans plus réfléchir il se baissa et saisit ses lèvres.

Le moment de surprise passé, Assy aurait du le repousser, fuir, mais non. Elle était là, attendant la suite, espérant qu’il ne s’arrêterait pas. Et il ne s’est pas arrêté. Il l’a encore plus serré contre lui et a accentué son baiser. Que ses lèvres étaient douces…elle se surprit à répondre, à entrouvrir la bouche, pour céder le passage à cette langue qui explorait sa bouche. Elle s’est étonnée de cette explosion de sensation qui partait du bas ventre et semblait irradier dans tout son corps. C’était trop. Elle poussa un petit gémissement, ce qui poussa Ibrahima à s’écarter légèrement, mais leurs lèvres étaient toujours collées et elle cherchait son souffle, toujours étonné par les émotions qu’elle ressentait.

- Assy…

Entendre son nom murmuré comme cela, lui fit revenir sur terre. Elle s’écarta lentement et baissa la tête. Honteuse. Que venait-elle de faire ? La plénitude fit place à un sentiment de panique. Elle se tint la lèvre et regarda tonton Ibrahima.

- ca va maintenant ? demanda t-il avec un petit sourire.

Incapable de dire le moindre mot, elle se contenta hocher la tête. il se pencha à nouveau et déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de l’attirer vers la chaise et de la mettre sur ses genoux.

- tu méritais de décrocher ton bac Assy. Tu as travaillé dur.

Cette phrase eut le don de remplir ses yeux de larmes.

- que vais-je dire à ma mère. J’ai tellement honte. Dit-elle en laissant couler des larmes.

Ibrahima les essuya lentement, lui provoquant un petit frisson ; ils se regardèrent un moment et cette fois, c’est Assy qui se pencha, et posa ses lèvres sur les siennes. Il la laissa faire, mais malheureusement, elle s’écarta, comme tétanisée par son audace. Elle se leva rapidement et il en fit de même.

- Assy, je sais que tu es perturbée. Je ne vais pas insister maintenant. Mais quand tout sera plus calme, je veux qu’on se pose et qu’on discute.

- de quoi ?

- tu sais bien de quoi.

Oui, elle savait. Mais elle ne voulait pas en parler. Non, tout devait s’arrêter là. Elle ne pouvait pas faire ça à tata Nafi et surtout elle n’osait pas. Elle serait capable de la tuer. Et sa mère. Et Elhadj.

Elle se dégagea bien décidé à mettre un terme à la discussion.

- désolé. Je dois y aller.

Il lui tint le bras

- promet moi qu’on en reparlera…Assy

- Non, tonton Ibrahima. Je ne peux pas faire cela.

Elle se libéra et regagna sa chambre…l’esprit complètement en ébullition….

À SUIVRE ?‍♀️

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