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Chapitre 4

Anastasia s'apprête pour rejoindre sa belle famille au dîner organisé par sa belle-mère. Cela fera un moment que toute la famille ne s'était pas rassemblée, y compris le roi. Son père lui demande parfois de ses nouvelles. Elle ne peut pas lui dire grand-chose, car elle n'en sait elle-même pas tant que cela. Tout ce qu'elle sait, c'est que son état se serait détérioré brutalement ces dernières semaines. La sécurité autour du château a été renforcée pour éviter que toute information ne fuite à ce sujet. C'est une nouvelle sensible pour tout le pays. Quand elle pénètre dans la salle à manger, les regards qui se posent sur elle sont surpris. Personne ne croyait qu'elle se joindrait à eux. La première chose qu'elle remarque, c'est l'absence de Louis et ensuite, l'état du roi. Elle se sent peinée quand elle voit à quel point il a perdu du poil de la bête. Il la regarde toujours pourtant avec beaucoup d'affection. Il lui fait signe de s'asseoir à table avec eux à côté de lui. Elle fait face à sa belle-mère qui lui lance un regard de pur mépris. Clovis lui semble admirer la scène comme un spectateur devant son film préféré avec du pop-corn. Il n'y a que Louis qui manque à l'appel pour le moment et son absence se fait encore plus sentir pour Anastasia. Les 3 autres discutent entre eux et elle se sent complètement mise à l'écart.

Une dizaine de minutes plus tard, il arrive finalement et s'excuse de son retard. Il est surpris de la voir attablée, mais reprend vite le dessus sur ses émotions. Il s'assoit à ses côtés faisant face à Clovis qui lui sourit.

- Tu es venue ?

Il lui murmure à l'oreille, visiblement intrigué par la raison de sa présence.

- Oui... Elle lui répond uniquement. Elle n'a pas encore envie de lui dire qu'elle est venue parce qu'elle veut essayer d'arranger les choses entre eux. Je voulais voir ton père. Elle rajoute voyant bien qu'il attend plus que ce simple mot. Il a toujours été gentil à mon égard.

Il secoue la tête en silence. On leur sert le repas et le silence prend place dans la pièce. Le père regarde sa petite famille rester dans un silence plein de malaises. Il a raté beaucoup de choses depuis que sa santé l'a obligé à rester alité. Il sait que sa femme ne lui a pas tout dit au sujet des derniers événements qui ont eu lieu. Son fils aîné n'est pas la personne qui se confie le plus. Ils ont discuté ces derniers temps plus que jamais dans leurs vies passées ensemble. Il se rend compte qu'il est comme lui, beaucoup plus qu'il ne l'aurait cru. Il pensait qu'il ressemblait à sa mère, mais plus trop maintenant. Il a commencé à changer à la mort de sa première épouse. Il en a bien conscience. Maintenant, c'est comme si cette version de lui n'existe même plus. La version beaucoup plus tendre, beaucoup plus douce, beaucoup plus émotive. Dire qu'il se plaignait à Eliane à l'époque, et cette dernière passait son temps à le rassurer et lui répéter que l'émotion n'était pas une faiblesse. Ils ne parlent toujours pas des détails de cet incident. Il n'a jamais évoqué le sujet, mais il a bien conscience qu'il est au courant de tout. Son ami, le comte le lui a dit. Il espère juste aujourd'hui que son fils ne répétera pas les mêmes bêtises que les siennes, qu'il saura quoi faire pour garder sa femme. Il regarde sa belle-fille définitivement touchée par la disparition de sa fille. Ils n'ont pas eu à parler de comment Louis a réglé la situation. Il a imaginé un peu jusqu'où il était prêt à aller et moins les gens seront au courant, plus le secret sera protégé. Cela compte pour lui également. Il les voit se murmurer quelque chose et le visage sérieux de Louis lui fait comprendre que ce n'est pas une discussion frivole. Il sait qu'il a obligé son fils à l'épouser, mais il espérait réellement que quelque chose naîtrait de cette union. Il se sent un peu coupable, il regrette. Tout ceci ne serait pas arrivé s'il ne les avait pas présentés et forcés à se marier.

Sa femme actuelle lui avait pourtant répété qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. Il aurait peut-être dû l'écouter. Mais d'un autre côté, la manière dont il la regarde ne laisse douter de ses sentiments pour elle. Il est amoureux. Est-ce que la petite l'est toujours ? Il ne sait pas trop, ils n'ont jamais été très proches et il ne lui a jamais vraiment parlé un long moment. Sa femme n'aurait pas non plus apprécié qu'il essaie de se rapprocher d'elle à l'époque. Elle la supportait en silence, et lui devait loyauté à son épouse. Maintenant les choses ont changé. Il n'a plus beaucoup de temps devant lui. Il devrait peut-être y remédier.

- Est-ce que vous aimez votre repas ?

La question du roi surprend tout le monde. Les regards se retournent vers lui. Anastasia se rend compte qu'il s'adresse à elle quand elle remarque qu'il la fixe, un sourire tendre sur le visage.

- Oui beaucoup, votre altesse...

- Pas autant de formalités entre nous. Tutoies-moi. Il sent le regard de tueur de sa femme à ses côtés se poser sur lui. Il va sûrement devoir s'expliquer plus tard. Anastasia semble gênée par sa soudaine demande. J'adorerais discuter avec toi dès que possible. On n'a jamais eu cette chance depuis que tu es arrivée.

- C'est vrai....

- Faisons cela après le repas.

Cette fois-ci c'est le regard de Louis qui se fait dévisageant. Il ne comprend pas ce qu'il se passe. Personne ne comprend. Le roi sourit d'avoir semé un peu de zizanie dans l'ambiance de cimetière d'il y a quelques instants. Clovis regarde sa mère avec surprise, qui elle fixe son époux, qui fait exprès de ne rien remarquer et recommence à dîner tranquillement.

- Clovis où étais-tu ces derniers temps ? Je ne t'ai pas trop vu.

Le second tressaillit à la question. Tout le monde à part Anastasia à cette table a bien conscience que Clovis a peur de son père. Peur de le décevoir, peur de ne pas être assez bon.

- Je lui avais confié différents projets, dit sa mère en même temps.

- Je m'adressais à Clovis, ma chérie.

Le roi sait que sa femme protège et couve leur seul enfant, son seul enfant. Clovis est pourri gâté. C'est sûr et certain, il en a bien conscience. Quand il est né, il n'a pas vraiment eu le temps d'être le père restrictif qu'il aurait dû être et avait été avec l'aîné. Il avait beaucoup lâché de lest avec son dernier, pour faire plaisir à sa femme et aussi parce qu'il voyait comment l'aîné se comportait. Il sait aujourd'hui qu'il avait manqué à son rôle avec Clovis. Sa mère lui passait tous ses caprices. Ils en avaient pourtant discuté plusieurs fois, mais elle ne tenait jamais sa promesse de lui serrer la vis. Aujourd'hui il avait devant lui un homme, qui tremblait encore quand il s'adressait à lui. Il sait aussi la pression que sa femme a mis sur Clovis pour essayer de lui plaire. Il a beau eu lui dire d'arrêter, elle se sentait et se sent encore en compétition permanente avec sa défunte épouse et leur enfant en commun. Louis est parfait de l'extérieur, il en a bien conscience, mais les fissures sont nombreuses en lui. Clovis a échappé à une éducation de plomb, mais en conséquence il est frivole et superficiel. Le monde est dur et son benjamin l'apprendra à ses dépens quand il ne sera plus là. Il ne veut pas que le choc soit trop dur.

- J'attends une réponse, Clovis.

Il ne lâche pas le morceau. Il le fixe et attend que son fils le regarde dans les yeux et lui réponde. Il veut voir un homme en lui, pas une lavette qui se cache encore dans les jupes de sa mère.

Anastasia regarde la scène complètement perdue. Elle se tourne vers Louis, qui n'y prête guère attention. Il continue à manger en silence en faisant comme si de rien n'était. Comme si c'était normal. Elle voit bien que Clovis est tétanisé sur sa chaise. Elle ne l'a jamais vu comme cela. Le roi semble décidé à attendre une réponse. Il ne compte pas mettre fin à son supplice tant qu'il ne lui aura pas donné ce qu'il veut. Elle reconnaît et comprend pourquoi il est le géniteur des hommes de cette famille. Ils se ressemblent tous sur ce point-là, excepté Clovis peut-être. Ils ne lâchent rien tant qu'ils n'ont pas obtenu ce qu'ils veulent et surtout ils sont intraitables quand ils veulent quelque chose. C'est leur manière ou rien d'autre. Il a beau être alité depuis des semaines et proche de sa fin, le regard du père en glacerait plus d'un et peu pourrait le soutenir. Elle se tourne à nouveau vers Louis et lui demande d'intervenir du regard. Il la fixe quelques secondes pesant le pour et le contre, avant de céder.

- Père, pouvons-nous passer à autre chose ? Clovis ne semble pas avoir envie de s'expliquer ici. Vous en parlerez à deux plus tard.

Le roi se tourne vers son aîné, qui le regarde franchement. Ils s'affrontent du regard. Il sait bien que ce dernier n'aura aucun scrupule à lui dire ce qu'il pense sans que son regard vacille. Il se sent un peu fier à cet instant. C'est son travail à l'état pur. Son éducation.

- Si c'est ce qu'il souhaite. Il concentre son attention sur lui à cet instant. Quant à toi, tu voyages beaucoup ces temps-ci, j'aurais cru que tu resterais plus auprès de ta femme après sa perte.

Anastasia lâche son couvert en entendant cela. Louis fait signe du regard aux domestiques dans un coin de la pièce de disparaître.

- Nous avions besoin de nous éloigner l'un de l'autre pour un moment. Il ne ment pas à sa famille. Ce n'est pas le beau fixe entre nous.

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