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Chapitre 3

- Quoi Olivia ?

- Arrête... Pas de cela avec moi. Quand nous sommes arrivés, elle te dévorait littéralement du regard. Elle buvait tes paroles. Tu étais tout heureux.

- On parlait du passé. C'était un moment agréable. Ce n'est pas la chose le plus courante dans ma vie ces temps-ci. De plus, tu sais très bien que rien ne se passera jamais entre elle et moi.

- Pourquoi cela ?

- Je suis marié. J'aime Anastasia, même si elle me fait chier ces temps-ci. Ma situation est trop compliquée.

- Si elle était plus simple alors...

- Arrête...

- Au moins reconnais, que tu n'as pas oublié qu'elle était amoureuse de toi il y a 20 ans de cela.

- On était des gamins. Cela fait plus de 20 ans que nous ne sommes plus vus. Elle ne m'aime pas. En plus, vu la beauté qu'elle est devenue, elle doit avoir quelqu'un dans sa vie.

- Elle n'a personne, tranche son ami avant de déposer son verre vide sur la table. Il le fixe, attendant de voir sa réaction. Elle n'a personne.

Le lendemain, Louis reçoit une visite de sa belle-mère dans son bureau. Elle se déplace rarement d'elle-même. Elle aurait pu tout simplement le faire appeler. Il sent que quelque chose se trame derrière son sourire charmeur.

- Ton père souhaite dîner avec toute la famille. J'ai organisé un petit repas. J'espère que ta femme et toi pourront être présents.

- Nous serons là, il répond spontanément. Il rectifie par la suite. Je serais là pour sûr.

- Je pense aussi que c'est mieux de dire cela. Après sa réaction hier, tu ne devrais pas te prononcer à son sujet. Tu ne peux plus te prononcer et affirmer quelque chose au sujet d'une personne qui se défile constamment au dernier moment.

- Elle a vécu des choses pas faciles dernièrement.

- Louis, ce n'est pas la première fois qu'elle nous a fait le coup. Encore hier, elle a accepté de monter dans la voiture. C'était bien mieux que tout ce qu'elle a pu faire dernièrement. Tu devrais arrêter de lui trouver des excuses.

Si seulement, elle savait à quel point il pense comme elle par moment. Après il se rappelle sa propre implication dans cette histoire et finit par la laisser faire ce qu'elle veut.

- Ton père et moi avons parlé de cette situation, elle lui dit franchement. Les questions et les rumeurs vont affluer si elle continue à ne jamais apparaître aux événements. Il ne faut pas que cela se répète. Il faut que tu lui serres les vis comme la dernière fois pour la conférence de presse.

- D'abord le dîner.

- Ou sinon, vous devriez vous séparer. Louis connaît l'avis de la reine sur son mariage depuis fort longtemps. Elle n'a jamais été frontalement hostile à Anastasia, mais elle n'a jamais été sa plus grande supportrice. Il a lui-même pensé à cette option, mais le fait de l'entendre de la bouche de sa belle-mère lui déplaît profondément. Ton père aurait dû m'écouter et suivre mes conseils. Nous n'aurions jamais été dans une telle situation, avec la tromperie et l'enfant.

- C'est déjà fait. Son ton est plus cassant qu'il ne l'aurait voulu. Désolé...

- Là où je voulais en venir, il n'est pas trop tard pour encore trouver une personne et te mettre avec. Une personne qui te rendrait constamment heureux. Pas forcément constamment, mais qui, même dans les moments difficiles, aurait une pensée pour toi et ton bonheur. Je n'ai pas trop l'impression que ce soit l'envie d'Anastasia en ce moment. Une séparation vous fera sûrement du bien. Chacun pourra ainsi quantifier l'importance de la présence de l'autre dans sa vie.

- Elle est déjà partie de chez nous pendant quelques mois.

- Oui, mais ce ne sera pas pareil. Pas sous la contrainte, propose le lui. Propose-lui de rentrer chez elle jusqu'à ce qu'elle aille mieux et qu'elle ait les idées au clair. Ayez une date limite, faite un break et revoyez-vous après pour savoir si vous voulez continuer ou reprendre ou juste abandonner.

Louis écoute en silence ce qu'elle a à dire. Cela a du sens dans sa tête d'une certaine façon. Mais quelque chose lui déplaît profondément. Non pas quelque chose, plutôt un sentiment ou un pressentiment. Ce feeling lui assurant qu'Anastasia va accepter s'il lui fait une telle proposition. Il sera encore plus déçu, mais c'est lui qui va apporter la proposition sur la table, donc il n'a pas grand-chose à redire au sujet de sa décision.

- Imagine à quel point cela vous fera du bien. Vous vous étouffez mutuellement. Vous ne vous disputez pas devant les gens, mais on peut sentir la tension dans un sens négatif entre vous. Cela affecte tout le monde dans le palais, mais tout particulièrement toi.

- Il va falloir que j'y réfléchisse sérieusement, notamment au sujet des détails de l'arrangement.

- Libère la de toutes ses obligations ici, envers le palais, nous et surtout toi. Elle choisira ainsi de manière plus éclairée et posée.

- Si elle ne nous choisit pas ?

Pour la première fois, il exprime clairement ses doutes. Sa belle-mère l'entend, mais le fixe sans ciller, avant de lui déclarer.

- Ce sera la fin.

Elle a toujours été très honnête avec lui. Ça a toujours été leur moyen de communication et jusqu'à aujourd'hui, leur relation fonctionne. Elle se rappelle encore quand elle est rentrée dans la vie de ce garçon officiellement. Sa mère venait de mourir, il était très jeune. Il n'avait fait aucun commentaire au remariage de son père, il ne l'avait jamais particulièrement adoptée comme une potentielle mère. Elle reste à la frontière d'une affection maternelle et amicale. Il ferme les yeux quelques instants pour se reprendre. Son père fait strictement la même chose.

- Dans le cas où elle déciderait ou que tu te déciderais à consommer votre séparation, tu pourras toujours te remettre avec une autre personne. Tu es encore jeune, sans enfant.

- C'est vite dit, me remettre...

- Au fait, la mère d'Olivia m'a dit que tu avais promis de servir de guide à sa fille.

- Tu fais bien de m'en reparler, j'avais un peu oublié. Je ne sais pas si on peut parler de promesses, j'ai dit que j'aiderai...

- Aussi pour le job ?

- A ce sujet, nous pouvons sûrement faire quelque chose. Mais c'est inutile si elle n'a pas envie de rester à Londres. Elle a sa vie en Afrique de Sud. Je passerais des coups de fil de mon côté si nécessaire.

- Tu es content de la revoir ?

- Ça m'a fait plaisir en effet. J'oublie que tu nous as connus enfants.

- Je connaissais sa mère bien avant également. Olivia parlait souvent de Clovis et toi quand elle rentrait chez elle. Surtout de toi, elle finit par lui dire en souriant.

- On s'appréciait beaucoup.

Sa belle-mère dépose un bout de papier devant lui.

- Voici son numéro anglais. Contacte-la, elle est assez timide.

- Oui chef.

La reine s'en va et le laisse en proie à ses réflexions.

Anastasia se promène dans l'un des jardins du palais. Elle a passé une nuit difficile comme la plupart du temps maintenant. Elle a perdu énormément de poids, elle flotte dans beaucoup de ses vêtements. Elle réfléchit à sa vie actuellement, elle a l'impression que cela fait longtemps qu'elle a appris pour la mort de sa fille. La vie a repris son cours dans le palais et dans la ville. Elle a l'impression d'être la seule à être bloquée alors que tous les autres avancent. Elle a envie de rentrer chez elle. Son pays et son père lui manquent. Ils se parlent au téléphone par moment, mais l'envie ne faiblit pas. Pourtant, elle ne veut pas perdre Louis aussi. Elle ne veut pas tout perdre.

Elle se remémore la scène de la dernière sortie. Le regard gêné de leur amie en commun. Cette fille voulait définitivement séduire Louis, sinon elle ne se serait pas sentie aussi gênée. Elle a l'impression de revivre le début de leur mariage avec les tromperies de Louis. Ils étaient mariés, mais ils ne se connaissaient pas. Ils se sont mariés sur décision de leurs familles. Ils ont été contraints à fusionner leurs vies ensemble. Il a toujours été connu pour être un chaud lapin et un dragueur éternel. S'attendre qu'il rentre dans les rangs dès leur union, qu'il n'a jamais voulue, tenait plus du miracle ou de la folie. Ils ont appris à se connaître, elle a découvert des aspects de sa propre personnalité à ses côtés. Elle a découvert que derrière l'image légère qu'il montre, se cache un être sensible et attaché à sa famille. On peut compter sur Louis du moment qu'il s'engage. Il est le roc de la famille après son père. Père que la vie semble quitter de plus en plus. Anastasia prend conscience à ce moment que si sa vie a été difficile ces derniers temps, celle de Louis n'en a pas été moins compliquée. Il ne s'est jamais plaint. Même quand l'état de son père empirait radicalement ou quand elle lui faisait des crises de folie. Il avait tout encaissé sans jamais rien laisser paraître de sa douleur. Il était plus que jamais mobilisé pour reprendre les rennes. C'était son travail et son devoir d'épouse de l'épauler. Il ne pouvait même pas se plaindre à elle, elle n'aurait sûrement rien entendue ou tout simplement négligé ses problèmes. Il n'y avait que sa situation qui comptait à ce moment. Elle s'en veut d'avoir été aussi égoïste. Cela fait des semaines qu'elle ne l'a pas vu sourire sincèrement. Alors que la dernière fois avec cette fille, il semblait détendu, apaisé et souriait sincèrement. Chose qu'elle n'arrive plus à provoquer chez lui, chose qu'ils ont perdu dans leur relation. Elle se rend compte d'à quel point le fossé entre eux est profond.

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