Chapitre 2

Alexia est perdue dans ses pensées. Le coup que lui a fait Gabriel lui reste en travers de la gorge et elle commence une fois de plus à se demander si cela en vaut la peine de continuer l’histoire avec lui. Quelques instants plus tard, quelque chose attire son attention alors que le bus continue à rouler. Le suivant du regard, ses yeux se posent une fois de plus sur le jeune homme qui a croisé son regard plus tôt. Toutefois, elle ne s’y attarde pas et elle regarde une fois de plus devant elle. Quelques instants plus tard, elle arrive à destination et c’est avec une mine décomposée qu’elle va retrouver sa collègue qui est déjà sur place depuis une quinzaine de minutes.

- Salut ma chérie ! lance Stéphanie en allant faire la bise à son amie. Tu te sens mieux ?

- Regarde-moi bien. Ai-je l’air d’aller bien ?

- Bien sûr ! Tu es rayonnante ! réplique-t-elle alors qu’Alexia ne peut s’empêcher de sourire devant l’attitude un peu fou de son amie. La vie est belle. Il ne faut pas gâcher ta journée à cause de cet idiot, voyons.

- C’est vrai que la vie est belle, mais il y a une limite à tout. Si je ne me trompe pas, c’est la cinquième fois qu’il me fait ce coup-là. Le pire est que pas plus tard que hier matin, j’ai pris la peine de le téléphoner vu que je sais qu’il est du genre à changer d’idée à la dernière minute et je lui ai demandé de confirmer pour ce soir. Je n’avais encore rien préparé à ce moment-là. Tu sais ce qu’il m’a répondu ?

- Il t’a dit oui ?

- Il m’a répondu : Compte sur moi pour demain bébé. Je ne te fausserai pas compagnie cette fois-ci. Qu’est-ce qu’il me fait le lendemain ? Il m’informe qu’il ne pourra finalement pas être avec moi… Je suis quoi moi ? Un jouet avec lequel il peut jouer quand il le souhaite ?

- Tu viens toi-même de le dire. Ce n’est pas la première fois qu’il le fait. Ne crois-tu pas que tu aurais dû prévoir qu’il te fasse le coup une fois de plus ?

- C’est vrai… J’aurais dû le prévoir. Sauf que, pour une fois, je pensais qu’il aurait fait un effort pour moi… Pas du tout. Je suis tellement déçue…

- Je peux savoir ce que tu avais prévue ?

- Un dîner aux chandelles. Ça tu le sais déjà. Ensuite, j’ai loué une limousine pour qu’elle nous emmène dans un endroit romantique où nous en profiterions pour admirer les étoiles. Figure-toi que nous aurions également lancer une lanterne volante dans le ciel. Nous aurions terminé la soirée en nous envoyant en l’air…

Stéphanie n’en croit pas ses oreilles.

- Tu as vraiment planifié tout ça ?

- Oui, j’ai tout planifié et les réservations ont même déjà été faites.

- Awww ! J’aurais tellement aimé passer cette soirée là avec toi ! Je rêve tellement voyager dans une limousine… Quand tu me racontes tout ce que tu as fait pour ce soir, je comprends que tu sois révoltée…

- Je ne suis même si je peux toujours appeler cela une révolte. Je suis surtout déçue. Cela fait cinq ans que Gabriel et moi sommes ensemble et, de plus en plus, je sens comme un désintérêt total de sa part. Je fais de mon mieux pour que ça aille mieux, mais il ne fait aucun effort. J’ai comme l’impression de me battre seule et c’est démoralisant.

Les yeux d’Alexia se remplissent de larmes. En voyant cela, Stéphanie s’approche de sa collègue et l’enlace longuement.

- Pourquoi tu n’as toujours pas une conversation avec lui ? Il est grand temps que tu lui dises ce que tu ressens par rapport à cette situation ! Ce n’est pas normal qu’il te fasse autant souffrir !

- Tu crois vraiment que nous n’en avons jamais parlé ? Je l’ai fait une dizaine de fois. Il change une semaine et, ensuite, tout redevient comme avant.

- Qu’est-ce que tu fais encore avec lui alors ?

- Je l’aime Steph !

- Oui, tu l’aimes, mais c’est au détriment de ton propre bonheur ! Et ce n’est pas normal !

- C’est vrai, mais…

- Est-ce que tu es certaine qu’il t’aime comme toi tu l’aimes ?

- A vrai dire, je n’en sais plus rien. Je l’ai déjà prévenu que je mettrais un terme à notre relation s’il n’y avait pas de changements…

- Et que s’est-il passé ? l’interrompt aussitôt Stéphanie.

- Il s’est mis à pleurer en me suppliant de ne pas le quitter.

- Et, te connaissant, tu as été attendrie…

- Exactement, réplique aussitôt la demoiselle au teint brun.

- Tu es consciente que, si je l’ai remarqué, il l’a remarqué également ?

- J’en suis consciente. Qu’est-ce que je peux faire ?

- Tu me poses une question sérieuse là ?

- Bien sûr qu’elle est sérieuse !

- La réponse est simple. Quitte-le. Il sait te manipuler pour que tu restes avec lui.

- C’est marrant ça ! Tu es la deuxième personne à me le dire.

- Qui est l’autre personne à te l’avoir dit ?

- Mon petit frère. D’ailleurs, il m’a demandé en plusieurs occasions pourquoi je suis toujours avec Gabriel s’il ne m’aime pas. Il le voit quand je ne suis pas heureuse.

- Donc, si je comprends bien, tu es sado…

- Quoi ? s’étonne Alexia.

- Ben, c’est ce que je peux comprendre. Tout le monde voit que tu souffres, mais tu refuses de prendre une décision.

- Je me bats pour mon couple, tout simplement.

- Sauf qu’à un moment donné, tu dois savoir dire stop.

Alors que les demoiselles discutent, le téléphone portable de Stéphanie vibre. En regardant le message, un sourire se dessine sur le visage de la demoiselle alors que les pensées d’Alexia se redirigent subitement vers ce jeune homme qu’elle ne connaît absolument pas. N’y pensant absolument plus quelques secondes plus tard, Stéphanie reprend la parole.

- J’ai une bonne nouvelle pour toi. Connaissant ton mec, Nabila avait déjà réservé une place pour toi au cas où. Ce qui fait que tu n’es plus libre ce soir ma cocotte.

Alexia retrouve le sourire. Elle qui pensait qu’elle passerait la nuit toute seule chez elle, réalise qu’elle à des amies extraordinaires. Après tout ce qui s’est passé aujourd’hui, la demoiselle de vingt-cinq ans réalise qu’il est grand temps d’avoir une conversation très sérieuse avec Gabriel, quitte à mettre fin à cette relation car, vu comment vont les choses, elle risquera de tout perdre à cause de lui.