Chapitre 5
Sandrine Riviera: Essaie de faire vite avec le rapport, la réunion commence dans deux heures.
Moi: D’accord Madame!
Elle: Je t’ai déjà dit de m’appeler Sandrine, Madame me vieillit.
Moi: Pardon! J’oublie toujours.
Elle” C’est pas grave. Ton père est à Port-gentil en ce moment?
Moi: Oui, il est occupé la plupart du temps avec papa Bertrand.
Elle: Je vois. Bon au boulot!
Elle sort du bureau ou je finis de taper le dernier rapport de consommation. Je commence à avoir un peu faim, j’ai encore oublié d’avaler quelque chose en partant le matin avec papa. Comme vous devez bien le deviner, j’ai enfin commencé le boulot. Après tout ce temps à recevoir des portes au visage, il a fallu d’un claquement de doigt pour que Sandrine Riviera me reçoit dans son secteur. Pour l’instant, je ne me plains pas, je me débrouille pas mal même si je me sens un peu à l'étroit. Mes collègues ne sont pas vraiment sympathiques mais je me fiche un peu puisque je suis la plupart du temps occupée avec ma patronne..
Oui je sais que vous vous demandez certainement comment nous sommes quittés de ma situation familiale à ce stade. Eh bien nous ne nous en sommes pas vraiment éloignés si on suppose que j’ai eu le poste en grande partie à cause de papa Bertrand. Je ne dis pas que je n’ai rien dans la tête mais avouez que c’est un miracle que je trouve un boulot après avoir essuyé autant de refus de plusieurs sociétés autant à Libreville qu’ici.
Donc oui, c’est en grande partie grâce à lui je pense. J’ai bien compris que c'était une manière pour eux d’avoir un oeil sur moi, mais j’ai fini par mettre de l’eau dans mon vin. Je ne peux pas être sur plusieurs fronts en même temps. Alicia m’a bien sur renouvelé sa demande pour Libreville, mais je ne connais pas grand monde là bas à part tonton Nicholas et elle. De plus, je ne me sentais pas prête à combattre mon père parce que j’ai bien compris que ce mariage est très significatif pour nos deux familles.
De plus, Jonathan n’est pas vraiment présent. Il nous rend visite une fois dans la semaine mais ces temps ci il est beaucoup plus concentré à préparer son départs, la semaine prochaine. C’est une sorte de soulagement qu’il s’en aille, je ressens toujours une sorte de gêne lorsqu’il est là même si au fil du temps, je trouve cette idée d’union moins saugrenue. Alicia a croisé Jonathan une seule fois alors qu’on déjeunait ensemble à la maison. Il se sont à peine salués et moi j’ai fait comme si de rien n'était. Cette fois là, Jonathan n’a pas mis bien longtemps, ce qui me fait penser qu’il se souvenait d’elle. Mais revenons au présent!
Comment je suis une trouillarde? On vous a dit qu’on quitte ses parents dans les palabres? En tout cas dites ce que vous voulez oooh c’est mon choix.
Un des hommes du secteur électricité souhaite voir Sandrine mais je lui répond poliment qu’elle ne reviendra pas avant une bonne demi-heure vu qu’elle s’entretient avec le directeur général. Il se contente de me dévisager et de s’en aller. Vraiment tout le monde me snobe dans la boîte là hein tchips!
Lorsque Sandrine pointe le bout de son nez, le rapport est bien au chaud depuis longtemps. Je lui demande si je peux aller me restaurer vu qu’il est plus de 13h et elle me le concède. C’est animé d’une grande joie que je sors de là et vais m’installer dans un coin tranquille pour manger. Je tombe par hasard sur Pierrot, le grand frère de Jonathan, ce qui me fait sourire.
Lui il est l'opposé de son frère, assez gai et sympathique. C’est le seul avec lequel je peux avoir une conversation de plus de 20 minutes chez les Rilewe. Il est en charmante compagnie alors je me retiens de lui faire signe de la main. C’est plutôt lui qui me fait signe en me remarquant. Il laisse sa compagne pour venir s'asseoir à mes côtés un court instant:
Moi: Comment se fait-il qu’on travaille au même endroit mais que je te vois rarement?
Lui: Surement parce que nous sommes éloignés.
Moi: Oui ca doit etre cela.
Lui: Tu es seule là?
Moi: Oui pourquoi?
Lui: Pour rien!
Moi: C’est la belle soeur?
Lui en souriant: Pas du tout, c’est une collègue. On est juste venu manger au même moment.
Moi: Ah d’accord parce que moi je me souviens que la belle soeur est à Accra en ce moment.
Lui: hahahaha bien sur! Comment va ta mère?
Moi: Bien, très bien! Et la tienne?
Lui: Tu le saurais si tu venais plus souvent à la maison.
Moi: …
Lui: Ou tu es toujours fâchée.
Moi: Mais non je...je sais pas.
Lui: C’est quoi le véritable problème avec Jonathan? Vous vous comportez comme chien et chat des fois.
Moi: Je n’aime pas ton frère.
Lui: Souvent l’amour vient avec le temps Ambre.
Moi: Oui, en même temps je n’ai pas trop le choix. J’aurais préféré un autre membre de ta famille.
Lui en me dévisageant: hum, si tu savais…
Moi: Quoi donc?
Lui: Rien Ambre, je te taquine. Mais tu devrais te dépêcher si tu ne veux pas arriver en retard.
Moi: Tu as raison, de toute façon j’ai plus faim. Toi tu as fini?
Lui: Pas vraiment!
Moi: Bon je vais y aller
Avant que je ne fasse un geste, il a déjà fait signe là une jeune fille qui s’occupe de ma facture. Il me propose de m’offrir mon repas et je le remercie sans façon. Il me fait la bise et me laisse sortir du restaurant. Ma demi journée file très rapidement et c’est le coeur léger que je rentre chez moi. Comme d’habitude maman me demande des nouvelles du boulot et je suis assez brève.
Depuis les fiançailles, il y a comme un fossé entre nous, je n’arrive plus vraiment à me confier à elle ou à discuter de choses banales avec eux. Je ne suis pas particulierement rancuniere, c’est juste que j’ai compris que mes parents ne respectent mes aspirations. J’ai donc décidé que je resterai dans mon cocon. D’ici là, je trouverai bien un appartement à louer pour m’isoler un peu, le temps de mettre assez de côté.
Moi: Pierrot vous salue.
Maman: Tu l’as vu quand?
Moi: Pendant la pause au restaurant.
Je vais dans ma chambre sans tenir compte du fait que maman me fixe bizarrement. Bref comme je vous l’ai dit, je ne les calcule vraiment pas, au moins le message est clair…
Le jour du départ de Jonathan, il vient nous dire au revoir accompagné de son frère qui je crois lui sert de chauffeur aujourd’hui. Nous sommes à la terrasse à discuter entre jeunes vu que maman se repose et que papa est en déplacement, bon disons que Pierre a voulu discuter avec moi parce que l’autre quand il vient c’est pour parler avec ses parents adoptifs.
Lorsque l’heure de démarrer pour eux arrive, Pierrot vient me faire un câlin avant de se diriger vers la voiture. Jonathan me fixe juste un instant et vient me faire la bise, ce qui m'étonne un peu, avant de tourner les talons. Le gars là sent quand même bon hein mine de rien tchips!
Pierrot: mais Joe, c’est comme ainsi que tu dis au revoir à ta femme?
Jonathan: Ce n’est pas encore ma femme.
Pierrot les yeux ronds: Ne fais pas attention Ambre, il est fâchée à cause du départ.
Moi: C’est rien, on sait tous les deux que ton frère manque de savoir vivre.
Jonathan en me toisant: Hum, Pierrot démarre s’il te plait!
PIerrot: Il faut rester sage hein. Je vais à Libreville moi aussi mais pour affaire.
Moi en souriant: Je suis toujours sage Pierrot.
Pierrot: Je sais. Bon à nous revoir!
Jonathan: Mais depuis là?
Pierrot: Oh si tu ne sais pas te comporter avec ta femme c’est ton problème. Moi je dis au revoir à ma belle soeur.
Jonathan: …
Moi: Prends soin de toi Pierrot!
Pierrot: Bien sur!
Il s’en vont rapidement et j’en profite pour aller retirer mon linge de la corde. Franchement, je ne sais pas ce qui empêche le gars qu’on appelle Jonathan là d'être un peu aimable avec moi, ca ne va pas l'écorcher que je sache. Qui moi? Moi je suis bien avec lui, je réponds juste à ses provocations. Pfff vraiment! Il n’a qu'à rester toute sa vie labas. Je n’y pense plus vraiment après leur départ et prépare simplement ma journée de lundi…
Alicia: Sors un peu de ta maison tchouoo!
Moi: Pour aller?
Alicia: Je sais pas, on peut faire un tour à Sindara.
Moi: faire quoi là bas?
Alicia: Julien est de labass. C’est le week-end, on ne reste pas à la maison.
Moi: J’aimerais bien vous accompagner, mais pas à Sindara.
Alicia: Pourquoi?
Moi: Toi aussi j’irai là bas en tant que qui? Tu vas aller voir ses parents, faut pas emmener les visiteurs imprévus.
ALicia: C’est qui les visiteurs imprévus? Ma soeur? Ah laisse et puis se sont plus les parents éloignés hein, sa famille restreinte est à Libreville.
Moi: En tout cas, venez me chercher après, j’ai besoin de me reposer pour l’instant.
Comme convenu, elle accompagne son petit ami Julien chez ses parents à Sindara et ils reviennent me chercher au environs de 16h pour aller manger un bout. Maman me dévisage juste et me demande de faire attention. Vu que monsieur Rigondja est dans une autre province en ce moment, je peux me le permettre sans avoir à donner mille raisons, surtout que mman se sent un peu coupable ses derniers temps.
On va dans un bon coin grillade assez animé. C’est l’une des zones chaude de Port gentil a ce que je peux voir. Je remarque que je n’ai pas vraiment visité toute la ville jusqu'à présent, mais cela ne saurait tarder, et ce lorsque j’irai m’installer chez moi.
Julien: Alors Ambre tu te plais à POG?
MOi: Oui beaucoup, j’avais peur d’avoir la nostalgie de Lambaréné des fois.
Julien: Mais Libreville est mieux hein.
Moi: Cela dépend.
Julien: De quoi?
Moi: De ce qu’on cherche. J’ai été dans les trois villes c’est ici que j’ai trouvé du boulot. Rien que pour cela, Port Gentil peut être devant Libreville.
Alicia: hihihi l'intérêt guide l’homme.
Moi: Oui ooooh!
Alicia: Chéri tu sais que j’ai un colis à déposer à ma tante non?
Julien: Oui je n’ai pas oublié, mais il nous faut remettre du carburant, on ne sait jamais.
Alicia: D’accord!
Nous finissons donc nos boissons et nos plats avant de rouler vers le domicile d’une parente d’Alicia que je ne connais pas. Une fois à la station, Alicia et moi on s'éloigne parce qu’elle a repéré une vendeuse de Kalaba (argile en roche). En revenant, je reconnais une silhouette familière à la station. Lui aussi semble me reconnaitre et me sourit joyeusement en s'avançant. Deux bises à moi et Alicia, il me dévisage:
Lui: J’ai cru que vous étiez retournée à Lambaréné.
Moi: Oh pourquoi?
Lui: On ne vous voit nulle part dans Port-gentil.
Moi: Ah, le boulot.
Lui: Ah ça a payé finalement.
Moi: Oui oui!
Lui: Bah je suis content pour vous.
Alicia: Il faut excuser ma soeur, elle est impolie. Moi c’est Alicia.
Lui: Yannick!
Alicia le sourire aux lèvres: Enchantée! On peut se tutoyer?
Lui: Oui sans problème, on se tutoie Ambre?
Moi: Oui je préfère.
Julien de loin: Eh les filles, vous venez!
Alicia: On arrive. Ambre dépêche toi! Yannick, c'était un plaisir.
Yannick: pareillement!
Moi une fois Alicia loin: Bon je crois que je vais aussi m'éclipser.
Yannick: Attends tu as une carte professionnelle?
Moi: Non du tout!
Yannick: Dommage, j’aurais aimé te déranger au boulot..
Moi: krkrkr oui dommage! Mais tu peux me donner la tienne.
Yannick: Bah écoute je vais voir dans mon véhicule d’accord?
Moi: D’accord!
Il en trouve une et me la remet en m’assurant que je ne tomberai pas sur un fou, ce qui me fait sourire. Je lui donne également mon adresse mail vu que je l’utilise beaucoup pour le boulot. Je peux pas lui donner le fix de la maison, non je ne suis pas encore suicidaire.
Yannick: Ca m’a fait plaisir de te revoir Ambre.
Moi: Moi aussi, au moins avec mon travail, je pourrais régler la facture du pressing.
Il éclate de rire en me disant que ce n’est pas la peine. Il m’embrasse sur la tempe pour me dire au revoir et je note en passant qu’il a encore son joli sourire sur le visage. Il me promet de me faire signe d’ici là et je vais monter dans la voiture de Julien en m’excusant du contretemps.
Alicia au bout d’un moment: Le gros sourire là c’est pour quoi?
Moi en la regardant: Quoi...pardon?
Alicia: Tu souris depuis là, tu penses à quoi?
Rhooo donc je souris même hein?
Mais je souris même pourquoi au fait?
À suivre.