Chapitre 3-4
Moi en murmurant: Vous faites quoi chez moi?
Lui: Shut, ne sois pas indiscrète!
Maman: Ambre c’est comment?
Moi: Rien!
Alors que j’ai voulu poser des questions à mon père plus tôt, il m’a implicitement ordonné de prendre la place qu’on m’indiquait, à côté de et je lui ai obéi. Quoi? Comment? Refuser? Embarrasser mon paternel devant tout le monde? J’ai toujours su que vous ne me souhaitez pas longue vie. En ce moment, celui qui occupe la place à mes côtés me fait un sourire respectueux. Il n’a pas changé depuis la dernière fois. Je le reconnaitrais entre mille, c’est l’ami du monsieur hautain là, vous savez celui qui s’est disputé avec Alicia à Lambaréné lorsqu’on achetait nos choses. Je n’arrive pas à y croire et en fait espère secrètement que ce soit une blague.
Malheureusement mon espérance est en chute libre au fur et à mesure que je comprends l’horreur de la situation en les entendant parler. Apparemment, cette union a été prévue depuis un bon bout de temps entre Bertrand et papa. Mais rhoo donc ils ont pris la décision sans nous consulter? Ca c’est même quoi?
J’ai entendu beaucoup d’histoires sur les mariages arrangés mais là je suis tellement choquée que je n’arrive pas à bouger le petit doigt. Jonathan Rilewe dit “mon fiancé” se tient là comme un automate. Aucune expression particulière si ce n’est solennelle ne déborde de son visage. Je dois avouer qu’il dégage un certain charisme mais je suis trop inquiète pour m’y attarder. Il baisse la tête en signe de révérence en me regardant une nouvelle fois mais je sais que ce n’est que de la comédie.
Bertrand: Bien maintenant je peux laisser mon fils retourner en paix finir ses études, tout en sachant que sa femme l'attend ici.
Papa: En effet, on réglera le reste lorsqu’il aura fini Bertrand. Célestine, il y a a manger pour nos invités?
Maman: Oui on s’en occupe.
Papa: Bon, en attendant que tout soit prêt, pourquoi ne fais tu pas visiter les lieux à ton mari Nkombe?
Moi: euh…
Jonathan en me souriant: C’est une bonne idée papa.
Bertrand: Ca vous permettra aussi de faire un peu connaissance.
Nous sortons tous les deux sans dire mot après que je lui aie montré quelques coins de la maison. Lorsque nous sommes assez éloignés des oreilles indiscrètes je me tourne vers lui en colère. Je me sens complètement piégée et il faut que quelqu’un m’explique:
Moi: C’est quoi tout ca?
Jonathan me dévisageant: Pardon?
Moi en pointant le salon du menton: Ce qui se passe avec nous. C’est quoi?
Jonathan: Nous étions là bas tous les deux non?
Moi: Mais...enfin je ne te connais pas.
Jonathan: Moi non plus!
Moi: Si, je suis sûre que tu savais la dernière fois, c’est pourquoi tu me lorgnais.
Lui: ...
Moi: Tu agis comme si tu t’en fichais.
Jonathan en me fixant: …
Moi: Mais dis quelque chose. Tu es d’accord avec ca? Et puis pourquoi tu ne m’as rien dit lorsqu’on s’est vu à Lambaréné? Pourquoi tu ne m’as pas…
Jonathan: C’est pas important Ambre.
Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus: le fait que mes parents aient organisé tout ce cirque dans mon dos ou que celui qui se tient devant moi n’ait pas l’air plus choqué que ça. Mais moi je ne suis pas prête, je fais comment? Je n’ai pas envie d'épouser un inconnu moi. Ah Rera quels problèmes tombent sur ma tête aujourd’hui là?
Jonathan: Tu sais que ca ne sert a rien de te plaindre n’est ce pas? Et puis nos parents sont assez sages pour savoir ce qu’ils font.
Moi: Je ne t'épouserai pas, jamais de la vie. Tu es un homme non? Dis leur que c’est pas possible c’est comment?
Jonathan l’air agacé: Écoute on va gagner en temps. La dernière chose que j’aurais souhaité en venant au Gabon, c’est d’avoir à supporter une hystérique en guise de fiancée. Mais par respect pour mon père et le tien, je ne ferais aucun commentaire dessus pour l’instant. Sache que plus tu seras docile et plus tu nous rendras la vie facile. Une femme ca doit avoir de la classe ma belle. Heureusement que ca se travaille.
Moi: Mais tu es fou ou quoi? C’est moi que tu traites d’hystérique? Vas au diable avec ta docilité!
Maman sortant de nulle part: Ambre?
Moi: …
Maman: Y a un problème ici?
Jonathan en me dévisageant: Non maman, comme tu vois on apprend à se connaître.
Maman: Ah d’accord, mais vos pères sont affamés hein, il vaudrait mieux rentrer pour qu’on passe à table!
Jonathan: D’accord maman!
Maman par ci, papa par là, tchips il faut bien dire à votre gars que je suis fille unique hein, c’est quoi ces appellations informelles? Franchement, ca ce sont les choses qui m'énervent encore plus. Il traite même qui d'hystérique? Hystérique toi même!
Je reste en retrait alors qu’il se dirige vers le salon. Maman s’immobilise sur le bas de la porte. Elle me fixe sans rien dire:
Moi: Maman je ne veux pas ep...
Elle: pas maintenant, viens on va manger!
Moi: Je n’ai pas faim.
Elle: Tu veux énerver ton père? Viens!
Moi: …
Elle: Vas rejoindre ton fiancé!
Moi: Ce n’est pas mon fiancé, je ne l’aime pas.
Papa hystérique distance: Les ventres crient famine!
Maman: On arrive oooh!
Le repas se déroule dans une ambiance décourageante, et si je ne dis rien, c’est que je n’arrive toujours pas hystérique croire que ce soit vrai. Alors que je suis installé aux côtés de Jonathan comme tout hystérique l’heure, mon père m’ordonne presque de le resservir alors qu’il encourage ce dernier hystérique tout goûter sur la table, ce qui fait sourire Jonathan, Tchipssssss regardez moi les choses! Heureusement qu’il ne se fait pas trop prier et qu’il sait ce qu’il veut. C’est donc rapidement que je dépose le plat devant lui:
Jonathan taquin: Tu ne me fais pas manger chérie?
Moi en fronçant les sourcils: Pardon?
J’ai dû hausser légèrement le ton vu que tout le monde a les yeux braqués sur nous maintenant. Seigneur sors moi de ce cauchemar pardon! Il fait l’innocent mais je décèle bien du défis dans sa manière de sourire. Attends que je mette le raticide dans ta nourriture, tu vas bien me montrer tes vilaines dents. Bon j'exagère elles ne sont pas vilaines, je dirais même que c’est tout l'opposé et que…
Jonathan en se penchant vers moi dans un murmure: Si tu continues de me dévisager de la sorte, je vais finir par croire que tu aimes ce que tu vois.
Moi employant le même ton: je ne te dévisageais pas.
Jonathan: Oui d’accord!
Moi: Mais c’est vrai je…
Jonathan: Et j’ai compris, détends toi!
Moi: …
Il croit que parce que je l’ai un peu regardé que je suis intéressée? Bref! Il faut que j’aie une conversation sérieuse avec mes parents, sans tous ces gens je veux dire. Je n’ai aucune envie de me donner en spectacle. Du coup, j’attends patiemment qu’ils s’en aillent. Lorsque tout le monde est rassasié, ils commencent à débattre sur les divers et de l'actualité. Moi je suis dans un coin avec Jonathan et je lui réponds par des monosyllabes, le strict minimum.
J’ai le malheur de constater que la famille Rilewe, à laquelle je n’ai pas beaucoup parlé d’ailleurs, souhaite rester un peu plus longtemps. J’apprends à ce moment que Jonathan doit retourner dans peu en Italie où il fait sa formation. Mais pourquoi on vient m'embêter avec lui alors qu’il n’est même pas au Gabon? A une heure assez avancée, on les raccompagne et ils font promettre à Jonathan de me rendre plus souvent visite avant son départ. Moi j’aimerais qu’il ne revienne jamais mais bon on ne peut pas toujours avoir gain de cause.
Une fois seule avec mes géniteurs, je fais exploser toute ma frustration des événements de ce jour:
Moi: Moi je tiens à vous dire que je ne suis pas d’accord avec votre décision. Il s’agit de ma vie et je ne veux pas épouser Jonathan.
Maman: Mais pourquoi?
Moi: Je ne l’aime pas maman. Je ne veux pas de lui, comment vous pouvez me mettre sur le fait accompli, me forcer à épouser quelqu’un sans même m’en parler? Non je ne suis pas d’accord!
Papa calmement: Et si tu n’es pas d’accord cela change quoi?
Moi: …
Papa: Tu penses que tu as une décision à prendre devant ton père. Tu penses être mieux placée pour savoir ce qui est convenable pour toi? J’ai décidé que tu épouseras le fils Rilewe. Pour une fois que tu peux accomplir quelque chose d’important, tu ne vas pas faire la fine bouche.
Moi: mais papa…
Papa: Ça suffit maintenant les caprices la! Bertrand et moi nous connaissons depuis. Je sais de quelle famille il vient et lui aussi me concernant. C’est tout naturellement que j’ai accepté qu’il demande ta main pour son fils instruit et cultivé. Tu penses avoir un meilleur parti avec tous les voyous qui pullulent les rues maintenant?
Moi: Mais si je ne le souhaites pas?
Papa: Tu n’as pas le choix, tu es la seule fille que nous avons, nous nous devons de faire les meilleurs choix pour ta vie.
Moi les yeux humides: …
Papa: Plusieurs personnes ont épousé le choix des parents et ils n’en sont pas morts. Au contraire, ce sont les mariages les plus solides, pas les choses que certaines jeunes font sans que les parents ne sachent là, aucun respect. Jonathan a besoin qu’une femme le canalise et le rende crédible pour sa carrière. Toi ça t’ouvrira un tas de portes et je n’aurais pas besoin de m'inquiéter sur tes fréquentations. Maintenant si tu as des choses à dire, tu le feras avec ton future mari. Moi j’ai fait ma part.
Il se rend dans sa chambre sans plus rien ajouter et je m’effondre simplement sur un des canapés du salon, sanglotant comme si on m’avait annoncé le décès d’un proche. Maman essaie de me consoler mais je ne l'écoute que partiellement. J’ai trop de ressentiments pour elle et surtout pour papa de m’imposer ce genre de choses alors que je me cherche encore dans la vie.
Heureusement que maman a eu de l’aide pour le ménage et la vaisselle, je ne me sens pas la force de faire un quelconque effort maintenant.
Cette nuit, je suis victime d’une grave insomnie, même le sommeil m’abandonne. C’est donc totalement épuisée et avec des cernes au visage que je me regarde au miroir de ma chambre au petit matin, comptant à peines deux heures de sommeil.
J’applique un masque à base de miel sauvage, de concombre râpés et de lait. Je vais sous la douche 15 minutes plus tard. J’ai meilleure mine qu'à mon réveil, y a au moins ça de fait. J’ai vraiment envie de sortir d’ici ni vue ni connue pour aller prendre de l’air mais nous sommes le week-end, je ne pourrais trouver aucune excuse du style déposer les CV, alors je reste dans ma chambre.
Comme dans un rêve, j’entends la voix d’Alicia au salon et la vois entrer dans ma chambre quelques minutes plus tard.
Alicia: Ambreeeeeuh!
Moi: Depuis que tu as dit que tu venais.
Alicia: Je sais, mais j'étais occupée. Quelles sont les nouvelles?
Moi: Ah…
Alicia: Attends dis moi que c’est faux l’affaire que j’ai entendu la.
Moi: Quelle affaire?
Alicia: Mais que tu t’es fiancée sans me dire non!
Moi: Tchips!
Alicia: Donc c’est vrai??? Toi qui restes toujours à la maison, tu as fait comment pour rencontrer un homme ici sans que je ne sache. Tchouooo Nkombe! C’est comme ça hein?
Moi: Toi même tu dis que je reste à la maison, tu crois que je devais faire quelle magie?
Alicia: Oh donc tu n’es pas fiancée?
Moi: Tchips!
Alicia en me poussant: Mais dis non!
J’entreprends donc de tout lui raconter en prenant bien la peine de lui donner l'identité de Jonathan et de lui rafraîchir la mémoire sur l'interaction de Lambaréné. Ses yeux s’ouvrent au fur et à mesure que j'évolue dans mon récit et lorsque je me tais, elle est tellement choquée qu’elle se gratte la tête.
Alicia: Mais tu vas faire comment ma soeur?
Moi: Je sais que quoi?
Alicia: tu es sure que tu ne peux pas les contourner?
Moi: J’ai essayé ohhh tu connais monsieur Rigondja avec ses choses.
Alicia: Et tu en es ou coté boulot?
Moi: C’est mauvais partout. La seule boite qui peut l'accepter est encore en relation avec les Rilewe, je ne sais pas quoi faire.
Alicia: Tchouooo on dirait même que c’est un plan. Eux aussi, ils vont entrer dans le troisième millénaire avec ce genre de mentalités?
Moi: Je t’assure.
Alicia: Bon voyons le bon côté des choses. Jonathan n’est pas mal hein!
Moi: Rhooo!
Alicia: Ah ne crie pas sur moi! C’est vrai si on enlève la première impression à cause de son ami sauvage là, ca va. Tu pourras l'apprivoiser ou bien?
Moi: Alicia moi je ne veux pas. Je te dis que l’histoire la me donne les maux de tete, je n’ai même pas dormi.
Alicia: A ce point?
Moi: Mais puisque je te dis.
Elle ne dit rien pendant un long moment, semblant réfléchir.
Alicia: Écoute si tu ne le sens vraiment pas, tu pourrais venir à Libreville avec moi on ne sait jamais.
Moi: Tu veux que mon père me tue? Faire quoi?
Alicia: Tu lui diras que c’est pour le boulot. Si tu vis ici tu ne pourras pas te faire entendre. Souvent c’est quand tu sors de la maison familiale que les parents commencent à te prendre au serieux. Je te parle de mon expérience personnelle. Peut être que si tu decides de te prendre en main, il ne pourront pas te forcer.
Moi: Je connais papa oh, il peut même me renier comme ca.
Alicia: Ambre tu veux bouder oui ou non?
Moi: Oui toi aussi tu sais bien que oui.
Alicia: Vient à Libreville alors!
Elle n’a pas l’air de plaisanter vu le regard qu’elle me lance. Aller à Libreville, quitter mes parents et braver leur autorité. Est ce là une bonne idée, surement si je souhaite sortir des griffes de la famille Rilewe!
Mais est ce le meilleur choix qui puisse s’offrir à moi?
À suivre.