CHAPITRE 6
« - Putain...
Mohsîn : Je m'occupe d'eux. T'inquiètes pas d'ici demain tout sera oublier. Allah y chefik mon frère et dès que tu peux sortir préviens moi, je passe te prendre.
- Saha, merci Moha, tu gères wAllah. »
Je crois bien que Moha c'est le plus mature d'entre nous.
Il est parti avec Mourad et il restait plus qu'Anas et moi.
« - T'sais appuyer là où ça fait mal.
Anas : T'as vu comment ils me regardaient avec dédain ? J'suis peut-être pas mieux qu'eux, mais j'peux t'assurer qu'ils ne sont pas mieux qu'moi. J'vais pas fermer ma gueule pour ces petits cons !
- C'est bon détends-toi. On a tous une part de responsabilité dans cette histoire. Maintenant ils leur faut certainement du temps pour s'en apercevoir. »
On a continué à discuter d'ses rancœurs puis on a changé de sujet.
« Anas : Comment t'es arrivé là en faite ?
- Un fou m'a percuté.
Anas : Et tu penses pas que justement c'était intentionnel ?
- J'pense que si. J'avais même l'impression d'être suivi avant qu'ça arrive.
Anas : J'sais pas dans quel bourbier tu t'es mis, mais tu ferais mieux d'rester vigilant. Si il a essayé d'te kanner une fois, il tentera une deuxième fois.
- J'compte pas faire l'impasse sur ça. J'attends d'aller un peu mieux et j'en ferais une affaire personnelle.
Anas : T'es malade ? Tu veux te jeter dans la gueule du loup ? Tu ferais mieux d'faire profil bas.
- Je fuirai jamais face à qui que ce soit. »
Il a essayé d'me raisonner durant un certain moment, mais vu que j'étais pas prêt d'changer d'avis il a lâcher l'affaire.
« Anas : Vas-y je vais y aller moi. Prends soin d'toi, on se revoit bientôt.
- Saha, Salem, fais attention à toi aussi... »
J'avais l'impression qu'Anas m'avait pardonné mais que pour les autres c'était loin d'être le cas.
Une semaine s'était écoulée et comme prévu Mohsîn était venu me chercher.
Je sortais enfin de ces lieux qui puent la mort, j'en pouvais plus. J'devais encore me reposer chez moi selon le médecin, mais j'sais pas où il a cru que j'allais aller avec mes côtes fracturées.
« Moha : Mais maintenant que j'y pense, pourquoi t'as pris une infirmière pour les soins ? Amira elle peut pas te les faire ?
- Faudrait déjà qu'elle veuille me parler.
Moha : Comment ça ? Il s'est passé quoi ?
- Elle croit que je la trompe avec l'autre connasse de Maria.
Moha : Et t'as rien fais pour l'en dissuader ?
- J'ai tout essayé elle veut pas me croire, je peux rien faire de plus. »
À chaque fois qu'on me parlait d'Amira ça me mettait les nerfs. Ça m'foutait le seum, parce que ça m'remettait une claque dans la gueule qui m'faisait prendre conscience que je l'avais perdu.
Point de vue d'Amira
J'étais totalement désespérée à l'idée qu'Imran n'ai pas réagi à mon absence. Je pensais qu'il allait essayé de faire bouger les choses, de se faire pardonner, mais bien au contraire il n'a rien fait.
J'avais peur de craquer et d'aller le rejoindre d'une minute à l'autre parce que j'en pouvais plus d'être loin de lui. Ça me pesait beaucoup trop.
Il me manquait terriblement. Personne autour de moi ne comprenait ma situation, à part à Wassila je n'avais dis à personne qu'Imran avait fréquenté une autre femme.
Je sais éperdument que mes parents n'auraient pas toléré cette situation et qu'ils m'auraient contrainte au divorce. Pareil pour Hiba, c'est ma grande sœur et je sais qu'elle n'aurait pas digéré qu'il ait pu me faire du mal.
Cependant, je savais très bien que des doutes planaient à la maison sur ma situation. J'avais quitté mon appartement depuis quelques semaines déjà, alors bien qu'ils gardent le silence pour le moment je sais que ça ne durera pas.
J'allais bien devoir finir par affronter la réalité et régler mes problèmes.
Laisser couler les choses n'étaient pas une solution en soi, mais ça m'aidait à fuir mes peurs.
J'avais peur, peur de perdre l'homme que j'aime, j'avais peur que ma haine soit plus forte que l'amour que je lui porte, j'avais peur de ne pas pouvoir pardonner ce qui m'a tant blessé.
Retour au point de vue d'Imran
Ma tristesse se changeait petit à petit en colère. Je ne voulais plus entendre parler d'Amira.
Elle n'avait même pas daigné être présente pour moi pendant cette épreuve. C'était clairement la fin.
J'avais décidé de la laisser partir cette fois.
On ne peut pas forcer le destin. Elle a décidé de s'en aller, alors qu'il en soit ainsi.
« Nicolas : Imran ?!
- Ouais ?
Nicolas : J'te fais un café aussi ?
- Ouais j'veux bien !
Nicolas : Ok ! »
5 minutes après, je vois que Nico arrive avec un petit plateau, d'la viennoiserie et deux cafés.
Il me tend une tasse et en prend une pour lui.
« - Merci.
Nico : Y a pas de quoi. L'infirmière va arriver d'une minute à l'autre pour changer ton bandage.
- D'accord, j'vais enfin pouvoir me lever.
Nico : Oui, mais il ne faudra pas en abuser ! Faut que tu fasses quand même attention. »
Ça fait un mois que j'ai eu ce foutu accident et je suis toujours sous antalgiques. La douleur est moins intense que durant les deux premières semaines mais ça m'fait chier de devoir rester dans cette situation un mois de plus.
C'est une vraie galère, au début je devais carrément ni éternuer ni tousser.
L'infirmière est venue changer mon bandage au niveau des côtes, et elle a aussi retiré le plâtre de ma jambe.
Je me sentais déjà un peu plus libre parce que j'aime pas être contraint à ne plus bouger. J'ai besoin de vivacité, c'est vitale pour moi.
[...]
« Nicolas : J'te sens bien pensif, qu'est-ce qui se passe ?
- Tu peux me rendre un service ?
Nicolas : Tu sais que tu peux tout me demander, mais dis moi ce qu'il en est ?
- Demain, j'aurais besoin que tu me dépose sur Paris. Je dois régler quelque chose.
Nicolas : Si tu y tiens. Je te dis à demain alors, si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas. »
Il est parti et je me retrouvais une fois de plus seul, dans l'appartement que je suis censé partager avec ma femme.
J'ouvre le tiroir de ma table de nuit, et j'en sors une grosse enveloppe.
J'souffle un bon coup. J'ai peut-être aussi merdé, mais je reste un être humain. J'ai des sentiments et on m'a blessé. Ça peut plus continuer.
J'sors le dossier de l'enveloppe.
Je le regarde longuement. Je me pose une multitude de questions.
Alors c'est comme ça que ça devait finir ?
J'sais que mon acte engendrera peine et haine mais on doit se rendre à l'évidence. Certains chemins se séparent plus rapidement qu'on pense.
Ce serait vous mentir si je vous disais que c'était facile pour moi de tout remettre en question. J'en souffrirai autant qu'elle, mais on doit s'y faire.
Je m'endors avec ce fichu papier entre les mains. Celui qui risquerai bien de tout changer, de tout briser.
Le lendemain, j'attends que Nicolas vienne me chercher.
Je jette un dernier coup d'œil à ce maudit papier, et je le range dans l'enveloppe qui le contenait la veille.
J'essaye tant bien que mal de mettre mes chaussures et j'me lève en poussant quelques gémissements.
Je pensais que j'allais de nouveau être en forme rapidement mais je m'étais trompé. J'ai encore un long chemin à faire avant d'être aussi vif qu'avant.
[...]
« - Attends moi là deux minutes.
Nicolas : D'accord, fais attention à pas t'écrouler par terre.
- T'inquiètes. »
Je sors difficilement de la voiture et j'avance près de la maison des parents d'Amira. Je m'appuie contre un grillage.
Je prend mon téléphone et j'appelle sa sœur, Wassila.
« - Wassila ?
Wassila : Oui ?
- Tu peux venir devant le portail vite fait ?
Wassila : J'arrive. »
Quelques minutes plus tard elle est arrivée et elle m'a rejoint.
« Wassila : Salem Aleykoum.
- Aleykoum Salem.
Wassila : Qu'est-ce qui se passe ?
- J'voulais que tu remettes cette enveloppe de ma part à Amira.
Wassila : Heu... D'accord. Je le ferai. »
Elle est repartie et je suis retourné dans la voiture.