2 - Départ forcé pour Séoul

Rose :

J'ai posé mes écouteurs sur les oreilles. J'écoute une chanson romantique. Je suis très nostalgique. J'attends à l'aéroport. Je dois retourner à Séoul pour vivre avec mon père et ma demi-sœur. Ma vie ne pouvait pas aller plus mal. Je n'ai aucune envie d'y retourner pour subir leur indifférence. Je suis encore très faible et en convalescence. Je ne désire pas m'inquiéter pour rien, cependant je sais que je me jette une seconde fois dans la "gueule du loup". Bref, je suis prisonnière de ma vie de misère et victime de mes actes. Si mon comportement avait été meilleur, je n'en serais peut-être pas là. Mais, ce n'est pas ma faute si mon univers ne cesse de s'écrouler autour de moi depuis que je suis née. Rien de bien, ne m'attends là-bas. Et, je dirais en plus que ce sera pire là-bas parce que je vais vivre chez des personnes qui me détestent. Même cette chanson que j'écoutais en boucle avant, me blesse aujourd'hui. Elle me rappelle mon petit copain entrain d'embrasser cette inconnue. Je soupire, je retiens mes larmes et je mesure mon impuissance quant à mon avenir. Tout le monde semble vouloir contrôler ma vie sans me consulter.

Cela fait une semaine que je n'ai pas pris de drogues, ni d'alcool. Je ne me sens pas très bien parfois. Le manque me rend malade. Mais, je lutte. Je dois m'en sortir. Je me suis fait très peur. Ma mère m'a dit avant de me déposer à l'aéroport que je devais considérer ma vie à Séoul comme un nouveau départ. Je vais m'y efforcer. Pour une fois, je vais me comporter en bonne fille. De toute manière ma vie ne peut pas être pire que ce qu'elle est déjà. J'ai besoin de rêves dans mon quotidien, de m'évader de mon entourage. Et j'avoue, la drogue m'aidait à m'enfuir de ce monde réel.

Dans l'avion, je réfléchis sur ma vie. J'ai tout gâché. Je continuerais les cours de danse. Je n'ai que cela. Je vais me retrouver dans un univers totalement différent de tout ce que j'ai connu jusqu'à présent. Ma demi-sœur est une star en Corée du Sud. Je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir vivre avec cela. Par la force des choses, je vais être obligée de me retrouver sous les projecteurs. Est-ce que je vais pourvoir gérer ? Mes mains tremblent, je me contrôle je ne veux pas montrer aux autres que je vais avoir une crise de manque. Je cache mes souffrances, je garde une attitude digne. La douleur dans mon corps est horrible, mais rien ne se voit sur mon visage.

Je pose les écouteurs sur ma tête, et j'écoute à nouveau cette chanson qui me torture en fin de compte. C'est ce que je suis une fille torturée par la vie, achevée dans mon cœur, et détruite dans ma tête. Tout en moi est à reformater. J'ai besoin de limites, de freins, j'ai besoin d'être remise dans le droit chemin après mon sevrage. Mon père connait bien ma situation, ma mère lui a parlé de tous mes faux pas, de tous mes délires, et de ma dernière chance de m'en sortir vivante. Je n'aurais peut-être pas deux fois la même chance. Je m'éloigne de mon enfer actuel, mais j'ai le pressentiment que je me rapproche d'un autre enfer.

Je vais devoir vivre avec un père et une demi-sœur qui me détestent. J'en frissonne. Le peu de temps que j'ai passé avec eux a été un supplice. J'aperçois l'aéroport de Séoul, j'entends mon cœur battre rapidement dans ma poitrine. J'ai peur de mon avenir. J'ai peur de tomber encore plus bas. Je sais que cela ne va pas forcément bien se passer. Je suis agressive lorsque je suis en manque de drogues. Et là, c'est le cas, je risque de m'emporter rapidement.

Je descends de l'avion sans trop de convictions. J'imagine que l'on a envoyé un chauffeur ou un employé pour me récupérer. Je regarde les panneaux sur lesquels sont inscrits les noms des personnes attendues. Une jolie jeune fille tient un panneau avec mon nom. Je m'approche d'elle et me présente. Elle m'informe être une employée de mon père. Ce que je pensais. Je la suis. Une voiture avec chauffeur, nous attend. C'est du luxe, je ne suis pas habituée à cela. J'ai la pression tout à coup, au point que j'en oublie que je suis en manque de drogues. Je m'installe dans la voiture, et nous prenons la route vers la maison de mon père. Le trajet se fait dans le silence. Je me sens encore mal à l'aise.

Je regarde le paysage pour combler le vide en moi. Je me sens de moins en moins bien. Je transpire, je sens que je suis faible. Mes mains tremblent beaucoup, je ne peux plus contrôler. Une douleur forte me meurtrit le ventre. J'ai envie de me plier en deux pour pouvoir mieux maîtriser ce mal qui me ronge les entrailles. Je suis à la limite de l'évanouissement. Je n'ai qu'une envie, c'est de me coucher et de fermer les yeux pour ne plus jamais les rouvrir. Mais, je n'ai pas le courage de le faire. J'y ai pensé plusieurs fois sans agir. Il faut croire que dans ma tête, il y a encore une lueur d'espoir pour mon futur.

La voiture arrive devant une gigantesque maison. Mon père a déménagé depuis la dernière fois où je suis venue pour les vacances. On dirait également qu'il a changé de métier et qu'il gagne mieux sa vie. Cette maison est tout simplement magnifique. Je descends comme je peux de la voiture. Je n'ai plus de force dans mes jambes, je peine à avancer. Je progresse doucement, et je suis la jeune fille qui me fait signe d'entrer. La maison est encore plus magnifique à l'intérieur. Je suis impressionnée par la réussite de mon père.

Je n'en peux plus, je suis trop épuisée pour pouvoir marcher plus, je sens que je défaille. Je m'évanouis.

J'ouvre mes yeux, j'éprouve une grande fatigue. Je suis épuisée parce-que je n'ai pas mangé de la journée, je suis très affaiblie et déprimée. Mon corps est allongé dans un lit, dans une magnifique et gigantesque chambre. Je suis arrivée où là ? Tout ce luxe m'effraie. Je n'ai pas besoin de tout ce tape à l’œil pour vivre. Mon père n'est pas à la maison. Je suis seule avec les employés. C'est eux qui vont s'occuper de la fille illégitime et indigne de la famille. Mes yeux me brûlent, des larmes coulent sur mes joues. Je ne suis pas du style à m'apitoyer sur mon sort, mais, j'ai tellement mal à l'estomac. Je tremble, j'ai froid, j'ai chaud. Mon visage est en sueur, mon cœur bat très vite, trop vite, cela me rend encore plus malade. Les nausées reprennent.

Je suis en manque de drogues, je suis en manque d'amour, je suis en manque d'attention et d'affection .............

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