La soeur d'une pop star coréenne

Rose :

J'erre dans les rues de Bordeaux. Je titube plutôt. J'étais invitée à une fête et je me suis soulée en plus d'avoir abusé de la drogue. Cela résume ma vie, en ce moment. Je nage en pleine déprime. Ma mère me casse les pieds avec "Que vas-tu faire de ta vie !". Ma vie ? Tiens parlons-en. Ma mère et mon père se sont rencontrés en Corée du Sud. Elle était en vacances, ils se sont aimés. Puis, elle est tombée enceinte de moi. Et finalement, il lui a dit qu'il ne pouvait pas prendre ses responsabilités et s'engager parce-qu'il était marié et avait une fille. Il ne voulait pas quitter sa famille. Ma mère a vécu cela comme une trahison, et moi sans père.

Puis, elle est repartie en France. Elle m'a élevée comme elle a pu. Je ne lui reproche rien, mais je me suis débrouillée toute seule, la plupart du temps. Elle travaillait pour pouvoir me nourrir. J'admire sa volonté et son courage. Je la respecte. J'ai rencontré mon père par la suite lorsque son épouse est morte. Il a contacté son ancienne conquête, mais elle a décliné sa proposition. Elle ne lui a pas pardonné de l'avoir séduite, et avoir eu une liaison alors qu'il était marié. Elle l'a éloigné à jamais de sa vie. La trahison qu'elle a subi est irréparable à ses yeux. Pour être honnête, je suis assez d'accord.

Par contre, moi, j'ai eu droit à des visites chez mon père à partir de dix ans pendant les grandes vacances scolaires. Je parle le Coréen. Cela ne m'est pas utile, ici cependant. J'ai appris à connaître mon père et ma demi-sœur Linn. Cette dernière est une pop star Coréenne, montante. On ne peut pas dire que l'on s'entende très bien toutes les deux. Nous sommes tellement différentes. J'ai arrêté de voir mon père depuis quatre ans, parce-qu'il m'a défendu de revenir. Soit disant que j'avais une mauvaise influence sur sa fille qui a tout de même quatre ans de plus que moi. Bon, je pense qu'il lui fallait un prétexte pour ne plus me voir et m'éloigner définitivement de son entourage. J'étais anéantie.

C'est à ce moment que ma descente aux enfers a commencé. C'est vrai que je ne suis pas la fille idéale pour un père, mais au moins je pouvais le voir. La figure paternelle m'avait tellement manqué pendant toutes ces années. Il m'a rejetée une seconde fois. Je suis tellement en colère contre lui, et surtout envers moi. Comment ai-je pu croire une seconde qu'il pouvait m'aimer, moi, sa fille illégitime ? En comparaison de sa fille qui est une idole dans son pays, j'étais inexistante à ses yeux. Donc, il m'a renvoyée chez moi, à Bordeaux sans aucun remord. Rien que de repenser à tout cela me met en colère.

Je suis tellement blessée intérieurement que mon comportement à changer. J'ai rencontré des jeunes qui souffraient, tout comme moi. Nous nous sommes rapprochés et nous entraidons dans nos souffrances. De temps en temps, nous avons besoin d'un petit coup de pouce qui s'appelle "Drogue" quand la douleur est trop difficile à supporter, et aussi pour oublier notre vie de misère. Je me sens bien avec eux, plutôt, je me sens soutenue et appréciée. Parfois, j'ai l'impression que personne ne veut de moi. Je n'ai pas demandé à naître, mais c'est moi qui doit vivre avec ce poids que personne ne souhaite ma présence. Je trouve que je suis une victime d'un amour qui était voué à l'échec dès qu'il a commencé. Personne n'a pensé à ce que je pouvais ressentir, à ce que je souhaitais. Tout simplement, personne ne se rend compte que j'existe. Sauf, mes amis ! On m'a donné une vie et on me la reprend au fur et à mesure que des obstacles m'enfoncent petit à petit.

Je croise Franck. Il m'appelle, et m'invite à venir avec eux chez Kiara. J'accepte, cela va m'aider à lutter contre mes idées noires. Ce soir mon esprit est ailleurs, je passe mon temps à ressasser ma vie sans importance. Nous partons en voiture. Comme d'habitude Carlo roule beaucoup trop vite. Il vient de passer au rouge et les voitures klaxonnent de toutes parts. Il est vraiment attaqué, mais cela me fait rire, cela me distrait. Pourquoi je suis si triste ce soir ? Mon petit copain Grég n'a pas pu se libérer de ses cours de danse pour passer la soirée avec moi. Nous sommes ensemble depuis un an. Il m'a appris à danser le Hip-hop. J'avoue cette nouvelle passion de la danse qu'il m'a transmise a comblé des vides. J'ai trouvé un nouveau centre d'intérêt. J'ai une nouvelle motivation, devenir une grande danseuse. Je suis plutôt douée, du moins d'après lui. Dès qu'il s'agit de moi, je ne parviens pas me juger avec impartialité.

Nous arrivons chez Kiara en entier, il faut le préciser. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de fumée. Nous avançons vers les invités et c'est là que je découvre mon petit ami entrain d'embrasser une autre fille. Je reste choquée quelques minutes à les observer jusqu'à ce que mon esprit réalise qu'il me trompe. Je commence à comprendre ce que ma mère a ressenti. Je sens les larmes s'entasser dans mes yeux. Puis, il m'aperçoit et se dirige vers moi. Je me jette sur le canapé avec Mathis. Je lui prends son "joint" des mains, et je fume. J'en fume plusieurs, je ne sais même plus le nombre. Je n'entends plus qu'un brouhaha autour de moi. Je les vois tous boire, fumer et rire. Pendant que mon univers s'écroule. Je veux mourir, j'en ai marre de vivre des galères à répétition. Je continue à me droguer jusqu'à ce que je perde connaissance...

A l'hôpital :

"- Comment va-t-elle docteur ?" S'inquiète ma mère.

"- Pas très bien, elle a absorbé une énorme quantité de drogue, elle a eu de la chance de s'évanouir, si elle avait continué elle aurait pu faire une overdose. " Le médecin annonce la sentence.

Je suis à moitié réveillée, et cette nouvelle tombe comme un couperet. Et je pense, " Là tu as déconné, Rose !"

Je sens la main de ma mère se poser sur la mienne. Elle la resserre. Elle pleure. Puis, je l'entends prendre son téléphone par agacement. Je ne peux pas me réveiller complètement, je suis beaucoup trop épuisée. J'écoute la conversation.

"- Dyung, bonjour. Je voulais te demander une faveur !" Elle lui dit.

Je n'aime pas quand elle se met à genoux de cette manière devant ce type qui se prétend être mon père. Son attitude m'exaspère. J'imagine que ce doit être extrêmement difficile pour elle de lui adresser à nouveau la parole. C'est ma situation actuelle qui l'oblige à le faire. Puis elle lui explique ce qu'il s'est passé, et à la fin elle lui demande :

"- J'aimerais que Rose vive avec toi à Séoul. Ici, elle se détruit. Et si nous ne faisons rien, elle finira par mourir."

Il doit protester parce-qu'elle lui rappelle en haussant la voix :

"- C'est ta fille. Tu peux bien faire cela pour elle. Sinon, fait le en souvenir de notre amour !"

Je ne sais pas ce qui fait le plus mal, qu'il refuse de le faire pour moi, et qu'il accepte de le faire parce-qu'il aime encore ma mère. A nouveau, le trou noir...

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