Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

04

[*****]

La cérémonie était désormais derrière nous. Après des adieux chargés d'émotions avec les parents d'Amina, il était temps pour elle et moi de quitter la maison de ses parents. Je me tenais en retrait, attendant près de la voiture qui nous attendait pour nous conduire à la maison où nous allions vivre ensemble dès maintenant. Amina, les yeux encore rougis par les larmes, prenait un dernier moment pour embrasser ses parents. C’était un instant empreint de tristesse et de mélancolie. Je pouvais voir la douleur sur son visage, une douleur qui se mêlait à la résignation.

Je cherchais à respecter son espace, préférant rester en arrière pour ne pas interrompre ces adieux poignants. Amina serra ses parents dans ses bras, leur murmurant des mots que je ne pouvais pas entendre mais dont le poids émotionnel était palpable. Ses larmes coulaient librement alors qu'elle faisait ses adieux, et ses parents semblaient peinés également. La scène était à la fois belle et déchirante.

Finalement, Amina se détourna et se dirigea vers la voiture. Elle monta dans la vehicule avec une lenteur résignée, je l’aidais à monter à bord avant de m’installer à ses côtés. Le chauffeur démarra doucement, et nous nous enfonçâmes dans la nuit. Tandis que le chauffeur démarrait, nous nous retrouvâmes plongés dans un silence chargé. Amina restait immobile, les yeux rivés sur la fenêtre, comme si le paysage nocturne pouvait lui offrir un peu de réconfort. Ses larmes, qu'elle essayait de cacher en détournant la tête, étaient encore visibles à travers la vitre.

Je sentais qu'elle cherchait à éviter de me regarder, et je ne voulais pas forcer la conversation non plus. Il était clair qu’elle avait besoin de temps pour elle-même. Mais après quelques minutes d’observation silencieuse, je demandai au chauffeur de me passer le paquet de mouchoirs qui se tenait à l'avant. Le conducteur s'exécuta, et je tirai un mouchoir du paquet. En me tournant vers Amina, je tendis doucement le mouchoir vers elle.

- « Je pense que tu pourrais avoir besoin de ceci. » Murmurai-je doucement.

Elle leva les yeux vers moi, hésitante. Après un moment de réticence, elle accepta finalement le mouchoir. Un simple « merci » sortit de ses lèvres, à peine audible.

- « Je t’en prie, répondis-je, avec toute la sincérité que je pouvais exprimer. »

Ce fut notre seul échange jusqu’à notre arrivée à la maison de mes parents. Le trajet se poursuivit dans un silence respectueux, chacun de nous perdu dans ses pensées. Je savais que cette nuit était une transition importante pour nous deux, et je voulais lui donner l’espace nécessaire pour s’adapter à ce changement.

À notre arrivée, la maison était prête à nous accueillir. Les rituels de bienvenue, orchestrés par mes parents furent chaleureux. Peu après, mes sœurs, Khadija et Aissatou, arrivèrent en courant et avec une énergie débordante. Elles s’approchèrent de nous avec des sourires malicieux tirant par la suite Amina vers la chambre que je partageais avec elle désormais.

Je restai dans le salon avec mes parents, le regard de mon père se posant sur moi avec une intensité particulière. Il souhaitait me donner un dernier conseil avant que nous ne montions pour notre nuit de noces. La grand-mère et la mère de Tidiane, Fanta, ne manquèrent pas de me taquiner.

- « Tidiane, dit ma grand-mère avec un sourire espiègle, vu que les chambres sont bien séparées, tu ne risques pas d’être dérangé cette nuit. Assure-toi juste de rendre le nom de la famille Seydou fier. »

Je ne comprenais pas tout de suite le sens de ses paroles, ce qui amusa encore plus ma mère. Elle se tourna vers moi avec un regard sérieux mais bienveillant.

- « Ce que ta grand-mère veut dire, c’est que vous entrez dans la chambre à deux, mais le lendemain, vous devez ressortir à trois. »

Je ne comprenais pas tout de suite où ma mère voulait en venir. Je fronçai les sourcils, cherchant des explications supplémentaires.

- « Ta grand-mère fait référence au fait que tu dois rendre fière la famille Seydou en te montrant à la hauteur. » expliqua ma mère, en insistant sur l’importance de cette nuit.

Sa remarque me fit sourire timidement car je comprenais maintenant mieux l’allusion. Ma grand-mère me lança un clin d’œil complice et ajouta :

- « Et je sais que ta femme est en bonne période en ce moment. Cela pourrait être le moment de bien commencer. »

Ces paroles me mirent dans une position délicate, mais elles me rappelaient aussi les attentes qui pesaient sur moi. Mon père, toujours sérieux, ajouta quant à lui que...

- « C’est un moment important, Tidiane. Je te fais confiance pour tout faire pour rendre cette union heureuse. Pense à ton engagement envers Amina et la famille. »

Je pris une profonde respiration, conscient de la signification de ces paroles.

[*****]

Quand je suis monté dans la chambre, je fus immédiatement frappé par la beauté de la pièce. La décoration était à la fois élégante et accueillante. Les draps étaient d’un blanc immaculé, et des pétales de roses étaient délicatement disposés sur le lit, créant une atmosphère romantique. Des bougies diffusaient une lumière douce et chaleureuse, donnant à la pièce une touche de magie. Mais ce qui me frappa le plus, c’était Amina, déjà endormie sur le lit.

Elle était allongée, paisible, vêtue d’une nuisette rouge luisante qui soulignait sa silhouette de manière élégante.

Je m’approchai lentement, avec une combinaison de respect et de préoccupation puis m'assis doucement sur le bord du lit, essayant de ne pas la réveiller. La voir endormie ainsi me remplit d’une certaine admiration. Elle était vraiment belle, même dans le sommeil. Je pris un moment pour simplement la contempler, me perdant dans la douceur de ses traits et la sérénité de son sommeil.

Mais en observant la nuisette d’Amina, je remarquai qu’une des bretelles pendait de façon débraillée sur le côté. Je me dis que ce serait mieux pour elle si je la réajustais, afin qu’elle soit plus confortable. Mon intention était simplement de m’assurer qu’elle se sente bien, mais je savais qu’elle pourrait être sensible en cette nuit particulière.

Avec la plus grande délicatesse, j’étirai ma main pour replacer la bretelle de sa nuisette. Mais en touchant le tissu, Amina se réveilla brusquement. Ses yeux s’ouvrirent avec une expression de surprise et d’inquiétude. Lorsqu’elle aperçut ma main près d’elle, elle réagit immédiatement.

- « Que fais-tu ?! s’écria-t-elle, sa voix chargée de confusion et de colère. Tu voulais profiter de moi dans mon sommeil n'est-ce pas ? Hein c'est ça ? Je n'attendais pas moins de toi Tidiane SEYDOU. »

Ses mots m’atteignirent comme une gifle. La méprise était totale, et son accusation me fit l’effet d’un coup de poing. Je n’avais absolument aucune intention de lui faire du mal ou de violer ses limites. Mon geste était purement bienveillant, mais il était clair qu’Amina le percevait autrement. Son ton accusateur et sa réaction de défense étaient aussi brusques qu’inattendues.

Ma frustration monta rapidement. J’étais blessé par son jugement hâtif et par le fait que mes intentions avaient été mal interprétées. Je me levai du lit, la colère me serrant la gorge. Le sentiment d’injustice était trop fort pour que je puisse rester dans cette pièce.

Je me dirigeant vers le placard où je pris un drap et un oreiller. Sans dire un mot, je quittai la chambre, mes émotions bouillonnant à l’intérieur de moi. Je descendis rapidement les escaliers et je me dirigeai vers lr petit salon éloigné, cherchant un endroit où je pourrais m’isoler et calmer mes nerfs. Le canapé du salon était moins confortable, mais il me semblait préférable à rester dans une pièce où la tension était aussi palpable.

En m’allongeant sur le canapé, je me sentis envahi par un mélange d’émotions. La colère et la frustration se mêlaient à la tristesse et au regret. Je me demandais si cette nuit serait le début de nombreux malentendus entre nous. J’avais espéré que notre mariage pourrait commencer sur une note plus harmonieuse, mais la réalité se révélait bien plus complexe.

Je me retournai et essayai de trouver un peu de repos sur le canapé, mais le sommeil ne venait pas facilement. Mon esprit était en proie à des réflexions et des inquiétudes. Comment pourrions-nous surmonter cette première épreuve ? Comment pouvions-nous aller de l’avant après ce malentendu si tôt dans notre vie commune ?

______ [Amina]

Lorsque Tidiane quitta la chambre, je restai allongée sur le lit, le cœur lourd et l’esprit tourmenté. J’avais tenté de faire le vide en moi, mais le poids de la situation m’étouffait. Mon accusation brusque avait été une réaction impulsive, et maintenant je me sentais accablée par le regret. Tidiane était parti, et je ne pouvais ignorer la culpabilité qui m’oppressait. Je m’efforçai de trouver le sommeil, mais mes pensées étaient en désordre, mes émotions enchevêtrées.

Je me levai finalement du lit, décidant de descendre. En me dirigeant vers les escaliers, je tâchais de rester discrète pour ne pas réveiller les membres de la famille. En bas, je me retrouvai dans le salon. La lumière tamisée des lampes diffusait une atmosphère apaisante.

C’est là, sur le canapé, que je vis Tidiane endormi profondément. La vue de son visage détendu, je m’approchai doucement, me sentant encore plus mal à l’aise. Il était clair que Tidiane avait besoin de repos après une journée aussi chargée, et je me rendis compte à quel point mon comportement avait pu le perturber. Je pris sa couverture et la disposai délicatement sur lui, faisant attention de ne pas le réveiller. Une fois cela fait, je me penchai légèrement et, sur un élan de tendresse et de repentir, je déposai un bisou léger sur son front. C’était un geste sincère, une tentative de réparer, ne serait-ce qu’un peu, le malentendu de notre première nuit ensemble.

Je me redressai ensuite, le cœur encore lourd, espérant que nous pourrions avoir une discussion plus constructive une fois qu’il se réveillerait. Avec une dernière pensée pour Tidiane, je remontai silencieusement les escaliers et retournai dans notre chambre, mais le sommeil me fût encore une fois inaccessible.

Le matin se leva et le soleil filtrait à travers les rideaux. Je me réveillai en sursaut, réalisant que je m’étais endormie trop longtemps. La panique me saisit à l’idée de la journée à venir, et je me préparai rapidement, essayant de masquer mon manque de sommeil sous un maquillage discret.

En descendant les escaliers, je sentis une odeur appétissante qui flottait dans la maison. En entrant dans la cuisine, je découvris un petit-déjeuner préparé avec soin. La grand-mère et la mère de Tidiane avaient mis la table, et l’atmosphère était à la fois accueillante et animée. Khadija et Aissatou étaient déjà présentes, aidant à dresser la table avec une vivacité contagieuse.

- « Bonjour Amina ! » s’exclama Khadija en me voyant. « Tu es enfin réveillée ! »

- « Bonjour, Khadija, bonjour Aissatou. » répondis-je, tout en essayant de paraître détendue malgré la nervosité qui me gagnait.

Alors que nous nous préparions pour le petit-déjeuner, je posai quelques questions sur Tidiane, mais mes belles-sœurs semblaient plus préoccupées par le repas que par son absence. Cependant, Khadija ne manqua pas de me rappeler :

- « Peut-être qu’il profite juste de son temps seul pour se ressourcer un peu après cette nuit mouvementée. »

Avec un sourire gêné, je me mis au travail avec Khadija et Aissatou pour dresser la table. Les conversations étaient légères et remplies d’entrain, ce qui m’aida à me détendre un peu et à m’intégrer dans la famille.

Finalement, tout le monde se retrouva autour de la table pour le petit-déjeuner. Les plats étaient variés et délicieux, et l’atmosphère était chaleureuse. Tidiane arriva en dernier, visiblement fatigué et avec une expression contrainte. Il s’assit à table, et je remarquai immédiatement qu’il semblait préoccupé.

Le petit-déjeuner se déroula dans une ambiance animée, avec des conversations sur divers sujets. Tandis que je servais les plats, Fanta, la mère de Tidiane, me demanda gentiment de nourrir Tidiane de ma main. Je pris la cuillère contenant du riz au lait et m’approchai de lui avec un sourire.

Mais alors que j’étais sur le point de lui donner la cuillère, Tidiane attrapa brusquement ma main, me surprenant ainsi que toute la famille. Les regards se tournèrent vers nous, et je sentis mon visage s’empourprer de gêne.

Apres avoir relâché sa poigne sur ma main, il se leva par la suite lentement, son expression sérieuse et tendue :

- « Je dois vous parler de quelque chose. » annonça-t-il d’une voix ferme.

- « Quoi donc ? » lui demande son père.

- « Je souhaite prendre une seconde épouse. »

Quoi ? L’annonce était inattendue et choquante. L’air devint lourd, et un silence stupéfait s’abattit sur la table. Tous les regards étaient désormais rivés sur Tidiane, et je sentis une vague de confusion et d’incrédulité m’envahir.

Fanta, visiblement déconcertée, demanda :

- « Tidiane, pourquoi fais-tu cela ? Nous venons à peine de célébrer ton mariage avec Amina. »

Tidiane la regarda, puis tourna son regard vers moi. La tension était palpable, et je me sentis submergée par l’absurdité de la situation. Je me demandais ce qui avait poussé Tidiane à faire une telle déclaration en pleine cérémonie de petit-déjeuner, et quel impact cela aurait sur notre futur ensemble.

La journée promettait d’être plus compliquée que prévu.

Vos avis ??

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.