Chapitre 5
- Mon chéri, tu as enfin du temps pour ta vieille mère ?
Je dépose un baiser sur le front de ma mère.
- Comment peux-tu dire ça ? J’ai toujours du temps pour toi.
Je tire la chaise juste en face de celle de ma mère, mon père assis juste au bout de la table me lance un regard sévère.
- Bonjour père.
- C’est à cette heure ci qu’un chef de clan se lève ?
J’étais certain qu’il me ferait une remarque du genre, mais je croyais au moins qu’il aurait la patience d’attendre que maman se lève de table.
- Je me suis couché assez tard.
- Oui c’est tout à fait normal. Quand au lieu d’effectuer des tâches pour le bien et la survie de la meute tu assistes à toutes ces orgies.
J’avale une bouchée d’œufs brouillés. Délicieux, je ferme un instant les yeux pour mieux ressentir toutes les épices.
- Père, toute cette meute dont tu parles ou presque était à cette fête.
- Et bien sûr vous vous êtes soulés plus que de raison. Tu es l’alpha tu dois…
- Mon fils ne consomme pas d’alcool. Réplique ma mère.
- Quand bien même tonne mon père. Tu trouves qu’il n’a rien d’autre à faire que d’organiser des fêtes ?
Une porte s’ouvre derrière nous, c’est Laurie. Oui, mon père lui a donné une chambre dans sa maison.
- Bonjour tout le monde.
À sa vue mon père sourit, c’est la seule qui arrive à le faire sourire ces derniers temps. C’est pas croyable.
- Bonjour Laurie.
Elle vient se mettre derrière et essaye de me donner un baiser que bien sûr j’esquive en poussant ma tête de côté. Mon père fronce les yeux, ma mère me serre la main un peu plus fort et moi je continue juste de manger. Je m’en tape.
- Bonjour ma fille lui dit mon père.
- Comment as-tu dormi ? Lui demande ma mère.
- Très peu, la soirée d’hier nous a épuisé.
Seigneur, même sa voix me fatigue.
- C’est bien que tu ai accompagné ton futur mari à cette soirée, tu dois commencer à apprendre comment se comporte la femme d’un alpha.
Je dépose ma culière un instant et j’éclate de rire. Mon père est tellement drôle.
- D’accord père. La même soirée que tu as diabolisé il y’a un instant, tu la félicites parce qu’elle y est allée ? C’est pathétique.
- Ne parle pas comme ça à ton père. Me gronde doucement ma mère.
- Ta mère a raison, tu dois parler à ton père avec un peu plus de respect. Et de plus dit-elle en prenant un verre de jus. Tu n’aurais jamais dû permettre à ces stupides humaines de venir. Elles m’ont manqué de respect je te signale.
C’est quoi cette histoire encore ?
- Elle m’a très mal parlé cette Pénélope. J’ai dû la remettre à sa place. Je la regarde, surpris.
- De quoi tu parles ?
- Elle s’est permise de m’insulter.
- Tu vois les personnes que tu côtoies, se permettent de manquer de respect à ta compagne.
- Ne vous en faites pas, je lui ai bien fait comprendre que c’était la première et la dernière fois.
- Que lui as-tu fait ?
- Rien de bien méchant sourit elle. Cora s’est interposée.
Mes yeux rougissent de colère, j’essaye tant bien que mal de la canaliser, mais je la sens bien qui est présente et ne demande qu’à sortir. Je saisi violemment son poignet, je le serre fort, très fort.
- Si tu lui as fait le moindre mal, tu verras ce que je te ferais. Et crois moi, tu n’en as pas la moindre idée.
- Tu me fais mal Calvin. Dit-elle le regard rempli de peur.
-Ce n’est rien comparé à ce que je te ferais si tu t’avises encore de la toucher.
- Bon maintenant ça suffit intervint mon père. Au lieu de te préoccuper de cette femelle tu ferais mieux de penser au sort de ta meute.
- Je me préoccupe toujours de ma meute père.
- D’accord, dans ce cas quand comptes tu te préparer pour la convention prévu avec les autres alpha pour parler des chasseurs ? Elle a lieu aujourd’hui.
Aïe ! C’était donc ça dont je n’arrivais pas à me souvenir depuis ce matin ? La réunion des alpha.
- Justement je comptais m’y rendre après le déjeuner.
Chaque année à la même date est organisée une réunion entre les alphas de plusieurs meutes, ceci en vue de parler de la sécurité des meutes. Mais cette année, nous en avons tenu plusieurs à cause de la menace qui plane sur nos têtes. Les chasseurs de loups-garous sont à nos trousses. Ils veulent en finir avec nous tous. Et nous cherchons une solution pour pouvoir les empêcher de continuer à tuer d’autres familles. Elle se déroulera de l’autre côté de la ville et je devrais être rentré tôt d’ici là. Maximum deux jours.
- Je vais y aller avec Micheal et Cora.
Comme d’habitude mon père essaye de me dire quoi faire et comment me tenir, ma mère me lance un sourire contraint et me dit qu’elle est désolée. Je me lève de table et je fais un bisou à ma mère. Je vais devoir me préparer à y aller. Mais avant je vais passer par chez Pénélope pour m’excuser de l’attitude déplorable de Laurie.
Je sors, je préviens Micheal et Cora qui se mettent tout de suite en route. J’enfourche ma Hartley Davidson 1980, mon bijou, je l’ai acheté à une fortune, mais elle en valait bien le coût.
Le bruit qu’elle effectue quand elle vrombit est plus agréable à entendre qu’une femme qui gémit. Direction la maison de Pénélope, Michael et Cora me suivent derrière. Nous laissons nos motos plus bas nous continuons à pieds jusqu’à la maison. Nous sommes encore dehors quand nous entendons des éclats de voix à l’intérieur.
- Ça se voit que tu es attirée par lui, même cette garce de Laurie l’a remarqué.
- Oh je t’en prie Annie arrête tu veux ? J’aimais mon fiancé plus que tout et je n’aimerais personne d’autre comme lui.
- Mais qui te parle d’amour ? Je te parle de ce qui est flagrant. Ton desir pour lui. Dès que vous êtes seuls tous les deux, y’a qu’à voir comment vous vous dévorez des yeux.
- Je ne serai jamais attirée par un monstre. Me mettre avec un loup-garou ? Quelqu’un qui n’arrive même pas à la cheville de Mason ? Jamais tu m’entends.
Ces paroles m’atteignent en plein cœur. Je savais pas qu’on pouvait avoir autant mal, de toute ma vie je n’ai jamais eu autant mal. Je suis à deux doigts de pleurer, les mots font plus mal que les coups j’en ai aujourd’hui la preuve. J’en ai reçu des coups dans ma vie mais ils ne m’ont jamais fait autant mal. La porte de la maison s’ouvre sur Pénélope, dès qu’elle nous voit elle nous lance un regard peiné, je la regarde et puis je me retourne pour partir. Je ne veux plus jamais la revoir.
J’ignorais qu’à ses yeux j’étais un monstre, je ne lui ai jamais fait de mal, ni fait quelque chose qui puisse la pousser à dire ça.
- Cal… Murmurre t’elle.
Je ne veux même pas regarder en arrière. Et dire que j’ai cru ressentir des sentiments pour elle, jamais personne ne m’a fait me sentir aussi au point de regretter d’être un loup. Je me suis énormément trompé. Sur elle, sur moi.
Cora et Micheal sont derrière moi, ils doivent presque courir tellement je marche vite. J’enfourche ma moto et je démarre. Je n’ai jamais eu honte de ma nature, être un loup pour moi est une fierté et jamais je ne regretterais ça.
Pour moi c’est un véritable honneur, cette part de moi avec laquelle je communique avec fierté, car oui mon loup est une part de moi dont je ne peux me défaire. Je roule, de plus en plus vite, j’ai besoin de cette ivresse que me procure les sensations fortes, à défaut de me transformer et d’aller courir dans la forêt je laisse le vent me fouetter le visage.
Nous arrivons plus vite, dans la clairière où doit se tenir la réunion. Mich essaye de me parler, mais il se ravise au dernier moment quand il voit mon visage fermer. Je ne suis pas ouvert à la discussion. Nous marchons encore un peu et finissons par arriver au point de rendez-vous. Franck l’alpha le plus âgé nous accueille.
- Calvin. Fils je suis bien content que tu sois venu.
Je me dessine un sourire de façade sur les lèvres.
- Moi aussi Franck. Dis-je avant de le serrer dans mes bras.
- Alors comment va ton vieux père ?
- Il va bien, mais toujours aussi énervant.
- J’imagine bien dit-il en riant. Suivez moi, nous n’attendions plus que vous.
Nous dirigeons vers un petit village où se trouve la meute que dirige Franck. Je retrouve tout un conseil déjà présent, en tout, nous sommes au nombre de six. Six meutes présentent dans cette zone.
Edgar, l’alpha de la meute du soleil, me lance des piques, je suis beaucoup trop beau, charismatique bref suis beaucoup trop tout pour lui et il en est jaloux. Je lui fais un doigt d’honneur et tout le monde se marre.
- Bien, commence Franck. Maintenant que nous sommes tous là, nous pouvons commencer. Je vais aller droit au but, les chasseurs nous sont à nos trousses.
Tout le monde se met à bavarder pour ne rien dire. Tous en même temps.
- C’est impossible voyons.
- Comment ont ils fait pour retrouver les loups au milieu des humains ?
Franck se tait un instant et regarde tout le monde, il est de plus en plus âgé et a par conséquent du mal à se faire respecter.
- Silence hurlais je. Tout le bruit cessa.
- Merci fils. Bien continuons ! Les chasseurs nous ont retrouvé et s’en prennent à nous. Aux pauvres enfants innocents, qui n’ont même pas encore découvert leurs pouvoirs.
Je serre les points. Comment peut-on être aussi horrible ? S’en prendre à des enfants qui n’ont rien fait, qui n’ont rien demandé.
- Mais comment est-ce possible Franck ?
- Ils ont découvert l’existence des cahiers. Tout le monde se lève. Les cahiers sont en quelque sorte notre arbre généalogique, à l’intérieur y est répertorié toute les familles de loups-garous de chaque meute, chaque meute en possède une. La notre est gardée par mon père, en sécurité dans un coffre. J’ai toujours trouvé le fait de tout mentionner sur un cahier stupide, que ce passerait-il si ce cahier tombait entre de mauvaises mains ?
Mais personne ne m’a jamais écouté et au final il se trouve que j’avais raison.
- Mais comment ont il appris l’existence des cahiers ?
- Je n’en sais rien fils, mais j’ai besoin de votre aide. Ils ont enlevé Damian.
Damian est le petit-fils de Franck, il n’a pas pu donner naissance à un héritier et a eut à la place une fille. Qui aujourd’hui est mariée et dont le fils devait être le nouvel alpha. Je pose ma main sur son épaule.
- Tu n’as pas besoin de demander. Tu peux compter sur nous.
Il secoue la tête sans rien dire. Tous les loups présents à la réunion se lèvent et se transforment Mich et Cora font de même. Je retire mon t-shirt et je laisse le loup en moi prendre le contrôle.
La transformation n’est pas douloureuse, c’est juste une sensation étrange comme si de l’électricité vous traversait la peau. Une fois transformé, je pousse un cri de ralliement auquel tous les loups répondent et nous fonçons tout droit dans la forêt.