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Notre système de ruse

Il était dix heures ce matin et en troupe comme d’habitude, Claudia, Cécilia et moi nous étions rendues à la cantine. Ce matin-là, on avait mangé tout comme nos autres camarades. Moi, je n’apportais pas grand-chose vu que j’étais traitée comme une enfant pauvre. Ma tante me donnait cinq cents francs comme petit déjeuner alors que je dois prendre du zém pour venir à l’école et en prendre pour rentrer également à la maison. Les conducteurs me prennent toujours cent francs pour l’arrivée et cent francs pour le retour. Et c’est toujours avec les trois cents francs restants que je me débrouille. À la sortie des cours à midi, il me faut aller me prélasser dans la maison de l’une des amies de ma tante vu que la distance de chez nous pour l’école était un peu criarde puisque durant toute la semaine, nous venons au cours à huit heures pour finir à midi et revenons les soirs pour finir à dix-sept heures. Or, j’ai seulement droit au petit déjeuner les matins. Vous savez très bien qu’il y a toujours une façon de prendre soin des enfants qui ne sont pas pour soi et une autre pour ceux qui sont pour soi. Donc ma tante et son mari me traitaient comme une intruse. Mais je ne les en veux pas, sincèrement. Le peu qu’ils me donnent me suffit déjà largement sinon quoi, je ne contribue pas à leurs efforts financiers dans la maison après tout. Quand je me lève les matins, je balaie juste la chambre et lave les assiettes. Sinon la cour, elle est pavée. Après le balayage du salon et de l’époussetage des meubles, je me rends seulement sous la douche pour prendre un bain. Et pour être honnête, ma tante n’a pas un comportement bizarre à mon adresse. Elle me chérit comme l’on chérit ses propres enfants. L’année scolaire à laquelle je ne suis pas admise, elle s’était très emportée et elle m’avait trop injuriée. Et c’était d’ailleurs pour que je me ressaisisse qu’elle m’avait inscrite dans ce lycée sans l’avis de son époux. Je ne dirai pas que ma tante ne m’aime pas. Elle m’aime très bien. Bien qu’elle soit mère de trois grandes filles et d’un gros garçon, ma tante m’aime. Et je crois même que ce n’est pas un manque de me donner au-delà de cinq cents francs par jour puisqu’elle aussi a des enfants qui doivent aussi aller à l’école. Deux de ses filles étudiaient dans une grande université privée alors que la plus petite était inscrite dans une école privée. Le plus grand garçon est aussi étudiant dans la même université que ses sœurs. Le père, puisqu’il avait suffisamment d’argent, il leur avait acheté une grosse voiture pour leur déplacement. Il leur avait aussi engagé des répétiteurs. Les documents, il leur en avait acheté en abondance. Disons qu’il était extrêmement riche au point où il ne savait que faire avec l’argent. Dans la maison, je dirai tout simplement que c’est ma tante qui prend soin de moi. Ma tante m’a aussi engagé trois répétiteurs : un en français, l’autre en anglais et un autre en mathématiques. Chacun passait deux fois par semaine. Dans l’intention de me faciliter les marches, ma tante s’était entendu avec sa meilleure amie du quartier pour que je vienne passer mes après-midis dans sa maison. La maison de cette dernière est juste située à quelques mètres du lycée. Chez Tata Olivia, je prends mon repas de midi parce qu’elle est aussi un peu à l’aise en fric. Après le repas, j’ai spécialement ma chambre dans la maison. C’est une femme célibataire. Je ne sais pas si elle est une veuve parce qu’elle ne m’en a jamais parlé. Elle n’est pas quand même sans enfants ; elle en a trois ; oui, deux grands garçons et une grande fille. Puisque la maison est en étage, chacun des enfants avait sa propre chambre. Tout l’immeuble était carrelé. La cour, toute en pavé, était similaire à celle du mari de ma tante. J’étais amie à ses filles. Son garçon aussi me taquine de temps en temps. Nous nous comprenons bien comme des frères en fait. Entre nous, il y avait une grande convivialité. La mère est souvent fière de nous. Elle nous traite au même titre. Je la taquine même parfois pour lui prendre quelques petites pièces pour m’acheter des friandises en allant à l’école.

Bien, ce matin à dix heures-là, mes copines et moi étions allées à la cantine pour manger. Parmi nous, Claudia, vu qu’elle était la plus âgée, elle apportait plus d’argent que nous. Cécilia et moi savons très bien que ses parents étaient bien friqués donc inutile de la suspecter. L’argent, ce matin-là, elle en a dépensé suffisamment. Elle avait fait la commande et après le repas, elle a payé la facture. Lorsque Cécilia et moi combinions nos maigres petits sous pour lui remettre, elle nous murmura tranquillement : « gardez votre argent ». Cécilia et moi nous regardâmes sans piper un seul mot. Après le repas, nous nous étions retournées en classe. Pas plus que quelques minutes, la sirène avait sonné la fin des récréations. Le professeur d’histoire géographie avait fait irruption dans la classe quelques minutes plus tard. La chargée d’ordre de salutation avait tapé sur la table et nous nous étions levées pour accueillir l’arrivée du professeur.

– Asseyez-vous, nous a-t-il dit.

Nous nous assîmes et lorsqu’il alla poser son sac sur son bureau, il nous demanda s’il avait laissé un exercice avant de rentrer la séance écoulée. Or, ce monsieur ne manque jamais de nous gaver d’exercices. C’est après sa phrase interrogative que je me rappelai de n’avoir pas fait son exercice ; mon œil.

– Sortez vos cahiers d’exercices et ouvrez-les.

Ah oui, c’était foutu pour moi. Il se raidit dans le contrôle et commença à passer de rangée en rangée. Mon cœur battait vu que je faisais partie des élèves qui n’avaient pas traité l’exercice du professeur. Le professeur mettait debout celles qui n’avaient pas fait ses exercices. Lorsqu’il arriva à mon adresse, il me dit :

– Cathy, jusqu’à toi ? Alors lève-toi.

Ah oui, c’était une surprise pour lui de me compter parmi les élèves incorrectes. Ne pas faire l’exercice d’un professeur, c’est être incorrect, ce qui n’est pas logique.

Sous l’ordre du professeur, je me mis debout. Il contrôla tous les cahiers d’exercices et lorsqu’il finit, il nous demanda de sortir et de nous mettre en rang. Mon cœur, pendant ce temps, battait en trombe. Oui, mon corps allait s’exposer encore aux coups du proviseur qui frappe les gens sans pitié. Me rappelant des coups de l’an dernier, je commençai à pleurer d’abord en attendant mon arrivée devant son bureau. Nous voyant venir depuis le bureau, il s’empressa vers la porte pour lancer à l’adresse du professeur si c’était pour le cas des exercices non faits.

– Absolument oui, répondit le méchant professeur.

– Je savais ! Allez, entrez une à une !

Le proviseur se dirigea vers son bureau et saisit les deux machins : le gros bois et la lanière. Sans pitié, il commença à donner des fessées à mes camarades. Sur la bande que formait Claudia, Cécilia et moi, j’étais la seule à être sur la liste des élèves qui n’avaient pas fait les exercices. Et si je ne les ai pas faits, c’est par oubli. Oui, je fais toujours mes exercices car, j’ai l’habitude d’apprendre régulièrement mes cours. Mais je ne pouvais dire comment cela était arrivé au point d’oublier. Lorsqu’arriva mon tour, j’allai prendre mes cinq coups sur les fesses et deux coups de lanière dans le dos. Les fesses ne me brûlaient pas autant que les deux coups reçus dans le dos. Oui, le dos me brûlait plus que les fesses. Des larmes aux yeux, j’étais revenue en classe. Le monsieur avait commencé par m’énerver au point où je n’ai plus suivi ses cours jusqu’à la fin. J’avais gardé ma tête basse du début des cours jusqu’à la fin. Malgré tout ce qu’il me disait, je ne le calculais pas. Tout ce que je savais était qu’il ne pouvait pas me frapper ou me signaler à son correcteur tant que je n’ai rien fait d’autre.

Lorsqu’il sonna midi, l’heure de fin des cours, mes deux nouvelles amies vinrent à mon adresse pour me consoler. Oui, quand on est dans l’amitié, la compassion oblige certains devoirs. Claudia et sa copine étaient venues me demander de me calmer.

– Ce proviseur, la seule chance qu’il a, c’est que je n’ai pas de la sorcellerie, dis-je à l’adresse de mes copines.

Les deux pouffèrent de rire.

– Sinon quoi ? Vas-tu l’avaler ? me demanda Cécilia, tout sourire.

– Je te jure que j’allais le paralyser. C’est parce qu’il a les bras qu’il se prend pour le boss, n’est-ce pas ? Mais il va voir ; le menaçai-je.

– Vous savez les filles ? entama Claudia, j’ai toujours pensé finir avec ces histoires de tabac avec le proviseur.

– En quoi faisant à cet effet, rétorqua Cécilia.

– En commençant à le séduire comme certaines élèves bien sûr !

– En es-tu sérieuse ? lui demandai-je, curieuse.

– Si ! J’ai deux amies avec qui il couche actuellement et vous pouvez imaginer la suite ?

– Non, parle-nous-en, s’empressa de lui répondre Cécilia.

– Il paie chacune des filles. Et vous pouvez imaginer combien il leur paie ? Cinq mille francs par baise.

– Quoi ? Es-tu sérieuse ?

– Ne doute pas, Cécilia ! Dis plutôt que j’ai vu. Et vous savez, lorsque les filles font des choses malhonnêtes, il ne les frappe jamais. Il a menti à tous les professeurs de ces deux jeunes filles que les filles souffrent de la drépanocytose et que leurs parents étaient venus lui interdire de toucher les enfants. Vous voyez ça ? Voilà pourquoi moi-même, je voudrais mettre fin à sa façon de me chicoter. Comme par exemple, j’ai déjà tenté de calculer mes moyennes et il me semble que je n’aurai pas la moyenne au premier trimestre. Je dois alors éviter les quinze coups qui m’attendent. Donc je dois lancer le projet de séduction d’ici peu.

Cécilia et moi, calmes, nous étions en train d’écouter notre trio dans ses développements. Je pense qu’elle avait raison. Il faut que moi aussi, je fasse quelque chose.

– Si je pouvais connaître la technique, moi aussi, j’allais le faire ! m’exclamai-je.

– La procédure est très simple ! Il suffit de revoir nos tenues uniformes. Nous allons serrer la poitrine et le reste sera joué.

– Moi, je suis pour ! m’exclamai-je automatiquement.

– Moi aussi, j’approuve, ajouta Cécilia.

Qui allait oser laisser s’envoler cette belle opportunité ?

– Et vous savez, les jeunes filles dont je vous parle sont à la fois amies avec des professeurs qui leur donnent des points gratuitement, ajouta Claudia.

– Oh, que c’est époustouflant ! m’écriai-je.

Et là, c’était le plan de notre ruse.

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