La Visite de L’Alpha

Stella venait de finir son quart de travail au café local, ses pieds endoloris la remerciant silencieusement chaque fois qu’elle posait un pied devant l’autre en direction de chez elle. La journée avait été longue, remplie de commandes à la chaîne et de clients impatients. Tout ce qu’elle désirait à présent, c’était une bonne douche chaude et un peu de repos avant de reprendre ses études.

Alors qu’elle tournait le coin de la rue principale de la petite ville de Silverwood, quelque chose attira son attention. Une agitation inhabituelle régnait devant le bar du coin, habituellement calme à cette heure. Des murmures et des exclamations s’élevaient de la foule qui s’était rassemblée. Intriguée, Stella s’approcha pour en savoir plus.

« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle à une vieille dame qu’elle connaissait bien, Mme Lancaster.

« Les loups-garous, ma chère, » répondit la vieille femme, les yeux agrandis par la peur. « Ils sont venus en ville. L’alpha est là. »

Stella sentit un frisson parcourir son dos. Les loups-garous étaient une légende urbaine dont elle avait entendu parler toute sa vie, mais elle n’en avait jamais rencontré. Leur réputation les précédait, et ce n’était pas pour des raisons agréables.

Elle fit quelques pas en avant pour mieux voir. Un groupe de cinq hommes et femmes imposants se tenaient devant le bar, leurs regards perçants balayant la foule. Celui qui se tenait au centre était visiblement leur chef. Grand, musclé, avec des cheveux noirs comme l’ébène et des yeux d’un vert perçant, il dégageait une aura de puissance brute.

« Silence ! » tonna sa voix grave. La foule se tut instantanément. « Je suis Aiden, l’alpha de la meute des Silver Claws. Nous ne sommes pas ici pour causer des problèmes. Je cherche une compagne, et il se peut qu’elle soit parmi vous. »

Un murmure parcourut l’assemblée. Stella sentit son cœur battre plus fort. Elle ne savait pas pourquoi, mais les mots de cet alpha résonnaient en elle d’une manière étrange.

« Une compagne ? » osa-t-elle demander, sa voix tremblante.

Aiden la fixa de ses yeux perçants, et pour une raison qu’elle ne comprit pas, elle ne put détourner le regard. « Oui, une compagne. Une partenaire de vie. »

Stella se sentit étrangement exposée sous son regard. Elle n’était pas sûre de ce que cela impliquait, mais l’idée de devenir la compagne d’un loup-garou, d’un alpha, la remplissait de confusion et de peur.

Les murmures s’amplifièrent dans la foule, certains criant leur désapprobation, d’autres murmurant des prières silencieuses. Mais Aiden ne semblait pas prêt à partir de sitôt.

« Je resterai ici quelques jours, » annonça-t-il. « Ceux qui sont intéressés par la proposition peuvent venir me trouver. » Il balaya la foule une dernière fois avant de se retourner et de disparaître dans le bar, suivi de sa meute.

Stella resta figée sur place, incapable de bouger. Que signifiait tout cela ? Pourquoi se sentait-elle si étrangement concernée par cette annonce ? Elle prit une grande inspiration et se força à bouger. Il était temps de rentrer chez elle et de réfléchir à tout ça.

• * *

Ce soir-là, Stella se tournait et se retournait dans son lit, les paroles de l’alpha résonnant dans sa tête. Pourquoi cela l’affectait-il autant ? Elle n’avait aucune raison de s’impliquer avec des loups-garous. Elle avait sa vie bien organisée, avec ses études et son travail. Mais une petite voix au fond de son esprit la poussait à en savoir plus, à explorer cette part d’elle-même qu’elle n’avait jamais soupçonnée.

Le lendemain matin, Stella se réveilla avec une détermination nouvelle. Elle devait en savoir plus. Peut-être qu’en parlant à Aiden, elle pourrait comprendre pourquoi elle ressentait cette étrange connexion. Elle prit une grande inspiration et se dirigea vers le bar où l’alpha et sa meute séjournaient.

Le bar était calme à cette heure matinale. Aiden était assis à une table dans un coin, une tasse de café à la main. Lorsqu’il leva les yeux et la vit entrer, il esquissa un léger sourire.

« Bonjour, » dit-elle en s’approchant. « Puis-je m’asseoir ? »

Aiden hocha la tête. « Bien sûr. »

Stella s’assit en face de lui, son cœur battant la chamade. « Je… je voulais juste comprendre. Pourquoi cherchez-vous une compagne ici, dans notre petite ville ? »

Aiden la fixa de ses yeux perçants. « Les légendes ne mentent pas, Stella. Les loups-garous cherchent leurs compagnons parmi les humains pour des raisons spécifiques. Nous croyons en l’équilibre, en la symbiose entre nos deux mondes. Et parfois, une ville comme Silverwood peut abriter celle que nous cherchons. »

Stella sentit un frisson parcourir son échine. « Et comment savez-vous que je suis celle que vous cherchez ? »

Aiden sourit, un sourire presque tendre. « Je ne le sais pas encore. C’est pourquoi je suis ici, pour découvrir qui parmi vous pourrait être celle qui complétera notre meute. »

Stella hocha la tête, encore incertaine de ce qu’elle ressentait. « Et si je ne veux pas être votre compagne ? »

Aiden la fixa longuement. « C’est un choix que vous devez faire par vous-même, Stella. Personne ne peut vous forcer à accepter. Mais sachez que notre monde est plus vaste et plus riche que ce que vous imaginez. »

Stella se leva, son esprit tourmenté par des questions sans réponse. « Merci pour votre honnêteté, Aiden. Je vais y réfléchir. »

Elle quitta le bar, le cœur encore plus lourd qu’avant. La perspective de devenir la compagne d’un loup-garou, d’un alpha, était à la fois terrifiante et étrangement attirante. Mais elle savait qu’elle avait besoin de temps pour comprendre ce qu’elle voulait vraiment.

• * *

Les jours suivants furent un tourbillon de pensées et de doutes pour Stella. Elle continua à travailler au café, tentant de se concentrer sur ses tâches quotidiennes, mais l’ombre d’Aiden et de sa proposition planait constamment au-dessus de sa tête.

Une nuit, alors qu’elle rentrait chez elle après une longue journée de travail, elle entendit des bruits étranges provenant de la forêt voisine. Curieuse et un peu inquiète, elle s’approcha prudemment. Les bruits devinrent plus clairs : des voix et des mouvements furtifs. Elle se cacha derrière un arbre, essayant de voir ce qui se passait.

Elle aperçut alors Aiden et sa meute, entourés d’un groupe d’hommes armés de torches et de fusils. Les visages des hommes étaient tordus par la haine et la peur.

« Vous n’êtes pas les bienvenus ici ! » cria l’un des hommes. « Partez avant que nous vous chassions ! »

Aiden resta calme, ses yeux brillants dans l’obscurité. « Nous ne cherchons pas la confrontation. Nous voulons seulement trouver ce que nous cherchons et partir. »

L’homme leva son fusil, pointant directement vers Aiden. « Nous n’avons pas besoin de monstres comme vous dans notre ville ! »

Stella sentit son cœur s’arrêter. Elle savait qu’elle devait intervenir, mais comment ? Elle prit une grande inspiration et sortit de sa cachette, levant les mains en signe de paix.

« Attendez ! » cria-t-elle. « Il n’y a pas besoin de violence. »

Les regards se tournèrent vers elle, certains surpris, d’autres furieux. Aiden la fixa, une lueur d’étonnement dans ses yeux.

« Stella, retourne chez toi, » dit l’un des hommes, une expression inquiète sur le visage.

Mais Stella secoua la tête. « Non, je ne peux pas. Écoutez, ces loups-garous ne veulent pas de mal. Ils cherchent seulement à vivre en paix. Nous devrions essayer de comprendre leur point de vue plutôt que de les chasser. »

Un silence tendu s’installa, chaque camp évaluant les paroles de Stella. Aiden fit un pas en avant, les mains levées en signe de soumission.

« Nous ne voulons pas de conflit, » dit-il doucement. « Si nous pouvons parler et trouver un terrain d’entente, ce serait mieux pour tout le monde. »

Les hommes baissèrent lentement leurs armes, hésitant. Stella savait que c’était le moment crucial. Elle se tenait entre deux mondes, essayant de les réconcilier.

« S’il vous plaît, » implora-t-elle. « Donnons-leur une chance. »