chapitre 4

Chapitre 4

L’air était chargé d’une tension électrique, une force invisible qui vibrait dans chaque fibre de Rafael. Il pouvait la sentir, la reconnaître au plus profond de son être. Ce n’était pas une simple attirance, ni un désir primaire qu’il aurait pu ignorer ou écraser sous sa volonté de fer. Non. C’était autre chose. Quelque chose d’ancien, de primitif.

Son regard froid détaillait la femme qui lui faisait face. Zafira Lazzaro. Elle était exactement comme on la décrivait : sauvage, indomptable, un mélange enivrant de feu et de tempête. Mais il refusait d’y croire. Il refusait ce lien.

Elle, sa reine ?

Impossible.

— Ce n’est pas réel, murmura-t-il plus pour lui-même que pour elle.

Zafira croisa les bras, un sourire ironique sur les lèvres.

— Tu as l’air déçu, De Santis.

Son nom sur ses lèvres lui fit quelque chose d’étrange, un frisson traversant sa peau. Il serra les dents.

— Je ne crois pas aux contes de fées.

Elle éclata d’un rire bref, sec.

— Moi non plus.

Le silence entre eux devint oppressant. Rafael aurait voulu nier l’évidence, mais il sentait cette attraction viscérale, ce besoin inexplicable de la garder près de lui.

Il jeta un regard vers l’immense verrière qui surplombait la salle de bal. La lune, pleine et rouge comme du sang, dominait le ciel. L’éclipse avait commencé.

Un mauvais pressentiment s’insinua en lui.

— Tu ressens ça ? demanda soudain Zafira.

Il la fixa, une lueur de méfiance dans le regard.

— Ressentir quoi ?

Elle hésita, cherchant ses mots.

— Quelque chose… d’étrange. Comme si l’air était plus dense, plus lourd.

Il ne répondit pas immédiatement. Parce que oui, il le sentait aussi. Une énergie sombre, rampante, comme un présage funeste.

Soudain, un mouvement attira son attention.

Un éclat métallique.

Un frisson glacial parcourut son échine.

Sans réfléchir, Rafael attrapa Zafira par la taille et la plaqua contre lui juste au moment où une lame fusa à l’endroit où elle se tenait quelques secondes plus tôt.

Les cris éclatèrent dans la salle.

— À terre ! hurla quelqu’un.

Les gardes du palais sortirent leurs armes. Rafael pivota, ses sens en alerte.

L’assassin n’était pas seul.

D’autres ombres se détachaient des balcons, armées et prêtes à frapper.

— Reste derrière moi, ordonna-t-il à Zafira.

— Tu rêves.

Elle dégagea une dague de sa robe et se positionna à ses côtés.

Rafael eut un sourire sombre.

Bien.

Il n’avait jamais eu besoin d’une femme fragile.

Les coups de feu éclatèrent. Les invités se jetèrent au sol dans un chaos total.

Rafael esquiva une attaque et brisa le poignet d’un des assaillants avant de lui loger une balle entre les yeux.

Zafira se défendait avec une grâce mortelle, sa lame trouvant sa cible à chaque mouvement.

Mais ils étaient trop nombreux.

Un homme fondit sur elle. Rafael réagit sans réfléchir, abattant l’assaillant avant qu’il ne puisse l’atteindre.

Le silence retomba brutalement.

Le dernier cadavre s’écroula dans une flaque de sang.

Rafael essuya le filet de sang sur sa joue et tourna un regard brûlant vers Zafira.

— Tu vas me dire que ce n’est qu’une coïncidence ?

Elle reprit son souffle, son regard aussi féroce que le sien.

— J’espère que tu ne penses pas que c’est moi qui ai commandité ça.

— Je pense que ta présence ici a déclenché quelque chose, grogna-t-il.

Elle ne répondit pas, mais il pouvait voir qu’elle y pensait aussi.

L’éclipse.

La malédiction.

Le lien entre eux.

Tout cela était lié.

Et s’il voulait comprendre…

Il allait devoir accepter l’inacceptable.