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ÉPISODE .49 FINAL

                            

                                                  

Trois ans plus tard

                              

-Ethan....

                              

Je suis si bien au chaud sous les draps... 

                              

-Ethan ! 

                              

Impossible que je bouge. Je dors beaucoup trop bien... 

                              

-Ethan, je crois que c'est l'heure... 

                              

Ma tête est lourde et il suffirait que je l'enfouisse encore un peu plus dans mon coussin pour pouvoir me rendor... ATTENDS, QUOI ?! 

                              

-Qu'est-ce que tu racontes Candice ? parviens-je à murmurer à travers mon sommeil. 

                              

-Je crois que c'est l'heure Ethan. J'ai des contractions depuis presque deux heures. 

                              

Cette fois, mes yeux s'écarquillent dans la nuit noire. C'est quoi ce bordel ? Il nous reste encore un mois à attendre ! 

                              

-Rendors-toi, on voit le médecin tout à l'heure pour le rendez-vous du neuvième mois. 

                              

-Je ne suis pas sûre de tenir jusque... 

                              

Mes paupières sont beaucoup trop lourdes et il est beaucoup trop tôt. D'ailleurs, je ne sais absolument pas quelle heure il est mais étant donné mon état de fatigue, hors de question que je sorte du lit. Ces draps sont si chauds et mon coussin si moelleux... 

                              

Un petit cri me réveil en sursaut deux heures plus tard. 

                              

-Ethan ! J'ai perdu les eaux ! 

                              

Oh putain de bordel de merde ! Je me lève d'un bond pour foncer dans la chambre du bébé. Je tire la valise qui était rangée tout en haut du placard mural puis j'entasse un tas de vêtements minuscules. Ca fait deux mois que je bassine Candice avec cette valise à la con mais non, madame estimait avoir tout le temps de la faire. 

                              

-Putain Candice, tu aurais pu la faire avant cette valise ! 

                              

-Je vais prendre une douche. N'oublie pas les brassières que j'ai lavées hier soir. Elles sèchent encore sur l'étendage. 

                              

-Une douche ? Non mais Candice on a pas le... ! 

                              

-Aie ! 

                              

-Candice ? Ca va ? 

                              

Je fonce vers la salle de bain pour trouver ma femme à poil dans la douche, les deux mains contre le carrelage mural, la tête rentrée entre les épaules en train de faire des exercices de respiration. Non mais c'est quoi cette connerie de douche ? 

                              

-Candice, arrête tes conneries et sors de là. Tu risques de glisser, c'est trop dangereux ! 

                              

-Laisse-moi juste me laver deux minutes avant de partir, s'il te plait. 

                              

Bordel mais pourquoi est-ce qu'elle ne m'écoute jamais ? Je récupère la valise et la complète avec des vêtements pour Candice. J'essaie de me souvenir des conseils de la sage-femme lors des cours de préparation à l'accouchement mais comme je dormais la moitié du temps, je ne me rappelle pas de grand chose. J'entasse donc des culottes noires, une robe blanche, des pyjamas roses, des chaussettes et des t-shirt avant que ma femme arrive pour tout enlever en décrétant que « on ne met pas une robe blanche juste après avoir accouché Ethan ! ». Je fais de mon mieux pour ne rien dire mais je ne peux pas m'empêcher de grommeler dans mon coin. Sérieusement, on devrait déjà être en route pour la maternité, on ne sait même pas si le bébé va bien ! 

                              

-Ethan, regarde-moi. 

                              

Je lève le regard pour plonger dans ses deux trésors émeraude. Le déferlante de questions qui fait rage dans mon esprit fond comme neige au soleil quand je lis ce qu'elle me confie à travers ses beaux yeux. 

                                          

              

                    

-Tout va bien se passer. 

-T'en sais rien Candice ! Si ça se trouve les médecins vont nous dire que... 

-Tout va bien se passer Ethan, c'est promis. 

Elle prend mes deux mains tremblotantes pour les déposer délicatement sur son ventre rebondi en me souriant tendrement. 

-Tu vas être le plus merveilleux des papas. 

J'arrête de respirer pendant quelques secondes. Je vais être papa. Je vais être papa !!!! Brusquement, je passe ma main dans sa nuque pour capturer férocement ses lèvres. Je n'ai pas trouvé d'autre façon de lui dire que je l'aime de la plus pure des manières. Alors je laisse ma bouche lui raconter tous les mots que je ne trouverai jamais. Mais soudain Candice se recroqueville, ses mains soutenant fermement son ventre. 

-Il faut vraiment qu'on y aille ! 

-Oui... je prends la valise, va mettre ton manteau. 

Je tourne trois fois sur moi-même avant de trouver ma veste et mes chaussures. Je crois que je ne sais plus vraiment où j'habite... Quand je m'engage sur l'autoroute, j'enveloppe la main de Candice dans la mienne. Ma femme est extraordinaire, elle gère la douleur en silence. De mon côté, je ne sais pas vraiment quoi faire. Je ne veux pas la déranger mais j'aimerais l'aider. J'essaie de m'assurer mentalement que nous n'avons rien oublié même si je ne sais déjà plus ce que j'ai fourré dans cette connerie de valise !

-Merde Candice, j'ai pas pensé à te prendre un livre ! Putain, je suis désolé, tu aurais pu te poser et...

-Ethan, je ne crois pas que je vais pouvoir lire un livre tu sais... 

-Ouais t'as raison, j'suis trop con. C'est juste que je voudrais t'aider et... 

-Et tu le fais déjà très bien. Arrête de te torturer, tu es parfait. 

-Oui mais je... 

-Je t'aime mon amour. 

L'air qui trouvait son chemin jusqu'à mes poumons meure dans ma gorge. Putain, cette femme est parfaite ! Elle est peut-être têtue et ingérable au quotidien mais je ne pourrais pas supporter de passer une seule journée sans elle. Depuis qu'elle a été diplômée, notre vie est totalement folle. Nous avons enduré des mois compliqués avec des économies de plus en plus à sec, entassés dans un minuscule appartement. Candice a écumé toutes les écoles de danse sans succès et nous n'avions plus vraiment d'espoir. Mais à force de détermination et de persuasion, elle a réussi à décrocher plusieurs remplacements et même si nous ne roulons pas sur l'or, nous sommes heureux. Ma femme vit de sa passion et moi, je gère la taverne avec Murphy qui m'a cédé cinquante pourcents de ses parts. 

Je l'appelle « ma femme » mais elle ne l'est pas en réalité. Elle refuse de m'épouser. Et merde, c'est pas faute de lui avoir demandé ! J'enchaine les demandes, tout le temps, partout. A table, en voyage, sous la douche, en voiture. J'ai même essayé de lui demander quand elle était aux chiottes. Ne me demandez pas pourquoi... Mais cette satanée déesse refuse catégoriquement à chaque fois. Elle dit qu'elle ne veut pas passer après Rose. Je peux la comprendre mais merde ! Je veux que tous les connards de la terre sachent qu'elle est à moi. Alors tant pis pour ma fierté, je continue à le lui demander et à me prendre des « non ! » en pleine face. D'ailleurs...

-Est-ce que...

-Non Ethan ! C'est vraiment pas le moment, lâche-moi avec ça !

Bon... j'aurais essayé ! Nous arrivons à la maternité un peu après 5h. Je me gare sur le parking pratiquement vide quand la réalité me terrasse. Je me tourne pour prendre le visage de ma femme en coupe, un sourire carrément débile collé à mes lèvres. 

            

              

                    

-On va avoir un bébé ! 

-On va avoir un bébé ! 

Une sage-femme nous prend rapidement en charge. Candice s'installe dans un lit, un tas de fils et de machines raccordés sur son ventre. Comme je ne comprends pas grand-chose à ce qu'il se passe sur les écrans, j'appelle toutes les cinq minutes une infirmière pour vérifier que tout va bien. Je n'arrête pas de scruter Candice, d'essayer de lui apporter tout mon soutien mais seule ma main dans la sienne semble lui suffire. 

-Ethan, arrête de tourner comme un lion en cage s'il te plait. 

-Ouais... euh... ok, ok, d'accord. 

Les heures s'égrainent lentement, très lentement. Nous marchons dans les couloirs, je lui masse le dos quand les contractions se font trop fortes et je mets de la musique pour la détendre. Ca à l'air de marcher puisqu'elle me sourit de ses yeux amoureux. Putain, je veux passer ma vie avec elle ! 

La journée prend une autre tournure quand nous sommes transférés en salle d'accouchement. Tout s'accélère. Un tas de blouses blanches nous rejoignent, demandant à Candice de pousser. Elle donne tout pour donner naissance au plus beau cadeau qui nous ait été offert. Ma femme est impressionnante de force et de détermination et après une apnée interminable, je libère un long souffle en même temps que ma fille. 

M A F I L L E

Ce tout petit trésor que je recueille moi-même pour le déposer sur le ventre aimant de la femme de ma vie. Les mains tremblantes, le cœur secoué par un véritable tsunami, les larmes au bord des yeux et l'amour, l'amour, l'amour qui nous submerge. Je ne sais plus parler. Je ne sais plus penser. Je ne sais plus rien. Mais en plongeant mon regard dans celui de ma fille, je réapprends l'essentiel. Elle loge le bout de son nez dans le sein de ma femme qui pleure en caressant le miracle de notre vie. 

Et mon cœur explose 

pour renaitre en plus pur

-Comment s'appelle cette magnifique petite fille ? nous demande doucement une auxiliaire. 

Candice m'offre ses yeux brillants, me sourit et je l'embrasse. Doucement. Tendrement. Parfaitement. Nous répondons d'une seule et même voix. D'un seul et même cœur. 

Victoria. 

Notre fille. 

La jeune femme en blouse blanche prend délicatement ma toute petite fille dans ses bras pour lui prodiguer les premiers soins. Elle la dépose sur une petite balance et je reste debout à côté d'elle, comme un con. Je n'ose pas la toucher, elle est si belle ! Si fragile ! Si précieuse ! Je l'admire gigoter, gémir, babiller. Et je compte ses doigts et ses orteils. Et je vérifie qu'elle a bien deux oreilles, deux bras, deux jambes. Et bordel, comment avons-nous pu créer ce petit miracle ? 

En cet instant, toutes les épreuves que nous avons vécues prennent sens. Nos heures sombres font briller d'un plus bel éclat le soleil qui entre dans nos vies. Et même si nous avons dû attendre ce bébé beaucoup plus longtemps que ce que nous aurions voulu, même si nous avons longtemps espéré et essuyé plus de déceptions qu'il est possible d'imaginer, je ne regrette rien. Elle est notre histoire. Elle est si belle.  

-Pouvez-vous me donner un body, un pyjama, des chaussettes, une brassière et un bonnet s'il vous plait monsieur ? 

Euhh... ouais... Je fouille la valise pour sortir tout ce que l'auxiliaire m'a demandé. Enfin, tout sauf la brassière puisque elle n'était pas totalement sèche quand je l'ai chopée sur l'étendage. Je l'ai donc fait sécher sur la plage arrière de la bagnole. Ouais, bah on fait comme on peut hein ! Je baragouine une excuse et quitte la salle d'accouchement en quatrième vitesse. Je cours comme un taré jusqu'au parking et pique un sprint pour revenir le plus vite possible. Ma fille me manque déjà. Quand je reviens auprès de mon bébé –mon bébé ! -, l'atmosphère est particulièrement bizarre. Tout le monde me dévisage comme si j'étais un fantôme et Candice se met à rire. 

-Mais pourquoi êtes-vous parti monsieur ? 

-Bah je suis allé chercher la brassière qui séchait dans la voiture ! Pourquoi ? 

-Je... j'ai... j'ai cru que vous aviez paniqué et que vous étiez parti, me répond la jeune femme, totalement mal à l'aise. 

Candice pouffe dans son lit d'accouchement, se moquant gentiment de la naïveté de la nénette en charge de notre fille. S'il y a bien une personne qui sait que je ne pourrai jamais partir c'est bien ma femme. Je grogne dès qu'elle s'éloigne de moi. J'ai toujours peur qu'elle se réveille un matin et qu'elle comprenne qu'elle n'a rien à faire avec moi. Que je la mérite pas. Qu'elle n'aurait jamais dû me pardonner. Et même si elle n'arrête pas de me dire le contraire, je ne parviens pas toujours à me raisonner. 

Après un nouveau ballet de blouses blanches, nous nous retrouvons enfin seuls. Tous les trois. Ma merveilleuse petite fille aux cheveux bruns et au visage aussi lisse que de la soie est emmaillotée dans une couverture et se repose dans les bras de sa maman. Je m'assieds à leurs côtés et passe mon bras autour des épaules de Candice. Immédiatement, elle pose son sublime visage contre mon épaule et nous restons ainsi un moment. Nos visages sont radieux, apaisés. Les émotions déferlent au rythme des respirations de notre bébé. 

Inspiration

L'amour, l'amour, l'amour, l'amour, l'amour

Expiration

Bonheur, immense et presque indécent

Inspiration

Une peur électrisante me paralyse. Comment vais-je réussir à protéger mes deux petites femmes ? A être exemplaire pour elles ? Bordel, j'ai plus le droit de merder

Expiration

Putain, je n'ai jamais été aussi fier ! C'est nous qui avons créé ce tout petit bout de bébé absolument splendide !

-Regarde ses toutes petites mains ! Et ses tout petits doigts ! s'extasie Candice, la voix fatiguée. 

-Oh t'as vu ? Elle a fait un sourire ! J'te jure qu'elle a souri ! dis-je totalement gaga. 

Ok c'est officiel, j'ai perdu mes couilles.

L'heure que nous passons à nous apprivoiser tous les trois est indescriptible. Même le plus beau des contes ne saurait retranscrire l'intensité de ce que je ressens. Soudain, j'ai envie de crier au monde entier que je suis heureux ! Je compose le numéro de Murphy pour lui annoncer la bonne nouvelle et je l'entends pleurer au bout du fil. 

-Je suis enfin papy, parvient-il à formuler à travers ses larmes de joie. 

Après avoir raccroché, j'appelle les grands-parents de Candice. Ils représentent la seule famille qui lui reste et je sais à quel point ils sont précieux pour elle. Le bonheur qui irradie à travers le téléphone est poignant. Tout comme la joie qui explose dans la voix de Cassiopée, Maxime, Gabriel, Aurore, Marina et Julie. Toutes ces démonstrations d'amour me mettent légèrement mal à l'aise pour moi qui ait du mal à exprimer mes émotions mais Candice semble si heureuse que j'oublie tout. 

Quand je repose mon téléphone, Candice se redresse légèrement pour déposer notre merveilleux bébé dans mes bras frissonnants. Ma fille se tortille légèrement mais elle loge rapidement son nez dans le creux de mon coude, totalement apaisée. Son souffle chatouille ma peau tandis que les lèvres de ma femme se posent en douceur sur ma tempe. C'est la sensation la plus extraordinaire qui puisse exister. 

-Victoria mon amour, je te promets de te protéger, de te câliner et de t'aimer jusqu'à mon dernier souffle. Toi et ta maman vous êtes ma famille. Mon bonheur. Mon avenir. 

FIN

            

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