CHAPITRE 4 : FIDÈLE, NATURELLEMENT DEVENUE PUISSANTE
C'était le matin et Fidèle et sa nièce, comme d'habitude, s'étaient une fois encore rassemblées dans le salon. Cette fois, au lieu de jouer aux cartes, se taquinaient entre elles.
– Maintenant, dit victoire, il faut qu'on parle des choses les plus nécessaires. Dis-moi pourquoi tu posais tant de questions à mon grand-père hier ?
– Lui, c'est ton grand-père et il est mon père à moi ; je suis donc libre de lui poser autant de questions que je veux, susurra Fidèle en explosant de rire.
Les deux amies-sœurs se taquinaient encore lorsque la sonnerie retentit.
– Va voir qui est à la porte, ordonna Fidèle.
– Je savais que tu allais m'envoyer voir qui serait-ce ! Tu n'arrêtes toujours de profiter de ton droit d'aînesse pour me taquiner.
– Être aînée n'est pas facile, ma chère ! ha ha ha !
Pendant que Fidèle prononçait ces derniers mots, son interlocutrice était déjà très loin du salon. Fidèle, manipulant son téléphone, finit par être interpelée par une voix qui, même de tête basse, elle en reconnut l'auteure.
– Fèmi, comment ça va ? répondit-elle.
– Je vais bien ! Et toi ?
– Ça va !
La nouvelle venue et Victoire s'installèrent le long des chaises.
– Alors, reprit Fidèle en abandonnant son téléphone, que nous as-tu apporté ?
– Rien ! Je suis venue pour écouter les nouvelles informations que tu as recueillies sur les loups-garous…
– Oh, je savais ! s'exclama Victoire d'un ton moqueur.
– Dis-moi, murmura Fidèle, veux-tu te marier aux loups-garous ?
– Arrête tes imaginations !
– Et comment ?
– N'est-ce pas toi-même qui m'as dit ici que les loups-garous sont des démons ? Alors comment puis-je avoir des relations sentimentales voire amoureuses avec des monstres !
– Tu as raison ! C'est parce que tu as fini par m'étonner et je ne comprends plus rien de ta curiosité au sujet de ces êtres immondes !
– Non, c'est parce que j'ai juste envie de les connaître mieux que quiconque.
– Hum ? Ok ! C'était hier nuit et j'ai su maîtriser mon père qui m'a raconté d'excellentes histoires sur les loups-garous.
Fidèle, prenant pause de sa déclaration, se mit à manipuler son téléphone.
– Tiens et écoute ! s'exclama-t-elle.
La curieuse attrapa le téléphone dans sa main et, branchant les écouteurs dans les oreilles, se mit à écouter l'audio que son amie avait lancé. Très joyeuse, elle riait et sautait sur sa chaise.
– Sœur Fidèle, appela Victoire, observe bien ta copine ; toutes ces recherches qu'elle fait sur ces espèces ne sont pas fortuites.
– Quoi ?
– Oui ! Je la vois très loin, dans une grande forêt ; une jungle des loups-garous et des vampires.
– Oh, arrête !
– Je suis très sérieuse, Fidèle ! Mon instinct me dit que très bientôt, elle sera très dangereuse et tout cela n'arrivera que par toi et moi.
– Et comment ?
– Je préfère garder en revanche ma prémonition sinon tu auras trop peur. Mais retiens que tu méconnaîtras dans peu de temps, ta copine.
– Dans peu de temps ?
– Si ! C'est une révélation mêlée de prophétie.
Fidèle fut très surprise des révélations de sa nièce et, entrouvrant la bouche, elle observait silencieusement la visiteuse qui, à son tour, des oreilles bouchées, n'entendait rien.
En effet ! Victoire, c'est une jeune fille de vingt-deux ans. Orpheline de père et de mère, elle a été recueillie sous le toit de son grand-père depuis plusieurs années. Victoire, depuis ses quinze ans, n'a arrêté d'étonner Fidèle et son père. Ses rêves ont toujours été prémonitoires. Sa langue, elle est trop tranchante au point où ses malédictions ne restent jamais sans effet. Pour éviter sa colère, personne n'ose la provoquer car, elle est trop colérique.
– Bien, fit Fèmi, j'ai écouté tout l'audio et sincèrement, merci de l'avoir enregistré. Maintenant, il y a une chose que je voudrais que tu fasses pour moi !
– Quoi donc ?
– Promets-moi d'abord que tu me rendras le service !
– Je ne peux pas te faire cette promesse !
– Et pourquoi ?
– Parce qu'il me faut connaître d'abord ce pour quoi tu voudrais que je t'assiste.
– Ok, tu as peut-être raison. Maintenant que tu m'as satisfaite de toutes ces belles informations sur la vie des loups-garous, je voudrais que tu convainques ton père à accepter t'emmener avec lui à la chasse des loups-garous pour qu'à ton tour, tu…
– Impossible de te rendre ce service parce que ta curiosité risque de me compromettre la vie…
– Arrête, Fidèle ! s'exclama Victoire. Apprenez à écouter les gens avant de leur couper la parole, ajouta-t-elle.
– Ok, continue, murmura Fidèle à l'adresse de sa camarade.
– Oui, je veux que tu m'aides connaître le chemin qui mène dans le temple des loups-garous.
– Ok, fit Fidèle, tu as fini ?
– Oui, c'est toute ma préoccupation !
– Ok ! Ma nièce venait de m'apprendre devant à écouter les gens lorsqu'ils parlent sans oser leur couper la parole. Maintenant que je t'ai prêté toute mon attention, il faut que je te réponde maintenant.
Fidèle se redressa sur sa chaise.
– Écoute-moi, Fèmi, tu exagères déjà trop dans ta vie de curiosité. Ce service, je ne te le rendrai jamais car, moi, j'ai peur des loups-garous. Je sais combien tu es courageuse. Moi, je ne le suis pas ; donc inutile que tu aies ton espoir sur moi.
Sur ce, Fidèle se leva et se dirigea vers les escaliers. Fèmi, regards braqués dans son dos, l'observait disparaître dans le vide.
– Ma chère Fèmi, appela Victoire, puis-je te poser une question s'il te plaît ?
L'interrogée, au lieu d'un oui vocal, acquiesça de la tête.
– Bien, pourquoi veux-tu que Fidèle t'assiste jusqu'à cette étape ?
Fèmi, observant silencieusement son interlocutrice, ne broncha mot.
– Réponds-moi parce que si je peux réussir à avoir une idée claire sur ta détermination, je t'aiderai jusqu'au bout.
Fèmi, lentement, se recala sur la chaise.
– Au fait, commença-t-elle, je ne sais pas pourquoi je m'attache aussi fortement à ces êtres sauvages. Je sais bien qu'ils sont très sauvages mais il me plaît d'aller jusqu'à leur toucher le corps…
– Tu m'entends ça ? releva une voix depuis les escaliers.
– S'il te plaît Fidèle, appela Victoire, ne nous déconcentre pas…
– Oh, voyons ! Elle t'a sûrement contaminée ! Je resterai calme dans mon coin pour vous observer réussir votre défi. Vous ne me verrez pas à votre suite.
– Ha ha ha ! C'est parce que tu ignores ce qui t'attend.
– Moi ? Que peut-il m'attendre ?
– Ne t'inquiète pas ! Tu sais très bien que mon instinct ne me trompe jamais ! Alors sache que le succès de ce défi est dans tes mains et tu ne peux pas l'échapper.
– Sinon quoi ?
– Inutile de te le dire ! Tu le verras très bientôt. Alors ma chère Fèmi, je t'ai écoutée et laisse-moi te dire un truc : quand on veut quelque chose, on fait des choses qu'on n'a jamais faites. Maintenant que tu m'as fait entendre ton rêve le plus fou, alors reste tranquille pour voir les miracles divins. Maintenant, tu peux partir ! Je vais te contacter plus tard.
– Merci, Victoire ; merci de détacher l'inquiétude de mes veines.
– Il n'y a pas de quoi à s'inquiéter, ma chère !
– Bien, je vais partir ! À très vite.
Fèmi se leva et se dirigea vers la porte de sortie.
– Toi, indexa Victoire, je n'arrive pas souvent à te comprendre ! J'ai comme l'impression que tu n'aimes pas voir les gens sourire autour de toi.
– Si, que j'aime !
– C'est faux ! La belle preuve : regarde comment tu as rendu inquiète la jeune fille. Ce n'est pas bien de ta part. Même si tu sais que tu ne peux pas lui rendre le service pour lequel elle s'attend, c'est à toi de savoir comment lui parler pour ne pas blesser son amour-propre. Je n'ai pas aimé cette attitude, sincèrement.
Sur ce, Victoire se leva de sa chaise, très fâchée.
***
C'était la nuit profonde et tout était calme. Victoire, au cœur de cette nuit obscure, était en compagnie d'un vieillard.
– Victoire, appela le vieux.
– Oui, maître !
– Regarde très bien cette feuille. Est-ce que tu l'as vue ?
– Oui, je l'ai vue, maître.
– Peux-tu la reconnaître ?
– Euh…oui, répondit-elle au bout d'une hésitation profonde.
– Tiens-la dans ta main et observe-la correctement.
Victoire attrapa la feuille des mains de son interlocuteur et se mit à l'observer.
– Je la reconnaîtrai, maître.
– Bien, je vais t'aider à la voir. Demain matin très tôt, ne salue personne et va directement à votre portail. Je te la déposerai aux pieds de vos portails.
– D'accord !
– Maintenant, il est temps que je te dise la raison pour laquelle tu dois rechercher cette feuille.
– Je vous écoute, maître !
– Je t'envoie chercher cette feuille parce que l'amie de ta sœur sera bientôt contrainte à une situation très critique et criarde. Et, pour sortir d'une telle situation, il va falloir l'aide de ta sœur. Alors, lorsque tu prendras cette feuille, tu tritureras une petite quantité que tu lui feras boire et ensuite, tu lui couleras deux gouttes sur chaque œil et pour finir, tu lui feras répéter la phrase suivante : « à partir d'aujourd'hui, que la magie prenne contrôle de toute ma vie ».
– D'accord, je le ferai !
– Merci et bonne chance.
Pouf ! Le vieillard disparut. C'est alors que Victoire sursauta de son rêve et s'assit.
– Ce rêve, il doit avoir une signification, se dit-elle, tout bas.
Elle leva la tête vers l'horloge murale et y lut sept heures du matin.
– Oh, il est déjà jour.
Elle se leva et se dirigea dans la cour. Elle continua sa marche jusqu'aux pieds du portail et là, se trouvait une plante déracinée. Elle se courba et l'attrapa.
– Mais c'est la feuille que j'ai vue dans mon songe, se dit-elle.
Elle s'avança vers la chambre avec. Lorsqu'elle arriva à la cuisine, elle rinça la plante et, de ses deux mains, elle se mit à triturer la plante. Elle triturait encore la plante lorsqu'arriva Fidèle.
– Bonjour ma chère, que fais-tu toute seule ici ?
Se souvenant des prescriptions de son rêve, Victoire n'osa broncher un mot.
– Mais réponds-moi !
Malgré l'insistance de la nouvelle venue, Victoire n'osa brûler la règle de la prescription jusqu'à finir de triturer la plante.
– Prends et bois, ordonna-t-elle à sa tante.
– Sans savoir ce que cela guérit ?
– Je ne peux pas te vouloir du mal. Si je te demande de faire quelque chose, tu dois le faire parce que l'obéissance précède la réclamation.
Fidèle attrapa le gobelet et le porta à ses lèvres. Elle en but une gorgée.
– Ça va ! s'exclama Victoire, maintenant, mets-toi à genoux et offre-moi tes yeux.
– Veux-tu me les percer ?
– Obtempère.
Fidèle s'agenouilla et se laissa faire. Victoire accomplit toutes les tâches qu'on lui avait demandées.
– Maintenant, répète : « à partir d'aujourd'hui, que la magie prenne contrôle de toute ma vie ».
Fidèle répéta exactement la phrase et ses yeux changèrent aussitôt de couleur. Sa voix, elle aussi, changea de ton.
– Tu as complètement changé à mes yeux, dit-elle à Victoire.
– C'est normal ! Maintenant, demande quelque chose sur ma vie on va voir.
– Qu'un gros loup-garou t'embrasse tout de suite.
Et sur-le-champ, un loup-garou alpha apparut et embrassa la jeune fille.