Chapitre 5
Marcella avait du mal à croire qu'elle était dans ce jet privé. Tout était allé si vite
qu'elle n'avait pas eu le temps d'avertir sa soeur de son absence.
- Est ce que tout va bien ? Demanda le cheikh.
Elle le foudroya du regard avant de détourner son regard. Elle préférait le
reporter sur cette magnifique petite fille qui était endormie.
- Je sais que tout a été précipité mais vous devez comprendre que je ne suis pas
votre ennemi.
Marcella lâcha un rire amer avant de le regarder droit dans les yeux.
- Je suis tellement heureuse d'être ici, ironisa-t-elle. Vous ne m'avez pas laisser
le choix, vous pensez que je vais vous faire la causette n'est-ce pas ?
Jamal soupira longuement avant de se redresser de son siège.
- Je sais très bien que cette situation est inconfortable mais il s'agit de la vie de
ma fille vous comprenez ? Je vous promets que dès qu'elle ira mieux vous
retournerez à jaddar.
Marcella l'examina longuement et décida de ne rien dire.
Jamal quant à lui tourna la tête vers le hublot pour ne pas croiser ce regard triste
qu'elle arborait. Il avait joué sur les sentiments pour qu'elle puisse accepter de
venir avec eux. Il avait tellement précipité le départ que la jeune femme n'avait
pas eu le temps de se préparer convenablement. Même s'il n'avait pas aimé la
comédie de sa fille , il devait reconnaître qu'elle lui avait tendue une belle perche
car sans cela Marcella n'allait jamais accepté de venir.
Marcella poussa un soupir de soulagement lorsque le jet privé se posa sur le sol
de Jeddar. Elle se leva de son siège décidé à ne pas rester une minute de plus
seule avec cet homme. La petite se réveilla et la regarda avec des yeux
attendrissant.
- Est ce qu'on n'est arrivé chez nous ? Demanda celle-ci.
- Oui chérie, répondit son père.
Elle ouvrit ses petits bras et son père la prit. Marcella les suivit et ils sortirent
tous les trois de l'engin. De nombreuses voitures attendaient déjà.
- Je suis sûre que tu vas adorer le palais, la rassura Jamila.
Marcella lui fit un sourire timide avant de s'avancer vers la voiture. Ils entrèrent
et tout le cortège royal suivit. De toute sa vie Marcella n'avait eu droit à de tels
honneurs et même si ceux-ci étaient adressés au roi, elle ne pouvait s'empêcher
de penser qu'ils lui étaient aussi destinés.
La voiture s'engagea dans le palais de Jeddar. Si elle avait trouvé celui de Malik
immense, elle devait reconnaître que celui de Jamal était encore plus grand. Elle
poussa presqu'un cri d'émerveillement et suivit le maître des lieux dans
l'enceinte du palais. L'intérieur était beau et très accueillant, peint en bleu et
blanc.
- Tu verras que tu vas t'y plaire ici, lui souffla Jamila.
Elle hocha simplement la tête et suivit le cheikh. Jamila sautillait partout, ce qui
surprit Marcella car elle ne ressemblait en rien à quelqu'un qui soit malade.
- Ça alors, pour quelqu'un qui est malade je trouve qu'elle déborde d'énergie,
lâcha Marcella.
Cette remarque tomba dans les oreilles de Jamal qui devait tout faire pour
rappeler à sa fille qu'elle était censée être malade.
Ils montèrent ensemble les escaliers jusqu'à ce que le Cheikh ne s'arrête devant
une porte à deux battants. Il l'ouvrit et lui intima d'entrer, elle le fit et c'est la
bouche ouverte qu'elle entra dans ce qui était censé être sa chambre.
- Elle est juste magnifique.
- Et tu n'as pas encore vue la mienne, vient que je te la montre.
Marcella se laissa entraîner par cette petite qui était toute excitée, un peu trop à
son goût.
- Je te présente ma chambre.
Elle était effectivement magnifique et très vaste. Marcella se demandait bien
comment une petite fille pouvait se retrouver dans cette immense chambre et
entouré de tant de peluches et arriver y survivre. Elle avait tellement de jouets
qu'on pourrait en donner à tous les enfants de l'orphelinat dont elle s'occupait
pendant ses heures libres.
- Elle est vraiment belle ta chambre et très grande.
- Celle de papa est mille fois plus grande que la mienne, je suis sûre que tu
adorerais la visiter.
Marcella sentit ses joues prendre un coup de chaleur, elle était sûre qu'elle était
plus rouge qu'une tomate.
- Je crois que mademoiselle Bianchi est épuisée et elle a besoin de repos, fit son
père.
Jamila fit une moue de déception mais dû jeter l'éponge pour le moment. Elle
était décidé à les mettre en couple le plutôt possible car selon elle, les adultes
avaient tendance à trop fermer les yeux sur l'évidence.
- Et je te rappelle jeune fille que tu es malade et que tu dois te reposer.
- J'avais oublié cette partie, murmura Jamila.
Elle fut contrainte de dire au revoir à Marcella et faire semblant de se coucher
car elle était censée être malade. Une fois sûre d'être seule, elle prit son
téléphone et appela Farida.
- Bonjour partenaire, alors quelles sont les nouvelles ? Demanda Farida.
Jamila soupira et se jeta sur le lit.
- Bonjour à toi aussi ma chère partenaire, la situation est toujours pareille. Je me
demande bien pourquoi vous les adultes aimez tant rendre compliquer les choses
qui sont si simple.
- Parce que nous les adultes ne voyons pas la vie comme toi chérie, pour le
moment tu ne peux pas le comprendre.
- Alors rappelle moi de garder ma vision des choses lorsque je serai grande, il
est hors de question que je me complique la vie pour une chose qui se trouve
pourtant sous mes yeux.
Farida se mit à rire aux éclats à l'autre bout du fil. Cela lui prit quelques minutes
avant qu'elle n'y mette un terme.
- Tu es si mignonne ma chérie, il faut juste être patiente. Tout se fait
naturellement.
Jamila leva un sourcil et s'assit sur le lit.
- Naturellement tu dis ? Connaissant mon papa il serait capable de faire durer les
choses jusqu'à ma majorité ou pire encore, il est capable de tout gâcher entre
eux. Tu sais comment il est, lui et oncle Malik ne tarde pas à tout gâcher avec
leur comportement d'hommes de caverne.
- Tu as quel âge déjà ? Demanda Farida.
Jamila en avait l'habitude. On lui demandait toujours son âge quand elle
commençait à parler comme un adulte. Il est vrai qu'elle passait le plus clair de
son temps une fois revenu de l'école à suivre des documentaires alors qu'à son
âge , les enfants préféraient les dessins animés mais Jamila Al Bayane Jeddar
était différente des autres enfants.
- J'ai cinq ans mémé et il m'arrive souvent de douter que j'ai vraiment cet âge là
parce que tous les enfants de ma classe sont ennuyeux , non mais franchement,
comment on peut aimer regarder des dessins qui parlent alors qu'il y a des sujets
plus important comme la menace qui plane sur la forêt amazonienne.
- Tu sais quoi chérie ? Je crois qu'il faudrait mieux qu'on parle de ton père. Lui
dit Farida.
Jamila acquiesça et lui étala sa future stratégie.
- Et tu crois que ça va marcher ? Fit une Farida sceptique.
Jamila y avait penser et selon ses calculs, tout devrait mieux se passer si on
émettait l'hypothèse que son père puisse mieux se comporter et laisser de côté
son côté primitif.
- Mémé, selon le plan élaboré par mes soins, il est possible que nous réussissions
à les mettre en couple d'ici la fin du mois si et seulement si papa se comporte
comme tout bon gentleman le ferait.
- Je crois bien qu'il ne nous reste qu'à prié sur ce point là.
- Crois moi qu'il a intérêt à le faire. Lança Jamila en descendant du lit. Il faut
que je te laisse ma mémé chérie, j'ai un plan à mettre en exécution.
Elle remit son téléphone à sa place et sortit de la chambre, elle devait à tout prix
avoir une sérieuse discussion avec son oncle Kemal.