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Chapitre 5

J'ai l'impression de revenir dix ans en arrière à la maison lorsqu'on se crêpait le chignon. - Et qui croira-t-elle à ton avis ? me lance-t-elle sournoisement. OK, je m'incline. Agathe : 1, Ema : 0. Ce qui est encore plus fort, c'est qu'elle a réussi à détendre l'atmosphère en quelques secondes. - Tu as gagné, je tournerai dorénavant ma langue sept fois dans ma bouche avant de te parler. Ca te va ? - Merci, ie préfère, admet-elle en terminant son verre de vin avant de sourire. - Au fait, je peux savoir ce que tu insinues en parlant de mon caractère ? je l'nterpelle tout en repoussant mon assiette, les coudes en appui sur la table. - Ah ah, je me demandais quand tu allais relever l'allusion. Je n'nsinue rien, c'est juste que tu es une femme forte qui sait ce qu'elle veut et comment y parvenir. Tu es canon, et si tu regardais un peu plus loin que le bout de ton nez, tu verrais un tas de beaux mecs autour de toi, à tes pieds. Je n'ai jamais compris ton attachement pour Antoine, c'est tout. Mais ce n'est pas la première fois que nous avons cette discussion. - C'est vrai, tu me l'avais déjà dit. Avec le recul, je vois bien que notre relation était plate et qu'il n'v avait pas véritablement de feu entre nous... - Mouais, même pas le début d'une allumette tu veux dire, murmure-t-elle en avalant la dernière bouchée de son plat. - Agathe, je la rabroue. - Piffardon, me presse-t-elle de continuer d'un geste de la main, la bouche pleine. Ce doit être l'habitude qui a fait durer notre couple aussi longtemps. De toute façon, on se voyait tellement peu lui et moi et je ne te parle pas de ces derniers temps. C'était loin d'être fusionnel entre nous ! Je lui confie un petit peu notre l'histoire, parce que si je me mets à tout lui raconter, je ne suis pas sûre d'être capable de la retenir. Je la connais, elle serait bien capable d'aller le trouver pour lui dire ses quatre vérités. L'autre partie, celle que je garde secrète, c'est que même sur le plan sexuel, j'étais loin d'être transportée. Entre nous, il n'y avait rien d'excitant et tout était routinier. On se voyait, on dìnait et il me faisait l'amour. Antoine était, sur le sujet, plutôt égoïste et je crois même pouvoir dire que je n'ai jamais pris mon pied avec lui. Vers la fin, c'était si rapide que souvent je restais sur ma faim. Frustrée. Pour être honnête, il m'est plusieurs fois arrivé de devoir terminer le travail moi-même lorsqu'il repartait dormir chez luI. Agathe enchaîne et me tire de mes pensées : - C'est le moins que l'on puisse dire. Ne t'inquiète pas, tu vas la trouver, ta moitié ! Moi, je ne me fais aucun souci. Par contre, j'espère juste qu'à l'avenir, tu écouteras les conseils et la sagesse de ta sœur. J'ai toujours su que c'était un looser ce type ! Bon assez parlé de lui, ton stage démarre bientôt, tu dois avoir hâte de commencer et de rentrer enfin dans la vie active ? me lance-t-elle en claquant des mains comme une gamine. - Oh que oui, on compte les jours avec Susie, tellement nous sommes impatientes. Je vais enfin pouvoir faire ce que j'aime à plein temps, tout en apprenant un maximum chez Inès K. J'ai beaucoup discuté avec mon maître de stage, et dès mon entrée, nous attaquons la collection de l'hiver prochain. Je vais travailler à tous les départements : prêt-à-porter, lingerie et accessoires. J'ai hâte, je lâche, rêveuse. - Je suis fière de toi parce qu'au début, je ne savais pas vraiment dans quoi tu te lançais. Devant ma mine sceptique, elle poursuit : - Tu admettras quand même que le stylisme, ce n'est pas la voie classique, et que dans ce milieu, tout le monde ne mange pas à sa faim. Mais je sais que tu y parviendras parce que tu es passionnée, que tu as du talent et que tu vas toujours au bout des choses. Tes créations, tu continues ? me questionne Agathe. - Bien sûr, je t'ai d'ailleurs apporté quelques pièces. Tu veux les voir ? je lui demande en sachant pertinemment sa réponse. - Tu aurais dû débuter par là. Montre-moi ça. Je nous prépare le dessert, propose-t-elle en se levant et en commençant a débarrasser la table. Je fouille dans ma valise et rapporte les modèles dans le salon. Il s'agit de deux robes. La première, une courte de soie noire et de forme tee-shirt dévoile subtilement l'épaule de sa propriétaire. Elle a la particularité de se fermer dans le dos et jusqu'à la chute des reins par une fermeture Éclair de couleur argent, parsemée de perles Swarowsky noires. Elle est toute en simplicité, avec toujours le petit détail rock qui pour moi fait la différence et qui reste ma marque de fabrique. En mousseline gris argent, la seconde est droite, s'arrêtant aux genoux. Sans manche avec un col bateau, elle peut paraître sage, voire un peu classique sur le devant. Sa singularité se joue sur le côté pile, la robe est drapée et ouverte jusqu'à la naissance des fesses. La touche punchy est apportée par des bretelles croisées en cuir et un empiecement à la taille de la même matiere. Toute en finesse et delicatesse, la légèreté du tissu contraste habilement avec la force du cuir. - Elles sont remarquables, Ema. Tu t'es encore améliorée. Je les aime, autant l'une que l'autre, et je ne saurais pas laquelle choisir, m'avoue-t-elle en les tenant devant elle, une par une, tout en se regardant dans le grand miroir du salon. - Tu vois, elles peuvent être portées à diverses occasions. La noire tous les jours avec des bottes plates ou alors en tunique et la grise peut être mise en été comme en hiver avec des... je m'explique quand le téléphone d'Agathe se met à sonner. Elle répond par monosyllabes et à mesure que la conversation se poursuit, un grand sourire naît sur son visage. Puis, elle raccroche. - Ma chérie, je crois que nous allons très vite pouvoir tester tes créations parce que nous sortons, ce soir. C'était Karl, il a été invité à un vernissage par l'un de ses gros clients et il ne peut pas y déroger. Il est désolé parce que nous avions prévu un autre programme pour toi, mais je crois qu'au contraire, ça tombe à pic, déclare-t-elle en repassant les robes devant elle. - Allez-y, je peux très bien rester ici. Ce n'est pas un problème pour moi. Je dois réviser, de toute façon. Tu peux choisir celle que tu veux, je lui lâche. Je sais déjà que c'est peine perdue. Agathe est déterminée et l'excitation qui se peint sur son visage en dit long sur les projets qui nous attendent cet apres-midi. - C'est hors de question ! Tu ne resteras certainement pas ici toute seule, déjà que l'on ne se voit pas souvent... Allez, accompagne-moi, Karl s'absente toujours pour parler affaires avec ses clients, cela m'évitera de coller aux basques du serveur pour que ma coupe ne soit jamais vide ! Ce sera chouette, de la bonne bouffe, tout le gratin de Londres, et en plus, on a ces deux petites merveilles, insiste-t-elle en les désignant, a présent sagement posées sur le canapé. Je ne peux résister à son air de petite fille folle de joie devant un magasin de bonbons. Son enthousiasme semble contagieux parce que je lance : - Entendu, va pour un vernissage ! L'après-midi n'est donc pas touristique comme il était prévu au départ, mais plutôt bichonnage. Agathe s'empresse de nous prendre rendez-vous dans le salon de beauté où elle a ses habitudes Après un massage, une manucure-pédicure et un brushing, nous retournons à la maison nous préparer pour la soirée. Je crois que je pourrais m'habituer à la vie londonienne !

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