4.
Tante m'a servi de la salade d'avocats au poisson mayo et je me suis régalée. Pour finir, j'ai bu du bon jus de mangue frais sur ça. Aaahh! Je suis vraiment au top.
Je tapote mon ventre toute contente.
Moi : C'était vraiment délicieux tante. C'est toi qui a préparé ?
Tante : Oui Hafsa. C'est moi qui cuisine dans cette maison. On a pas de domestique comme tu peux le voir.
Moi : Et je trouve ça mieux ainsi oh ma tante. Affaire de domestique est trop compliqué oh.
Elle rit.
Tante : Tu ne peux t'empêcher de parler sans ajouter ton fameux "oh" à la fin.
Moi : C'est parce que je suis habituée oh tante.
Elle : Ok je comprends. C'est pas grave. Viens allons-y. Je vais te montrer ta chambre.
Moi : Avant ça, laisse-moi laver ces assiettes. Dis-je en prenant les assiettes dans lesquelles je viens de manger.
Elle : Non laisse ça là. Demain je vais laver ça. Il se fait tard. Viens!
Moi : Ok.
Je repose donc les assiettes puis on est ressorti de la cuisine. On arrive devant une sorte de montage. Ça ressemble à une montagne qu'on grimpe au village. Je me demande ce que c'est.
Moi : Tante vous avez une montagne privée ?
Elle éclate de rire. Mais qu'est ce que j'ai dit de drôle.
Tante : Décidément, tu vas me tuer Hafsa. Ce n'est pas une montagne. Ce sont les escaliers. Ça mène à l'étage où se trouve les chambres.
Moi : Je vois. Comment on fait pour monter ? Comme ça ?
Je me mets à quatre pattes et commence par grimper les escaliers comme tante a appelé ça. Elle vient m'arrêter.
Tante : Ce n'est pas comme ça qu'on fait Hafsa. On reste debout et on grimpe. Regarde !
Elle me fait une démonstration. Je crois que j'ai compris comment on fait.
Tante : Tu as vu?
Moi : Oui tante. Laisse-moi essayer.
Je pose mon pied sur l'escalier puis je pose le second en avant comme tante l'a fait. J'y suis arrivée. C'est génial. C'est simple en réalité. On arrive en haut. Je suis toute contente.
Moi : Tu as vu tante ?
Elle : Oui bravo. Et sais-tu comment on appelle ce sur quoi tu as posé les pieds pour monter?
Moi : Non c'est quoi?
Elle : On appelle ça les marches d'escaliers.
Moi : Marches d'escaliers répétai-je.
Elle : Exactement. C'est très bien Hafsa. Tu apprends vite. Viens!
Elle me garde la main puis on marche. Je regarde partout. Il y a beaucoup de chambres par ici inh. Tante et moi on arrive devant une grande et haute porte. Elle ouvre la porte et on fait notre entrée.
Soubhan'Allah c'est magnifique !
Waouh ! Waouh ! Waouh !
Tante : Je te présente ta chambre Hafsa. Comment tu la trouves?
Je la regarde, sous le choc. Ma chambre elle a dit?
Moi : Tu veux dire que tout ça c'est pour moi ma tante ? Je vais rester seule dans cette grande pièce ?
Tante : Oui Hafsa.
Moi : Waouhhh! C'est un rêve ?
Tante : Je ne crois pas Hafsa.
Je saute à son cou toute contente.
Moi : C'est le plus beau jour de ma vie tante. J'ai ma chambre à moi et elle est si belle. Rien que cette chambre fait le double de notre case au village.
Elle pouffe de rire.
Moi : Je suis sérieuse tante.
Tante : Alors elle te plaît ?
Moi : Beaucoup. J'adore. Elle est trop belle.
Elle : Ravie que ça te plaise. Bon il est tard Hafsa. Tu dois aller au lit. Je vais aussi me reposer de mon côté. Les armoires sont là. Tu peux installer tes affaires dedans. Bonne nuit ma chérie. Qu'Allah te protège.
Moi : Amine ma tante. Qu'il te protège aussi.
Elle : Amine Hafsa. À demain.
Moi : À demain ma tante.
Tante est partie me laissant seule. Je regarde toujours la chambre. J'ai du mal à croire que c'est la mienne. Je cours et saute sur le lit. Ça rebondi. Je me mets debout et commence à sauter là dessus. Je ris aux éclats. J'adore. J'ai enfin un lit.
Au village, je dormais sur une natte. Seul oncle avait un lit avec un matelas et il m'interdisait de m'en approcher. À présent j'ai un grand lit rien qu'à moi. Et mon lit est dix fois plus grand que ce vieux lit de oncle.
J'ai sauté sur le lit pendant un bon moment puis lorsque j'ai commencé à être fatiguée, je me suis couchée.
Je souhaite rester sur ce lit toute ma vie. Le bonheur tout simplement !
Tout à coup, la joie qui m'animait jusqu'ici a laissé soudainement place à une grande tristesse lorsque je me suis souvenue du village et de ce que oncle voulait me faire.
Je suis terrorisée quand je repense à toutes les fois où il a menacé de me tuer si je n'acceptais pas d'épouser celui qu'il voulait pour moi. Un vieux riche qui a déjà plus de quatre femmes. Il veut que j'aille compléter sa collection. De plus, cet homme est bien reconnu pour être très violent. D'après ce qui se dit au village, il a l'habitude de frapper ses femmes et même ses enfants.
Et paraît-il qu'il a même déjà causé la mort d'une de ses femmes après l'avoir violemment bastonné.
Et c'est ce tyran que oncle veut pour moi. Je préfère mourir que d'être forcée à me marier et de surcroît avec un homme qui peut être mon père.
Je ne peux jamais faire ça. Raison pour laquelle j'ai fuis du village grâce à mes économies et je suis arrivée ici en ville. Et Dieu merci tante ne m'a pas abandonné. Je ne lui ai encore rien dit à propos de tout ça. Et je ne crois pas que je le ferai parce qu'elle ne me croira pas.
Elle ne croira pas que mon oncle puisse être capable de faire une chose pareille. Pourtant c'est le cas. Il en est capable et de bien pire. Je suis sûre qu'à l'heure qu'il est il doit se demander où est-ce que je suis. Et je prie pour qu'il ne me retrouve jamais. Je prie qu'il ne pense même pas au fait que je peux être chez tante. Que cette idée ne lui traverse jamais l'esprit.
Jamais au grand jamais !
Je bâille grandement une première fois. Puis une seconde fois. Je ne tarde pas à m'endormir.
*****Le lendemain matin
Je me réveille en sursaut et bondis du lit. Oh mon Dieu, je ne me suis pas vite réveillée. Pourquoi le coq ne m'a pas réveillé inh? Pourquoi ?
Il faut que je me dépêche pour aller puiser l'eau. Oh mon Dieu j'ai trop dormi. Je ressors de la chambre, les cheveux en vrac et mon cure-dent que je mâchouille dans la bouche.
Je me demande où tante a bien pu ranger les bassines et les bidons d'eau. Je commence à ouvrir les chambres pour vérifier si les bassines s'y trouvent.
J'ouvre la première et il n'y a rien. La deuxième aussi pareille. Quand j'ai ouvert la troisième chambre, je suis tombé sur le fils de tante qui était presqu'à poils. J'ai hurlé puis j'ai rapidement refermé la porte avant de courir pour m'en aller.
Je suis foutue. Il va me chasser de sa maison. Je suis sûre.
*****Ibrahim MOCTAR
Incroyable ! Vraiment incroyable ! Que devient-on si on ne peut même plus être tranquille dans sa propre maison ? Si on ne peut même plus avoir d'intimité dans sa maison ? Maman sait très bien que je ne supporte pas les étrangers chez moi pourtant elle n'en fait qu'à sa tête.
Cette fille sortie de je ne sais où vient carrément de faire irruption dans ma chambre et pire encore au moment où je suis entrain de m'apprêter pour le boulot.
Heureusement que j'avais enfilé mon pantalon au moment où elle a ouvert sans ma permission. Je me demande d'où est-ce que ces sauvages sortent. On ne lui a pas appris les bonnes manières ou quoi?!
Super et moi qui était de bonne humeur, elle a réussi à m'énerver. Je ne vais pas laisser ça passer. Croyez-moi. Je finis de m'apprêter en étant tout remonté. Puis je suis descendu. J'ai trouvé ma mère à la cuisine.
Moi : Maman !
Ma mère : Oui mon chéri. Tu es déjà prêt à ce que je vois. Donne moi quelques minutes. J'ai presque fini de faire ton petit déjeuner.
Moi : Quand est-ce que cette fille partira ?
Ma mère : Tu parles de quelle fille ? Hafsa?
Moi : Peu importe son nom, je ne veux plus la revoir dans ma maison à mon retour. J'ai terminé.
Je suis parti tout furieux.
Ma mère : Mais mon chéri pourquoi ? Qu'est ce qu'elle a fait ? Attend au moins pour prendre le petit déjeuner non? Non?
Je l'ignore et fais mon entrée dans ma voiture. Cette sauvage a intérêt à s'en aller avant mon retour du boulot.