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Chapitre 5

Sachez bien que la condition humaine est parfois si complexe qu’il est tout aussi complexe de savoir où on va et ce qu’on a à faire. Un certain nombre de facteurs externes tentent d’influer sur le cours de votre vie d’une certaine manière. La crise se produit lorsqu’on livre notre volonté soit au bien, soit au mal. Il nous est possible d’aimer ou de haïr. Vous pouvez souhaiter comprendre ou ne pas comprendre selon la sensibilité de votre cœur, comprendre un certain nombre de choses vous arrive à vous et pas aux autres. Lorsque tout va mal, il y a deux possibilités : obéir à cette voix qui nous pousse à nous améliorer, nous surpasser, nous relever de nos échecs et de nos peines, ou de désobéir. La volonté d’obéir à cette voix est souvent commune aux gens biens et optimistes tandis que la volonté de désobéir est la force la plus destructrice des méchants, ou des personnes ayant un mauvais fond.

Lorsqu’un enfant est laissé seul au monde, il est contrôlé par l’une de ces deux puissances : le bien ou le mal, le bon ou le mauvais. Chacun se trouve confronté à ces deux puissances, et chacun doit choisir la vie qu’il veut ou doit mener. Mais pour les personnes plus jeunes, il est nécessaire d’avoir un guide. Sans quoi les erreurs risquent de se répéter à une fréquence incontrôlable. Vous conviendrez que la personne la plus chère et la plus proche, pour un cœur d’enfant, est sa mère. Un orphelin est un enfant infortuné, bien plus exposé aux attaques du mal qu’un enfant qui a ses parents. Une maman assure la « protection » du corps et de l’âme, mais c’est une double tragédie lorsqu’un enfant perd ses deux parents, ses frères ou ses sœurs et encore plus lorsque les circonstances de leur mort sont des plus mystérieuses.

A mon arri’ée chez mes grands parents, je croyais pouvoir trouver du repos, mais c’était apparemment trop demander à la misérable vie qu’est la mienne. Ce jour là, alors que j’apprenais la terrible nouvelle, je me résignai docilement. Après tout, était ce de leur faute ? Ils ne pouvaient assurer certaines dépenses et je le comprenais bien. Ma vie a pris une toute autre tournure après cette conversation et j’ai compris que mon avenir se résumerait certainement aux travaux manuels.

Quelques temps plus tard, Ekaette mourrait à son tour.

Voyez-vous, on pense toujours que nos proches sont partis trop tôt, même lorsque ces proches ont atteint un âge avancé. Ekaette n’était plus toute jeune, il était donc normal qu’elle s’en aille. Mais j’en étais meurtri, vraiment.

Je restais seul une nouvelle fois, à m’occuper de ma petite Chinere, vu que Papa Din n’y connaissait rien aux enfants. Après les funérailles de Ekaette, une réunion de famille a eu lieu pour savoir ce qu’il adviendrait de nous. Cette réunion, j’aurais préféré ne jamais l’avoir. On décida de me séparer de ma petite sœur. Un oncle lointain devait en avoir la garde et moi je devais retourner au village, m’occuper du terrain de papa que oncle Abeke gardait en mon absence. Je me rappelle de ce jour comme si c’était hier, ce jour où je disais au revoir à ma sœur, ma petite Chinere, qui s’en allait vers des horizons lointains…

***Akin enfant***

Chinere : Akin je veux rester.

Moi : Tu ne peux pas.

Chinere : Pourquoi ?

Moi : Ils ont dit que nous deux ensemble ça va coûter trop cher et papa Din ne peut pas nous garder ici, tu sais bien. Je vais travailler la terre au village avec oncle Abeke, et quand j’aurais assez d’argent, je viendrai te chercher.

Chinere : C’est vrai ?

Moi : Oui ! Et puis tu sais, avec oncle Peter (son nouveau tuteur), Tu pourras aller à l’école. Tu ne veux pas aller à l’école ?

Chinere : Mais je peux aller chez nous.

Moi : Non, tu ne peux pas, je ne peux pas m’occuper de toi tout seul, c’est oncle Abeke qui a dit ça.

Chinere boudeuse : je ne veux pas partir avec lui.

Moi : Je te rendrai visite tout le temps.

Chinere : C’est vrai ?

Moi : Oui c’est vrai, oncle Abeke connait là-bas, il m’a promis de m’y accompagner chaque fin de trimestre. Tu vois, tu ne seras pas toute seule, je continuerai à veiller sur toi.

Chinere : Mais toi tu veux rester avec moi non ?

Moi triste : Oui mais les grands ont décidé… pardon Chinere, je ne peux pas refuser de faire ce qu’ils me demandent sinon ils nous laisseront tout seuls.

Chinere : …

Moi en la prenant dans mes bras : Ça va aller petite sœur. Je vais te parler comme Love me parlait à moi. Tu dois être très forte, tu dois réussir, pour me rendre fière, d’accord ?

Chinere en hochant la tête : Oui

Moi : C’est bien, viens je vais t’aider à porter tes affaires jusqu’à la voiture.

Nous nous dépêchons de charger la voiture d’oncle Peter des affaires de Chinere et je la tiens une dernière fois dans mes bras avant son voyage. Je remets deux feuilles de papier à oncle Peter afin de lui donner certaines indications sur elle, comme par exemple le fait qu’elle tombe malade chaque fois qu’elle mange du haricot. Ce qui me console dans cette affaire c’est qu’au moins, elle pourra vivre mieux et continuer l’école. Moi je devrai faire beaucoup d’efforts. Même avec la présence de papa il m’était difficile de suivre le rythme, mais là je devrais le faire seul, tout seul. Je ravale mon envie de pleurer, après tout je suis maintenant l’homme de la famille, aussi restreinte soit elle devenue.

A la suite de leur départ, j’apprête moi aussi mes affaires pour suivre oncle Abeke et retourner chez moi, enfin chez nous. Et le départ est prévu pour demain matin.

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Aunty Afi : Mais Akin tu n’as pas encore nettoyé la cours ?

Moi : Je dois d’abord aller puiser de l’eau à la pompe.

Aunty Afi : Tu es trop paresseux toi, on t’a mal habitué chez vous là-bas hein.

Moi : …

Aunty : Dépêches toi !

Je m’exécute pour éviter de me faire rabrouer pour des raisons aussi insignifiantes. Je vis désormais avec Aunty Afi, la femme d’oncle Abeke, dans un autre coin, une nouvelle maison que oncle Abeke a construite. Le seul problème avec cette maison, c’est qu’elle n’a pas encore d’eau, donc nous sommes, enfin je suis obligé de puiser de l’eau chaque jour à la pompe publique, située à plusieurs mètres d’ici. J’ai appris sur le chemin de retour que c’est ici que je devais vivre et non au village. Je ne sais même pas comment se porte notre concession, si les choses se passent bien et surtout si la maison est bien entretenue. Mon oncle me promet toujours de m’y amener bientôt mais il n’a pas encore eu la possibilité de le faire. Je ne panique pas vraiment car je sais que lors de ces déplacements fréquents, il jette toujours un œil de ce côté. Il dit que je ne suis pas assez grand pour m’en occuper tout seul et je crois qu’il a raison.

La seule chose qui me dérange ici est l’attitude de aunty Afi. Elle se comporte méchamment avec moi. Lorsque je fais quelque chose de travers, elle ne se retient jamais de me filer une raclée bien ressentie. Le plus drôle dans tout ça, c’est qu’elle le fait même en présence de mes oncles et tantes éloignés lorsqu’ils viennent nous rendre visite. Tout le monde a l’air de trouver cela normal, c’est comme si personne ne m’aimait ici. Jamais de parole chaleureuse comme celles de Maman ou de Love, jamais de rires, jamais de possibilité de jouer. Je me sens tellement seul. A vrai dire, je meurs d’envie de partir au village, mais qui s’occupera de moi là-bas ? Comment pourrais-je survivre tout seul ? J’aurais pu si oncle Abeke consentait à me laisser travailler la terre avec lui mais c’est une toute autre histoire. Je suis comme coincé ici…

Aunty Afi : Quand tu finis, il faudra aller jeter les poubelles au carrefour.

Moi : Emeka est là non ?

Aunty Afi : Ton frère est venu en vacances donc il n’a pas à faire de travaux. D’ailleurs je suis déjà fatiguée de faire le ménage dans cette maison. Tu t’en chargeras.

Moi : mais Aunty…

Aunty Afi : Quoi ? AUnty quoi ? Vas t’occuper là-bas avant que je ne te lance la télécommande là

Au moment ou elle prononce ces derniers mots, Emeka, leur seul fils, émerge de sa chambre. Il est très grand, avec son mètre 90 et il fait très peur. D’ailleurs même au village je n’avais pas l’habitude d’échanger des plaisanteries avec lui. Dans son école, il y a un très bon internat, alors il y vit et ne vient voir ses parents que pendant les fêtes ou les grandes vacances. Il est là depuis deux jours et je ne sens aucune accointance avec lui. Il ne me parle que s’il y envie que je lui rende un service et passe son temps à regarder le moniteur du salon. Autant vous dire que je l’évite quand je peux.

Emeka : maman c’est comment ?

Aunty Afi : Je demande à Akin d’aller jeter les poubelles et il me dit carrément qu’il ne fait pas. Que c’est toi qui doit le faire.

Emeka en me regardant : Mais Akin, tu délires ?

Moi : C’est faux je n’ai pas dit ça.

Aunty Afi : Donc c’est moi la menteuse ?

Moi : Non mais…

Emeka en me prenant par le col : Tais toi ! Tu veux manquer de respect à ma mère ? Hein ?

Moi : …

Emeka : je t’observe depuis mon arrivée, tu es un petit impoli. Déjà au village tes sœurs et toi vous aviez l’habitude de ne pas saluer les gens. Ici tu n’es plus chez toi, il faut respecter les gens sinon je vais te faire du mal.

Oh ! Décidément, il y a quelque chose qui cloche avec les gens de cette maison. Pour peu que je veuille me justifier, on me traite de mal poli. Maman avait pour habitude de me dire qu’il est mieux de garder le silence lorsque la personne en face cherche des histoires. Et aujourd’hui je comprends un peu ce qu’elle voulait dire. Les deux personnes en face de moi sont vraiment mal intentionnées. Je ne dis mot jusqu’à ce que la pression de ses mains sur mon vêtement diminue et qu’il me lâche complètement. Sans trop leur accorder de l’importance, je me rends à la pomme publique et à mon retour je fais toutes les tâches que l’on m’attribue. A partir de ce jour, je deviens le garçon à tout faire de la maison…

Le temps passe et je m’habitue de plus en plus à mes nouvelles activités. Les travaux de la maison sont finis et oncle Abeke s’est arrangé pour qu’on ait enfin de l’eau. Ça m’a soulagé d’un gros poids, mes pauvres bras en souffraient terriblement, surtout que je recevais toujours une correction lorsque je prenais trop de temps à la pompe. Mon oncle ne met jamais de temps à la maison, mais cette fois ci, il a vraiment duré. C’est peut être le temps pour moi de lui parler…

Connaissant ses réveils matinaux, je me lève à 4h pour l’attendre en faisant quelques tâches. Lorsqu’il me trouve, nous nous saluons amicalement. Je lui apporte des arachides bien fraîches et de l’eau, c’est quelque chose qu’il aime bien manger en matinée. Ensuite je prends place à ses côtés :

Moi : Oncle Abeke ?

Oncle Abeke : Oui Akin ?

Moi : J’aimerais beaucoup venir avec toi la prochaine fois au village.

Oncle Abeke en fronçant les sourcils : Mais pour quelle raison ?

Moi : Tu sais que cela fait très longtemps que je n’ai pas vu ma maison.

Oncle Abeke : Mais tu en te sens pas bien ici ?

Moi : Si

Oncle Abeke : Ta nouvelle maison c’est ici.

Moi : Mais celle du village aussi mon oncle.

Oncle Abeke semblant réflechir : Bon écoutes Akin, tu as raison. Ça doit te manquer quand même. On s’y rendra le mois prochain.

Moi : D’accord ! Merci mon oncle.

Oncle Abeke : Hum, bon je vais retourner me coucher.

Moi : Euh mon oncle ?

Oncle Abeke : Oui quoi encore ?

Moi en grattant la tête : Tu as des nouvelles de Chinere ?

Oncle Abeke agacé : Elle va bien.

Moi : Tu as dit qu’on irait la voir tous les trimestres et…

Oncle Abeke : Mais toi tu as quel problème aujourd’hui, hein ?

Moi : Mais tonton

Oncle Abeke : il en faut pas me fatiguer hein, dis donc !

Il se lève pour retourner dans sa chambre, me laissant hébété sur le divan, sans comprendre ce qui le met autant en colère. Chinere me manque énormément et je veux vraiment la voir. Même s’il ne souhaite pas m’accompagner, je lui demanderai des sous pour m’y rendre en bus. Avec un peu de chances, je trouverai peut-être quelqu’un qui connait la route ou…non je crois que je ne peux vraiment pas m’y rendre sans la présence de mon oncle. Le soucis est que cette idée semble le déranger,

Pour quelle raison ?

À suivre…..

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