Ce jour !
ESCLAVE
CHAPITRE 1
Dans certaines familles il y'avait des bons comme des mauvais jours tandis que dans la mienne il n'y avait que de mauvais jours. Jamais de paix, toujours des cris, et des problèmes, on ne vivait pas du tout mais on survivait.
__ Je ne sais pas à quoi tu me sers dans cette maison, tu n'es qu'une malédiction pour moi. En plus tu as réussi à transmettre ta malédiction à tes enfants.
C'est mon père qui parlait ainsi, il était revenu ce soir plus saoule qu'une abeilles et n'arrêtait pas de bavardé.
__ Tes enfants et toi êtes incapable de prier pour moi afin que Dieu me donne de l'argent, au contraire vous êtes tous la source de mon malheur.
Il était toujours aussi cru avec ses mots, et ne se gênait pas à parler ainsi devant nous, mais nous étions déjà habitués.
La plupart du temps, c'est en son absence que nous pouvions sourire ou passer un bon moment, mais chaque fois qu'il était dans les parages rien n'allait. Heureusement pour nous, il était rarement à la maison.
Comme à chaque fois, ma mère ne répondait jamais à mon père et nous demandait une fois qu'il était endormi de ne pas prendre ses paroles en considération.
Nous étions au nombre de huit à nos parents et aucun de nous n'avait jamais mis ses pieds à l'école. Mon père était ouvrier, il travaillait très loin et de ce fait revenait à la maison après avoir passé plusieurs jours au travail, donc nous pouvions faire plusieurs jours sans le voir. Tandis que ma mère, mes frères et moi faisions des travaux champêtres des gens du village pour vivre.
Notre paie n'était pas forcément avec de l'argent, nous étions le plus souvent payés par nature, régime de plantain ou de banane,un peu de Macabo ou de manioc, ou encore un peu d'huile, pétrole et de savon pour ceux qui étaient plus riches que nous.
Il faut dire que nous étions si pauvres. Et la question que je ne m'étais pas arrêté de me poser était de savoir pourquoi mes parents avaient eu autant d'enfants dans cette pauvreté extrême !
Mais que voulez-vous ! Ne dit-on pas que le lit du pauvre est le plus fécond.
J'avais quinze ans et j'étais la troisième née de chez nous, pour moi je n'avais aucun avenir, tout était prédestiné à ce que ma vie se termine de façon très misérable. Au meilleur dès cas je pouvais le marier à un autre paysan du village, qui allait m'assomer d'enfants comme l'avait fait mon père à ma mère.
Au delà de mes quinze ans, je ne me le rappelais plus la dernière fois que j'avais vu l'argent de mon père, même s'il était ouvrier et recevait sa paie comme tout le monde, nous ne voyions jamais la trace. C'est maman qui s'occupait chaque fois de nous, de notre alimentation et même chaque fois que nous étions malade, elle se battait comme une malade pour nous soigner avec des plantes.
Puis vint un soir où mon père nous avait tous réunis au salon pour nous apprendre une nouvelle.
__ Je suis fatiguée de souffrir, j'en ai assez, je ne veux surtout pas finir ma vie pauvre et je pense que vous non plus vous ne voulez plus vivre ainsi. Comme les jeunes de votre âge, vous voulez sûrement manger à votre faim et être à l'abri du besoin. Et c'est la raison pour laquelle j'ai pris une très grande décision.
Nous étions suspendus à ses lèvres car ce qu'il disait était très intéressant.
__ J'ai décidé de donner un de vous à l'ami de mon patron. Je ne suis pas le seul à avoir pris cette décision, au début je ne voulais pas mais vue la somme qu'on m'a proposé je n'ai pas eu de choix.
Même si tout n'était pas encore clair, nous avions pensé en premier à cette somme d'argent dont il parlait.
__ Et combien t'ont-ils proposé ?
Lui avait demandé ma mère.
__ Il me propose deux cent mille.
Nous nous étions tous exclamés, jamais nous n'avions suivi où prononcer une somme pareille depuis le début de notre existence, pour nous il s'agissait d'une somme extrêmement énorme.
__ Comme je vous le disais, l'ami de mon patron a besoin d'une personne avec qui travailler et en contrepartie il nous donnera cet argent.
Mary : Papa je ne comprends pas, tout cet argent c'est seulement la paie pour avoir une personne avec qui travailler ?
Même si personne n'osait lui poser de question, moi je trouvais cette affaire louche et je ne voulais pas me laisser impressionner par l'argent même s'il s'agissait là d'une somme d'argent très énorme.
__ Non ce n'est pas ça, en fait cette personne ira travailler avec lui définitivement.
Jusque là je ne comprenais pas toujours.
Mary: donc l'un de nous partira et ne reviendra plus jamais ?
__ Mary, tu peux arrêter de poser autant de questions ? Tout le monde jubile pour cette bonne nouvelle tandis que toi tu es là à me poser des questions stupides.
Il avait raison, tout le monde jubilait par rapport à la nouvelle, même ma mère s'était mise à danser de joie. Visiblement j'étais la seule qui trouvait cette affaire très louche.
Mary: Papa nous allons faire quoi avec cet argent ?
Ma question n'était pas pour le provoquer mais pour qu'ensemble nous pensions déjà à utiliser cet argent à bon escient. Connaissant mon père ivrogne peu importe la somme d'argent qu'il pouvait lui être donnée, il ne manquerait pas d'aller tout dépenser en alcool.
__ Tu as recommencé avec tes questions ! Tu es même quel genre d'enfants ? Sache que cet argent nous aidera à sortir de la pauvreté.
C'était bien beau de dire que cet argent devait nous aider à sortir de la pauvreté mais comment ? Il ne donnait pas plus d'explications. Décidément nous devions attendre le fameux jour afin d'avoir plus d'informations.
Deux jours après, mon père est revenu à la maison tout heureux, il avait enfin eu la paie, déjà qu'il n'était pas rentré avec la totalité de l'argent mais en plus il était saoule comme d'habitude.
À notre maman il avait remis la somme de cents milles Francs en lui demandant de garder. Au plus grand des enfants, nous étions au concombre de trois, il nous avait donné cinq mille chacun, c'était la toute première fois que je touchais un billet pareil, que je touchais même un billet d'argent d'ailleurs, en plus il était pour moi, même dans les rêves je ne pouvais pas m'attendre à celà. Je n'avais jamais touché rien d'autre que les pièces d'argent.
Avec le peu d'argent que nous avions, nous avons fait le marché à la maison, nous avons acheté des paires de babouches pour remplacer celles qui étaient déjà totalement troué.
Plusieurs semaines sont passées et notre vie n'avait pas changé mais s'était un peu améliorée, nous avons eu de nouveau vêtements, on s'alimentait plus d'une fois par jour, ça avait été ainsi pendant plusieurs semaines.
Puis l'argent s'était mis à diminuer à une vitesse très rapide. Mais ça ne m'inquiétais pas car je me disais que Papa avait investi les autres cent mille francs. Ce que j'ignorais était qu'il ne les avait même plus et s'était même mis à demander de l'argent à maman sur ce qu'il lui avait remis. Ensuite, même l'argent qui nous avait été remis au préalable avait été récupéré du moins ce qui en restait. J'avais pû cacher mille francs à mon père en lui remettant le reste.
Finalement nous avions utilisé tout l'argent et il ne nous restait plus rien du tout. Nous pouvions juste nous réjouir d'avoir encore des prévisions. J'en voulais tellement à mon père de n'avoir pas su gérer cette argent qui aurait pu vraiment nous sortir de la pauvreté définitivement.
Mais visiblement j'étais la seule, pour tous et même pour maman c'était que nous avons eu l'argent, nous en avons profité et c'est fini aussi simplement, la vie continuait son cours. Tout le monde avait oublié que derrière cet argent il y' avait une contrepartie d'ailleurs nous n'en avions plus jamais parlé.
Nous étions un dimanche et Papa était là, ma mère avait fait du riz sauté, l'une de mes nourriture préféré car nous en mangions rarement le plus souvent nous nous nourrissons de tubercule. Nous étions en train de manger quand de grand bruit se sont fait entendre. Ils venaient de l'extérieur et nous étions tous sortis voir ce qui s'y passait.
Dans la cour, il y avait une très belle voiture garée et de là était descendu un homme très bien vêtu avec une mine très serré. Il donnait l'impression de ne jamais sourire, c'était un homme blanc.
__ Je cherche Monsieur NGUE.
Mon père avait enlevé son chapeau avant de se rapprocher de lui très respectueusement.
__ Oui c'est moi, que voulez-vous.
Lui avait-il répondu.
__ Je suis Monsieur Pierre DUBOIS et je suis venue chercher mon esclave comme convenu.
Exclave ! Je croyais avoir mal compris cette partie. Mais il avait ajouté.
__ Où est mon esclave !
Mon père qui tremblait déjà de peur s'était mis à bégayer.
__ En fait j'ai huit enfants, dont quatre garçons et trois filles, l'aînée qui est le garçon à dix-huit ans déjà et le second a dix-sept ans vous pouvez choisir l'un des deux.
J'étais choquée, donc quand mon père disait qu'un de nous allait partir travailler, il avait en réalité vendu cette personne non pas comme un ouvrier mais plutôt comme un esclave, quel père pouvait faire une chose pareille juste pour de l'argent ! Je ne voulais pas me séparer d'un de mes frères surtout si c'était pour que l'un d'eux soit esclave à jamais.
__ Vous avez déjà reçu la paie je crois.
__ Oui monsieur !
__ Dans ce cas, moi-même je vais choisir qui sera mon esclave.
Il disait devoir choisir lui-même alors que c'est ce que mon père venait de lui demander de faire, je sentais bien une incompréhension quelque part. Sur le visage de mes deux grands frères, je pouvais voir de l'inquiétude en plus du choc de savoir qu'un d'eux allait être l'esclave. Et que dire de ma mère, l'expression de son visage montrait clairement qu'elle n'était pas au courant de la vérité, tandis que mon père le savait très bien mais nous l'avait caché.
__ Je ne veux pas d'un homme, j'en ai déjà assez
Mon père n'avait pas eu le temps de discuter qu'il avait dirigé son doigt vers moi.
__ Toi !
Je m'étais mise à trembler , surtout que je ne m'y attendais pas du tout.
__ Oui toi ! Tu seras mon esclave.
Non pas moi mon Dieu, je ne voulais surtout pas que ça soit moi, qu'est-ce qui était en train de se passer, je croyais être en train de faire un cauchemar…