06
Émilie
Non Emilie, tout ceci ne te concerne pas, me répétai-je. Je devrais retourner mes talons et rejoindre immédiatement Sarah et les autres invités mais quelque chose me retenait et m’encourageait à creuser un peu plus.
Creuser là où je ne devrais sûrement pas, la curiosité est un vilain défaut. Je fixai le poignet de la porte et me décidai à l’ouvrir.
- Mademoiselle MORETTI ?
Je sursautai de frayeur en me retournant brusquement. Lionel, il se trouvait là juste en face de moi me dévisageant curieusement alors que j’essayais de reprendre mon souffle.
- Mademoiselle, que faisiez-vous là ? est-ce que vous allez bien ?
- J’ai eu la peur de ma vie, idiot, me plaignis-je. Qu’est-ce qui t’as pris de débarquer de la sorte ?
- Je vous ai vu disparaître derrière le rideau et il fallait que je vienne m’assurer que vous allez bien, c’est mon devoir.
- C’est ça ouais. Bon rejoignons les autres, dis-je en me dirigeant à nouveau vers la salle d’exposition.
Je rejoignis Sarah que je trouvai en pleine discussion avec un invité.
- Ah enfin, t’es là, où étais-tu ? questionna-t-elle.
- Euh, aux toilettes, répondis-je en fixant son partenaire de bavardage.
- Bon bref, je te présente Ricardo, il est avocat. Ricardo, voici Emilie, ma meilleure amie.
- Enchanté Emilie, dit-il en me tendant sa main droite que j’accueillis.
- Tout le plaisir est pour moi, répondis-je.
Au même moment, j’aperçus un serveur, déambulant avec un plateau de verres remplis de whisky. Je l’interpellai et pris un verre que je portai directement à la bouche.
J’avalai une gorgée en fermant les yeux mais quand je les ouvris à nouveau, j’aperçus le même homme debout dans un autre coin de la salle me dévisageant comme un guetteur.
Mon verre glissa de ma main et se fracassa au sol, ce qui attira quelques regards indiscrets.
- Sarah, est-ce que tu connais cet homme ? questionnai-je en dirigeant mon doigt vers le fond de la salle mais quand on regarda à nouveau dans la direction, l’inconnu avait déjà disparu.
- Em ? il n’y a personne là, affirma Sarah en me dévisageant, l’air perplexe.
- Un homme se tenait juste là, il y a quelques secondes, affirmai-je.
- Mademoiselle MORETTI, appela Nil.
- Nil, il y a un inconnu qui essaye de me faire peur. Il n’est ni en veste, ni habillé comme pour une soirée de gala. Je l’avais vu quelques minutes plutôt au niveau du rideau là-bas puis il a disparu et maintenant je l’ai vu dans l’autre coin de la salle, juste là, dis-je en indiquant les positions avec mon doigt.
- J’irai vérifier tout de suite mademoiselle, ne paniquez pas, affirma Nil. Restez ici avec Lionel et ne bougez pas, ordonna-t-il en s’éloignant.
- T’es vraiment sûr de ce que tu dis, Emilie ? interrogea Sarah.
- Ai-je l’air de blaguer Sarah ? je suis absolument sûr de ce que je dis.
Il me fixait bizarrement, avec un regard noir.
- Ça alors ! ne t’inquiètes pas, tu es en sécurité, dit-elle pour me rassurer.
Quelques instants plus tard, Nil revint, assurant qu’il n’y avait personne correspondant à ma description et que les agents de la sécurité assurent n’avoir aperçu un quelconque personnage douteux.
Soit je délire, soit quelqu’un essaye vraiment de jouer avec mes nerfs.
Non je ne délire pas, je suis sûr de ce que j’ai vu. Il y avait réellement un type et il dégageait le danger. Il était concentré sur moi et je suis sûr que je ne délire pas.
- Bon, je suis déjà fatiguée. Je préfère quitter cet endroit, affirmai-je.
- Mais Emilie, on vient d’arriver, il n’y a pas longtemps, objecta Sarah.
- Je sais et j’en suis vraiment désolée Sarah mais je ne veux plus rester une minute de plus ici. On ira prendre un café dans un restaurant chic que je connais, c’est mieux.
- Bien, c’est comme tu veux.
Entouré par Nil et Lionel, on s’éclipsa de la salle d’exposition. Nous nous rendîmes dans le parking pour récupérer la voiture mais à notre grande et malheureuse surprise, les deux pneus arrière du véhicule avaient été crevés.
- Mais comment se fait-il que les deux pneus soient crevés ? interrogea Sarah
- Le véhicule a été saboté, affirma Nil en sortant son arme à feu qu’il tint fermement en main en parcourant le parking du regard.
- Et maintenant, comment allons-nous rentrer ? questionnai-je, l’air inquiète.
- Je viens de contacter l’agence, trois véhicules blindés nous sera envoyé d’ici peu, affirma soudainement Lionel. En attendant, il faut que nous quittions ce lieu. Ne paniquez pas mesdemoiselles, on assure votre sécurité. Suivez-moi, ordonna-t-il.
On obéit et les suivirent en marchant tandis que Nil se trouvait devant nous et Lionel derrière, leurs armes entre les mains.
Mais comme on le dit souvent, nul ne peut prédire l’avenir même lorsqu’il s’agit des minutes à suivre. Et ce soir, tout allait changer. Oui, ma vie allait basculer et je ne le savais pas, ni pourquoi, ni comment.
Ce fut de façon soudaine que trois véhicules blindés débarquèrent devant nous dans le parking. En un moment, nous avons pensé qu’il s’agissait des voitures de l’agence mais hélas, ce n’était pas le cas.
Les pneus crissèrent violemment sur le sol et avec une rapidité de tonnerre, des hommes cagoulés sortirent des véhicules.
Lionel et Nil furent désarmés, Sarah, bousculé et moi je fus amené de force. Ils étaient là pour moi et uniquement pour moi.
Ils étaient là pour me kidnapper et la dernière chose que je vis avant que mes paupières ne se ferment, ce fut la silhouette de ce mystérieux homme de la salle d’exposition.