Chapitre 2 : Tu devrais l’appeler « Madame »

— Je me permets de vous demander ce que vous voulez ?

L’assistant avance d’un pas alerte devant Stéphan et demande de la part de ce dernier.

Catherine se dirige rapidement vers les deux hommes. Elle hoche la tête et dit sans détour :

— Je viens d’entendre M. Lefevre dire qu’il cherchait quelqu’un à épouser. Donc je me demande si je pourrais vous aider.

— Pardon ?

L’assistant a l’air stupéfait, totalement figé.

Stéphan ne s’attendait pas non plus à trouver cette femme qui l’a arrêté soudainement si audacieuse. Il ne peut pas s’empêcher de la regarder une fois de plus avec ses yeux indifférents.

Lorsqu’il voit que Catherine porte une robe de mariée, ses yeux calmes et sans émotion brillent soudainement de façon étrange. Il semble un peu surpris.

Catherine est un peu nerveuse à cause de son regard.

Même si elle a demandé calmement, elle n’est pas trop sûre dans son esprit que Stéphan va dire oui.

Après tout, pour un homme puissant issu d’une famille prestigieuse comme Stéphan, il y a un nombre incalculable de femmes qui veulent l’épouser, y compris certainement celles qui sont meilleures qu’elle. Elle ne pouvait donc que tenter sa chance et demander.

Il semble y avoir une brève pause. Après un long moment, Stéphan demande :

— Où est votre fiancé ?

Sa voix est basse et formidable, particulièrement sexy et charmante.

— Il est parti avec une autre femme. J’ai appris par hasard que M. Lefevre cherchait quelqu’un à marier. Alors si vous n’avez pas encore choisi une personne satisfaisante, vous pourriez peut-être faire équipe avec moi. Ne vous inquiétez pas, je cuisinerai, je ferai la lessive et je serai prévenante. Je serai une bonne épouse. Je ne me rapprocherai pas d’autres hommes, car je serai fidèle. Je prendrai soin de mon mari et je remplirai mes devoirs d’épouse.

Catherine cligne des yeux et sourit. Elle est aussi détendue, comme si elle parlait de la météo, sans se laisser intimider par l’indifférence de Stéphan.

L’assistant à côté enfin reprend ses esprits. Le coin de sa bouche tressaille.

Faire équipe pour se marier ? Elle pensait qu’ils allaient jouer à un jeu vidéo ?

De plus, elle est trop pitoyable pour ce qui s’est passé sur elle, n’est-ce pas ?

— Madame, je suis désolé, mais M. Lefevre…

L’assistant est sur le point de refuser Catherine. Mais il voit Stéphan faire un geste de la main, l’empêchant de poursuivre ses propos.

L’assistant est stupéfait. Avant qu’il ne puisse réagir, il voit Stéphan plisser les yeux profonds. Stéphan regarde Catherine fixement pendant un long moment, et finit par hocher la tête :

— Oui, je vous épouserai.

Hein ? C’est un oui ?

Catherine ne peut pas le croire.

Il a accepté sans même poser la moindre question.

Cet accord est trop rapide, non ?

Non seulement Catherine, mais même l’assistant à côté de Stéphan est choqué.

— M. Lefevre, ce n’est pas un peu trop imprudent ? Nous ne savons pas d’où vient cette jeune dame, devrions-nous d’abord enquêter sur elle avant de prendre une décision ?

L’assistant réagit très vite et s’apprête à persuadier Stéphan d’y réfléchir à deux fois.

Il y a tellement de femmes vaniteuses de nos jours. Sans compter que cette femme l’a appelé M. Lefevre dès le début. Donc elle sait manifestement qui il est. Qui peut savoir si elle est prête à faire quelque chose de mal ?

— Pas besoin.

Stéphan dit sans se soucier, tandis que ses yeux sont fixés sur Catherine :

— Si vous m’épousez, vous ne pourrez pas changer d’avis. Est-ce que vous y avez pensé ?

— Oui. Je ne le regretterai jamais.

Catherine hoche solennellement la tête. Elle est évidemment déterminée.

— Vous avez vos papiers avec vous ?

Stéphan ne joue pas non plus sur les mots, faisant preuve son nature résolu et efficace.

— Non. Catherine est stupéfaite et secoue la tête.

— Allez les chercher maintenant et retrouvez-moi à l’hôtel de ville dans une heure. C’est possible ? Stéphan lève la main pour regarder sa montre-bracelet.

— Pas de problème, dit Catherine sans la moindre hésitation.

— Bien, Léo, ramène-la. Stéphan ordonne à l’assistant derrière lui.

Léo Moreau devient sans voix.

…

Environ une heure plus tard, Catherine et Stéphan finissent par se marier aussi vite que possible.

Après avoir quitté l’hôtel de ville, Catherine prend en main son certificat de mariage fraîchement obtenu et a l’impression de rêver.

Désormais, elle est une femme mariée. Même si son homme a changé, Catherine ne le regrette pas du tout.

— M. Lefevre, je me demande si vous êtes libre maintenant ? Puis-je vous parler un instant ?

Catherine arrête soudain Stéphan, qui marche devant elle.

— Oui.

Stéphan lève un sourcil et ne refuse pas.

Les deux trouvent un café à proximité. Catherine s’assoit en face de Stéphan.

Une fois assis, Stéphan demande :

— De quoi voulez-vous parler ?

— C’est peut-être un peu présomptueux, mais j’espérais que vous pourriez accepter une proposition.

Le ton de Catherine semble vraiment hésitant.

Après tout, ils viennent de se marier, et les certificats sont encore frais. Mais elle est déjà sur le point de négocier avec lui. Ce n’est vraiment pas gentil.

— Dites-moi.

Le sourcil de Stéphan se fronce imperceptiblement. Mais il ne montre pas un grand mécontentement.

Catherine ne peut s’empêcher de soupirer de soulagement, puis rassemble son courage pour dire :

— Est-ce que nous pouvons garder notre relation conjugale privée pour le moment, si ça ne vous dérange pas ? J’ai beaucoup de problèmes personnels que je n’ai pas encore réglés. Et je ne veux pas que cela vous affecte. Bien sûr, vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Je n’interviendrai pas.

Après avoir entendu ces mots de Catherine, Stéphan ne montre ni colère ni joie sur son visage. Seulement une lueur insaisissable brille au fond de ses yeux.

Après un long moment de contemplation, il parle :

— Je peux accepter votre proposition. Cependant, j’ai aussi des conditions.

— Dites-moi ! Catherine hoche la tête.

— Premièrement, il est essentiel d’emménager avec moi pour préserver le mariage. Deuxièmement, j’ai mes propres préoccupations. Donc je vais révéler ma relation avec vous si nécessaire, et vous ne pouvez pas vous y opposer.

— Ok, je suis d’accord.

Puisque Stéphan a accepté sa demande, Catherine n’a naturellement aucune raison de refuser.

Après la fin de leur conversation, Catherine ne reste pas longtemps, puis elle part.

Dès qu’elle est partie, Léo entre, regardant Stéphan, il ne peut s’empêcher de demander :

— M. Lefevre, il n’y a vraiment pas besoin d’enquêter sur l’identité de Mlle Tailleur ?

Normalement, Stéphan lui aurait dit d’aller vérifier. Mais cette fois-ci, il l’a arrêté plusieurs fois !

C’est vraiment bizarre !

— Bien sûr j’ai besoin d’enquêter sur elle. Je veux connaître toutes les raisons pour lesquelles elle a voulu épouser un étranger.

Stéphan pince les lèvres. Il a un regard pensif dans les yeux.

— Oui, je m’y mets dès que je peux. Mais M. Lefevre…

— Quoi ?

— J’ai une question. Vous avez déjà connu Mlle Tailleur avant ?

Sinon, pourquoi a-t-il accepté d’épouser cette jeune femme sans rien lui demander ? Ça ne lui ressemble pas !

La question de Léo ne reçoit pas de réponse de Stéphan. Il regarde simplement dans la direction où Catherine a disparu et sourit avec ambiguïté :

— A partir de maintenant, tu devrais l’appeler « Madame » !