Chapitre 2 : Alors essaie de me plaire
A peine réveillée, Lisa tomba sur un regard profond et froid. C’était celui d’Yves Chevotet.
Sous son regard profond et perçant, se dessinait un nez droit. Ses lèvres fines restaient fermées. Même s’il est dans un fauteuil roulant, il avait toujours cet air imposant et inabordable.
— Clélie ? chercha-t-il à savoir.
A l’entendre, Lisa se figea deux secondes, avant de se relever rapidement dans son lit, et regarder l’homme devant lui, sans toutefois savoir quoi faire. Alors, elle hocha la tête, mais était toujours tendue, pour s’être fait passer pour sa petite sœur.
— Bah ! s’exclama son nouveau mari.
Le regard d’Yves devint plus froid, et il sortit une enveloppe de sa poche, qu’il jeta dans la direction de Lisa. Cette dernière la prit, et l’ouvrit avec précaution. En y jetant un coup d’œil, elle trouva des photos de Clélie, et des documents contenant des informations sur celle-ci.
Il semblait avoir fait des recherches sur celle avec qui il devait normalement se marier.
« Mais pourquoi n’avait-il alors rien dit au cours des noces ? » se demandait-elle in petto.
Ses mains sur l’enveloppe se resserrèrent un peu, et Lisa se mordit les lèvres, avant de jeter de ses yeux clairs, un coup d’œil à Yves.
— Vous vous foutez de moi, à cause de mon handicap ? l’attaqua Yves.
En entendant cela, Lisa se mit debout, laissant sa longue robe traîner par terre.
« Il faut qu’elle lui explique. » se pressa-t-elle mentalement.
Elle baissa ses yeux, puis chuchota :
— Non, je ne me fous pas de vous. Je suis aussi l’une des Maret.
— Celle qui vient de divorcer ? contra Yves. Les Maret nous considèrent maintenant comme une décharge publique, pour nous envoyer la divorcée ?
Ses paroles vindicatives et amères, firent baisser la tête de Lisa de honte. Elle se mordit les lèvres avec force. Dans leur pays, si une femme divorcée ne se marie pas de nouveau, elle sera dédaignée par beaucoup d’hommes ; si bien que ses parents ont jugé bon, de la marier à un infirme. Avant que Lisa ne réponde, Yves reprit la parole, et ce qu’il dit, la fit frissonner de panique.
— Je te donne cinq minutes pour expliquer tout clairement à tout le monde, puis tu pourras aller te faire foutre !
— Comment ? s’écria-t-elle, ahurie.
Elle releva vite la tête, et regarda son mari dans les yeux.
— Il en est absolument hors de question ! refusa-t-elle.
Elle ne pouvait pas partir comme ça ! Si elle avoue qu’elle s’est fait passer pour sa petite sœur, les Chevotet seraient offensés, et les Maret risqueraient d’être acculés par ces derniers, à la Cité du Nord. Lisa se ressaisit, avant de se diriger vers Yves, en tenant sa robe.
— Ma petite sœur a un petit ami, si bien qu’elle ne veut pas vous épouser. Lui expliqua-t-elle doucement, en baissant la tête.
— Alors, tu as demandé à m’épouser à la place de ta sœur ? demanda Yves avec un sourire moqueur aux lèvres.
Lisa prit son courage et releva la tête pour l’affronter.
— Je sais que c’est un mariage arrangé par les parents, et que l’identité de ta futur femme t’importe peu, sinon tu ne l’aurais pas accepté. répliqua Lisa en passant au tutoiement, sans être sûre de pouvoir le convaincre. Plutôt que de te marier de nouveau, il vaut mieux m’accepter en tant que femme.
Elle leva les mains pour prêter serment, et ses yeux comme des perles de verre noires, étaient pleines de fermeté et de courage.
— Je te promets que je ne t’embêterai pas ! ajouta-t-elle.
Mais elle se voulait prudente, comme si elle avait peur qu’il n’accepte pas.
« Ces comportements... » s’énerva Yves intérieurement.
Yves plissa les yeux avant de la toiser. Puis de ses lèvres fines, il renifla froidement.
— Tu te prends pour qui ? Pourquoi dois-je épouser une femme comme toi ?
A ces mots, le visage de Lisa pâlit tout d’un coup, et ses lèvres se mirent à trembloter. Avant qu’elle ne puisse parler de nouveau, Yves s’était déjà retourné, et avait poussé son fauteuil roulant vers la sortie.
Lisa restait là hébétée quelques secondes, avant de se décider à lui courir après. Mais l’assistant d’Yves, lui barra le chemin.
— Madame Maret ; veuillez-vous respecter ! L’arrêta-t-il.
Voyant la silhouette d’Yves indifférente et impitoyable s’éloigner, Lisa était tellement paniquée, qu’elle cria :
— Si tu ne m’acceptes pas comme ton épouse, je dirai à tout le monde que tu es impuissant !
En prononçant ces mots, elle savait qu’elle risquait tout. Et Yves en entendant ses mots, se figea un moment sur place, avant de tourner sa tête dans la direction de la demoiselle, et lui jeter un regard froid.
— Tu me trouves impuissant ? la défia-t-il.
Le regard dangereux d’Yves, était comme celui d’une bête aux aguets dans la nuit, et un mot de plus de la part de la jeune femme, il lui sauterait dessus, et la mordrait à mort.
« Comment cela peut-il être possible ? Pourquoi un handicapé, pouvait avoir l’air si imposant ? » se tarauda-t-elle l’esprit.
Mais, elle ne pouvait pas reculer. Il faut qu’elle le confronte.
Elle serra les dents et ses poings, en regardant Yves dans ses yeux.
— Je ne le dis pas aux autres, tant que tu m’acceptes comme ton épouse. Insista-t-elle.
En entendant cela, l’assistant d’Yves, Bastien Cerfbeer, fut sous le choc. Aussi frêle qu’elle soit, cette demoiselle était tellement courageuse, au point qu’elle ose affronter son maître.
Yves tourna son fauteuil vers la jeune femme, puis l’approcha, tout en la fixant de son regard sombre. Inconsciemment, Lisa recula de deux pas. Yves arriva très vite à sa hauteur, leva la main et attrapa vite son poignet mince et blanc.
— Tu sous-entends que qui est impuissant ? la provoqua-t-il, en la fixant de ses yeux perçants.
— Lâche... Lâche-moi ! paniqua Lisa.
Son rapprochement mit ses sens en alerte. Viril, dangereux et imposant, Yves lui rappela cet homme avec qui dans cette averse forte, elle avait passé la nuit dans la voiture, il y a un mois de cela.
Le visage de Lisa pâlit brusquement en repensant à cet inconnu.
Et ce qui s’était passé ce soir-là, lui fit honte.
— Tu es à ce point si désespérer, au point de vouloir rester obligatoirement ma femme ? demanda Yves.
Toujours perdue dans ses pensées, c’est la voix de son mari, qui la ramena à la réalité. Elle écarquilla aussitôt ses yeux, après avoir entendu cela. Sueur au front, elle rétorqua :
— Tu as accepté ce mariage ; et ça se voit ! Car même, tout en sachant que je ne suis pas Clélie, tu ne m’as pas dénoncée au mariage.
— Alors ?
— Alors, lâche-moi d’abord. dit Lisa en se débattant.
— Très drôle ! se moqua Yves d’un sourire espiègle. Pourquoi es-tu si tendue ? Tu t’es mariée une fois, mais il me semble que tu n’as jamais fait l’amour.
A l’entendre, Lisa l’affronta d’un regard rivé au sien, et dit :
— Ne te méprends pas sur mon compte ! Ne me rudoie pas à outrance !
— Tu dois me plaire si tu veux rester. Déclara aussitôt Yves.
Ce n’était pas la première fois pour lui, de voir une femme prendre la place de sa sœur, afin de se marier à l’un des Chevotet, avec l’intention de profiter de la richesse de ces derniers.
Suite à la déclaration d’Yves, le visage de Lisa pâlit, et ses lèvres se mirent à trembler.
— Tu n’y arrives pas ? la taquina-t-il.
D’un regard sombre, il pinça le menton de Lisa d’une main, avant de murmurer lentement :
— Je ne suis pas impuissant. Tu es tellement dégoûtante, que tu ne me donnes pas envie de toi !
Après qu’il ait terminé sa phrase, il la repoussa. Lisa tituba légèrement, avant de reculer, et de s’appuyer contre la porte, avec son regard embarrassé, posé sur Yves.
Il demanda alors à son assistant de partir avec lui. Elle le vit s’éloigner, et se mordit légèrement les lèvres.
« A-t-elle réussit à le convaincre ? Pourrait-elle continuer de rester chez les Chevotet ? » se demanda-t-elle en secret.
Lisa massa son menton douloureux, puis retourna dans la chambre. Elle y resta pendant dix minutes, et rien ne se passa. Alors, Lisa se sentit soulager.
« Il semble qu’elle soit arrivée à le convaincre ! » se félicita-t-elle in petto.